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La réforme des retraites n’a aucun effet réel immédiat

Il n’y aura pas de suspension et encore moins d’annulation de la loi sur les conditions d’accessibilité aux droits à pression. La réforme des retraites qui visent donc à équilibrer le budget des caisses a des effets pervers passés sous silence. Il y a en effet plusieurs manières d’atteindre cet objectif dont l’une consiste à transférer vers d’autres financeurs la prise en charge des personnes devant atteindre 64 ans pou bénéficier de la répartition des cotisations des actifs. Ainsi les entreprises accèdent volontiers à l’envie des intéressés de ne pas continuer à travailler après l’âge qu’ils avaient en tête. Le nombre de licenciements des personnes arrivées à 62 ans s’accentuent depuis quelque temps. Le chômage constitue une manière de contourner un départ décalé.

Il faut rappeler que désormais par tranche de 3 mois supplémentaires les prétendants à la pension seront « repoussés » vers 2030 date de l’entrée en vigueur du texte tellement décrié. Alors dès qu’ils arrivent à la marque blanche de 62 printemps les retraités putatifs pointent chez France Travail. En fait, ce n’est pas le nombre de chômeurs de plus de 62 ans qui a augmenté, mais celui des chômeurs de 62 ans, pile. Les statistiques de la Dares relatives à cette tranche lâ, démontrent qu’ils sont beaucoup plus nombreux à arrêter leur boulot avant la date requise. En 2024, il y avait 15 000 chômeurs de 62 ans de plus qu’au printemps 2023. Sachant que la réforme est entrée en vigueur le 1er septembre 2023. Cela représente une hausse de près de 47%,. Tout le monde ferme les yeux car tout le monde y trouve son compte.

Les entreprises n’ont plus la charge supplémentaire d’un salaire toujours un peu plus élevé pour les plus âgés durant la période d’allongement vers la pension. Les services en charge des chômeurs n’ont pas de charge supplémentaire car il est impossible de trouver du travail pour une personne à qui il reste trois, six ou neuf mois avant sa retraite. D’ailleurs il suffit de garnir son dossier avant de cesser son activité pour se préserver de toutes les mauvaises surprises. La réforme de l’allocation chômage ne touche pas ces nouveaux inscrits car leur durée d’indemnisation reste dans les clous. La réforme qui contraint des milliers de seniors à attendre quelques mois de plus pour partir en retraite. Ils sont donc de plus en plus nombreux à s’inscrire au chômage après une démission ou un licenciement convenu.

Une suspension de la réforme durant six ou neuf mois n’aurait donc pas fondamentalement changé l’équilibre des dépenses des caisses. Il faut en effet ajouter aux « chômeurs » ayant leurs annuités ou étant désireux de quitter leur activité, ceux qui bénéficient d’un congé de maladie plus ou moins long. Dans les deux cas le coût de leur « inactivité d’attente » est imputable à des structures parapubliques. Alors il est à craindre que les pourcentages de ces catégories de réfractaires au départ à 64 ans augmentent au fil des mois. Leur intérêt est d’attendre, pour justifier du nombre de trimestres cotisés nécessaires, qui s’échelonnent à l’heure actuelle entre 169 et 172, en fonction de l’âge via les indemnités chômage.

La bataille autour de l’âge reste illusoire car ce qui est essentiel c’est le nombre de trimestres cotisés. A compter du 1er avril 2025 la dégressivité de l’allocation chômage, qui concerne les demandeurs d’emploi percevant une indemnité journalière de plus de 92,12 €, ne sera plus appliquée aux allocataires de plus de 55 ans (jusque-là, il faut avoir au moins 57 ans pour que cette dégressivité ne s’applique pas). Cette dégressivité est un mécanisme consistant à réduire le montant de l’allocation chômage d’au maximum 30 % à partir du 7e mois d’indemnisation.

La réglementation actuelle d’assurance chômage ajoute que, sous certaines conditions, les seniors peuvent continuer à percevoir l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) à compter de l’âge légal de départ à la retraite (actuellement 62 ans) jusqu’à ce qu’ils puissent bénéficier d’une retraite à taux plein ! Il est donc difficile de pousser des hauts cris sir la réforme était mise sur pause.

Il ne devrait pas y avoir d’âge « imposé » de départ vers la retraite et la discussion devrait reposer uniquement sur le nombre de trimestres de cotisations permettant de la percevoir à taux plein. L’autre discussion porte sur le calcul de la pension : la moyenne de quel nombre d’années d’activité ? Dans ce registre l‘inégalité des salaires entre les femmes et les hommes pénalisent fortement les premières. La réforme impose dans les faits aux femmes deux ans de plus à travailler avec une amélioration très limitée de leur pension future. Ce sont elles qui économiquement paient la plus grosse contribution à cette réforme avec deux ans de moins à percevoir leur pension. Ne serait-ce que ce point mériterait d’être aboli car dans le même temps l’INSEE annonce une forte baisse de la natalité… Cherchez en les vraies raisons.

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Cet article a 4 commentaires

  1. faconjf

    Bonjour,
    le méprisant est un expert de la manipulation des chiffres et statistiques, chapeau l’artiste!! La discussion sans fin au sujet de l’âge de départ en retraite est en fait une manipulation merdiatique pour cacher la réalité du chômage.
    C’est pour moi un fait indiscutable, les spins-docteurs de la communication ont bien réussi leur triste embrouille. Vous pouvez trouver dans l’article (en lien ci-dessous) Chômage : la triste réalité derrière le « miracle macroniste de l’emploi ».
    https://elucid.media/analyse-graphique/chiffres-detailles-chomage-france/chomage-2024-triste-realite-derriere-miracle-macroniste-emploi?mc_ts=crises
    Pour ceux qui ne veulent pas lire cet article très bien documenté, je vous cite cette partie de la conclusion qui fait le lien avec le billet de JMD de ce jour.
    « Enfin, le chômage de longue durée frappe cruellement les plus de 50 ans. Cela révèle une des grandes manipulations des « réformes des retraites », qui sont toujours vendues avec le fameux « il est logique de travailler plus, car on vit plus longtemps ». Mais la réalité, c’est qu’en augmentant l’âge de la retraite, on n’augmente pas toujours la durée au travail. On augmente très souvent la durée au chômage, la durée en invalidité ou la durée aux minima sociaux. »
    Les merdias aux ordres de l’oligarchie tressent des couronnes au méprisant et sa cohorte de portes-coton, la réalité est tout autre. Derrière la vitrine bien agencée de la Mac-Ronnie se cachent dans l’arrière boutique les charcutiers qui débitent en morceaux les entreprises juteuses pour les vendre aux plus offrants ou les mieux en cour. C’est la délocalisation rampante qui vide les entreprises de leurs concepteurs aspirés à l’étranger.
    La réalité nous rattrape inexorablement sous la forme du déséquilibre de la balance des paiements qui débouche sur le mur de la dette. Le château vend les terres et les meubles pour sauver son train de vie d’élite dépravée et applique la politique du mensonge et de la manipulation pour distraire ses créanciers.
    On ne peut pas sortir de la spirale infernale sans reconquérir notre propre marché intérieur avec des produits Français conçus et réalisés ici en France avec comme objectif une réindustrialisation pour lutter VRAIMENT contre le cancer du chômage. Mais ça c’est autre chose que de la communication stérile et… diablement coûteuse .
    bonne journée

  2. faconjf

    Voter pour l’extrême droite ou la droite extrême est-ce la solution dans le dossier des retraites? L’Italie que je connais un peu nous apporte son expérience.
    Dans le pays le plus vieux d’Europe, la retraite semble être devenue un rêve difficile à atteindre. « Les retraites ? Je ne sais pas ce que c’est », sourit Orlando Tessarella, un homme de 62 ans. Ce mécanicien depuis 40 ans doit encore travailler 5 ans avant d’atteindre l’âge légal de la retraite, fixé à 67 ans en Italie. « Le problème, c’est de rester debout autant d’heures », confie-t-il.

    En 2022, Orlando Tessarella avait voté pour Giorgia Meloni, notamment parce qu’elle promettait d’assouplir la loi sur les retraites. Mais ce n’est pas arrivé. « Ils parlent bien ces politiques. Mais quand ils ne trouvent pas l’argent, c’est dans les retraites et la santé qu’ils taillent », regrette-t-il. Pour contenir le déficit des caisses de retraite en Italie, l’âge de départ pourrait même encore augmenter. Il pourrait atteindre 67 ans et 3 mois en 2027, 68 ans en 2031 et 70 ans en 2055. Dans le pays, 44 % des retraités vivent avec moins de 1 000 euros brut par mois.

  3. J.J.

    La solution serait pourtant simple pour trouver des sous : on assiste à une baisse substantielle des revenus des livrets populaires sous des prétextes plus ou moins fumeux et crédibles : livret A, d’Épargne Populaire, les autres vont y passer probablement : LDDS, Livret Jeunes, PEL.
    Que ne fait on de même en constituant un prélèvement sur les revenus du CAC 40 et sur les transactions boursières ? Les heureux actionnaires, faisant montre d’un esprit généreux et citoyen seraient certainement enchantés de concourir ainsi à la résolution des difficultés financières affectant la gestion des retraites.

  4. Alain.e

    Je sors donc de ma retraite avantageuse du commentaire , pour dire mon accord total avec tout ce que je lis ci-dessus.
    J’ ai en effet autour de moi des cas qui valident les écrits de JMD et Faconjf , une partie du travail d’ une entreprise de sud Charente-Maritime délocalisé en Grèce et départ de personnel au chômage , puis un peu auto entrepreneur pour valider quelques trimestres de plus avant de toucher le Graal.
    En 1996 les 500 premières fortunes de France détenaient 6% du PIB national , aujourd’hui, elles en possèdent 43% , cherchez l’ erreur .
    Même Napoléon avait pas réussi sa retraite , la fameuse retraite de Russie , alors Bayrou ??
    Cordialement.

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