La France serait un pays en porcelaine envié de l’étranger pour sa qualité de vie portée par des produits de luxe dans tous les domaines. La gastronomie, les sites historiques ou naturels, un style de partage de bons moments, le climat tempéré, les idées portées par des philosophes du temps passé, les créateurs en tous genres ont servi la cause d’une nation qui adore se regarder le nombril. Cette attractivité s’effrite lentement mais sûrement puisque bien des atouts sont devenus ceux des apparences. Ils ne résistent pas aux épreuves que traverse le monde.
Dans huit mois la machine à fric des Jeux Olympiques dévorera par exemple tout l’espace médiatique. On essaiera de persuader l’opinion dominante que l’évènement possède toutes les valeurs universelles que l’on doit attendre dans le domaine du sport. Les multinationales, les entreprises du CAC 40 déverseront leurs outils de communication et les médias tenteront de tirer profit de ce rassemblement oublieux des conditions dans lesquelles il se déroule. La tension monte dans les sphères du pouvoir car rien ne se passe comme prévu. Il faut une union sacrée pour s’en tirer sans trop de dégâts.
Rongée par les problèmes du quotidien, la majorité silencieuse n’adhère absolument pas à ce rendez-vous. Elle va même si la dégringolade de l’esprit collectif continue, à se dégrader, se retourner contre une organisation qui certainement pèsera sur l’avenir alors que ce dernier s’annonce bien incertain. Pour beaucoup les J.O. restent une affaire parisienne qui, si elle tourne mal, renforcera le précipice entre la « province » et la « capitale ». Malgré le périple « payant » de la flamme olympique, malgré la décentralisation de quelques matchs ou disciplines, malgré une pression désormais quotidienne les préoccupations du plus grand nombre de foyers se nichent ailleurs.
Des querelles, des disputes, des affrontements sur le dos de ceux dont on a au grand besoin pour construire les lieux d’accueil et les infrastructures ou qui deviendront indispensables pour accueillir l’afflux putatif de « touristes » olympiques, ne cessent de monter. Dès ce matin à l’Assemblée nationale le pugilat commencera. Il perdurera jusqu’aux fêtes de fin d’année avant que le tsunami R.N. des européennes déferle su la « porcelaine ». La France pointée du doigt à l’international a alors des bonnes chances de se poser dans la case des pays européens les plus instables. Il n’est pas certain que les visiteurs étrangers se précipitent pour assister à des épreuves de break-danse ou de volley-ball de plage. La France perdra son sourire.
La nation n’existe plus. Elle ressemble à une assiette de Limoges historique qui se serait fracassée sur le sol des réalités car celui qui l’a en charge ne maîtrise plus rien. La fragmentation se révèle tellement forte que rien, absolument rien, ne permet d’espérer recoller en quelques mois les morceaux dsipersés à tout va. Dans ses déclarations celui qui a en gestion le magasin de porcelaine réclame une « union nationale » qu’il se révèle incapable d’obtenir autrement que par la méthide Coué.
Jour après jour avec un balai et une pelle, il tente de rassembler le puzzle qu’il a lui-même créé. Fragments corporatistes, fragments électoralistes, fragments économiques, fragments ethniques, fragments culturels, fragments sociaux, fragments idéologiques, fragments religieux, : l’éparpillement ressemble à celui qu’il y aurait après le passage d’un « éléphant » n’ayant rien de socialiste dans un magasin de porcelaine.
Dans des confidences au journal «Le Monde » le président a une fois encore montré ses biceps : « le rôle que je me suis assigné, c’est de tenir l’unité du pays (…). Entre le déni et l’hyper dramatisation, il y a une place pour une lucidité exigeante qui consiste à regarder les problèmes du pays, mais aussi à ne pas le laisser se démantibuler ». Pour lui, « le moment est venu d’un rendez-vous avec la nation », explique-t-il, sans donner davantage de détails sur une initiative qui pourrait avoir lieu en janvier, selon Le Monde. Et d’ajouter : « Il faut redonner une espérance, un goût de l’avenir […], rappeler la France à elle-même » et « à ce qu’elle est », « ce qui nous constitue ». Encore une fois le pyromane s’érige en pompier et promet la solution miracle.
Augmentation des tarifs dans les transports publics, transferts des SDF vers la campagne, réquisition des logements des étudiants contre quelques euros, immenses problèmes de sécurisation de la capitale, risques toujours présent d’incapacité à accueillir certaines épreuves et confrontations au sein des autorités responsables de l’organisation : l’idéal olympique est en marche. Il faudra que le président aille plus vite, plus haut, plus fort pour que la porcelaine puisse être recollée. C’est mal parti !