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Les tête-à-tête qui poussent le bouchon trop loin

Lorsque l’on occupe un poste élevé dans la hiérarchie du pouvoir, l’ambition de vos opposants qui prétendent à votre poste, c’est de pouvoir légitimer leur positionnement. En acceptant alors qu’ils sont en place de débattre avec les responsables du Rassemblement national, le Premier ministre et selon ses affirmations, le Président de ce qu’il reste comme République, offre à leurs challengers une légitimité que rien ne leur a conférée. C’est une stratégie de communication payante pourvu qu’elle soit mise en œuvre au moment opportun. Et selon les premiers résultats des sondages, c’est ce qu’à parfaitement réussi la tête de liste RN aux Européennes face à l’occupant de Matignon.

Comme c’est souvent le cas, le débatteur en place pense qu’avec des arguments soigneusement préparé il obtiendra vite le dessus sur son adversaire. C’est classique mais c’est souvent faux. En effet regardent souvent majoritairement les débats que les « supporters » des participants au face à face. Ils sont totalement insensibles aux éléments déployés par un camp ou par l’autre. Et donc seulement une très faible part d’entre eux modifie son jugement pré-établi. Le Premier des Ministres a déployé son talent de communicant et à réussi à marquer quelques points face à un adversaire sûr de son impact déjà établi. Il lui suffisait de jouer au « gendre idéal » sans varier dans son discours pour satisfaire son auditoire.

Il serait intéressant de connaître les engagements des téléspectateurs. Il est certain que les « fans » du Président du RN étaient si l’on se réfère au sondage actuel les plus nombreux. Ils ont trouvé leur idole épatante, sereine et solide. Jamais vraiment bousculé (sauf lors de références à pépé Le Pen) Bardella a encaissé avec la certitude que Attal se plaçait en situation de challenger. Lui le candidat RN était celui qui résistait alors que son opposant en place ne cessait de lui mordre les mollets sans le mettre à mal. Mieux la crédibilité des attaques de l’un envers l’autre a paru convenue et marquée par une volonté commune de ne pas paraître trop agressif.

A part si l’on appartient aux 15 % de votants qui iront soutenir la liste Renaissance, il était difficile de trouver dans les propos « matignonesques » des raisons de rejoindre la majorité de plus en plus minoritaire. Depuis des semaines le gouvernement se complaît à savonner la planche à son propre parti. Une tête de liste choisie par défaut vraiment pas aidée ; des déclarations présidentielles inquiétantes (soldats en Ukraine, autoritarisme présidentiel croissant renforcée par une omniprésence dévastatrice) ; des mesures prises sous pression d’une situation catastrophique des finances publiques (tickets modérateurs sur les soins, réforme du chômage, annonce quasi-officielle du gel des retraites) ; succession d’événements et de crises renforçant les positions critiques de l’opinion dominante : les fanfaronnades présidentielles n’ont plus de prise !

En définitive le débat a officialisé que le prochain Premier des Ministres serait Bardella. Il n’en espérait pas tant. Il a gagné ses galons malgré ses insuffisances criantes. C’était le futur ex-occupant de Matignon contre le futur occupant putatif des lieux. Désormais le Président du RN a été installé sur les rails de ses prétentions. Les gars de la Marine nationaliste ont donc trouvé leur champion. Et le seul hic c’est que la « patronne » pourrait avoir du mal à reprendre la main dès le 10 juin. En affirmant qu’il était prêt n’importe quand à affronter une Le Pen qu’il n’affrontera pas aux Présidentielles, le Président concrétise sa volonté de démontrer que son camp est le seul à pouvoir enrayer la montée RN et redonne une piste de reprise en mains à celle qu’il avait écrasée lors du débat qu’ils avaient eu entre les deux tours.

À court terme, cette nouvelle manœuvre improvisée conforte la stratégie du parti d’extrême droite : nationaliser au maximum la campagne et capitaliser sur le rejet du président de la République dans l’opinion. Rien d’anodin si depuis son entrée en course Bardella s’échine à présenter ce scrutin européen comme un « référendum » pour ou contre l’action présidentielle. C’est une autre faute grave. Quelle est la crédibilité actuelle du Chef de l’État ? Quel sera son impact sur une opinion dominante de plus en plus tournée vers les extrêmes ? Quels alliés trouvera-t-il pour finir un mandat s’annonçant comme chaotique ?

Les sondages effectués dans la foulée du débat antre « Premiers des Ministres » illustrent ce phénomène d’inutilité de ces duos stérilisateurs de la vie politique. Bardella a effectué un bond dans les intentions de vote et la Liste renaissance et associés a encore perdu du terrain. Les indécis n’attendent pas une confrontation à fleurets très mouchetés pour se décider : l’abstention sera leur planche de salut. Le seul enjeu actuel devient la seconde marche du podium… car son résultat détruira la bipolarisation que le pouvoir central tente d’imposer. 

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Cet article a 7 commentaires

  1. Pc

    Ces débats ne servent à rien, être écrasée par Macron n’a pas empeché Le Pen d’obtenir 13 millions de voix .
    Bardela, dont l’inculture et l’incompétence sont flagrante, joue sur sa bonne mine et sa tronche de premier de la classe.
    Quelle tristesse !

  2. J.J.

    J’irai voter, comme d’habitude, je sais pour qui je ne voterai pas, quand à savoir pour qui je me déciderai ….difficile, et de surcroît parfaitement inutile quel que soit mon choix.
    Mais au nom des ancêtres qui ses sont battus et sacrifiés pour obtenir ce droit devenu une mascarade, j’irai quand même .
    Deux nombres à comparer :
    En 2022 la perte fiscale due à la suppression de l’ISF (d’après France stratégie, une institution dépendante de Matignon) : 4,5 milliards d’€.
    Montant espéré par le dynamitage et la mise en place des mesures scélérates de l’Assurance Chômage : 3,6 milliards d’€
    Sans commentaire.

  3. facon jf

    Bonjour,
    « Le grand capital ne dort jamais les dimanches d’élections ». Il faut bien reconnaître que ce n’est pas facile de se mobiliser pour une élection qui ressemble de plus en plus à un marché ( pas un Larcher ) de dupes. La tragi-comédie sans cesse rejouée entre l’Auguste et le clown blanc finit par nous lasser. Le spectacle a sombré dans le pathétitque avec les deux marionnettes – qui ne connaissent ni l’un ni l’autre le travail des gueux pour ne l’avoir jamais pratiqué- venues ressasser des poncifs éculés devant des téléspectateurs déjà convaincus bien avant le début de leur piteuse prestation. N’étant pas masochiste je n’ai pas perdu mon temps à regarder cette clownerie, je me suis contenté de lire les commentaires qui confirment totalement le diagnostic.
    Le Méprisant pratique la fameuse formule  » en avant! marche arrière toute !!! » sur le référendum NATIONAL au sujet de la N.C. Sa crainte étant que même si la question posée était  » voulez-vous être riches et bien portants » la réponse serait NON !! car tout ce qui vient de son clan est maintenant massivement rejeté.
    Faute de choix les électeurs devront se contenter de mettre une baffe au soldat de la Mac-Ronnie paratonnerre bien pratique de l’exécutif.
    Grande tristesse dans le camp de la gôôche où une fois de plus suivant cette citation anonyme (ci-dessous) le désespoir vire au cauchemar.
    « Il est vrai que souvent, le PS, s’exagérant la bêtise du peuple, a baptisé « socialistes » Valls, Macron, Cambadélis, Cahuzac, Dray, El Khomri, Cazeneuve et même Hollande et Glucksmann » (Déesse Mnémosyne)
    Rappelons tout de même le rôle des députés européens au sens de leur définition du site toute l’Europe.
    « Pendant leur mandature, les élus ont pour fonction de discuter, d’amender, et de voter les textes de loi proposés par la Commission, toujours en cherchant un consensus avec le Conseil de l’UE qui valide également les textes. »
    Donc il nous coûtent une blinde pour avaliser les textes de la Grosse Commission qui fait la pluie et le beau temps et à finalement le dernier mot puisqu’elle valide les textes.
    Donc voter ou pas pour une bande de profiteurs est-ce utile ou pas pour une pseudo democratie où seuls des gens nommés, donc pas élus, décident de tout ???
    Je vous laisse sur cette réflexion de complotiste.
    Bonne journée

    1. .J.J.

      « Il est vrai que souvent, le PS, …… Je pense qu’il est vrai que nous avons les mêmes lectures.
      Amicalement
      J.J.

  4. facon jf

    Petit raccourci dans mon propos mais qui ne change rien au manque de démocratie de l’UE en disant je me cite (scusez-moua) que la Grosse commission valide les textes en fait c’est le Conseil de l’UE ce qui ne change rien au raisonnement.
    Conseil de L’UE
    Rôle: définit les grandes orientations et priorités politiques de l’Union européenne
    Membres: les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’UE, le/la président(e) du Conseil européen et le/la président(e) de la Commission européenne
    Président: Charles Michel
    Création: 1974 (assemblée informelle), 1992 (statut officiel), 2009 (institution officielle de l’UE)
    Siège: Bruxelles (Belgique)
    Site web: Conseil européen

    Le Conseil européen réunit les dirigeants des pays membres afin de définir les priorités politiques de l’UE. Il représente le plus haut niveau de coopération politique entre les pays de l’UE.

    Le Conseil européen est l’une des 7 institutions officielles de l’Union européenne. Il prend la forme de sommets, généralement trimestriels, réunissant les dirigeants des pays de l’UE, et est placé sous la direction d’un(e) président(e) permanent(e).
    Quatre réunion annuelles pour valider le torrent de législations annuelles sur la taille des courgettes dans l’UE ! Mais comment font-ils ???
    https://european-union.europa.eu/institutions-law-budget/institutions-and-bodies/search-all-eu-institutions-and-bodies/european-council_fr

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