Le pays de la porcelaine en mille morceaux

La France serait un pays en porcelaine envié de l’étranger pour sa qualité de vie portée par des produits de luxe dans tous les domaines. La gastronomie, les sites historiques ou naturels, un style de partage de bons moments, le climat tempéré, les idées portées par des philosophes du temps passé, les créateurs en tous genres ont servi la cause d’une nation qui adore se regarder le nombril. Cette attractivité s’effrite lentement mais sûrement puisque bien des atouts sont devenus ceux des apparences. Ils ne résistent pas aux épreuves que traverse le monde.

Dans huit mois la machine à fric des Jeux Olympiques dévorera par exemple tout l’espace médiatique. On essaiera de persuader l’opinion dominante que l’évènement possède toutes les valeurs universelles que l’on doit attendre dans le domaine du sport. Les multinationales, les entreprises du CAC 40 déverseront leurs outils de communication et les médias tenteront de tirer profit de ce rassemblement oublieux des conditions dans lesquelles il se déroule. La tension monte dans les sphères du pouvoir car rien ne se passe comme prévu. Il faut une union sacrée pour s’en tirer sans trop de dégâts.

Rongée par les problèmes du quotidien, la majorité silencieuse n’adhère absolument pas à ce rendez-vous. Elle va même si la dégringolade de l’esprit collectif continue, à se dégrader, se retourner contre une organisation qui certainement pèsera sur l’avenir alors que ce dernier s’annonce bien incertain. Pour beaucoup les J.O. restent une affaire parisienne qui, si elle tourne mal, renforcera le précipice entre la « province » et la « capitale ». Malgré le périple « payant » de la flamme olympique, malgré la décentralisation de quelques matchs ou disciplines, malgré une pression désormais quotidienne les préoccupations du plus grand nombre de foyers se nichent ailleurs.

Des querelles, des disputes, des affrontements sur le dos de ceux dont on a au grand besoin pour construire les lieux d’accueil et les infrastructures ou qui deviendront indispensables pour accueillir l’afflux putatif de « touristes » olympiques, ne cessent de monter. Dès ce matin à l’Assemblée nationale le pugilat commencera. Il perdurera jusqu’aux fêtes de fin d’année avant que le tsunami R.N. des européennes déferle su la « porcelaine ». La France pointée du doigt à l’international a alors des bonnes chances de se poser dans la case des pays européens les plus instables. Il n’est pas certain que les visiteurs étrangers se précipitent pour assister à des épreuves de break-danse ou de volley-ball de plage. La France perdra son sourire.

La nation n’existe plus. Elle ressemble à une assiette de Limoges historique qui se serait fracassée sur le sol des réalités car celui qui l’a en charge ne maîtrise plus rien. La fragmentation se révèle tellement forte que rien, absolument rien, ne permet d’espérer recoller en quelques mois les morceaux dsipersés à tout va. Dans ses déclarations celui qui a en gestion le magasin de porcelaine réclame une « union nationale » qu’il se révèle incapable d’obtenir autrement que par la méthide Coué.

Jour après jour avec un balai et une pelle, il tente de rassembler le puzzle qu’il a lui-même créé. Fragments corporatistes, fragments électoralistes, fragments économiques, fragments ethniques, fragments culturels, fragments sociaux, fragments idéologiques, fragments religieux,  : l’éparpillement ressemble à celui qu’il y aurait après le passage d’un « éléphant » n’ayant rien de socialiste dans un magasin de porcelaine.

Dans des confidences au journal «Le Monde » le président a une fois encore montré ses biceps : «  le rôle que je me suis assigné, c’est de tenir l’unité du pays (…).  Entre le déni et l’hyper dramatisation, il y a une place pour une lucidité exigeante qui consiste à regarder les problèmes du pays, mais aussi à ne pas le laisser se démantibuler ». Pour lui, « le moment est venu d’un rendez-vous avec la nation », explique-t-il, sans donner davantage de détails sur une initiative qui pourrait avoir lieu en janvier, selon Le Monde. Et d’ajouter : « Il faut redonner une espérance, un goût de l’avenir […], rappeler la France à elle-même » et « à ce qu’elle est », « ce qui nous constitue ». Encore une fois le pyromane s’érige en pompier et promet la solution miracle. 

Augmentation des tarifs dans les transports publics, transferts des SDF vers la campagne, réquisition des logements des étudiants contre quelques euros, immenses problèmes de sécurisation de la capitale, risques toujours présent d’incapacité à accueillir certaines épreuves et confrontations au sein des autorités responsables de l’organisation : l’idéal olympique est en marche. Il faudra que le président aille plus vite, plus haut, plus fort pour que la porcelaine puisse être recollée. C’est mal parti ! 

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Encore et toujours des accrocs grave à la laïcité

La laïcité valeur cardinale de la République Française dont on peut regretter qu’elle ne figure pas aux côtés de la liberté, de l’égalité et de la fraternité demeure incomprise ou volontairement contournée. Victime de la dualité des positions elle est considérée comme anti-religieuse par celles et ceux qui défendent leurs croyances ou comme une arme de lutte contre les religions par d’autres. Depuis deux ou trois décennies, ce principe de vie sociale est méprisé ou incompris car elle n’y a aucune formation spécifique pour en apprécier le bien-fondé.

Des groupes de pression de tous poils essayent de faire sauter le verrou par tous les moyens. Une minorité musulmane s’y emploie en lançant à des périodes clés des polémiques sur de sujets marginaux de telle manière qu’elle obtienne des exceptions à la règle permettant aux radicalisés de s’engouffrer dans les brèches.

Définir la laïcité est assez simple. La liberté de croire est préservée dans la sphère privée et dans les lieux réservés au culte. En France seulement 6,6 % des habitants toutes pratiques religieuses confondues se disent « pratiquants assidus ». On évalue à 29 % le volume de population se déclarant fidèle de la mouvance catholique alors que 10 % se réclame de l’islam. Le nombre de personnes déclarant une autre religion chrétienne stagne à 9 % alors que le judaïsme ne dépasse pas 1 % Au total on parvient à un Français sur deux qui n’a absolument pas de lien réel avec la religion. Ce pourcentage ne cesse d’augmenter dans toutes les classes populaires.

Tous ces adeptes d’un dieu ou d’un autre n’ont à priori aucune difficulté pour accéder à leurs pratiques mais elles l’exploitent de moins en moins dans le catholicisme. En France le nombre des baptêmes est passé de 334 664 (2010) à 112 123 (2020) et la chute se poursuit. Pour l’islam les enfants qui entrent en religion comme dans bien d’autres religions sous l’influence des parents et notamment le père. Ayant le statut de seconde religion sur le territoire métropolitain, une minorité tente de briser le principe de laïcité qui est totalement contraire à tous les préceptes de leur religion.

La définition de cette valeur est en effet simple : « la religion n’a pas sa place dans l’espace public et l’État n’a pas sa place dans la sphère religieuse tant que cette dernière respecte la dignité humaine et les principes républicains ». A ce titre dans absolument tous les lieux publics quels qu’il soient les manifestations religieuses n’ont pas leur place et les représentants de la République n’ont à entrer dans les lieux d’exercice de la religion que pour y exercer leur fonction ou témoigner de la présence républicaine. Bien évidemment à titre privé l’accès à une religion ne leur est pas interdit.

J’ai personnellement appliqué ce principe dans mes mandats électifs pour absolument toutes les religions (sauf les sectes hors la loi) pour des enterrements, des événements communaux, des invitations officielles. Je me suis rendu à la mosquée, à la synagogue, au temple ou à l’église librement mais sans jamais donner un signe de particpation. Il m’aurait paru par contre inadmissible que dans un bâtiment public à mon invitation, une cérémonie à caractère religieux puisse s’y dérouler. L’imam, le rabbin, le pasteur ou le curé ont toute possibilité de participer à la vie citoyenne mais ils ne sauraient exprimer l’exercice de leur mission dans un lieu public. 

La laïcité n’est ni agressive, ni une manifestation d’hostilité mais la préservation pure et simple de la liberté de conscience sous toutes ses formes. Toute entorse à ses principes affaiblit la République surtout si ces exceptions témoignent de choix injustifiables. Le rôle du Président consiste à sans cesse rappeler qu’il est le garant de cette séparation ayant coûté la vie à Samuel Paty et Dominique Bernard pour l’avoir enseignée. Toute exception dénature la règle. Accepter par exemple une cérémonie juive dans l’Elysée, sanctuaire du pouvoir républicain, constitue une faute et servira de point d’appui à d’autres revendications.

Jean-Louis Bianco qui est loin d’être un laïcard excité et ancien Président de l’Observatoire de la Laïcité (2013-2021) a parfaitement résumé ce que j’explique ci-dessous : « Un président de la République (NDLR : un élu de tout niveau) peut assister à une cérémonie religieuse, en respectant les usages (se lever et s’asseoir lors d’une messe, porter une kippa ou un chapeau dans une synagogue, se déchausser dans une mosquée) mais il ne doit en aucune façon montrer publiquement un signe d’adhésion à une quelconque religion. L’Élysée est un bâtiment public. Il s’est passé quelque chose jeudi soir qui ne peut être conçu autrement que comme une manifestation religieuse, puisque le grand rabbin a procédé à un allumage des bougies de Hanoukka. A partir du moment où une cérémonie religieuse se tient à l’Élysée, c’est contraire aux principes essentiels de la laïcité »

Je partage totalement ce constat. Il est certain que cette cérémonie laissera des traces car elle relève d’un calcul politicien extrêmement dangereux. L’invitation adressée au pape le même jour ou presque pour inaugurer Notre-Dame accentue ce sentiment que les fondements républicains sont en danger. Comment reprocher à une religion de ne pas respecter la laïcité quand on multiplis le signes de connivence sur ce sujet avec les autres ? L’exemplarité à toujours du sens ! 

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Mais qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?

« Ferme ta gueule ! » : la saillie du Président du Sénat sur RTL a ému les âmes sensibles qui cherchent à chaque instant, un sujet susceptible de meubler leur antenne. Le record absolu a été pour BFM qui immédiatement s’est emparé de ce conseil lancé à Jean-Luc Mélenchon pour en faire des heures et des heures de débats ou de polémiques. « Ferme ta gueule » a permis d’effacer les milliers d’enfants écrasés sous les bombes dans la bande de Gaza et dont on ne parle que quelques minutes. « Ferme ta gueule » a eu l’effet magique de reléguer la PISA au second plan. Un « Ferme ta gueule » par jour comblerait de bonheur un milieu politique qui patauge actuellement dans la xénophobie et le populisme le plus abject.

Il a tellement de manière de fermer sa gueule qu’il faudrait une analyse sociologique pour savoir si le trait de Larcher doit être conçu comme une injonction, un conseil, une supplication ou une exaspération. En l’occurrence dans le rôle du donneur de leçons, le maître des cérémonies du Palais du Luxembourg, a suscité les interprétations diverses. Une flèche ayant échappé au contrôle de celui qui la pointait vers le mentor des Insoumis ? Un tir délibéré et calculé pour provoquer un soutien populaire que les autres propos ne méritaient pas de capter ? Un calcul de communication institutionnelle pour dépoussiérer le style sénatorial ? Un rot déplacé après un petit-déjeuner copieux mal digéré ? Un condensé d’un programme politique avant-gardiste ? Un moment d’égarement révélateur des valeurs démocratiques portées par celui qui doit les garantir ? Un conseil pour éviter de suivre un régime diététique ? 

En fait le mystère demeure. « Ferme ta gueule ! » symbolise seulement le niveau actuel de la vie politique en France. Il s’agit simplement d’un pas de plus vers la « trumpisation » des pratiques des leaders avides de faire le buzz. L’exagération, les comporetments les plus médiocres, les absurdités, les éructations en tous genres, cherchent à rapprocher ceux qui les utilisent d’un électorat ravi de ces incartades jugées courageuses. « Ferme ta gueule ! » fera beaucoup plus pour la notoriété de Larcher que tous les discours qu’il a prononcés dans sa position de second personnage de l’État. Il entre dans l’Histoire ! 

Qui connaîtrait en effet le vicomte et général de Brigade français Pierre Cambronne si la légende ne lui avait pas prêté un « merde » retentissant adressé aux soldats anglais à Waterloo ? Il n’y avait aucun micro ni aucune caméra pour l’immortaliser et donc il a pu nier toute sa vie avoir eu cette parole que des millions de Français aimeraient avoir eu le privilège de jeter à la figure des donneurs de leçon de la prude Albion. L’Insoumis c’était lui et sa riposte alors que le dernier carré était formé, s’adressait à des hommes en armes ayant vocation à l’exterminer. Il y a fort à parier que le « Ferme ta gueule » de Larcher restera encore quelque temps dans l’actualité boosté par les anti-Mélenchon comme une preuve de courage et de spontanéité.

Jean-Pierre Chevènement avait justement lui-aussi voulu ramener sa gueule en 1983 car il était en désaccord avec le virage de la politique gouvernementale. Il avait inscrit dans la vie politique un principe qui depuis a été appliqué par d’autres : « un ministre ça démissionne ou ça ferme sa gueule ». Chaque fois qu’un membre d’un exécutif claque la porte il utile cette apostrophe chevènementiste pour justifier son départ. Là encore malheureusement il n’existe aucun enregistrement de ce morceau de bravoure ce qui laisse planer une certaine incertitude sur sa réalité. L’intéressé en a revendiqué la paternité ce qui suffit à la lui attribuer. Son titre de gloire qui lui a permis ensuite de godiller à vue dans les courants politiques.

Le « Ferme ta gueule » décoché par Larcher vers une seule cible a quelque chose de pathétique et de dangereux. Pathétique en ce sens qu’il démontre la faiblesse du débat dans la vie sociale française. Dangereux car les idéaux, les valeurs, les arguments, les échanges tolérants sont anéantis par ce qui sera présenté par les anti-Mélenchon comme un morceau de bravoure et par ses amis comme une « insulte » ou un « signe de mépris ». Cette dualité permanente simpliste nourrit le RN qui se régale des effets qu’elle a dans l’abêtissement croissant de l’électorat.

En ayant tué le raisonnable des analyses au profit de l’irrationalité des apparences il est désormais permis d’espérer gouverner en se foutant de la gueule des citoyens. Et ce n’est que le début d’un long chemin pavé de mauvaises intentions. L’« ’arc républicain » (le RN en est-il selon Larcher ?) n’est plus crédible et la dédiabolisation admise et non combattue du parti de Le Pen, avance lentement mais sûrement vers le pouvoir grâce à celles et ceux qui ferment leurs gueules par indifférence ou complicité.

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Le rayon de soleil dans l’eau très froide

Tous les soirs au moment d’entamer une chronique je relis vos commentaires. J’ai vraiment l’impression désagréable de jouer les mauvais augures, de proposer que les aspects les plus déprimants de l’actualité ou d’évoquer des moments pénibles. Je n’arrive pas à trouver en lisant et relisant tout ce que l’actualité propose, un thème pouvant se prêter à une bonne dose d’optimisme. Suis-je incapable de détecter le rayon de soleil dans l’eau froide ? Suis-je victime d’une approche obtuse des multiples propositions distillées par les médias ? Ai-je perdu l’envie de dénicher dans le quotidien quelques paillettes de bonheur dans les aléas du quotidien ? Le seul fait de me poser ces questions démontre un certain désarroi…

Dès que je décolle pour aller respirer l’air frais j’ai du mal à me persuader que je n’entendrai pas parler de difficultés humaines en tous genres. Impossible de ne pas croiser une porteuse ou un porteur de nouvelles déprimantes. Les cancers, les maladies les plus invalidantes figurent au menu de toutes les conversations. Un banal « comment ça va ?.. » prend des allures angoissantes. Les suites de la crise sanitaire liée à la Covid sous toutes ses formes prennent une tournure concrète démoralisante. Il n’y a aucun refrain complotiste dans ce constat mais simplement le fait que durant deux ans, l’obsession de la protection contre le virus a été prépondérante, permet de penser que le reste a été négligé.

Tout le monde se débat contre les délais d’accès au service public de santé ou au surcoût des passages dans le secteur privé. La santé constitue la préoccupation principale de plus en plus de gens sans qu’ils fassent un lien quelconque avec les évolutions environnementales, climatiques ou sanitaires. La mort frappe semble-t-il durement en ce moment, même s’il faut prendre conscience qu’avec l’évolution de l’âge, les avis d’obsèques nous concernent davantage qu’à vingt ans. Je vais de cérémonies en cérémonies avec le sentiment qu’avant elles étaient moins nombreuses.

Ensuite débarquent tous les problèmes concrets. Les demandes de logement affluent avec des situations toutes plus dramatiques les unes que les autres. La pénurie s’accentue et les prix augmentent rendant l’accès à un toit toujours plus difficile. Quasiment aucune des communes soumises en France à la loi sur le logement social n’a progressé l’an passé. Vingt ans après son entrée en vigueur, seules quatre communes sur dix respectent la loi imposant au minimum 20 ou 25% de logements sociaux dans les grandes villes, révèle l’enquête de France Info et France Bleu publiée hier. Et rien n’ira en s’améliorant.

Difficile d’avoir le sourire, de plaisanter quand des sollicitations qui ressemblent à des suppliques parviennent jusqu’à vous car ailleurs les réponses ne sont que strictement administratives. Le seul fait d’écouter semble soulager les interlocuteurs. Allumer un faible espoir dans une société où sans réseau et par la voie commune vous n’obtenez rien, constitue un très faible plaisir face à un monde anonymisé, numérisé, distanciel et souvent aux abonnés absents en matière d’humanité. Dans ce monde de l’indifférence à l’autre, du nombrilisme renforcé, de la haine institutionnalisée, tendre la main devient l’exception.

Comment trouver un rayon de lumière dans la forêt obscure des démarches à accomplir, des injonctions administratives, des applications réglementaires diverses, des contraintes s’appliquant sans discernement ? Comment m’extraire du marécage social et du malheure des autres ? Chaque jour ou presque les inégalités se creusent dans tous les domaines entre ceux qui savent, ceux qui peuvent, ceux qui trouvent des chemins et les ignorants des arcanes d’une France complexe, qui n’ont aucun moyen matériel ou humain d’agir, ceux qui sont stigmatisés car ils ne parviennent pas à dénicher le sentier les conduisant à une éventuelle solution. Là encore mon plaisir personnel consiste à pousser les plus téméraires dans la bonne direction ou à les accompagner.

Ce soir je n’aurai pas noirci le tableau général. Hier mercredi jour de marché, plus que tous les autres, les retrouvailles au bar Créonnais d’une douzaine de complices deviennent donc des moments exceptionnels. Pas un seul des participants à ces retrouvailles ne rencontre pas d’une manière ou d’une autre, un problème mais il semble l’oublier devant son rosé, son café, son Porto, son lait fraise, son Ricard menthe, son galopin ou son demi sans faux col. Enfin je le crois. Dans ce creuset où toutes les différences se fondent pour rire, pour « chambrer », pour débattre (pas trop), pour commenter ou pour jouer, je partage avec gourmandise. Je ris sans trop pisser dans mes protections port prostatectomie. En sortant la chape de plomb retombe… Mais ce qui est pris n’est plus à prendre ! J’ai échappé à la malédiction de la mouise ambiante.

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Le menu « Pisa » est dur à digérer

Si l’on en croît l’expression voulant que « raison ne soit pas comparaison » les résultats de l’opération consistant à classer les systèmes éducatifs mondiaux à partir de tests sur les résultats des élèves de 15 ans mériterait bien d’autres analyses que le rang constaté. Pour s’en convaincre il est indispensable de dépasser encore une fois les effets du classement pour entrer dans les causes. Or comme le veut le réflexe médiatique on ne prendra que le sensationnel. En l’occurrence le résultat brut indique que la France dévale la pente vers le niveau des pays sous-développés en matière d’éducation.

Le constat de l’OCDE qui gère cette étude est sans appel : « Dans l’ensemble, les résultats de 2022 sont parmi les plus bas jamais mesurés par l’enquête Pisa dans les trois matières en France. » Le rapport porte, à chaque édition, sur les mathématiques, la compréhension de l’écrit et les sciences, avec à chaque fois un focus sur l’une de ces disciplines. Cette année, il s’agit des maths. La France conserve sa place dans la moyenne de l’OCDE dans les trois disciplines, aux côtés de pays comme la Hongrie, le Portugal ou la Lituanie. Elle se classe entre la 15e et la 29e place en maths et entre la 11e et la 29e en compréhension de l’écrit et en sciences. Peu glorieux !

Illico le Ministre qui avait eu connaissance depuis belle lurette des résultats a proposé des « réformes ». Les énièmes mesures qui désavouent les précédentes et reviennent aux fonctionnement antérieur comme si encore une fois le bon sens avait été oublié. Pas un mot sur les modifications totalement décalées des occupants du ministère de la rue de Grenelle. Pas moins de 35 personnes différentes ont occupé ce poste en 64 ans sous la V° république soit moins de deux ans en moyenne pour chacun. Le plus résistant a été Blanquer qui a tenu plus de cinq ans. Une très grande majorité d’entre eux a forcément attaché son nom à une mesure salvatrice de ce secteur essentiel de la vie sociale.

Pénurie de candidatures pour devenir enseignants, intrusion permanente des maux d’une société en déshérence dans la vie quotidienne des établissements, influence croissante des parents dans un système public devant par essence rester indépendant, culte de la réussite par le fric et non par le mérite : la liste serait longue des interférences autour des élèves. Dans les commentaires des spécialistes de l’OCDE il y a un chapitre qui résume ce contexte de l’enseignement en France.

La France indique clairement que la France « l’un des pays de l’OCDE où le lien entre le statut socio-économique des élèves et la performance qu’ils obtiennent au Pisa est le plus fort », indique l’OCDE dans son rapport. La situation est toutefois stable, elle ne s’aggrave pas. Ouf ! On s’en contentera puisque il y a peu de motifs de satisfaction. N’empêche que ce paramètre est soigneusement passé sous silence car il remet plus profondément en cause les politiques conduites depuis des années. Le fossé s’est creusé entre les familles. La pauvreté à progressé. La fracture entre classes pouvant soutenir leur enfant et celles qui subissent tout sans avoir les moyens matériels et culturels de réagir. La fameuse mixité sociale n’existe pas car elle est refusée par les plus aisés.

Ainsi en maths, les élèves provenant de milieux favorisés obtiennent des résultats supérieurs de 113 points à ceux des élèves défavorisés, alors que l’écart moyen n’est que de 93 dans les pays de l’OCDE. Seuls la Slovaquie, Israël, la Hongrie, la Suisse, la Belgique et la République tchèque font moins bien. Une liste qui mériterait d’être disséquée car en dehors de la Belgique (et encore) ce sont des pays qui… chasse à fond la caisse l’immigré et n’ont pas le prétendu poids de cette arrivée dans leurs systèmes éducatifs.

Les élèves scolarisés dans les voies professionnelles (20 % de l’échantillon), bien plus nombreux que les autres à grandir dans un milieu défavorisé, ont obtenu 90 points de moins que leurs camarades des filières générales et technologiques en maths, contre 59 points d’écart dans l’OCDE. Après lissage en prenant en compte le milieu socio-économique, les élèves de la voie pro obtiennent 45 points de moins que les autres (-14 en moyenne). Dur et réel.

Autre constat : les élèves de 15 ans scolarisés dans le privé ont eu 27 points de plus que ceux du public en maths (+24 dans l’OCDE) mais, une fois le profil socio-économique pris en compte, l’écart est à l’avantage du public : +21 points, contre +11 dans l’OCDE. Autrement dit, à milieu social égal, les élèves du public s’en tirent mieux que ceux du privé. Un coté positif qui sera oublié n’en doutons pas.

Par contre les experts de l’OCDE affirment que les rapports entre les adolescents et leurs professeurs ne sont pas terribles en France. « Les pays où les élèves se sentent plus soutenus par leurs enseignants sont ceux où la chute en mathématiques est la moins forte ». Or « la France est l’un des pays où les élèves reçoivent le moins de soutien de la part de leurs enseignants » ( 52 % contre 63 % en moyenne dans l’OCDE). Mais fait plus grave  « il y a une moindre implication parentale dans le suivi des progrès des enfants depuis 2018 ». A relier à bien d’autres situations plus inquiétantes.

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L’impuissance réelle face aux fanatismes

Un terroriste atteint de troubles psychiatriques a semé la panique samedi soir à proximité de la Tour Eiffel à Paris, lieu éminemment symbolique à moins d’un an des Jeux Olympiques. Il a tué un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes, dans une attaque au couteau puis au marteau. Cet acte revendiqué comme étant soumis aux desiderata du groupe État islamique a aussitôt généré les sempiternelles réactions politiciennes exacerbées. Le registre est un peu différent puisqu’il s’agit d’un fichier S ayant été emprisonné et qui après avoir purgé sa peine a replongé dans le fanatisme religieux.

Cette situation pose pour la première fois la question angoissante des quelques 400 individus actuellement incarcérés pour des faits de terrorisme et plus de 470 individus libérés depuis mi-2018. La menace potentielle portée par les détenus et anciens détenus est au cœur des préoccupations de la DGSI. Elle vient de se concrétiser et elle permet à l’angoisse de monter d’un cran. En effet elle illustre les très grandes difficultés qui attendent les pouvoirs publics face au terrorisme endogène difficilement contrôlable.

Cet acte met en effet en évidence combien ce terrorisme islamique sera ardu à maîtriser. La première réaction se trouve dans la sanction la plus sévère possible : l’emprisonnement. C’est la réponse que souhaite la société à tous les actes délictueux ou criminels et donc à ceux des fanatiques aveuglés par leur haine de la société. Or quelles que soient les sanctions elles n’assurent pas, loin s’en faut, l’abandon des racines idéologiques du terrorisme. Certains observateurs soulignent même qu’elles les renforcent. La notion de martyrs, très présente dans l’Islam donne un statut personnel particulier à ceux qui ont commis les actes les plus graves.

Un autre constat est partagé par tout le monde : la prison n’efface rien et permet un prosélytisme dangereux. L’islam serait ainsi la première (et de loin) religion dans le système carcéral français. La radicalisation devient ainsi le plus grand danger. Se pose une question de fond : en quoi la privation de liberté permet de « soigner » ce qui relève souvent de la psychiatrie ? Quand on connaît la faiblesse du suivi médical dans les prisons et les conditions dans lesquels il s’exerce on imagine aisément que les examens des fichier S ou des incarcérés islamisés de droit commun ne sont pas à la hauteur des enjeux.

L’autre aspect de l’acte terroriste de samedi concerne justement la reconnaissance du fait que tout individu qui tue de sang-froid au nom d’un extrémisme religieux (quel qu’il soit) relève de traitement psychiatrique. Pour avoir au CHS de Cadillac discuté avec les soignants et le personnel médical sur la prise en charge de ces « malades » spéciaux, j’ai pris conscience des difficultés des prises en charge.

Le pire c’est que le secteur de la psychiatrie, auquel évidemment le ministre de l’intérieur s’est illico attaqué, se trouve dans une situation catastrophique. Les cas « ordinaires » ne peuvent plus être pris en charge (plus de 200 enfants sont sans affectation d’établissements spécialisés en Gironde) ou dans des délais interminables et ils ne restent que les situations extrêmes. Et encore. 

La prison ne règle rien. La médecine a bien du retard. La société se crispe toujours plus. Les ressources humains de la Dgsi ne sont plus extensibles. Le nombre d’extrémistes ou de fanatiques ne cessent de progresser. L’attaque de samedi soir marque d’une pierre noire l’avenir de la France. Le vrai basculement qui ne concerne qu’une minorité dangereuse a peut-être eu lieu avec ce crime soigneusement téléguidé.

Dans le même temps un jeune d’une quinzaine d’années avoue avoir tué de sang-froid ses parents et avoir mis le feu à la maison. Les couteaux sortent pour des différends de sorties de bal ou avant des matchs de football. Les rafales d’armes automatiques crépitent dans les rues des quartiers. Dans le monde un individu sur huit relèverait de traitement psychiatrique. Pas seulement dans les classes les plus pauvres mais au sommet de quelques États. Dans ce maelström angoissant il est difficile de trouver une lueur d’espoir.

La lutte contre la violence sous toutes ses formes repose certes sur une répression active mais encore faut-il en analyser objectivement et sereinement les causes pour la prévenir. Ce travail nécessite une coordination entre toutes les composantes d’une société apeurée et peu coopérative. Alors il y aura encore et encore des vies humaines sacrifiées

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Tenter de sauver les meubles par l’endettement

Il faut consommer à tout prix puisque la stratégie financière de Bercy repose sur moins d’impôts mais beaucoup plus de taxes sur la consommation. Les ordinateurs commencent à s’affoler car pour que le système fonctionne il est indispensable que les achats se multiplient, les déplacements, se multiplient, que les emprunts se multiplient et que les foyers se retrouvent surtout dans l’incapacité à… épargner ! Un citoyen qui épargne est un mauvais citoyen… Un citoyen qui s’endette est un excellent contribuable ! En fait le piège tendu aux acheteurs pour qu’ils compensent la chute de leur participation directe à la vie collective (taxe d’habitation par exemple) par des taxes invisibles et moins traumatisantes mais plus productives s’est refermé sur les stratèges ultra-libéraux européens et donc français.

L’épargne est toujours abondante en France qui fait partie des pays où le taux est le plus élevé (17,7% au 2ème trimestre 2023). Elle sert essentiellement aux ménages à financer l’achat de logements et à faire des placements financiers. Au 2ème trimestre 2023, le patrimoine financier des Français se compose de 3 693,5 milliards d’euros d’en-cours de produits de taux (dépôts à vue, épargne réglementée, assurance-vie en euros) et de 2 351,2 milliards d’euros d’encours de produits de fonds propres (actions cotées, non cotées, assurance-vie en unités de compte).

L’épargne réglementée des ménages (Livrets A, LDDS, LEP, PEL, etc) représente une part importante de l’épargne financière et des ressources bancaires et atteint 915,0 milliards (soit 15% du patrimoine financier des Français). Et c’est un drame… car ces sommes ne sont pas injectées dans la consommation et ne produisent pas de taxes nationale. La tentation de les taxer est grande mais c’est un trop grand risque électoral. Il ne faut en effet pas croire que ces sommes « placées » sont le fait des possesseurs de revenus les plus aisés.

Alors Bercy fait feu de tout bois pour se procurer un niveau de ressources au moins équivalent. Le budget 2024 repose sur une croissance intérieure largement surévaluée et donc insincère mais peu importe. La méthode Coué ou la fuite en avant ou la cavalerie sont devenues les éléments tactiques de Bercy n’en déplaise à ceux qui en ont la responsabilité. D’ailleurs le Ministre multiplie les annonces ou les incitations incantatoires pour tenter de rassurer et d’assurer.

Il veut par exemple faciliter l’achat immobilier pour effacer la baisse vertigineuse des rentrées de droits de mutation sur l’ancien, relancer la vente de logements neufs en chute libre et le secteur du BTP qui plonge vers la récession. Pour cela une seule solution ; assouplir les règles d’emprunts pour les foyers qui osent se lancer dans le défi d’un investissement de plus en plus onéreux (terrains à bâtir de plus en plus rares et surtout de plus en plus chers ; matériaux en augmentation constante).

« Nous étudierons des nouvelles mesures pour assouplir davantage les conditions d’octroi des crédits », a déclaré le ministre qui a ajouté qu’il souhaitait la création d’une « procédure à l’amiable, entre l’emprunteur et le banquier, lorsque ce dernier refuse un prêt immobilier », pour « aider à comprendre pourquoi le prêt a été refusé et éventuellement, si la situation de l’emprunteur le permet, conduire à une révision de la décision ». Ce n’est pas un hasard car cette semaine se tiendra le Haut conseil de stabilité financière (HCSF), instance présidée par lui-même qui revoit chaque trimestre les règles de l’octroi de prêts immobiliers ( durée et leur poids par rapport au revenu des emprunteurs)

Samedi j’ai discuté avec les représentants du CDAFAL ; association (entre autres) de défense des consommateurs dont els représentants départementaux siègent dans toutes les instances de régulation sociale liées aux familles. L’un des militants mandatés avait participé à la commission départementale de surendettement des particuliers. « L’augmentation du nombre de dossiers a explosé en quelques semaines expliquait-il la mine inquiète. Il y a longtemps que nous n’avions pas une séance avec autant de demandes ». Impossibilité de payer les factures énergétiques ou de régler les mensualités liées à une construction, un achat de véhicules ou à la facture énergétique. « C’est ce secteur qui paraît le plus touché » ajoutait-il.

D’ailleurs illico le Directeur de la Banque de France a tiré le signal d’alarme après les propos ministériels. « Il est souhaitable que l’offre de crédits bancaires reparte maintenant progressivement, mais sans risquer de surendetter les ménages : attention aux suggestions d’oublier les normes de bon sens(…). Il avait déjà souligné « la progression continue et singulière de l’endettement des ménages », ainsi que « la dérive marquée des durées de prêts et de la charge de remboursement ». Pas certain que celui qui gère la pire dette de l’histoire des finances publiques entende cette prudence légitime.

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Les bienfaits inestimables de l’histoire locale

Dans le fond l’histoire locale reflet beaucoup plus fidèle que la grande Histoire à l’évolution d’une société est largement méprisée par l’opinion dominante. Bon nombre d’habitants posent leur pavillon sur une terre dont ils ne connaissent pas autre chose que le prix payé au lotisseur. Pourtant il est impossible de se sentir bien dans un lieu d’adoption sans savoir qu’elles en ont été les évolutions. Dans les quelques réunions d’accueil de nouveaux habitants il est rarement question de présenter les spécificités de la commune qui conditionneront en grande partie les évolutions ultérieures de leurs conditions de vie.

Par exemple un monument classé hypothéquera grandement des projets d’aménagement débridés. Il est souvent reproché aux architectes en charge de la préservation des paysages et des abords de bâtiments protégés d’être pointilleux. Dans leurs fonctions les élus locaux se heurtent parfois à des avis qu’ils ont bien du mal à partager avec les pétitionnaires. Pour ces derniers seul le résultat compte et peu importe le gâchis architectural qui en résulte. Les périmètres de protection agacent les uns et rassurent les autres. Dans bien des cas la différence repose sur la connaissance de l’histoire qui justifie cette opposition.

Souvent les défenseurs du patrimoine humain ou bâtimentaire sont accusés de conservatisme. En souhaitant le respect de l’esprit d’une tradition ils apparaissent comme dépassés ou réactionnaires. Il s’agit souvent de rappeler qu’avant d’avancer vers l’avenir il est souvent indispensable de savoir quel a été le chemin parcouru. On peut à tout moment commettre de graves erreurs d’appréciation si on ne partage pas les racines d’un village, d’un quartier, d’une ville. D’ailleurs les ensembles d’immeubles déshumanisés meurent de l’irrespect de leurs habitants envers le lieu où ils ont « atterri ». Ce constat explique en partie les rapports entre de nouvelles populations et le milieu où elles évoluent. On ne s’intégre pas sans connaître un minimum de la vie antérieure de ceux chez qui on arrive. 

L’histoire locale est avant tout celle du peuple, si ce mot a encore un sens dans le vocabulaire. En écumant les archives les découvertes sur les petites aventures de la vie servent à concevoir ce qu’était une époque. La permanence du comportement de fond des individus, leurs rapports avec les pouvoirs permettent de se rendre compte que la société dite moderne n’a rien « inventé ». Les faits divers plus ou moins sanglants, les délits, les abus de tous ordres, les exploitations de la faiblesse des uns par les autres, les atteintes à l’environnement, les massacres au nom des religions, les haines exacerbées, les querelles familiales apparaissent dans la presse ou dans les documents datant de deux ou trois siècles en arrière. S’il y avait de supports antérieurs on retrouverait les mêmes causes et les mêmes effets.

Il est par exemple assez étonnant que des gens achètent des terrains pour y bâtir une nouvelle existence sans se renseigner sur les risques qu’ils recèlent : inondations, incendies, effondrement. Ils se tournent lorsque la catastrophe arrive vers la puissance publique en protestant contre le fait qu’elle n’ait pas joué son rôle protecteur. La répétition de phénomènes climatiques transparaît pourtant sur un siècle. Les documents d’urbanisme (PLU, PLUI) ne comportent quasiment jamais d’analyses historiques des territoires sur lesquels ils s’appliquent. Toutes sortes d’études restent obligatoires mais l’histoire locale et les évolutions qui l’ont accompagnée n’a pas sa place.

J’ai une passion inextinguible pour les parcours humains dans la vie locale. La réflexion de Gaston Bonheur dans un film du Syndicat National des Instituteurs consacré à l’école maternelle a marqué mon parcours : « J’ai au moins autant appris sur le chemin me conduisant à pied vers l’école que dans le lieu où je me rendais. » Je pense que moi-aussi : le maréchal-ferrant, le bouilleur de cru, l’épicière, le bistrot, l’abattoir, le coiffeur, le muletier, le cantonnier, le facteur, le sacristain, le peintre ivrogne et bien d’autres figurent dans la liste des acteurs qui ont imprégné ma vie. Ils ont élu domicile dans ma mémoire…pour toujours. Ils ont appartenu à « mon » histoire locale. Ils avaient tous à un titre ou un autre participé à une parcelle de l’Histoire de France.

Jean Noël Jeanneney a écrit que « l’histoire mérite d’être défendue. L’histoire, c’est-à-dire ce travail patient d’appréhension du passé qui se pratique dans l’humilité. Et fait de l’historien à la fois un aventurier et un «scientifique», au sens où il a pour but d’élucider des phénomènes qui, bien souvent, garderont leur part d’énigme. Cette démarche est aujourd’hui menacée par l’ignorance agressive de ceux qui croient qu’ils savent, sur les réseaux sociaux, et par la démarche de ces idéologues qui, en toute occasion, réclament des réparations historiques (…) » Ce constat s’applique à l’histoire locale !

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