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Aucun doute : « j’y suis, j’y reste ! »

« J’y suis, j’y reste » c’est le leitmotiv de la déclaration de celui qui devient de moins en mois le maître des horloges politiques françaises. Il s’est campé devant la caméra et le prompteur où se trouvaient les mots qu’il voulait mettre sur les maux de la France. Il y avait du Mac Mahon dans ce discours agressif, colérique révélateur du sentiment de crime de lèse-majesté. Un air de gamin boudeur à qui on a volé son sac de billes. Un langage guerrier du genre « vous allez voir ce que vous allez voir ! » ou «  tu vas voir ta gueule à la récré » sans pour autant se risquer à s’approcher pour prendre un coup. Il menace de loin comme le « mec » flambeur au bar dans les sketch de Coluche. Le seul vrai problème c’est qu’il n’a plus aucune maîtrise réelle de la situation. Mac Mahon ne voulait pas quitter le fortin conquis par son armée à Sébastopol en 1855. Lui il se retranche dans le camp désormais fortifié de l’Élysée surtout que la guerre menace.

« J’y suis, j’y reste » c’est aussi une désopilante pièce de théâtre de 1953 écrite par Raymond Vincy et Jean Valmy. Elle avait connu un formidable succès durant… 36 mois ce qui permet d’espérer la voir résister 30 mois. Cette œuvre de boulevard met en avant une « restauratrice » qui s’est fait dérober son sac à main contenant ses papiers d’identité. C’est une innocente victime mal comprise de la justice. Elle apprend que sa voleuse a épousé, en empruntant son propre nom… un jeune « baron ». Elle décide, alors, de se présenter au manoir de son « époux légal » pour lui dévoiler la vérité et réclamer le divorce, semant la perturbation dans l’existence du « baron ». Finalement, c’est un « cardinal », de passage pour une manifestation, qui trouvera une issue à cette situation. Mettez les noms que vous voulez sur ces personnages et vous avez une synthèse de la crise.

« J’y suis, J’y reste » pouvait être le souhait essentiel de celui qui a été censuré. Celui qui l’avait installé a déploré son départ précipité car s’il était resté tout aurait été résolu. Le vrai problème c’est que rien ne dit que celui (ou celle ce qui est peu probable) qui lui succédera obtiendra la certitude de durer plus de quelques semaines. Le seul qui semble assuré de conserver sa place privilégiée n’est autre que l’auteur du bordel actuel dont il a reconnu la paternité aux forceps. Dans le fond c’est de notre faute car nous nous n’avons pas voté comme il aurait été bon que nous le fissions. Lui il est « chat perché » donc impossible à atteindre et si personne ne l’avait compris le maître de la vendetta politicienne encore contenue s’est chargé de le rappeler. Il a commis des erreurs mais elles ne mettent pas en cause son dévouement et surtout sa compétence.

« J’y suis, j’y reste ». De Gaulle était resté en clamant « Je vous ai compris » dont on sait ce qu’il en a fait, quand le régent lui murmure « vous n’avez rien compris » bande d’idiots et vos représentants élus non plus. Il y en aurait même qui sèment le chaos (pour le général c’était la chienlit) en réclamant mon départ. Des extrémistes qui revendiquent le droit de prendre prématurément ma succession. Un truc au fait que l’on oublie : je n’ai jamais jamais moi-même comploté avant que celui qui m’avait mis le pied à l’étrier présidentiel ait déclaré son souhait de solliciter un second mandat ! Je fus l’apprenti calife qui souhaitait tuer le Calife pour prendre sa place en promettant d’éliminer, tel Saint Emmanuel terrassant le dragon, en me situant au-dessus des partis (le fameux ni…ni) le RN. Je ne m’en souviens plus.

« J’y suis, j’y reste » et je recherche la personne acceptant de me laisser tout diriger afin que je puisse continuer à donner le change au monde entier. Celui qui s’est accroché à la place que je lui avait offerte était trop indépendant et commençait à m’horripiler puisqu’il refusait de poursuivre les erreurs qui nous ont conduits où nous en sommes. Dans quelques jours je vous donnerai son nom. Pas avant samedi. Je ne veux pas à la messe de résurrection de la cathédrale que quelqu’un me vole la vedette. Ce chantier aura été le mien. Je compte sur lui pour ne pas boire le calice politicien jusqu’à la lie. Il n’y aura pas d’heureux élu avant dimanche. Ainsi Barnier et son gouvernement démissionnaire auront la joie de participer au raout de Notre-Dame. Une sacrée récompense.

« J’y suis, j’y reste » mais je ne contrôle plus rien. Mes copains libéraux européens profitent largement de mes occupations patrimoniales et de la vacance du pouvoir en France pour ne pas rester les deux pieds dans le même sabot. La Commission européenne semble déterminée à conclure les négociations sur le traité de libre-échange entamées il y a 25 ans avec les pays du Mercosur. Sa présidente, Ursula von der Leyen, est arrivée à Sao Paulo, au Brésil, en transit vers la capitale uruguayenne Montevideo, où se tient un sommet en vue de finaliser cet accord; . « Atterrissage en Amérique latine », a écrit Miss profit sur les réseaux sociaux. « La ligne d’arrivée de l’accord UE-Mercosur est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la. » Une claque supplémentaire. On y est, on y reste! 

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Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    De Gaulle était resté en clamant « Je vous ai compris » déclaration ambigüe, comme il n’avait pas dit ce qu’il avait compris, chacun était libre de l’imaginer. Il n’avait certainement pas compris la même chose que la foule qui l’acclama, d’où le quiproquo.
    « J’y suis, j’y reste ! » Nous avons le Mac, où est le Mahon ?(mauvaise et facile plaisanterie, mais « ne vaut il pas mieux en rire », comme dit la chatte de Colette, dans Histoires de Bêtes) ?)

  2. Philippe Labansat

    « Notre faute » originelle, en 1958, est sans conteste d’avoir permis – directement et indirectement, la concentration des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire entre les mains du seul Prince/Président.
    Aujourd’hui nous subissons led affres d’un psychorigide – égocentrique.
    Réussirons-nous toujours à échapper à l’autocrate fascisant pour lequel la 5ème République est un marchepied et un cocon protecteur ?…

    1. J.J.

      Philippe @ On ne peut comparer la situation en 1958 et maintenant : le 49/3 était un moyen entre autres de prendre des décisions rapides et immédiatement exécutoires, donnant les pleins pouvoir dans un situation exceptionnelle, un peu comparables à celle du « dictator » de la république romaine qui remplaçait temporairement les « consules »(pour six mois) en temps de guerre ou de troubles graves.
      La constitution de 1958 aurait dû être purgée de ces pleins pouvoirs excessifs sitôt la situation redevenue normale. Oui mais, il y a ceux qui en usèrent à bon escient, et ceux qui en abusent….

  3. Pc

    Il a dit « je fais ce que je veux et je vous em…de  » . De toute façon il n’en a rien à cirer…. et il a la constitution pour lui.

  4. Labansat

    « Notre faute » remonte à 1958, où nous avons permis qu’un seul homme tout puissant réunisse – directement ou indirectement – tous les pouvoirs dans sa main : exécutif, législatif, judiciaire.
    Aujourd’hui, nous avons un psychorigide égocentrique. Réussirons-nous toujours à échapper à l’autocrate fascisant pour lequel nos institutions sont un magnifique cocon ?…

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