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Trump montre la voie de l’immoralité politique

Trump pourra aller à confesse lors de son passage dans la nouvelle Notre-Dame de Paris. Lui qui invoque la religion à tout bout de champ ; lui qui a été soutenu par tout ce que son pays recèle comme extrémistes religieux ; lui qui n’a eu de cesse de dépeindre ses adversaires comme des démoniques ; lui qui s’est appliqué à prôner le retour aux traditions il a en quelques semaines après son élection enfreint toutes les règles élémentaires de ce que l’on peut considérer comme la morale. Ses décisions influenceront très vite nombre de dirigeants populistes qui désormais occupent le pouvoir dans leurs pays . D’autres qui hésitaient y verront un encouragement puisque plus rien ne saurait ternir l’image de celui qui promet les plus sévères punitions pour les plus faibles et les plus grands bénéfices pour ses affidés.

On peut s’interroger par exemple sur la décision brutale du Président de Corée du Sud. Sous de fallacieux prétexte il a tenté un coup de force destiné à bâillonner le parlement dans un pays très proche des USA pour des raisons stratégiques. Les démocrates sud-coréens a heureusement refusé de se laisser abattre. Dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 décembre, 190 députés de la majorité comme de l’opposition, soutenus par une foule en colère massée devant une Assemblée nationale cernée de policiers et de militaires, ont refusé la loi martiale décrété par le Président conservateur et populiste Yoon Suk Yeol.

Ce dernier a accepté la décision et clôturé toute honte bue sa tentative de coup de force, qui a vu la Corée du Sud renouer pendant quelques heures avec le cauchemar du temps des dictatures, qu’elle croyait révolu depuis près de quarante ans. L’opposé de l’affaire du Capitole montée par Trump ! L’épouse du président coréen, Kim Keon-hee, a été par ailleurs impliquée dans deux scandales politiques majeurs : le premier concerne un sac Dior qu’elle a reçu en cadeau en 2022, et dont la valeur dépasse la limite légale pour les présents fait au président et à sa femme.

Le deuxième scandale concerne une affaire de manipulation de cours boursiers. Elle a été accusée d’avoir joué un rôle, en 2020, dans une fraude qui aurait permis à ses participants d’empocher l’équivalent de 58 millions d’euros. Les accusations ont été abandonnées en 2024, mais l’opposition y a vu le résultat de pressions du président sur l’appareil judiciaire. Le parti démocrate veut d’ailleurs destituer plusieurs procureurs, soupçonnés d’avoir volontairement « oublié » des enquêtes sur les scandales relatifs à la femme du Président.

De partout la morale craque et n’a plus aucun intérêt dans le monde politique. Les affaires se multiplient. Il est vrai que les condamnations judiciaires n’ont plus d’impact sur le vote populaire. Ainsi Trump qui a lui-même échappé à la justice par son élection a recruté pour son entourage des « ministres » ou des « conseillers » pour le moins douteux. Peu importe ! Il avait par exemple nommé procureur général des États-Unis l’élu de Floride Matt Gaetz, alors qu’il avait plusieurs affaires judiciaires à son actif, dont une implication présumée dans le trafic sexuel. Il a été contraint de renoncer devant l’opposition du sénat.

Hier il a pourtant récidivé avec le retour à ses côtés de son ancien conseiller économique, récemment sorti de prison. Peter Navarro avait été condamné, en janvier 2024, à quatre mois d’emprisonnement. Il avait refusé de répondre à une convocation et de fournir des documents à la commission de la Chambre des représentants qui enquêtait sur l’assaut du Capitole. Il avait déjà promu dans des fonctions de diplomate: M. Kushner, père de l’un de ses gendres qui a passé un an dans une prison fédérale pour des malversations fiscales, avant d’être gracié par Donald Trump vers la fin de son premier mandat à la Maison Blanche. La liste s’allonge… Il est certain que tous les insurgés du Capitale seront graciés. Bref la justice se retrouve réduite à néant !

En fait cette tendance américaine se propage dans les cercles des pouvoirs démocratiques. Toute sanction judiciaire est contestée sur la forme ou sur le fond et si condamnation il y a elle est vite oubliée. Les pare feux qui existent encore en France méritent d’être protégés et amplifiés.C’est un trésor pour notre démocratie.

Il y aura dans le contexte actuel tellement incertain et même dangereux, un rendez-vous important : le renouvellement du Président et de certains membres du Conseil constitutionnel. Cette institution reste en effet importante dans l’hypothèse de tentatives de manipulation par la loi d’un texte référence. Certes si l’on rêve de changer la Constitution autant le faire avec le respect des principes démocratiques et ensuite de donner le pouvoir de veiller à son respect quelle qu’elle soit. Dans le bazar actuel il n’est pas interdit de penser qu’un coup de force dans l’avenir ne serait pas une hypothèse délirante.

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    « Les pare feux qui existent encore en France méritent d’être protégés et amplifiés. C’est un trésor pour notre démocratie. »
    Un trésor en passe d’être pillé : il n’est qu’à voir la manière désinvolte de certaines personnes en délicatesse avec la justice fanfaronnent devant les étranges lucarnes.
    À leur place je me cacherais dans un trou de souris, mais il est vrai que je ne suis pas un personnage politique.
    Trump(qui n’est pour le moment pas encore intronisé comme chef d’état, que vient il faire dans cette galère ? ) assistant à l’inauguration de leur dame de Paris, j’imagine comment le général aurait probablement qualifié cette mascarade.

  2. faconjf

    Bonjour,
    le billet du jour de JMD me laisse perplexe, notre chroniqueur préféré aurait-il la mémoire courte et sélective ? La charge contre l’homme à la perruque d’écureuil me semble juste et fondée, mais elle passe sous silence la grâce accordée par Joe Biden à son fils Hunter. L’action de Bid-on est le point culminant d’années de mensonges au public sur ses connaissances et ses intentions dans le scandale de trafic d’influence entourant sa famille.Lors de l’élection de 2020 et tout au long de son mandat présidentiel, Bid-on a menti à plusieurs reprises au public américain avec une facilité et une impunité qui ont choqué même de nombreux vétérans de la politique à Washington. On lui a demandé à plusieurs reprises s’il était au courant des transactions étrangères de Hunter, notamment des millions de dollars provenant de prétendus accords avec des clients russes, ukrainiens, chinois et autres. Le président Bid-on a menti et nié avoir eu connaissance de ces transactions. Pourtant des enregistrements, des rapports et autres documents démontrent ses mensonges à répétition. La corruption de la famille Bid-on ne fait aucun doute. Mémoire sélective ?
    Pour ce qui concerne le conseil constitutionnel, si on a un peu de mémoire, on constate que l’on a pas hésité à nommer des  » fraudeurs » pour vérifier la conformité des lois avec la Constitution !
    Fraudeur reste un doux euphémisme pour qualifier, le président du Conseil constitutionnel, Roland Dumas qui avait dû démissionner (en 2000) sous la pression en raison de ses ennuis judiciaires dans l’affaire Elf et les frégates de Taïwan. Mais ce sont des affaires dans lesquelles il s’était retrouvé cité après sa nomination. Laurent Fabius, lui avait été blanchi opportunément dans l’affaire du sang contaminé avant son arrivée au Conseil constitutionnel. Alain Juppé l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac (1995-1997) a été condamné en appel en 2004 à 14 mois d’emprisonnement avec sursis et un an d’inéligibilité pour « prise illégale d’intérêt » dans l’affaire des emplois fictifs du RPR. Il avait alors laissé la mairie de Bordeaux et son poste de député à son premier adjoint de l’époque. Alain Juppé, ayant purgé sa peine il y a plus de cinq ans (délai légal de réhabilitation), son casier judiciaire est désormais vierge de cette condamnation alléluia l’honneur de la république est sauf.
    En fait, les seules incompatibilités définies dans les textes interdisent aux membres d’occuper d’autres types de fonctions ou postes, comme ministre, parlementaire ou encore avocat. Autrement, ils n’ont plus qu’à jurer « de bien et fidèlement remplir leurs fonctions et de les exercer en toute impartialité dans le respect de la Constitution, ainsi que de garder le secret des délibérations et des votes ».
    Je suggère donc de nommer Bennala au conseil constitutionnel.
    Le conseil Constitutionnel comme dernier rempart ( j’ai failli écrire barrage !) du droit … Vous êtes un grand humoriste et moi un indécrottable complotiste.
    Bonne journée

  3. christian grené

    Bonsoir Jean-Marie, JJ, FJF et tous les autres. Des raisons de santé (pas graves) m’empêchent d’écrire, mais pas de vous lire chaque jour.
    See you later, comme eût dit Donald.

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