Hier soir le Maire de Pau a effectué un aller-retour Paris-Pau avec un avion de la flotte présidentielle pour présider le conseil municipal. Une escapade qui n’est pas si anodine que ça. En pleine crise de Mayotte il a encore une fois montré ostensiblement sa différence avec celui qui l’aurait nommé, sans le nommé, tout en le nommant. Le disciple d’Henri IV a en effet séché la grande messe officielle télévisée de la cellule de crise interministérielle qui a débouché sur une visite du Maître des décalages horaires et une journée de deuil national. Une réunion surréaliste puisqu’il manquait le Ministre de l’Intérieur démissionnaire et qu’elle regroupait que des membres du gouvernement sur le départ. Devant la misère effroyable qui se profile sur l’île de l’océan indien ce rendez-vous de communication avait une allure dérisoire.
Le nouveau locataire provisoire de Matignon a souhaité démontrer autre chose : sa proximité avec le terrain et rappeler que lui, il dirigeait une ville et qu’il n’était pas un pur produit de la technocratie. Dans cette période où bon nombre des élus nationaux n’ont absolument aucun ancrage locale (non-cumul des mandats oblige) il a préféré se coltiner un conseil municipal avec une opposition et les difficultés du quotidien à des conciliabules uniquement destinés à justifier une prise en compte de la crise mahoraise à une heure intéressante sur les télévisions. C’est un erreur politique clament les exégètes parisiens… Normal ! Leurs racines sont dans la salles des pas perdus du palais Bourbon et leurs racines à l’intérieur du périphérique.
François le Téméraire est entré dans son rôle par un geste simple : il a pris son indépendance et il a assumé le fait d’aller à l’encontre des règles en vigueur. En 2022, celui qui était alors haut-commissaire au Plan, disait tout le mal qu’il pensait de l’interdiction du cumul des mandats. «On a rompu tout lien entre la démocratie locale et la démocratie nationale». Désormais premier ministre, il annonce qu’il restera maire de Pau ville qu’il dirige depuis dix ans. Il s’est d’ailleurs dit favorable au retour du cumul des mandats pour les parlementaires lors d’une déclarations devant les élus palois. «On s’est trompé en (rendant) incompatibles les responsabilités locales et nationales, c’est une erreur (…) Pour les membres du gouvernement, c’est autorisé, pour les parlementaires, non. Je pense qu’il faut que ce débat soit repris». Il paraît que cette volonté figurera dans son discours de politique générale.
Au plus haut niveau de l’État depuis sept ans le mépris pour les élus locaux, départementaux et régionaux a été permanent. La réforme des ressources des collectivités locale en est l’illustration parfaite. A Bercy et à l’Elysée il y a eu un discours commun autour de la responsabilité des strates décentralisées de la République dans le déficit actuel des finances publiques. Cette tendance s’est complété par un mépris caractérisé de celui qui considère que seul le monde est à la taille de ses ambitions. Dans le contexte actuel ce sont pourtant les communes, les départements et les régions qui pallient les défaillances croissantes de l’État. Le Béarnais le sait. Les autres issus des castes financières ou élitistes parisiennes l’ignorent ou font semblant de ne pas le savoir.
En effectuant ce trajet Paris-Pau en avion qui a suscité bien des critiques il a donné un signe de résistance. D’abord de prudence au cas où sa durée de vie ministérielle serait réduite. Ensuite en effectuant un nouveau pied de nez à l’Élysée qui depuis longtemps suggère fortement un nom de directeur de Cabinet au premier des Ministres pour le contrôler. Là il a choisi Nicolas Pernot directeur des services de la région Grand Est et donc spécialistes des… collectivités territoriales et Modem pur sucre. Ensuite en écoutant d’une grande oreille distraite les propos présidentiels sur Mayotte car il sait que les mesures concrètes, la planification éventuelle des mesures de secours dépendent du gouvernement et pas des porteurs d’eau présidentielle du « Château ». D’ailleurs Matignon a fait savoir que les conseillers du monarque républicain ne seraient plus les bienvenus aux réunions ministérielles.
Il y aura c’est certain une majorité parlementaire pour aménager le cumul des mandats à quelques mois des municipales. Il y a fort à parier que les extrêmes y trouveront une opportunité de satisfaire leurs ambitions. Si en plus il a l’habileté de lancer le débat avant des législatives putatives sur la proportionnelle qui permettrait aux caciques des partis de se garantir un rente élective à vie il accentuera la compréhension des députés dans les prochains mois. Sur ces deux sujets il ne risque pas la censure. Il va en jouer très vite.
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Dire que je ne suis pas un « fanatique » de l’héritier du promoteur de la poule au pot, est un gentil euphémisme. Je reconnais cependant que la suppression sans nuances du cumul des mandats est une erreur grave. Je pense qu’un membre des parlements complétement coupé de ses « racines » perd en efficacité, mais il ne faudrait pas, ce qui était parfois le cas « avant », que ce mandat local donne une grande autorité à son détenteur.
Pas de cumul maire et député, ou sénateur et président de conseil départemental. Un simple mandat de conseiller municipal ou départemental permettrait le lien local : être au courant, observateur sans autorité locale.
Propos à modérer, je n’ai aucune expérience politique.
Bonjour,
faut-il rouvrir le débat sur le cumul des mandats ? Rappelons au passage les attendus d’une fonction de député, à savoir la production de la loi, le contrôle et l’information, et enfin la représentation des circonscriptions. Comment mesurer l’efficience d’un député? Trois indicateurs correspondent aux trois dimensions de l’activité parlementaire , production de la loi => nombre de propositions de loi, le contrôle et l’information=>nombre de rapports , et enfin la représentation des circonscriptions=> questions au gouvernement.A partir de ces indicateurs des études ont été menées en comparant l’impact du cumul des mandats sur l’activité des députés pratiquant ou non le cumul . Les conclusions des experts de l’étude sur la période 2002-2006 sont en faveur du maintien du cumul des mandats . Les experts estimant que le temps passé dans le mandat local nourrissait le travail parlementaire par l’utilisation … des moyens locaux d’analyse et de prospective.
Pour ma part ma conviction reste que les élus à l’Assemblée ne sont pas des élus locaux mais bien des élus nationaux censés défendre les intérêts du pays AVANT les considérations locales. Derrière le débat du cumul des mandats se cache le mode de scrutin attaché au local en opposition avec le scrutin proportionnel détaché lui du local. La révision du mode de scrutin doit donc éviter les deux écueils du détachement de l’un ou de l’autre.
Venons en maintenant au premier Sinistre maire de Pau, quel travail a-t-il fourni dans son ancien travail? « Le problème du haut-commissariat au plan et à la prospective, ce n’est pas la qualité de ses travaux, c’est que personne ne les applique. [Ils] ne servent qu’à garnir des bibliothèques », taclait Vanina Paoli-Gagin Sénatrice de l’Aube .
Donc le maire de Pau a été grassement payé pour accomplir une tâche qui est au demeurant aussi utile que celui de Pénélope Fillon comme attachée parlementaire.
Tout cela pour obtenir une « fonction » honorifique destinée à justifier sa réélection comme maire de Pau, voila qui coûte bien cher à notre pauvre ripoublique.
Réélu Maire car député et réélu député parce que maire! La vieille rengaine électorale qui produit des indéboulonnables. C’est super, revenons aux choses qui ont fait leurs preuves et envoyé notre pays dans le fossé.
Bonne journée
Nota: Selon les comptes X spécialisés, le jet a volé durant 52 minutes pour couvrir les 658 kilomètres parcourus, dépensant, approximativement, 800 kg de carburant. Les heureux contribuables de Pau seront ravis de savoir que leur maire a remboursé une partie des frais en imposant une subvention exceptionnelle de 25.000 euros d’aide à Mayotte par la ville de Pau.La ripoublique leur a fait un prix car l’aller retour du Falcon coûte beaucoup plus cher que ça! C’est pas comme si le budget de la France était en déficit.
François prit donc l’ avion avec entrain , en vieux routeur du navire France , il ne lui restait plus qu’ à changer son modem 56kps en box fibre pour accélérer les choses.
Ses ancêtres ayant marché au cul des mules à un train de sénateur , le cumul ne le gênait pas , mandat ou pas .
Encore un homme politique qui aura notre peau , si personne n’ a la sienne avant .
Toujours le pot de terre contre le pot de fer sans doute , mais je m’ égare de Pau et je gave les lecteurs de mes disgressions.
Cordialement.
Bonjour J-M !
Note : 22/20 ! ! Enfin, J-M, c’est toi, l’ancien élu local et départemental qui dis ouvertement que Bayrou a raison de rester RÉELLEMENT au contact de la base électorale et non d’être un coupeur de ruban, un « toque-manette » et un « élu parisien 6/7 jours», ne se rappelant que sa base de bouseux n’a qu’un intérêt « relatif » en période PRÉ-électorale ! !
Oui …je sais … tu t’es toujours appliqué la règle créonnaise sauf que, bien que classé « l’Instit », ton exemple n’a pas fait pédagogie ! ! Et voilà que les bobos parisiens s’affolent pour une escapade dans son Béarn natal … au milieu des bouseux !
Tout d’abord, il n’est que nommé et n’a pas formé son gouvernement ! Question : les ministres démissionnaires ne sont-ils utiles que pour les J.O. ou l’inauguration de N-D ? Les catastrophes climatiques, résultat d’une occultation gouvernemental de ce lointain département ne les concernent plus, n’est-ce pas ?
Quant aux bobos parisiens snobant les bouseux, attendons les prochaines vacances ou la disette !
FÉLICITATIONS J-M pour cette prise de position nette et anti-parisienne: la France, ce sont aussi LES provinces! !
Amicalement