La violence ruisselle sur le monde et par conséquent sur la société française. Je l’ai maintes fois dénoncé mais il n’y a aucune chance que je sois entendu. Elle s’est infiltré dans tous les esprits et elle a même le privilège de n’inquiéter personne car elle est banalisée. Les pouvoirs en place la légitime lorsque ça leur permet de conserver leur rôle. Les financiers l’appliquent discrètement en plongeant des pays ou des individus dans le marasme des guerres économiques ou simplement liées à leurs intérêts. Les religieux la développent pour accentuer leur emprise sur les peuples. Les médias s’en nourrissent pour augmenter leurs audiences. Les gens ordinaires la subissent et la reproduisent pour être écoutés.
La violence dégouline chaque jour des écrans quels qu’il soient. Des dizaines et des dizaines de crimes, d’actes répréhensibles servent de supports à des soirées familiales reposant sur des enquêtes vantant les mérites d’enquêteurs de salons. Les films éclaboussent de sang, de larmes, de mort ou de négation de la condition humaine. Ne parlons pas des juex vidéo qui n’existent que s’ils pratiquent la surenchère en matière de combats, de tueries, d’agressions. Même les dessins animés proposés aux enfants comportent plus de scènes de destruction négative que de tolérance constructive. La violence est légitimée par les images. Elle domine les esprits.
Le drame inqualifiable de l’attaque sur Israël auquel a répondu un véritable génocide dans la bande de Gaza a trouvé ses défenseurs plus ou moins masqués. L’horreur n’effraie plus personne sur une planète où les agressions sur l’environnement se multiplient et où le dérèglement climatique cause des ravages sur divers continents. Jamais le spectre de la destruction de l’Homme par l’homme n’a été aussi présent. Trop de citoyens détournent la tête et se contentent de hurler avec les loups haineux et agressifs. Le pouvoir parle de « violence légitime ». Quelle est sa légitimité ?
Depuis quelques jours une série d’événements désespérants (1) focalisent l’attention médiatique sur les établissements scolaires. Ils ne sont que le reflet de le milieu dans lequel ils sont installés et toutes les mesures (indispensables mais illusoires) annoncées ou prises n’effaceront pas l’imprégnation de la logique de la violence comme seule solution aux différences d’appréciation sociétale ou sociale. Le Président de ce qu’il nous reste comme République reposant sur la Fraternité a souligné que « l ’école « doit rester un sanctuaire » face à « une forme de violence désinhibée chez nos adolescents ». Je partage son constat mais je pense qu’il faudrait surtout qu’il en analyse les causes.
Comme le veut une tradition française très tenace le système scolaire est immédiatement en première ligne dès que le pacte républicain se fissure. Il a payé cher, très cher, les errements antérieurs avec les assassinats de ses serviteurs qui croyaient en l’éducation et pas seulement dans l’acquisition du savoir. La philosophie, l’histoire, les sciences humaines, la littérature, la laïcité présentée durant des décennies comme anti-religieuse et pas comme protectrice de la liberté des choix de la sphère privée, la coconstruction de projets : tout a été massacré au fil de réformes destinées à satisfaire des lobbies éducatifs rétrogrades.
La déstructuration familiale dont l’école n’est en rien responsable n’arrange pas une situation difficilement rattrapable. Ce que l’on appelle l’éducation à la « parentalité » à la Caisse d’Allocations Familiales touche qu’un nombre très faible de familles car peu de structures osent la mettre en place. L’enfant ou l’ado sont les « rois » et s’octroient tous les droits. La violence prospère dans les milieux dénués de repères et plus encore de culture. Elle se renforce par toutes les formes d’échecs que secrètent une société basant la réussite sur le pognon et sur l’individualisme triomphant.
En quelques kilomètres sur le contournement de la commune de Fargues j’ai noté six fautes grossières de conduite. Doubler à droite, ne pas respecter les panneaux de signalisation, rouler à une fois et demi la vitesse autorisée relèvent de la violence quotidienne et ne vous avisez pas de le faire remarquer car les signes de mépris jaillissent illico. Une publicité actuelle sur les télévisions présentent une petite fille demandant à son père ce qu’il est capable de réaliser de vraiment « extraordinaire ». Ce qu’il accomplit révèle les perceptions que l’on a actuellement chez les enfants de « l’extraordinaire ». Regardez bien !
Les défenseurs de la veuve et de l’orphelin n’ont plus la côte mais les possesseurs d’une belle bagnole ou d’un quatre-quatre surpuissant s’installent dans le subconscient des plus jeunes. Le fantasme de la réussite repose désormais sur la force aveugle et barbare. Nous en sommes tous responsables mais pas forcément coupables.
(1)Le collégien de l’Essonne en est mort
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Bonjour M’sieur. Encore une fois, ça va être de ma faute. Y’en a dans la cour qui parle de… la graine de violence à l’école!
…et ne vous avisez pas de le faire remarquer car les signes de mépris jaillissent illico…Encore faut il se trouver satisfait quand la réaction du malappris se cantonne au mépris et non l’agression physique !
Montaigne, déjà dénonçait cette quasi apologie de la violence : » Nous disons hardiment à haute voix : tuer, dérober, trahir; et cet acte là (l’acte génital sic), nous n’oserons le nommer qu’entre les dents ? « (sur les vers de Virgile)