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Les Bleus continuent à manquer les rendez-vous importants

Et dire que dans le milieu du sport les rugbymen se délectaient autrefois de qualifier les footballeurs de « manchots » ! La confrontation avec l’Angleterre a permis de penser que le qualificatif pouvait être réversible. Un seul point d’écart et les certitudes sur le coté « artistique » des Bleus se sont effacées. Ces derniers ont ainsi permis aux Anglais de se tirer les premiers avec la victoire, surtout à cause de leur incapacité à maîtriser le ballon dans les moments décisifs. Il sera donc si l’on en croît la déferlante médiatique, indispensable de faire appel à l’Intelligence artificielle pour redresser une situation ayant manqué de rigueur. La glorieuse incertitude du sport n’a plus sa place dans une société se voulant capable de tout résoudre par les technologies de pointe.

Il est en effet assez extraordinaire de constater la place des statistiques dans les analyses postérieures à un seul match. Elles se veulent objectives puisque basées sur des constats simples mais sortis du contexte. En fait elles permettent d’alimenter les opinions des observateurs qui s’en servent pour dézinguer un tel ou un tel. La confrontation avec les Rosbifs avides de revanche n’échappe pas à cette nouvelle règle du « data », mot clé de l’avenir. Une manière comme une autre de déshumaniser l’une des activités ayant besoin de rester aussi aléatoire que possible pour être intéressante.

Les Français avaient selon les probabilités mathématiques… 54 % de remporter leur match face à l’Angleterre. Mais ce sont bien les Anglais (34 % de probabilité) qui se sont imposés en inscrivant quatre essais, contre seulement trois pour les Bleus! Si les deux équipes se sont partagées le ballon (50 % de possession de chaque côté) et ont presque autant occupé le terrain adverse (53-47 en faveur des Bleus), la France a dominé partout : en attaque avec 135 ballons portés contre 95 ; 952 mètres courus ballon en mains contre 700 ; 1 209 mètres gagnés au pied contre 1 172 ;  9 lignes cassées contre 8, ou encore 148 passes contre 115. Bref tous les chiffres démontrent la supériorité de la bande à Galthié ! Nous avons été statistiquement les meilleurs : l’honneur est sauf !

En fait tout irait pour le mieux dans le monde de l’Ovalie s’il n’y avait pas eu quelques défaillances essentielles dans le comportement des « stars » de l’équipe. Elles ont laissé filer de leurs mains le ballon à 27 reprises (seulement 12 pertes pour les adversaires) gâchant bien des actions pas trop pal élaborées. Vite consultons les « datas centers » pour connaître les raisons de cette maladresse coupable. Les en-avant près de la ligne anglaise de Bielle-Biarrey (5e), Roumat (9e), Penaud (15e, 22e), Dupont (21e) – pour au moins trois essais tous cuits- conduisent à broyer du noir. Ils ont empêché les Bleus d’ouvrir le score plus rapidement voire de se mettre à l’abri. Pas de Jalibert dans ce constat mais peu importe il faut désigner un maillon faible.

La cascade d’en-avant s’est poursuivie après le repos , avec des fautes de main de Roumat (41e), Dupont (43e), Mauvaka (43e), Alldritt (45e), ou encore Ramos (54e). Auradou dans ses 22 mètres (66e) a failli coûter par une faute similaire, un essai aux Bleus. En plus, en défense les Anglais se sont régalés de la mansuétude de leurs adversaires. A trente et une reprises ils ont échappés aux bras pas assez musclés des cerbères chargés de les stopper. Illico Jalabert a été montré du doigt avec 5 plaquages « non réussis » … sur dix tentés. C’est réglé, celui qui était chargé de « l’ouverture » à manqué à son devoir de « fermeture ». Les autres sont presque exonérés de tout reproche.

La défaite a été collective. Chaque joueur en a sa part plus ou moins grande. Les « grosses têtes » de certains avaient peut-être enflées après le succès sur les pitoyables Gallois. Les trente premières minutes ont accru ce sentiment de supériorité putative entravée par non pas de la maladresse selon eux mais par la malchance ! L’intelligence artificielle le confirmera. J’en suis sûr. D’ailleurs il serait intéressant de lui demander d’écrire un article sur ce match ! Il n’y aurait aucune indulgence ! Les commentateurs ont l’avantage de pouvoir analyser le contexte, les rapports entre les uns et les autres et plus encore d’utiliser s’ils le veulent des mots simples : « maladresse », « suffisance », « faiblesse », « médiocrité », « défaillances » et éviter la surenchère des lendemains de matchs avec des slogans faciles mais ronflants !

Il faudra surtout davantage d’humilité à quelques adeptes de la « vie en rose » pour retrouver le chemin du réalisme et donc de la victoire. Des Bleus à l’âme collective, capables d’improviser, de jouer, de créer grâce à « l’intelligence collective » permettrait d’effacer une bourde qui a tendance à se renouveler dans les matchs décisifs. « On a failli gagné ! » c’est le refrain traditionnel du lundi matin… car on « était les meilleurs ». ou presque ! 

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Cet article a 7 commentaires

  1. Gilles Jeanneau

    Aucun commentateur n’en parle mais c’est RAMOS qui était dans un jour « sans » qui nous fait perdre le match.
    Il manque la première pénalité alors qu’il est infaillible d’habitude et il fait une cagade à la dernière minute au lieu de dégager au pied!!!
    Cela dit, l’équipe de France a la poisse, c’est tout!
    Bonne journée quand même.

  2. Pc

    Les stats et les commentaires idiots sont faits pour et par ceux qui n’y connaissent rien et surtout n’ont jamais touché la bechigue..
    A l’école de rugby ont apprend que la réception du ballon se fait à deux mains en tendant les bras vers celui-ci. Si le ballon est glissant’ on assure la prise de balle, avant de penser à l’utiliser.
    Il y avait, en effet, beaucoup de suffisance dans le jeu des français qui semblaient avoir oublié qu’il y avait un adversaire.
    Voilà une défaite largement méritée, d’autant plus que ça aurait dû être une large victoire. Les anglais rigolent…

  3. J.J.

    Une question hors sujet à deux roupies ou à deux pesos : l’intelligence artificielle va-t-elle détrôner la bêtise naturelle… et réciproquement ?

    1. Pc

      Pour moi. IA=BU (Bêtise Universelle )

  4. christian grené

    Twickenham 2025 ressemble à Fontenoy 1745. Bientôt trois siècles! Sauf que cette fois, selon notre Vol(on)taire Darmian, ce sont les Anglais qui ont lancé « Messieurs les Français, tirez les premiers! » On sait maintenant ce qu’il advint.

  5. Alain.e

    Impossible de perdre un match comme celui la , et pourtant , ils l’ ont fait , impossible est donc français .
    Un naufrage presque collectif , heureusement que Nelson moins fort ne commente pas le rugby , il aurait pu parler d’ un mini Trafalgar .
    J’ envoie d’ urgence de la poudre de magnésie pour les mains de nos rugbymans , ça leur évitera de dire  » j’ ai glissé chef « .
    Je ne suis pas certain qu’ils arrivent à planter un oranger sur le sol irlandais prochainement.
    Moët Hennessy comme on dit en Champagne.
    Cordialement

  6. Jolivet

    Contente de constater votre indulgence à tous, ça fait du bien dans le coeur de ceux, et nous sommes nombreux, qui étaient si tristes samedi soir. Oui, ils ont loupé le match, oui, ils auraient pu le gagner, et Thomas Ramos n’était pas dans son meilleur jour, c’est vrai…Et l’on est beaucoup moins confiants pour la suite…
    Mais ce rugby est tellement magnifique que pas un ne manquera devant l’écran pour le prochain match, voire au S. de F. pour le dernier…Moi c’est sûr, en amoureuse du rugby, j’y serai.
    Merci à notre XV.

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