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Le manque d’éducation salutaire de Bayrou

Un poste ministériel à Paris valait bien une grande messe politique. François Bayrou a bâti une stratégie personnelle à trois bandes avant de se retrouver au trou. Avant d’y passer il s’est débattu et a envoyé quelques coups de griffes. Cette attitude de frondeur en pantoufles centristes illustre la faiblesse actuelle du camp présidentiel. Même là ça grogne. La perspective de la succession au Palais de l’Élysée va constituer le fil rouge des prises de position dans les prochains mois. Le quotidien ne constituera pas la principale de leurs préoccupations si ce n’est pour flatter les plus dangereuses tendances d’une opinion dominante déprimée.

Une palanquée de candidats (selon moi il n’y aura pas afflux massif de candidates) va émerger dans les prochains mois. Les vocations sont en effet nécessaires pour ne pas aller au bout mais se constituer un petit pactole de notoriété médiatique permettant ensuite de « marchander » son retrait ou mieux son ralliement. Bon nombre des prétendants savent en effet fort bien qu’ils n’ont aucune chance d’aller jusqu’au bout. L’essentiel n’est pas de participer et encore moins de gagner, mais de prétendre à une reconnaissance nationale que seule cette élection permet.

François Bayrou ne saurait rester un homme politique « centriste » qui comme expliquait François Mitterrand n’est « ni de gauche, ni de gauche ». Sa douzaine d’échecs électoraux qui figurent à son palmarès lui a appris que rien n’est jamais perdu pourvu que l’on sache rebondir au meilleur moment. La haute idée qu’il a de lui-même (c’est le syndrome de l’agrégé) lui permet de se penser indispensable comme si le sort de la nation dépendait de ses prises de position. Et il le croît ! Son manque d’éducation est alors apparu comme une blessure d’amour-propre. 

Dans un monde politique égocentrique, obsédé par le seul souci d’être réélu ou maintenu en place, son influence n’existe plus vraiment. Il a vidé son sac même si le contexte actuel n’est guère porteur. Avec la prudence d’un centriste cheminant sur une corde tendue au-dessus du vide, ses «amis » le lui ont rappelé. Tous espèrent que son « manque de Pau » le conduira à regagner le Béarn pour y profiter de l’air pur venant d’à travers la montagne. Il va en remettre une seconde couche dans les prochains jours et regagnera la niche.

Ayant été entendu mais pas écouté, il a cédé à la tentation facile et très en vogue dans le milieu enseignant, de clamer qu’il a raison et que ce sont les «élèves » parmi lesquels figure le blanc-bec de Matignon qui ne comprennent rien. Son esclandre médiatique suffit à lui renforcer son pouvoir de nuisance et à lui permettre de menacer de revenir aux présidentielles ce qui constituerait une catastrophe pour la majorité sortante déjà minoritaire.

La justice, en toute indépendance, lui a rappelé où se trouvait le pouvoir. Et il lui faudra patienter deux bonnes années avant d’être débarrassé du sparadra des emplois du Modem qui lui colle aux godasses. Et en 2026 il sera trop tard pour se propulser dans une campagne incertaine nécessitant des millions d’euros que l’on rassemble si vraiment on est certain de participer aux festivités des présidentielles.

Le Béarnais rebondissant a cependant ouvert une brèche dans la majorité-minoritaire. Sa crise de nombrilisme courante parmi les élites politiques, a démontré que le « maître des horloges » qui cumule depuis le « château » tous les portefeuilles ministériels commence à inquiéter son propre camp. Le «retenez-moi où je fais faire un malheur » bayrouesque ouvrira pour le groupe Modem un espace nouveau dont le gouvernement devra tenir compte. Une sorte de contre-feu à l’ouverture vers la Droite a été ouvert. Les braises couveront encore discrètement mais seront rallumés au bon moment.

François Bayrou a donné les axes d’une contestation qui ont le mérite d’être assez près de la réalité en dénonçant «l’ignorance par les responsables du sommet de ce que vit la base» des Français ; l’impossibilité de réformer le pays «dans un climat uniquement gestionnaire» ; «la rupture constante, continuelle, progressive et de plus en plus grave entre la base et les pouvoirs» ; un exécutif qui «fait comme si la crise n’existait pas». Il en a mis une seconde couche  : «Le résultat de la crise et de cette incompréhension croissante entre les milieux de pouvoirs et la base, c’est la progression des extrêmes et singulièrement du Front national. […] » Comme quoi la déception et la fierté meurtrie exacerbent votre lucidité. Du moins provisoirement.

Cet article a 2 commentaires

  1. facon jf

    Bonjour,
    Le vieux dinosaure de Pau cherche-t-il à faire la peau des vizirs qui comme lui veulent être « calife à la place du calife » ? Sans doute, même sans aucun doute c’est évident! Il est lui aussi victime du syndrome  » bide-un » ( Biden) incapable de se souvenir que les accusations portées sur sa cible il en est lui aussi contributeur … Bayrou est totalement responsable de cette rupture constante entre la base et les pouvoirs. Né en 1951, il est conseiller de personnalités politiques à partir de 1979 ( Mac-Ronds avait 2 ans) , il exerce plusieurs mandats électifs, notamment ceux de député des Pyrénées-Atlantiques entre 1986 et 2012, de président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques de 1992 à 2001, de député européen de 1999 à 2002 et de maire de Pau depuis 2014.
    Bayrou incarne les pouvoirs et il fait semblant de se trouver en extériorité pour donner le baiser de Judas. Ce serait du plus grand comique dans un album de Goscinny et Tabary intitulé  » Iznogoud commente l’actualité. » , malheureusement, les faits sont tragiques,Son constat est parfaitement juste. Le divorce est totalement prononcé entre la base qui se bat et les pouvoirs qui pensent en haut comme dit le « Béarniais » . En fait le mépris des castes dominantes pour la France d’en bas a fini par imprégner l’ensemble des Français qui en réponse haïssent et méprisent les décideurs Parisiens manipulés par les Europathes de Bruxelles manipulés eux aussi par les multinationales. Multinationales sans pays ni patrie n’agissant que dans leur propre intérêt financier.
    Le mépris de la base pour les pouvoirs est total. Seules les matraques des CRS protègent encore ces pouvoirs de la base. Les prétendues « élites  » vivent dans l’illusion qu’ils sont encore respectés. Pourtant les alertes se rapprochent après les GJ, la contestation des retraites, les émeutes des banlieues, la révolte des agriculteurs et demain à qui le tour ?
    Un pouvoir à la Soviet ne peut se maintenir éternellement, l’effondrement de l’URSS en est la preuve. La situation économique dirigée par l’homme-orchestre de l’ Élysée se dégrade chaque jour, les matraques ne pourront rien contre la résistance passive. La résistance passive a débuté avec le post-confinement, les forces vives de la Nation refusent un monde du travail qui méprise les salariés. Les salariés méprisent les entreprises aux méthodes du passé, entreprises qui constatent la désertion de ses postes de travail. L’état méprise l’avenir des enfants dans sa gestion de l’éducation nationale et dans sa politique du logement, les citoyens refusent de se reproduire pour alimenter un système qu’ils méprisent. La révolte silencieuse a pris la place du tumulte et de la grogne sociale les conséquences seront terribles!
    “A vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes.” J.F Kennedy
    bonne journée
    PS : Un proche de François Bayrou s’interrogeait pour savoir à quel point cet épisode pouvait conduire à une « rupture irrémédiable ». Mais, nouveau rebondissement qui risque de remettre en sourdine les velléités d’échappée du maire du Pau, le parquet a fait appel ce jeudi après-midi de sa relaxe dans l’affaire des attachés parlementaires du Modem .
    La justice dernier rempart de la Mac-Ronnie sort la matraque ????

  2. facon jf

    Le gouvernement MAC-TAL à fond à droite…
    https://www.francetvinfo.fr/politique/gouvernement-de-gabriel-attal/guillaume-kasbarian-nomme-ministre-delegue-au-logement-c-est-une-veritable-gifle-a-tout-le-secteur-du-logement-denonce-le-president-de-la-cnl_6353758.html

    Guillaume Kasbarian « arrive dans un ministère où on a une crise historique du logement avec des chiffres catastrophiques à tous les niveaux. C’est une véritable alerte rouge à tous les niveaux avec 2,6 millions de demandeurs de logement social, 82 000 logements construits en 2023, le chiffre le plus bas depuis 2005, des gens et des enfants qui dorment dehors. Je suis très inquiet de ce ministre qui sera le bon petit soldat de M. Macron et M. Attal et qui va s’attaquer à la loi SRU ». « Je suis complètement déçu » de cette nomination et « j’aurais préféré qu’il n’y ait pas de ministre ».
    « C’est une véritable gifle à tout le secteur du logement », dénonce le président de la CNL Eddie Jacquemart.

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