Il reste trois jours ouvrables au Président des Girondins de Bordeaux pour tenter d’obtenir la continuité de la mansuétude du tribunal de Commerce de Bordeaux. Il est fort probable qu’elle aura une fin. Peu de personnes s’attendent à une acceptation du plan de continuation d’activité tant il est utopique et véritablement aussi solide qu’un château de cartes. Il annonce des délais de remboursement des créanciers dont il n’a pas discuté avec les entités concernées et surtout fournit des échéances liées à des résultats sportifs aléatoires. Le vrai problème qui n’a jamais été résolu et qui constitue le « handicap » majeur de ces propositions utopiques, repose sur le fait que le clun n’a aucun patrimoine. Et ça c’est une épine dans la chaussure de foot du Président.
Personne ne pourra jamais récupérer un euro puisque ni le stade (il a bluffé en prétendant pouvoir l’acheter) ; ni le centre d’entraînement n’appartiennent au club. Ils ne rapportent pas et n’offrent aucune garanties. Le potentiel joueur expurgé la saison dernière représente une somme dérisoire par rapport au 120 millions de l’ardoise dispatchée sur 120 créanciers selon l’enquête de Sud-Ouest. Il faudrait un miracle pour dégotter un effectif « gratuit » ou presque pour assurer une montée la saison prochaine. La réserve descend et donc il est impossible de dénicher des talents de remplacement. Ce ne peut donc être que des manœuvres financières de bonneteau pour parvenir à faire illusion. La seule force du Président des faillites est sa capacité à bluffer.
Inquiet du risque de se voir rattraper avant les élections municipales par la patrouille portant le logo Cour des Comptes, la ville de Bordeaux et la Métropole ont « durci le ton » refusant de continuer à perdre des sommes conséquentes dans une affaire qui ressemble à un traquenard à moyen terme. Au point où elles en sont les deux collectivités refusent de passer l’éponge sur les sommes dues où les voir remises aux calendes grecques. Il faut le comprendre, la plaisanterie a assez duré et le poker menteur joué avec aplomb et dextérité par celui qui parvient à faire vivre un club de football avec… de l’argent virtuel et des dettes ! Habilement « le jongleur des sommes dues » a annoncé satisfaire l’État et ensuite des prêteurs américains qui veulent récupérer l’essentiel de leurs fonds. Les autres attendront.
Sauf que dans les prévisions budgétaires les collectivités territoriales ont inscrit en recettes des sommes leur ayant permis d’équilibrer leur budget 2025. Par les temps qui courent elles n’ont que des marges de manœuvre réduites ce qui les rend belliqueuses et fermes. Il leur faudra justifier un trou au trou déjà existant avec le risque d’être accusée de laxisme. Si elles émettent des titres de recette pour l’utilisation du stade (environ 20 millions) ou pour la location du Haillan (35 000 €) la somme figurera potentiellement dans leur comptes et les services du Trésor Public auront à les recouvrées par tous les moyens en sachant que nul ne sait sur quel compte et comment.
Bordeaux Métropole et la ville de Bordeaux refusent de voir la SASP propriétaire des Girondins de Bordeaux continuer à les prendre pour des billes. Alors que le plan de restructuration de la dette proposé par le club a été transmis aux 400 créanciers, les deux collectivités refuseront la proposition de remboursement du club. Au total il faudrait éponger 100 millions pour remettre le club à flots et injecter 15 à 20 pour repartir d’un bon crampon pour la saison prochaine.
Quel fou accepterait un tel défi ? Tout le monde sait fort bien qu’il n’existe pas. Aucun racheteur ne s’est donc manifesté. Ceux qui pourraient être intéressés par le nom de « Bordeaux », moins flamboyant à l’international qu’il y a quelques années, attendent que le « fruit pourri » tombe de l’arbre. Il ne vaudra pas alors un euro et le président mégalo perdra ses 60 millions qui risquent fort de lui faire défaut alors que les autres clubs dont il est propriétaire ne sont guère plus brillants. Un investisseur miraculeux qui en injectant des fonds venus d’on ne sait où viendrait sauver les meubles sur les dépenses obligatoires le ferait dans un puits sans fond.
Mardi 27 mai le verdict qui sera rendu décidera en fait de l’avenir d’un club en perdition puisque les autres décisions s’enchaîneront. Une nouvelle rétrogradation ? Un dépôt de bilan ? Une faillite pure et simple ? Le pire serait la prolongation de l’activité. Il est temps en effet que tout reparte à zéro sainement. La question du stade est réglée. Le loyer du Haillan est conforme aux exigences légales. L’effectif est de toutes les manières à reconstruire. Un nouveau modèle de gestion s’impose. Le rugby a pris le leadership et ne le quittera probablement pas durant plusieurs années et donc il faudra en profiter pour avancer modestement vers un renouveau solide. Et soyons clairs : le départ du mauvais prestidigitateur constituerait un bienfait !
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Il fallait bien qu’un jour les turpitudes du foot portent leurs fruits.
Le début de la fin du sport roi.
Je ne comprends pas grand chose dans tout ce fatras financier, les arcanes du sport ne sont pas vraiment un sujet dans lequel j’aie quelque compétence, mais je constate que la gestion de ces activités, professionnelles ou semi professionnelles sont devenues gravement dépendante du monde de la Phynance.
Au plan local, je subodore qu’au moins un des sponsors de l’équipe de rugby est probablement plus intéressé par les petits magouillages à son bénéfice, facilités par sa position, que par les résultats de l’équipe.
Soupçon gratuit, (quoique…) mais cette gratuité ne s’étend pas au niveau des subventions et nombreux et coûteux travaux et aménagements financés par des fonds publics.
Je constate également que de nombreux clubs locaux, jadis amateurs, et ayant acquis une renommée au moins locale, sinon plus, avec la « financiarisation » des activités et la main mise d’individus sans doute plus intéressés par leur portefeuille que par les exploits sportifs, sont tombés dans un marasme qui a conduit à leur disparition.