Le plus difficile pour les détenteurs d’un pouvoir c’est d’apprendre à se taire. La campagne en cours avec les déclarations intempestives des leaders ne prenant pas part directement au scrutin législatif en donne la preuve. Toutes les troupes sans exception réclament en effet que les « grands » ne la ramènent plus. Qu’un bloc déteste les meneurs de l’autre bloc n’a rien d’exceptionnel. En revanche que dans chaque camp des voix s’élèvent pour solliciter leur silence constitue une nouveauté. La personnalisation outrancière de la vie politique a conduit à ce jeu de kermesse où l’on tire des balles de chiffons sur le portrait de personnalités célèbres. Une sorte d’exutoire à sa haine de ceux qui la ramènent trop.
Dans la mouvance présidentielle la quasi-unanimité des fans du mentor spécialisé en dissolution ne sont pas encire revenus de leur soirée du 9 juin dernier. Ils parlent « d’erreur fatale », de « faute politique », de « mégalomanie » et même parfois de « connerie inexcusable ». Certes ils ne s’épanchent pas dans les médias et devant l’œil des caméras ou les micros ils éludent leur sensation d’avoir été trahi. Ce n’est pas un secret qu’ils pensent plus ou moins ouvertement que le Président « devrait la fermer » et se « faire discret ».
Or rien ne se va dans ce sens. Il lui est impossible de se taire et d’admettre que sa personnalité sert de repoussoir. Seuls 24 % des Français disent pourtant lui faire « confiance » lors du dernier baromètre de popularité. Un chiffre en baisse de 5 points, selon un sondage réalisé dans les jours suivant l’annonce fatidique. Il s’agit de son plus bas niveau depuis le début de son second mandat en 2022. Il se rapproche également des 23 % enregistrés en décembre 2018, pendant la crise des gilets jaunes, le plus faible niveau de confiance depuis sa première élection en 2017. On est proche du niveau des votes annoncés pour son parti.
Alors pour redorer son blason il tente de prendre la parole. La plus récente a été encore et toujours catastrophique. Même dans le microcosme de l’île de Sein il a réussi l’exploit de délivrer trois messages contre le Nouveau Front Populaire qui… ont renforcé le RN au détriment de ses propres troupes. Il est allé résolument sur les plate-bandes de l’extrême-droite en jugeant le programme du NFP « totalement immigrationniste », « quatre fois pire en termes de coût » que celui du Rassemblement national (RN) et contenant « des choses (sic) complètement ubuesques ». Il est allé en terre traditionaliste, alors que personne le lui demandait, annoncer le « changement de sexe » en Mairie. Bref de la provocation aussi inutile que grotesque pour un Chef de l’État. L’agacement monte d’un cran sur le terrain. Personne ne la ramène ouvertement. Le pire est donc à venir. Il reviendra avec l’efficacité d’un chien dans un jeu de quilles.
Même sentiment à Gauche. Seuls les contempteurs du candidat à Matignon pour le NFP se régalent quand il prend la parole. Là-aussi impossible d’obtenir qu’il ne brise pas en permanence une alliance électorale très fragile. D’ailleurs les médias de droite en profite et il ne cesse de prendre la parole au nom de la Gauche avec l’espoir qu’il finisse par mettre à mal l’équilibre trouvé. Il existe par le verbe et donc il se servira du verbe pour exister !
Sa théorie de la « conflictualisation » permanente se révèle dangereuse mais il n’y renoncera pas. Résultat : 79% des Français estiment que l’Insoumis en chef est un handicap pour la coalition de gauche selon le dernier sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro qui lui ouvre donc illico ses colonnes pour qu’il règle allègrement ses comptes avec… la Gauche. Son appétence pour le poste de Premier Ministre a été tempéré par les alliés de LFI mais elle ressurgira selon le résultat du premier tour. Il ne résistera pas au soir de la première étape du scrutin de dynamiter l’union si elle n’a pas atteint son but.
La Marine nationaliste a coupé le micro et la caméra à son papa. Tout est verrouillé au RN. Les « habilités » à s’exprimer sont soigneusement triés de telle manière qu’il n’y ait pas de dérapage. L’Apollon nationaliste a le privilège d’être libre de son expression et rien ne vient troubler ses messages. Il plateaux et studios ouverts par les maîtres des médias. D’ailleurs l’ordre a été donné de ne rien respecter des règles sur la campagne en « multipliant les commentateurs ou analystes de Droite » L’objectif : marteler la nécessité de donner au RN une majorité à l’Assemblée nationale.
La Marine nationaliste ne participera pas trop à cette séance de propagande intensive afin de ne pas se « griller » si l’objectif n’est pas atteint. Édouard Philippe la ferme. Bayrou rumine à Pau. Les autres tentent de sauver ce qui peut l’être encore. Jamais le silence n’a été aussi précieux !
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Je ne peux, en conclusion m’empêcher de citer cet « aphorisme » de Pierre Dac(mon Maître soixante trois, comme le nommait Jacques Pessis) qui illustre parfaitement la situation.
« Parler pour ne rie dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer au lieu de l’ouvrir. »
L.L
Que dire et écrire après J.J. ?
Approuver et se taire…
Laure Lataste
Coucou ! Me revoilà… après un long silence passé à écrire un livre sur le Bordeaux de 1940 à 1944… Sortie prévue après le 27 août… si nous trouvons un éditeur… !
« »Bougnat, tu peux garder ton vin/Ce soir, je boirai mon chagrin/Laurita est revenue… » Bienvenida!
C’est Laure, Monseigneur, c’est Laure !!!
Oui, il vaut mieux en rire