You are currently viewing La ville où le printemps prend tout son sens

La ville où le printemps prend tout son sens

Aussi étonnant que ça puisse paraître en cette période de pouvoir d’Achat malmené je ne cesse d’apprendre que beaucoup de personnes s’envolent durant ces vacances vers des destinations ensoleillées : le Maroc, le Portugal et l’Espagne ! Pour ma part je repartirais bien respirer le printemps de Prague, l’un des plus belles cités du monde si l’on aime la finesse et la sérénité. Voici ce que j’ai ramené d’une escapade ancienne dans cette ville de souffrance qui vit donc toujours dans un bonheur teinté de crainte.

Les pommiers parsèment le paysage urbain de bouquets blancs. Les aubépines viennent en renfort sur les contreforts de Prague. Le printemps éclate partout dans la ville, jaillissant des parcs et des jardins, ou s’étalant allègrement le long de ruelles pavées. Tous les tons verts portent l’espoir. Les plus sombres invitent à la réflexion, les plus légers parlent de folies festives. Lorsque l’on domine la capitale de la Tchéquie, un feu d’artifice tente de briser la grisaille des immeubles. Il éclate sur les façades, dont le jaune tendre ou le vert amande accentuent la sensation que la vie n’existe que par les couleurs.

Prague affirme son goût pour la création insouciante, celle qui refuse la rigueur du noir et du blanc, de l’obscurantisme et de la rigidité, de la contrainte et de la monotonie. Le délire baroque et ses enchevêtrements dorés ou les plis des vêtements des personnages, agités par un léger zéphyr, viennent rappeler que toute liberté doit admettre les excès. Les « visages fleurs » se fondent dans les décorations des façades, dont les faïences servent de toiles de fond aux colonnes élancées ou aux sculptures dépouillées. Un foisonnement de créations de toutes les époques interdit l’ennui et cultive le seul véritable espoir incertain, celui de la découverte. Le modernisme se dilue dans le passé, et les erreurs massives, écrasantes, bêtement rigoureuses, rappellent une époque douloureuse où le bonheur n’était pas dans la création.

Prague a toujours aimé son printemps et se pince de le voir désormais revenir sans effort. Elle a tellement désiré qu’il transperce la noirceur pesante du quotidien. La ville semble vouloir renforcer chacun de ses passages à travers l’histoire, comme pour ancrer son existence et se rassurer sur le fait qu’il ne repartira plus jamais. Il est vrai que son arrivée a tellement coûté à ses habitants qu’ils ne peuvent plus s’empêcher de laisser éclater cette joie immense que procure le partage d’une renaissance.

Tous offrent, avec fierté, leur cité aux influences diverses, au regard des autres. Ils ouvrent d’autant plus volontiers leurs cœurs qu’ils l’ont eu serré par la honte d’avoir perdu le romantisme de leur culture. Prague a chassé les sanglots longs des violons de son hiver, pour entonner l’hymne à la joie primesautier de son printemps. Le long de la Vlatva, les façades brodées s’étirent au soleil, le pont Saint Charles grouille de monde, les quais respirent la joie de vivre, les pédalos et les canots s’éparpillent sur le fleuve, les îles dissimulent leurs charmes dans des bosquets.

Flâner dans Prague, c’est traverser le temps et avoir la certitude que la liberté ne se donne pas mais qu’elle se prend, qu’elle se conquiert et qu’elle s’exprime sous de multiples facettes. Toutes les formes de création ont participé à cette évolution. L’attachement à la musique classique, la fierté d’avoir eu, avec le Président Vlacav Havel, un Président écrivain, l’importance donnée au patrimoine identitaire tchèque, ont permis à Prague d’effacer son caractère hautain, toujours symbolisé par son château, pour sortir de la grisaille de tous les hivers, ceux du climat et ceux des idées.

Quelque part, des passants pressés passent avec indifférence devant une modeste plaque posée à même le gazon. Il faut qu’un amoureux du printemps vous y conduise. Inutile de commenter. Deux visages stylisés, sérieux, déterminés s’incrustent dans le marbre noir, ce noir qui étouffait leur bonheur, ce noir qui enveloppait d’un linceul les couleurs de Prague. Des bouquets des premières fleurs des champs, apportés par des mains anonymes colorent cet espace sombre. Ils n’ont rien d’ostentatoires et c’est certainement ce qui fait leur valeur.

Ian Palach et Jan Zajic ont été deux hirondelles d’un printemps trop précoce. Ils n’ont pas voulu se cacher pour mourir pour leurs idées, qui embaument désormais l’air coloré de Prague, que l’on respire à pleins poumons. Offrez leur les chemins de la liberté…et imaginez combien il a fallu de courage pour mettre du soleil dans le cœurs.

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cet article a 6 commentaires

  1. J.J

    J’ai fait connaissance avec Prague il y a bien longtemps grâce à un ami de la famille, ancien déporté et qui avait été libéré et accueilli en Tchéquie (alors Tchécoslovaquie). Il y allait quelques fois et rapportait de magnifiques albums photographiques.
    Un rêve que maintenant que je ne réaliserai pas : admirer et voir couler depuis les pont Saint Charles la Vlatva, si magnifiquement chantée par une enfant du pays : Bedrich Smetana(j’ai eu la joie il y a quelque jour de voir, retransmis du théâtre de Prague son opéra : la Fiancée Vendue, version sous titrée, une merveille).
    Je me console en écoutant la Symphonie du Nouveau Monde d’Antonin Dvorak, un autre enfant du pays, avec un disque offert par mon ami déporté, qui lui avait été offert à lui même par une demoiselle Jana Dvorakeva (manquent les accents que je n’ai pas sur mon clavier).
    Car la Tchéquie est aussi une pays qui vit, et dont l’âme a survécu en chantant et en dansant.

  2. facon jf

    Bonjour,
    un bon et beau souvenir que ce voyage à Prague superbe ville découverte en décembre toute pavoisée et illuminée.Prague s’épanouit au XIVe siècle sous le règne de Charles IV. La richesse du patrimoine tchèque s’est accru au fil des siècles, comme les merveilles architecturales qui lui valent le surnom de « ville aux cent clochers », ainsi que d’innombrables lieux insolites et fascinants. Malgré des périodes douloureusement tourmentées et la rude période où les communistes assuraient la gouvernance du pays les habitants de Prague sont accueillants et souriants. Pour les plus courageux parcourir la capitale de l’ancien Royaume de Bohême à pied c’est découvrir un patrimoine incroyable, classé évidemment au Patrimoine mondial de l’Unesco. Partez tôt le matin pour éviter la foule sur le Pont Charles ce colossal monument baroque considéré comme un des plus beaux ponts d’Europe ! Tout du long, vous pourrez notamment voir des statues de saints et profiter de belles vues sur la Vltava et la ville. Une fois arrivés dans Malá Strana, vous pouvez découvrir ce quartier pittoresque et charmant. Les monuments incontournables sont le Palais Wallenstein et son jardin, l’Église Saint-Nicolas et le Mur de John Lennon, voisin de l’ambassade de France. Si vous êtes courageux montez vers le château de Prague à pied ou alors empruntez le tram jusqu’à l’arrêt l’arrêt Pražský hrad. Faites-en sorte d’arriver à une heure pile (11h00, 12h00, 13h00, etc.) pour assister à la relève de la garde. La plus impressionnante a lieu à midi. Visitez ensuite le Château de Prague, le siège du pouvoir des rois de Bohême, des empereurs du Saint-Empire romain germanique, des présidents de la République tchécoslovaque, puis de la République tchèque ! Situé sur la colline de Hradčany, il est notamment considéré comme le plus grand château ancien au monde. La gigantesque cathédrale Saint-Guy et la basilique Saint-Georges sont évidemment des incontournables ! Ses tours sont visibles partout depuis la ville. Mais pensez aussi à visiter le Palais Lobkowicz, un musée d’art, et également les jardins du Château. Si vous avez encore du courage et les jambes vous pouvez enfin rejoindre à pied la Vieille-Ville et découvrir alors l’horloge astronomique de Prague.
    N’hésitez pas à vous arrêter dans un des nombreux restaurants sur votre parcours pour vous réchauffer avec les plats traditionnels Tchèques. L’incontournable goulasch (guláš) est un plat en sauce à base de viande originaire de Hongrie adapté aux Tchèques par quelques variations. Vous pourrez déguster aussi le Svíčková na smetaně rôti de bœuf servi avec un type spécial de sauce à la crème aux légumes-racines. Une cuisine riche en goût que l’on rencontre partout dans les rues notamment le sandwich Chlebíčky et en dessert le trdelník ou gâteau cheminé en français est un dessert typique tchèque ou une gourmandise à savourer à tout moment partout présent dans les échoppes de la vieille ville. Les bières tchèques et les vins moraves, surtout blancs, sont de réputation internationale et participent de la culture tchèque si vous êtes amateurs faites vous plaisir vous ne le regretterez pas.
    Visitez la vieille ville de Prague et Josefov, dans les traces de Kafka. Outre la maison natale de Franz Kafka, le musée Kafka, la statue de Kafka est peut-être l’un des hommages les plus touristiques. La statue de Kafka est à l’image de celui à qui Prague rend hommage, Kafka chevauchant un homme sans main, ni tête, se situe au coin des rues Dusni et Vezenska . Un lieu éminemment symbolique, puisqu’il marquait bien la frontière topographique et mentale entre la Vieille Ville chrétienne et la ville juive « médiévale ». Située entre l’Église du Saint Esprit et la synagogue Espagnole, à côté de laquelle vécut la famille Kafka entre 1885 et 1887.
    Prague ne se limite pas à ces quelques lignes, j’espère que vous pourrez un jour visiter cette ville au cœur de l’Europe un vrai beau souvenir pour moi !
    Bonne journée

  3. François

    Bonjour @J.J. !
    Des caractères linguistiques vous manquent ? ! ! ! SOS dépannage, toujours à votre service ! ! ! !!!!!!
    Notre devise : « L’impossible est en train de se faire, mais pour les miracles, nous demandons un délai ! ! »
    Trés simple …
    Allez sur LEXILOGOS, choisir une langue, puis REchoisir une langue, cliquez sur les caractères recherchés, copier-coller la liste dans la partie libre de votre texte. Il ne vous reste plus qu’à copier-coller un à un dans votre commentaire et c’est gagné ! ! !
    Vu le printemps et les descriptions fleuries de J-M, nous vous faisons profiter de la gratuité du service ! ! !
    Avec des ⚘ ⚘ ⚘ et en souriant,
    Amicalement.

    1. J.J.

      Merci François ! ¿ Que tal ? ¡ Y gracias tambien !

      1. François

        está bien… como tú? Con sol pero cuidado con la luna roja! ! !
        Detengamos nuestro intercambio ahí: ¡el profesor nos va a castigar ! ! ! ! (Pur produit traducteur Google ! ! ! ! !!!!!!!) ☺☺☺☺

  4. A. Blondinet

    Et vous, comment Slavia?

Laisser un commentaire