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L’outrance verbale qui masque l’impuissance réelle

En cherchant dans mes souvenirs d’écolier, j’ai retrouvé le moment où j’ai entendu parler des « barbares ». C’était en histoire quand sur un livre où l’on trouvait des gravures de chaque période ou temps fort de l’Histoire de France, on parlait des « hordes » ayant envahi notre beau pays civilisés. Les « invasions barbares » conduites par des peuples réputés cruels, inhumains, dépourvus de toute retenue occupaient deux pages du manuel en couleur. Les Ostrogoths, les Wisigoths, les Gaulois, les Vandales, les Lombards, les Mongols ou les Francs avaient en effet reçu ce qualificatif de cette société romaine ayant inventé les jeux du cirque, les crucifixions, les massacres collectifs car ils n’avaient pas les mêmes références religieuses, culturelles ou sociétales. Les « Barbaresques » ont un temps désigné les pirates de la Méditerranée, pilleurs de navires, vendeurs d’esclaves et sans pitié pour les équipages soumis.

Pour les Égyptiens étaient considérés comme relavant de ce terme, tous les peuples qui ne parlaient pas leur langue. Pour les Romains c’étaient tous ceux qui migraient sur leurs territoires. Pour les Colonialistes, les « sauvages », les « primitifs », appartenaient à cette catégorie de sous-hommes capables de brutaliser, violenter, détruire et avoir un comportement, un langage inadaptés au contexte général voulu par les arrivants sur leur territoire. Massacrées, exterminées, esclavagisées ces peuplades payèrent souvent au prix fort leur assimilation forcée.

Lors de l’éructation collective ayant prolongé le titre obtenu par la formation des mercenaires qataris sept ou huit nationalités différentes, des débordements désastreux et inexcusables ont été commis. Du vandalisme, des violences volontaires, des agressions condamnables ont accompagnés ces moments de partage bien différents de ceux vécus dans d’autres sports. En qualifiant globalement de « barbares » les jeunes ou moins jeunes qui ont participé à des exactions démesurées, le feu a été encore allumé. En fait ce seul mot utilisé à des fins strictement politiciennes suffit à refléter la stratégie de la culture de la haine.

Ceux (il y est difficile de parler de celles) qui ont partout dans le pays ont eu un comportement relevant de délits punissables par la loi ne sont que des « délinquants ». L’outrance verbale devient parfois plus dangereuse que les coups de matraque ou les jets de grenades lacrymogènes. Il y a même certainement préméditation. Il faut se demander si l’utilisation d’in tel qualificatif n’est pas destiné à masquer une certaine impuissance face à des phénomènes désormais devenus incontrôlables. Ce succès d’une équipe de football a servi d’exutoire à l’imbécilité latente, l’acculturation grandissante, la violence comme moyen d’expression.

Les « actes de barbarie » qui ont émaillé les nuits du week-end écoulé ne sauraient être excusées ou minimisés mais qu’ont-elles de commun avec le massacre du Bataclan en 2015, avec les crimes djihadistes du groupe état islamique, les terribles actes du Hamas après le 7-Octobre, les tirs dans la foule affamée de Gaza, bien loin des auteurs des violences sur les Champs-Élysées. Les crimes nazis, les tortures des sbires de Staline, de Pinochet, des militaires argentins ou grecs et de tant d’autres méritent quelle qualification ! On serre des mains sur la scène internationale tâchées du sang de la barbarie générée par délégation. On oublie afin que les affaires reprennent.

Les interpellés par les forces de l’ordre sont des hommes très jeunes, le plus souvent issus des banlieues parisiennes. Parmi les 570 personnes concernées, une cinquantaine de mineurs âgés de 15 ou 16 ans à peine. Quant aux adultes, ils ont en moyenne une petite vingtaine d’années seulement…Ceux qui ne sont pas des « barbares » mais de simples délinquants présumés n’ont aucune idéologie politique et exercent une violence gratuite parfois décuplée par la drogue ou l’alcool.. Les soirs de vie collective deviennent pour eux un exutoire, un simple prétexte pour casser. Et le vrai problème est là…Les sanctions pleuvront mais ne résoudront rien car le mal est profond et durable. On posera encore des cathéters judiciaires sur des jambes de bois !

En 2022, l’organisation de la finale de la Ligue des Champions au Stade de France avait tourné au fiasco et le ministre de l’Intérieur de l’époque avait subi des critiques nourries de la droite et de l’extrême droite. La dégradation de l’Arc de triomphe de l’Étoile le 1er décembre 2018 s’est effectuée lors d’une manifestation des Gilets jaunes.. Il est  investi par des manifestants et subi des dégradations importantes.  « Force est de constater que les instigateurs, voire les principaux auteurs des faits, n’ont pu être identifiés », malgré l’arrestation de 400 manifestants à la suite du saccage de l’Arc de Triomphe a reconnu la justice. Huit prévenus sont reconnus coupables d’avoir pénétré par effraction dans l’Arc de triomphe. Ils sont condamnés à de la  prison avec sursis ou à un travail d’intérêt général ainsi qu’à des faibles amendes. Un ancien légionnaire de 43 ans, proche de l’«extrême-droite », soupçonné d’avoir tagué les murs du monument, est relaxé; Ce n’était pas encore un barbare.

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Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    J’ai également entendu parler de barbares à l’école bien sûr : les Vandales(qui ont fondé au sud de l’Espagne une province, symbole de richesse et de raffinement culturel, sous l’influence des conquérants arabes(encore des barbares…) qui a pris leur nom : l’Andalousie , les Ostrogoths (toujours drôles), les Huns(et les autres..) etc.
    Mais en cours d’instruction religieuse, il y avait pire que les barbares, c’étaient les païens ! Pire que tout, quelle que soit leur origine tribale ou territoriale. D’ailleurs ils furent pourchassés et massacrés en grand nombre par le grand et glorieux chrétien que fut Charlemagne.
    On massacra les barbares aussi au cours de croisades, en Palestine par exemple et aussi en France, par exemple à Béziers (1209), dont les habitants étaient soupçonnés d’intelligence avec l’ennemi : les cathares, et où fut prononcée paraît il la célèbre phrase : « Tuez les tous, dieu reconnaîtra les siens! » :
    Le jour où j’ai découvert à la rentrée, que j’étais entouré dans ma nouvelle école, de possibles païens, grande a été ma frayeur, qui s’est vite effacée en constatant que parmi mes compagnons qui comptaient de potentiels païens en effet, je n’étais pas maltraité, et que je n’avais pas à subir les comportements de désagréables et prétentieuses péronnelles issues d’un milieu moins populaire.
    Je ne serai pas charitable, mais à mon humble avis, le comportement déplorable des « barbares de samedi soir » relèverait plus de l’intervention de psychiatres que de magistrats.

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