Le fameux lien social serait en passe de se déliter. Tous les jours ou presque les observateurs de la vie collective stigmatisent un repli sur soi, une tendance au « maison, gazon, télévision » ou une vision égoïste des comportements. Plusieurs facteurs interviennent dans cette déliquescence du bien vivre ensemble. Querelles exacerbées de voisinage, rivalités dans les indices de réussite sociale, désintérêt pour l’action collective, auraient leur origine dans une appropriation de la notion individualiste du bonheur. Affrontements autour de tout et tout le temps. Exacerbation des conflits via les réseaux sociaux. Rien n’évolue dans le bon sens.
Souvent l’aigreur des individus naît de leur sentiment de se retrouver dans l’impossibilité d’accéder à ce qu’il pense être l’idéal matériel de vie. L’effondrement de la classe dite moyenne engluée dans les difficultés financières, accentue cette sensation d’échec. Or jamais peut-être le collectif n’a offert autant d’opportunités de partager, d’échanger ou de profiter. Les offres de sorties dans la proximité, d’aller à la rencontre des autres, de briser l’isolement n’ont peut-être jamais été aussi nombreuses. Il y en a pour toutes les bourses et tous les goûts. Or l’ambiance générale n’est pas pour autant meilleure.
Les marchés nocturnes ou de producteurs, les soirées musicales avec restauration légère libre, les repas de quartiers ou communaux, les organisations associatives de tous ordres se multiplient avec l’approche de l’été. Des millions de Françaises et de Français fréquentent ces moments de rencontre sur une saison estivale allongée, démentant ainsi l’accusation de désintérêt pour les manifestations locales. En fait il n’y a jamais assez de monde sur une seule d’entre elles mais si on prend soin de cumuler les affluences de toutes les offres le total reste impressionnant.
Hier soir il y avait à quelques mètres de distance à Sadirac un repas d’une trentaine de bénévoles ayant organisé une manifestation réussie et des dizaines de parents d’élèves sortant de la kermesse de l’école du village installés aux tables d’un « marché » regroupant une offre de plats sympas. Deux mondes séparés, ne se connaissant pas, ne se fréquentant pas, ne se mélangeant pas mais qui illustrent la réalité d’une communauté diversifiée ressemblant de plus en plus à un billard. Sur l’espace d’un territoire des « boules » de couleur et de volume différents cohabitent mais s’ignorent. Ils vivent cote à cote.
Dans la ruralité ce phénomène du vivre les uns à coté des autres prend de plus en plus d’importance. Les néo-ruraux et les « installés » se regardent sans se comprendre puisque n’ayant aucun référentiel commun sur les valeurs essentielles. Sur le plan culturel le système est on ne peut plus éclaté. Il faut que les soirées se terminent à 22h 30 ou 23 heures alors que le vendredi soir quelqu’un qui travaille n’a aucun moyen de rejoindre un groupe avant 20 h 30-21 h. Des mondes différents ne se comprennent pas.
Des conflits surgissent entre les adeptes de la fête partagée et les fans du cocon silencieux et aseptisé. Une confrontation à l’image d’un pays parcellisé entre des centres d’ intérêts, des comportements sociaux, des habitudes de vie tellement différents qu’ils finissant par se cogner et se pousser vers la sortie du billard. Les tensions montent partout un peu comme si les uns accusaient les autres de détruire le cadre de vie qu’ils leur ont vendu à prix d’or.
Les « guinguettes » et les restaurants avec animation musicale affichent complet en fin de semaine. Les bars nouveaux avec des horaires particuliers pour partager (souvent à prix d’or) des tapas ou des pintes de bière, poussent partout et on construit des halles pour justement partager en groupe des repas « légers » ou « végans ». Il ne s’agit souvent pas de convivialité à l’ancienne avec de longues tablées du coude à coude rassurant car laissé au hasard des places disponibles mais de réseaux, de groupes qui se retrouvent enkystés dans leur statut social.
L’ économie sur le nouveau sens de la fête repart laissant sur le coté les adeptes de la traversée solitaire de l’océan de la vie. Ils sont paradoxalement de plus en plus nombreux car ils ne sont pas intégrés dans le moindre processus associatif, refusant le contact avec l’autre qui demeure au moins un « étranger » pour finir par être un « ennemi ». Soit par snobisme ou peur du déclassement social, souvent parce qu’ils ne se sentent pas à leur place dans ces manifestations qu’ils jugent pas organisées pour eux, et chaque jour, un peu plus par restriction sur les dépenses jugées superflues, les « repliés » sur les écrans ou leurs certitudes s’enfoncent dans l’individualisme forcené.
Prétendre comme il reste possible de l’entendre que le lien social se meurt relève de l’analyse superficielle car il existe sur une petite ville comme Créon dans une semaine plus cinquantaine d’opportunités différentes de le tisser dans la proximité. Tout n’est qu’une question de choix et plus encore de capacité à comprendre les bienfaits du vivre ensemble.
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M’sieur, vous êtes déjà parti en vacances? Deux fautes d’orthographe dans le titre et dans la deuxième phrase. Pour la roue libre sur votre bécane je vous ai mis les deux O qui vous aideront à franchir l’Oisans à loisir.
Je voulais dire l’école de l’Oisans.
Jean-Marie a dû se coucher tard hier soir …
Les fêtes ou manifestations festives n’ont jamais été aussi nombreuses!
Et les accidents ou incidents aussi en conséquence…
Mais faut-il absolument fréquenter ces endroits pour avoir un lien social?
Pas si sûr car je ne parle que pour moi mais je ne suis pas un adepte de ces manifestations et pour autant, je n’ai que de bons rapports avec mes voisins.
Chaque année nous faisons même un repas de quartier (pas pour la fête des voisins justement) qui rassemble de nombreux participants.
Je crois que la situation est différente selon les lieux géographiques et la composition sociale de ces lieux!
Bonne journée à toutes et tous
Bonsoir J-M !
….et si une chanson pouvait tout régler, ce serait:
https://youtu.be/WvwuSWiNzL0
Amicalement.