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La crise de l’agriculture est durable et profonde

Le microcosme politique parisien prétend que l’actuel ministre de l’agriculture a été reconduit à son poste qu’à l’insu de la plein gré. Il aurait rêvé d’une autre affectation que réclamait pour lui son « agent » en charge de ses transferts, François Bayrou mais que « le maître des horloges » a refusé pour mo trer que c’est lui le faiseur de destins. En fait il sentait que le vent avait était semé et que la tempête s’annonçait. Le voici lui le copain des céréaliers de la Beauce, dirigeants occultes via la FNSEA de son ministère en première ligne. A quelques semaines du salon dit de l’agriculture mais surtout à l’approche des élections européennes il se retrouve face à des manifestations délicates à gérer.

Pas encore sorti du déballage des mensonges avérés d’une ministre manquent d’éducation, le « mignonnet » de Matignon va devoir se rendre au cul des vaches, dans les plates-bandes, dans les bergeries ou dans les chais. Il lui faudra bien choisir les lieux des visites car elles risquent de ne pas être de tout repos. Il ne sera même pas le bienvenu en bord de mer car les pêcheurs qui ne pardonnent pas l’interdiction de racler les fonds marins à leur guise, ne tarderont pas à rejoindre le mouvement. Tous ont un ennemi commun : l’Europe qui selon eux, constitue la cause de tous leurs malheurs.

D’ailleurs les contestations en Allemagne, en Autriche, en Belgique, au Pays-Bas, au Portugal, en Espagne, en Roumanie notamment sont toute orientées vers Bruxelles. Elles sont toutes différentes. Outre-Rhin, en décembre 2023, l’exécutif a décidé, afin de boucler son budget, d’augmenter les taxes sur le diesel agricole, supprimant ainsi une exonération dont bénéficiait la profession. En Roumanie, la mobilisation touche davantage les agriculteurs inquiets d’une concurrence ukrainienne qui déséquilibre le marché domestique. Ainsi, ils accusent le gouvernement de favoriser les importations à bas prix des céréales venues de Kiev.

Des Pays-Bas, les tensions ont migré vers la Flandre, au nord de la Belgique. Un projet du gouvernement régional – qui a bien failli entraîner sa chute – vise à réduire de moitié les émissions d’azote près des zones naturelles et consacre 3,6 milliards d’euros à l’indemnisation des paysans arrêtant leur activité. Partout les revenus du monde agricole s’effondrent démontrant les dégâts que cause l’Europe du fric et du libéralisme exacerbé. La fameuse « concurrence libre et non faussée » qui constituait l’axe du traité européen de 2005 continue à ravager l’économie européenne.

La France entre dans un période de turbulences liées aux inévitables contradictions des politiques. Le fameux principe des « exceptions qui confirment la règle » va tourner à plein régime. Alors que le gouvernement prône l’accélération de la transition écologique les agriculteurs dénoncent les contraintes qu’elle génère sur leur activité, perçues comme une distorsion de concurrence avec d’autres États qui ne les appliquent absolument pas.

Réduction des pesticides, suppression de l’avantage fiscal sur le gazole non routier, négociation difficile avec les industriels, utilisation limité des engrais azotés, tendance soutenue à la non-consommation de viande bovine, dénonciation de la surveillance accrue des conditions de production : les revendications sont diverses, mais rejoignent un même constat. Celui de ne plus pouvoir vivre de leur métier. Ce n’est plus une sensation c’est une réalité pour une très grande majorité d’entre eux et dans tous les secteurs.

La nouvelle donne sur la consommation et la santé, la main-mise de la « grande » distribution sur les marchés alimentaires, l’augmentation des coûts de production, l’inflation ayant accentué la guerre des prix, l’absence d’éducation réelle à l’alimentation de proximité, l’incapacité des états à raisonner autrement qu’en terme de croissance, l’absence d’Europe sociale susceptible d’harmoniser les conditions de production ont mis les agriculteurs dans une nasse où ils crèvent à petit feu. Il leur faut un exutoire… le gouvernement a la trouille de se retrouver dans ce rôle.

Il y a moins de fermes (moins 100 000 en dix ans), mais celles qui restent sont de plus en plus grandes et rachètent souvent le terrain du voisin. En moyenne, une exploitation s’étend aujourd’hui sur 69 hectares, c’est 14 de plus qu’il y a 10 ans et presque 30 hectares de plus qu’au début des années 2000. Le Crédit agricole est dans le fond par le volume de ses prêts le plus gros propriétaire de France. Le taux moyen d’endettement est de 42,5% pour les fermes d’une récente étude contre 11% en moyenne pour les 11 pays européens de la même étude. On peut comprendre que le ministère de l’agriculture ne suscite pas les vocations…

 

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Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    « Tous ont un ennemi commun : l’Europe qui selon eux, constitue la cause de tous leurs malheurs. »
    Et ils n’ont pas tort ! l’Europe que l’on a voulue sociale, pacifique et solidaire a muté vers une Europe financière, totalitaire, despotique, aux mains de technocrates omnipotents, dépourvus de tout esprit pratique et de sentiments humanistes.

    « Ainsi, ils accusent le gouvernement de favoriser les importations à bas prix des céréales venues de Kiev. » il faut bien se faire rembourser les obus qu’on leur procure !

    « En moyenne, une exploitation s’étend aujourd’hui sur 69 hectares, »
    En 1955/56, elle était en moyenne de 14 hectares, bois non compris, et l’on comptait environ 2,3 millions d’exploitations agricoles.
    La situation financière de certains exploitants agricoles n’était pas particulièrement florissante, mais certainement pas pire que maintenant.
    Il fallait bien faire évoluer et moderniser les modes de culture et d’élevage, on n’était cependant pas obligé de tout casser. Il y a eu certes des évolutions positives, en particulier il semble pour la condition féminine et l’accès à un certain confort.
    Mais il a fallu acheter les tracteurs aux USA, saccager le paysage rural , désertifier les campagnes et démanteler la société rurale.
    Et on est quand même obligé d’acheter à l’étranger des denrées « concurrentielles » qui souvent ne respectent pas les normes de production imposées par l’union européenne : alors on bouffe la m….venue d’ailleurs. Beau résultat.

  2. facon jf

    Bonjour,
    une magnifique transition avec le billet d’hier où l’accent était mis sur la qualité des produits issus du porc. Aujourd’hui nous entrons dans la réalité de vie des gens qui nous nourrissent. Je me permets ici de vous livrer mon sentiment éclairé par ce que j’ai vu en Égypte. Les conséquences mondiales de la guerre en Ukraine ont une répercussion inattendue sur le marché mondial du blé. Les ports de la mer noire étant sous le feu des missiles les exportations ukrainiennes de cette céréale indispensable aux pays Africains se sont considérablement réduites. Notre belle UE (rss) de Bruxelles a pris la décision d’acheminer les céréales ukrainiennes vers l’Afrique via les ports de l’UE. Ce qui semblait une bonne décision s’est retournée contre les agriculteurs de l’UE. En réalité les céréales ukrainiennes sont restées bloquées dans l’UE. Concrètement, elles ont été vendues ici, mais non plus comme céréales ukrainiennes, mais comme produits agricoles européens . Les grandes maisons de commerce agricoles occidentales se sont jetées sur les céréales ukrainiennes comme des vautours et les ont achetées à un prix beaucoup moins cher que celui de l’UE . Les agriculteurs de Pologne, de Slovaquie, de Hongrie , de Roumanie et de France ont dû subir d’énormes pertes . Il en va de même pour la filière des volailles et autre produits agricoles dont l’Afrique était le débouché Ukrainien.
    Faute d’approvisionnement et pour éviter les émeutes de la faim que rien ne peut endiguer les gouvernements Africains se sont tournés vers la Russie. Coucou Bruno col roulé Lemaire !!
    En réalité, les céréales ukrainiennes ne sont pas ukrainiennes, mais américaines.étant donné que de nombreuses entreprises américaines ont créé des entreprises locales en Ukraine et sont donc considérées comme des entreprises ukrainiennes dans les statistiques . Une grande partie des terres agricoles ukrainiennes est passée aux mains des Américains ( coucou Hunter Biden). Les entreprises américaines ont réussi à le faire légalement puisque le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a levé le moratoire sur les achats de terrains en 2021. Grâce à la privatisation, il est devenu possible de vendre des terres agricoles à des sociétés étrangères. Cela signifie en gros que la superficie des terres détenues principalement par les Américains équivaut à peu près à la taille des terres cultivées en blé de la Russie .
    Les céréales ukrainiennes utilisent des herbicides génétiquement modifiés afin que les céréales ne soient pas envahies par les mauvaises herbes, ce qui permet d’obtenir des rendements nettement plus élevés. Les producteurs peuvent battre tous les concurrents grâce à cette méthode et au coût ridicule de la main d’œuvre . Par conséquent,les céréales génétiquement modifiées en provenance d’Ukraine se trouvent de fait autorisées dans l’UE – c’est actuellement officiellement très réglementé –.
    Avec la guerre en Ukraine notre « ami » Oncle SAM applique sa stratégie qui vise au contrôle par les entreprises américaines de l’ensemble de l’industrie alimentaire européenne. Après l’énergie voici que L’UE ( rss) devient dépendante alimentaire des USA!!
    Nos agriculteurs subissent de plein fouet les choix stratégiques d’une UE qui sert de paillasson aux affairistes internationaux cupides. Si l’on ajoute l’inflation, le déferlement normatif, la folie escrologiste, la réduction des aides de la Pac, la fin des aides nationales sur le gazole détaxé, en finale la production agricole décline de jour en jour.
    Non seulement nos agriculteurs ne peuvent plus vivre de leur travail mais en plus nous nous dirigeons vers un retour des tickets de rationnement pour les plus pauvres … Pour les riches pas de soucis $$$$$$.
    Bonne journée

    1. J.J.

      « Une grande partie des terres agricoles ukrainiennes est passée aux mains des Américains »…et une petite partie, moindre, bien sur a été acquises par nos grands céréaliers français (ceux qui ont les « moyens » et ne manifestent pas, ils sont au ski, paraît il ).

  3. François

    Bonjour J-M !
    … Et Merci (oui, ça commence par des fleurs: gare au bouquet ! ! ), merci pour, par ce petit matin d’hiver, avoir enfilé tes bottes de « bouseux » ou de « cul-terreux » et être parti au secours de mes anciens et jeunes copains désespérés … comme tu l’as toujours fait !
    Oui, ÇA VA MAL et nous pouvons constater que c’est le même leitmotiv dans d’autres pays.
    Pourquoi ? Parce-que, depuis de nombreuses années, le métier est sous perfusion de subventions multicolores, ce qui annihile en le dénigrant le pouvoir multiplicateur évoqué hier. L’élaboration du produit bourré de contraintes et normes en tous genres (ces espèces poussent plus vite sur l’écran qu’elles ne sont applicables !) demande plus de temps sur l’ordi à garnir des formulaires en tous genres et certainement inutiles si ce n’est pas pour valoriser la présence d’énarques-technocrates.
    On avance vers des « battues à l’énarque ».
    On veut également nous porter accroire que le système des aides et subventions est là pour réguler les marchés. Or, ce n’est que « Rigollot (1) sur jambe de bois » (voyez les effets!) qui entache notre image de fournisseurs de nourriture aux humains !
    Le plus grave, …humainement parlant, c’est surtout le sale but recherché de mettre l’Agriculture Française (fierté de Sully) et autres sous fers et entraves d’esclaves … comme ton RMU ! ! !
    Ce que je crains, c’est que, comme à l’accoutumée, quelques taxes seront endormies et la planche à billets augmentera son débit ! Et bis répétita, car la gangrène sera toujours présente.
    Les élections seront alors passées : mais, ça, c’est une autre histoire ! !
    Amicalement.

    (1) pharmacien créateur du cataplasme, mort le 12 Mars 1873 mais toujours sous contrat avec nos gouvernants !

    1. J.J.

      François @ « Or, ce n’est que « Rigollot (1) sur jambe de bois » « Oulala ! Voilà une référence qui nous indique que l’on n’a pas à faire à un perdreau de l’année !

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