Il est assez intéressant d’écouter chaque jour le ministre de l’intérieur décliner ses prises de position sur les orientations qu’il compte donner, sans se soucier un instant, de ce que peut en penser l’occupant de Matignon, à son action durant quelques mois. Selon les commentaires des vierges effarouchées du gouvernement il dépasse les limites de ce qui est acceptable pour le bloc central. Mais ne vous y trompez pas, pour la grande majorité d’entre elles, le plus important ce ne sont pas les propos provocateurs de celui qui devient au bon moment la vedette du gouvernement mais l’éventualité de la création d’un impôt sur les bénéfices des grandes sociétés. Le mot « impôt » a beaucoup plus de résonance que celui de « droit ». Rares sont les membres de la minorité parlementaire à avoir dénoncé les propos de celui qui est parvenu en quelques déclarations à faire classer Ciotti plus à gauche que lui.
Son premier mérite réside dans le fait qu’il va illustrer ce que deviendrait la France si demain la Marine nationale arrivait au pouvoir. Il développe une stratégie qui permettra de mesurer le danger que constituerait une majorité d’extrême droite. En effet alors que le RN tente par tous les moyens de se dédiaboliser en évitant les moindres provocations pouvant dévoiler des intentions dangereuses, le locataire de la Place Beauvau développe une cure de propositions tests. Sa proposition de référendum sur l’immigration en est l’exemple parfait. Il sait fort bien que cette antienne du RN n’a aucune chance en l’état actuel de la Constitution n’a aucune chance d’être validée. C’est un élément des pratiques historiques ayant conduit les démocraties à leur perte.
La tactique est évidente. Un fac-similé de ce que Trump a mis en œuvre aux USA : dressé le maximum de « personnes » contre les « institutions » lui barrant le passage. Une analyse de ses entretiens et notamment le dernier qu’il a donné au JDD confirme cette volonté politique que l’on a retrouvé aussi dans des périodes noires de notre histoire commune. « Vous voyez moi, je souhaite vous donner la parole mais c’est le Conseil Constitutionnel qui l’en empêche » : vous verrez que les propositions les plus démagogiques ou populistes seront stoppées par tout le système républicain garantissant les déviances institutionnelles. Cette opposition entre volonté populaire et règles juridiques de vie collective conduit inexorablement à de dangereux abus.
Dimanche , le nouveau ministre de l’Intérieur s’est dit favorable à un référendum sur l’immigration. Cette initiative, également préconisée par le Rassemblement national, est-elle conforme à la Constitution ? En avril dernier, le président du Conseil constitutionnel apportait un élément de réponse. « La plupart des juristes considèrent que ce n’est pas constitutionnel », Il a rappelé qu’un référendum sur l’immigration s’appuierait sur l’article 11 de la Constitution, lequel définit les champs d’application de la procédure. « Le président de la République, sur proposition du Gouvernement, peut organiser un référendum sur la réforme de la politique économique, la réforme de la politique sociale, ou la réforme de la politique environnementale », soulignait Laurent Fabius. Or, selon le président du Conseil constitutionnel, l’immigration constitue « un problème en soi », et non pas un sujet économique.
Le ministre de l’intérieur qui s’extériorise beaucoup a vite précise qu’il faudrait une réforme de la Constitution pour que cette idée de référendum puisse se concrétiser. Un Congrès serait nécessaire avec une majorité Députés puis Sénateurs des 3/5eme pou y parvenir. Difficile dans le contexte actuel. Alors il y est allé d’une seconde déclaration un cran au-dessus : « L’État de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré […] C’est un ensemble de règles […] mais la source de l’État de droit, c’est la démocratie, c’est le peuple souverain ». Les adjectifs ont leur importance. « Intangible » : à quoi l’on ne peut toucher, qui doit rester intact » selon le Larousse. Ce qui sous-entend que les principes même de l’État de Droit qui protège chacune et chacun d’entre nous contre les abus en tous genres peuvent être modifiés. On doit l’entendre : mais par qui ? Comment ? Pourquoi ? La référence au « sacré » dans un État laïque ajoute un nouveau doute sur la vision que le ministre a des institutions.
L’État de droit, c’est ce qui protège nos concitoyens. C’est le principe de séparation des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire », a répondu de son côté Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale. Merci à elle. A Gauche je n’ai pas trouvé de réaction officielle de quiconque. Mais le vérité sortira de la bouche du Premier Ministre cet après-midi. Le plus cocasse c’est que c’est le ministre de la justice qui lira la déclaration de Politique générale au Sénat. Didier Migaud garant de l’État de Droit annonçant des attaques contre ce qu’il doit défendre ? Un sacré moment démocratique !
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Ce pauvre Retailleau pète dans l’azur avec son référendum sur l’immigration(ce qui est d’ailleurs un projet inhumain et scandaleux) : on peut voter tous les référendums que l’on veut, on peut installer toutes les barrières possibles, rien n’arrêtera les migrants : ils prennent tous les risques pour fuir leur pays, n’hésitant pas à affronter la mort plutôt que de renoncer. On en a hélas de trop fréquents exemples. Alors un referendum….
Les allemands ont instauré des contrôles à leurs frontières, je doute que ce soit efficace : si les migrants ne peuvent passer par les postes de douane, ils passeront à côté.
Le Retailleau quand il se sera fait retailler il va se calmer.
Mais, plus à droite que Le Pen, on ne nous l’avait pas encore fait….
En écoutant les présidents des groupes parlementaires, j’ai sursauté en attendant Laurent Wauqiez répéter: « Notre pays vit au-dessous du volcan ». Malcolm Lowry a dû se retourner dans tombe, lui qui a écrit « Au-dessous du volcan’, un authentique chef-d’oeuvre de la littérature.