Les exploits dévastateurs pour ses adversaire du coureur slovène Tadej Pogacar alimentent les traditionnelles remarques sur l’impossibilité de réaliser pareilles performances sans adjuvants opportuns. La suspicion du dopage pèse et pèsera toujours sur la Grande Boucle. Il colle au maillot jaune autant que les pois rouges sur le maillot du meilleur grimpeur. Toute performance paraît suspecte et alimente illico ce fond populiste qui est au mieux de doutes et au pire de certitudes sur les coureurs. Il est certain que Pogacar n’échappera pas à cette accusation d’utiliser des produits illicites encore inconnus pour assurer sa domination écrasante sur ses concurrents. Ces doutes deviennent irrémédiables sur le cyclisme alors que bien d’autres disciplines en sont exemptées !
Il faut bien convenir que les appréciations défavorables aux vainqueurs naissent souvent du dépit de voir les « favoris » de chacune et chacun se traîner à l’arrière ou à regagner prématurément leurs pénates. La modification complète de la configuration du plus grand spectacle mondial joue un rôle particulier devant être pris en compte. La dimension économique planétaire de cet événement a considérablement changé la manière dont il doit être abordé.
Il ne faut jamais oublier que les équipes présentes restent financées par des partenaires qui recherchent un retour sur ce que l’on appelle la communication de notoriété. A la fin du Tour les succès peuvent être comptabilisés mais des cabinets spécialisés vont surtout recenser le nombre de citations des marques sponsors et plus encore la durée du passage sur les 120 chaînes de télévision du monde des maillots.
En obtenant la diffusion en direct et en intégralité les étapes les organisateurs ont « dopé » les temps potentiels de promotion des financeurs du monde du cyclisme. Ainsi on constate désormais que les échappées naissent dès les premiers kilomètres et non plus comme ce fut le cas durant des décennies à la prise d’antenne des télés. Il s’agit alors pour les fuyards de durer devant les caméras, le plus longtemps possible pour « montrer le maillot » comme l’on dit dans le milieu. Le « patron » sera satisfait uniquement si les images diffusées améliorent la mémorisation de sa marque.
Cette dimension reposant sur l’activisme tout au long de la saison des coursiers recrutés n’est pas prise en compte pour apprécier les stratégies sur les routes des plaine sou des cols. Souvent la montagne est plus favorable aux sponsors car les hommes les plus forts sont souvent en nombre réduit ou esseulés, roulant à une vitesse permettant d’imprégner les mémoires des téléspectateurs . Les leaders ou les échappés apparaissent plein cadre et « rapportent » un maximum car le public vient aussi en masse sur le parcours.
Cette année un changement profond vient de s’opérer au sein du peloton. La dimension économique cède la place à la montée en puissance de la « géopolitique » avec des équipes portant l’image d’un pays. Des formations internationales servent à la valorisation d’une nation dont l’image est défaillante. Inutile de naturaliser ou de rechercher des sportifs susceptibles de percer : ils suffit de sortir en toute légalité le carnet de ch^que en dollars. Le Tour prend pour le première fois en 2021des allures d’affrontement entre pays recherchant un terrain d’explication autre que celui des « armes » ou des « communiqués diplomatiques ». Même les JO ne le permettent pas :!
A coté des milliardaires philanthropes comme Ineos, qui a repris les rênes de l’équipe Sky on trouve désormais des équipes d’ Etats sans limite: Astana Premier Tech, Israel Start-Up Nation, Bahrain Victorious, UAE Team Emirates… Elles font du marketing en utilisant le Tour et les auters compétions pour se donner une image positive ou pour éviter que les « adversaires » en profitent. C’est devenu un outil de diplomatie sportive et un cheval de Troie pour pénétrer le marché occidental pour ceux à qui il est difficile d’accès pour le Kazakhstan (le premier qui l’a compris) ; Israël (besoin de faire oublier le négatif), les Émirats arabes unis (contre le Qatar), le royaume de Barhein (éclipsé par ses voisins)… en attendant d’autres prétendants. Pas de récrimination sur le régime politique, sur le fonctionnement démocratique, sur la provenance des fonds : tout est donc bénéfice !
Une inégalité se crée donc entre les équipes et leurs leaders. Les moyens mis en œuvre vont de un à dix pour les budgets. Salaires, encadrement médico-sportif, accompagnement technique, stages permettent aux coureurs de préparer sans pression le Tour. Pas de pression, pas d’objectifs multiples, pas de débauche d’énergie avant la plus grande compétition.
Quand leurs concurrents courent des dizaines et des dizaines de jours pour tenter de « montrer le maillot et son sponsor » Pogacar enquille les stages en altitude, les reconnaissances, les répétions grâce aux subsides sans limites de l’UAE ! La base du dopage actuel est celle des moyens et des préparations ! Le Slovène a donc de beaux jours devant lui…
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Pour toutes ces raisons, je ne regarde plus le Tour de France depuis longtemps, je crois l’avoir dit, je ne regarde jamais le football, je ne regarderai pas les jeux olympiques.
Bref, j’ai aimé le sport, je l’ai pratiqué à un bon niveau français dans ma spécialité (la natation), je déteste ce que c’est devenu (pub, dopage, fric, politique…) et je m’en suis je crois définitivement détourné.. .
Comme vieux râleur assermenté, j’a i aimé le Tour, « ancienne formule », c’était populaire sans être vulgaire, on pariait plus ou moins sur un favori, figure généralement sympathique. On attendait le soir pour entendre sur la « TSF » les commentaires de l’étape !
Et même s’il n’a jamais gagné le tour, Raymond Poulidor est toujours resté mon favori. On pouvait, quand on avait la chance de se trouver sur le passage de la caravane, voir et entendre Yvette , image trop fugitive et pourtant attendue.
C’est devenu un concours de beaufitude. Quand par hasard je vois quelques images, ce que je retiens surtout c’est la bêtise incorrigible et irresponsable de certains spectateurs, sur le bord des routes, arborant de ridicules oripeaux, courant quelques mètres derrière leur probable favori, et je m’étonne qu’il n y ait pas davantage d’accidents.
Bref, comme les funérailles d’antan du vieux Georges, « qui sont révolues, qui ont fait leur temps », pour moi le Tour n’existe plus .
Place au business !
Pogacar ? Inconnu au peloton.
Je souscris aux commentaires de Philippe et J.J. Rien à rajouter.