You are currently viewing Ne soulevez pas le couvercle de la marmite du foot et du rugby

Ne soulevez pas le couvercle de la marmite du foot et du rugby

Le monde sportif en France qui avait charmé le pays durant les Jeux Olympiques file du mauvais coton et notamment les deux principaux d’entre eux. Récemment j’écrivais que le rugby était en passe de prendre le dessus dans le cœur d’une part du public sur le football. Or ce dernier s’écroule peu à leu sur lui-même. Lyon en proie à des difficultés financières récolte une coupe rase face à une équipe vaillante et motivée. Le PSG a frôlé l’humiliation. Marseille ne tient pas la distance. Rennes et les millions du clan Pinault a le jeu d’un futur club de D2. Pour le reste le niveau ne dépasse pas celui d’équipes de fin de tableau dans les championnats européens voisins. Il n’y a plus de vraies grosses équipes dans le championnat de Ligue 1. Le niveau s’affaiblit et je suis certain que d’ici la fin de la saison, son diffuseur se retrouvera en grande difficulté car sauf à être un supporter fanatique il est difficile de prendre du plaisir face à des rencontres sans intérêt.

Le monde de l’Ovalie s’il a le vent en poupe masque des réalités de plus en plus critiquées. Les sandales se multiplient dans bien des clubs et rien que cette saison des « affaires » éclatent un peu partout. Des joueurs alcoolisés qui brutalisent leurs femmes ou arrivent déglingués aux entraînements. Des magouilles financières toujours en jugement. Le culte de la troisième mi-temps qui occulte des comportements sociaux donnant une image du sport désastreuse. Des brutalités que les règles, même plus sévères, n’arrivent pas à réprimer. Des doutes de plus en plus forts sur la nécessité de se « réconforter » par des prises de produits illicites (cocaïne par exemple) pour supporter les chocs répétés et oublier la douleur. Nul ne peut prétendre que la morale a sa place dans le rugby.

Un talonneur viré par un club pour alcoolisme profond trouve en quelques heures un havre indulgent pour le recevoir. Deux joueurs ayant au minimum défrayé la chronique lors d’une tournée durant laquelle il représentait le sport français retrouvent les honneurs de l’équipe nationale comme si de rien n’était. Dans le football des aventuriers de la finance internationale jouent avec les fonds publics et se régalent de voir les élus à leurs pieds. Les conflits d’intérêts se multiplient mais il est impossible de les traiter car derrière il en va de l’avenir même de la fédération. Le racisme, la xénophobie, l’homophobie constituent la raison d’être de hordes de supporters. La violence devient le lot commun dans quelques stades ou de quelques bandes organisées.

Les seuls arguments trouvés par les dirigeants pour traiter ces déviances graves, reposent sur le fait que ces comportements ne sont que ceux en vigueur dans le pays. Il y aurait seulement une expression visible de ce qui constitue le fondement de la société républicaine actuelle. L’individu seul n’ose pas montrer la réalité de sa pensée qu’il révèle dans le contexte rassurant de l’anonymat au milieu de la foule. Alors on multiplie les caméras, les stadiers, les policiers, les mesures techniques sans surtout toucher au fond : la citoyenneté ! Ces sports ont perdu dans la période actuelle toutes leurs références essentielles.

La marchandisation de la performance et sa glorification « patriotique » ont modifié le rapport que l’on pouvait avoir avec le plaisir de la pratique ou celui de simplement regarder la beauté de l’activité sportive. Surtout n’allez pas assister à un match de jeunes. Il y a d’abord leur attitude de vedettes putatives qui vous surprendra mais plus encore vous serez ahuris par l’attitude des adultes autour de la pelouse. Le fléau inquiète et décourage de plus en plus d’éducateurs dans le foot amateur. Les parents, aveuglés par les trajectoires exceptionnelles à la Kylian Mbappé, seraient devenus ingérables. Avec pour conséquences la hausse de la pression sur les enfants, des menaces sur les formateurs et la perte du plaisir pour tous. La carrière par procuration avec transfert sur le parcours du fiston conduit aux pires excès.

Quand on a vu évoluer quelques sportifs durant les Jeux Olympiques il est aisé de mesurer l’écart qui se créée en matière d’éthique et de signification de l’activité sportive. Le public a certes été parfois très cocorico mais il n’y a pas eu de dérapages notoires. Certes il y a eu souvent de la récupération politicienne dans bien des pays dont le nôtre mais c’est resté dans des limites acceptables. C’est oublié. Nous avançons vers l’exagération, le fanatisme, le culte de la réussite à tout prix avec à la clé le fric qu’elle génère.

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    Ce sont des « sportifs » ou des gladiateurs ?

  2. Pc

    Il y a longtemps que sur ce blog j’ai écrit que le foot mourra bientôt de sa belle mort, on y est presque.
    Requiescat in pace…

  3. faconjf

    Bonjour,
    je n’y connaît rien en sport, alors je laisse la parole à une star des pousse-cailloux.
    Neymar a par ailleurs considéré qu’un manque d’esprit d’équipe a empêché le PSG de réaliser pleinement son potentiel et de gagner la Ligue des champions. « Il faut se rendre compte que tu ne joues pas tout seul. Tu dois avoir les autres à tes côtés : ‘Je suis le meilleur, OK’, mais qui va te donner le ballon ? Tu dois avoir de bons joueurs qui te donnent le ballon », a tenté d’expliquer celui qui a été souvent taxé d’individualisme sur le terrain. « C’était les ego de tout le monde… donc ça ne pouvait pas marcher. Aujourd’hui, si personne ne court, si personne ne s’entraide, il est impossible de gagner », a-t-il estimé.
    Le foot serait donc un sport d’équipe, comme le rugby … A écouter les sportifs de canapé hors les stars, point de résultats ! C’est sûrement pour ça que l’équipe de Bourgoin-Jallieu (équipe du haut de tableau de National 3 (5e div.)) a sorti sans les honneurs les stars de l’OL . Les meilleurs supporters cagoulés de l’OL regroupés au sein de leur organisation les Bad Gones n’ont pas du tout apprécié.
    Une bagarre a éclaté, nous confirme-t-on du côté de la gendarmerie de Bourgoin. Des sièges ont été arrachés dans les gradins du stade Pierre-Rajon et jetés sur la pelouse, d’après le Dauphiné Libéré et L’Équipe. Les CRS ont dû intervenir en utilisant du gaz lacrymogène. Les échauffourées ont duré au moins une quinzaine de minutes.
    Une femme âgée d’une quarantaine d’années a été légèrement blessée au dos lors d’une bousculade. Elle a été emmenée par les secours à l’hôpital.
    C’est la beauté du sport, merci aux pères de famille d’emmener leurs enfants dans les stades pour admirer pareille performance.
    Bonne journée

  4. christian.grene

    Hélas! Mille fois hélas! L’esprit de 1982 (Espagne) et de 1995 (Afrique du Sud) est déjà loin pour moi. Comme toi, Jean-Marie, je ne reconnais plus les sports que nous avons tant aimés.

  5. J.J.

    Je ne suis pas vraiment « sportif », ni amateur de sports, mais quelques fois dans mon enfance, un viel ami de la famille m’emmenait parfois le dimanche après midi voir les match de rugby disputés entre une équipe « reçue » et l’équipe dans la quelle il avait joué dans sa jeunesse. On y trouvait alors des commerçants locaux, des notables, des « fonctionnaires », des ouvriers, mêlés (c’est le cas de le dire) dans un but commun : faire briller leur équipe et la ville qu’ils représentaient. Un peu de chauvinise parfois ? C’était bien la seule chose que l’on pouvait trouver à redire si l’on était pointilleux.
    Un des fervents spectateurs, amateur de rugby était d’ailleurs, Jean Marie, un personnage que tu as bien connu.

Laisser un commentaire