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Raffut (1) : les prémices d’une coupe à deux vitesses

Le premier week-end de la Coupe du Monde de rugby s’est écoulé avec un impressionnant enchaînement de rencontres permettant de jauger cette compétition qui ne fait que débuter. En fait il est aisé de constater que des écarts considérables de niveau se profile au sein de cette compétition se voulant planétaire. Les résultats de quelques matchs laissent augurer des classements de poule reposant sur le système des bonus. La balade irlandaise a illustré à merveille cette situation de l’Ovalie planétaire : des pays émergents heureux de participer à une fête exceptionnelle mais n’ayant peu de chances de vraiment y tenir un rôle.

Le problème essentiel de ce sport dans lequel le professionnalisme a désormais pris une dimension, croissante réside dans le niveau des  compétions nationales. Comment les Chiliens totalement amateurs peuvent-ils espérer rivaliser avec la France, l’Afrique du Sud ou la Nouvelle Zélande ? Seules les équipes ayant une majorité d’éléments évoluant à l’étranger parviennent un tant soit peu à rivaliser avec les six premières nations du classement mondial. D’autres pratiquent « l’assimilation » de joueurs délaissés par leur pays d’origine. Des Samoans, des Tongiens, des Britanniques, des Néo-Zélandais, des Australiens aux origines familiales complexes, évoluent à des postes essentiels sous un maillot d’adoption.

Le vivier permettant de dégager une élite est trop réduit. La Fédération chilienne compte par exemple seulement 27 000 licenciés, celles des Samoa 8 500 ; celle de la Georgie un peu plus de 2 000. Et le nombre des clubs organisés chez eux dépasse quelques dizaines et sont souvent universitaires. L’Afrique du Sud dépasse les 635 000 et l’Angleterre 355 000 porteurs d’une licence. La France ne brille guère puisque le Rugby n’est que le dixième sport hexagonal et si l’on applique les mêmes critères que ceux des autres nations on arrive à un peu plus de 190 000 pratiquants en compétition officielle. Ces chiffres seront probablement en augmentation pour la prochaine saison sous l’effet de la compétition mondiale.

La Coupe du monde débutera vraiment en quarts de finale avec les huit premiers des quatre poules. L’Afrique du Sud, La France, l’Australie et probablement l’Angleterre retrouveront la Nouvelle Zélande, l’Irlande, l’Argentine et le Pays de Galles (ou les Fidji qui ont frolé l’exploit)  ce qui pourrait être la première et la seule véritable surprise. L’esprit historique du rugby ne sera pas nécessairement portée par tous ces qualifiés. Malgré la multiplication des recommandations, des réglements et des précautions les affrontements atteindront des sommets. Plus que jamais le rugby n’est plus un sport d’évitement mais d’affrontement !

Les Chiliens ont été à ce moment de la compétition les seuls à déployer une sincérité, une fraîcheur et une passion louables. Ils ont joué pour jouer et pas nécessairement pour démolir. Certes ils n’ont pas réussi tout ce qu’ils entreprenaient mais ils furent de vaillants combattants dénués de tout calcul négatif. La tendance est à l’efficacité à tout prix, à l’épreuve de force et à la satisfaction des chauffeurs de bulldozers arasant des montagnes. Les Fidjiens sont de la même trempe.

Les Bleus eux ont encore besoin de trouver une âme. Il leur faudra justement trouver l’équilibre entre la création et la résistance. Ils auront du mal face à l’Italie et il vaut mieux y penser en avance. D’autant que les « Tout noirs » vont faire le plein de bonus offensif dans les trois prochaines rencontres. Il ne suffira donc pas aux Français de gagner mais de largement gagner avec la manière. Ce sera plus dur face à l’Italie qui voudra sauver sa coupe du monde… et qui aura déjà affronté les Blacks. Rien n’est assuré. 

Plus de 200 points ont été marqués en sept matchs par les vainqueurs des sept rencontres disputées. Il faut s’attendre à un record des scores dans les éliminatoires et par contre à des résultats très serrés dans la phase des éliminations directes. Les « réserves » de chaque pays et donc l’homogénéité des effectifs jouera donc un rôle essentiel. Les fameux finisseurs tiennent déjà un rôle prépondérant et il est certain que fin septembre les infirmeries risquent d’afficher complet quand on voit les dégâts de la première confrontation.

Les foules sont au rendez-vous. L’ambiance correspond aux attentes. Le spectacle convient.  Pas un incident grave alors qu’un million de spectateurs de manière directe au stade ou indirecte dans des rassemblements ont suivi cette ouverture de la Coupe du monde. Pourvu que ça dure…

Cet article a 10 commentaires

  1. Gilbert SOULET

    Bravo Jean-Marie
    N’oublions pas qu’au Rugby, il y a ceux qui jouent du piano et ceux qui les déménagent !
    N’oublions pas aussi cet « hymne » que chantait Georgette Plana : Ah, prenez pour mari, un joueur de Rugby …
    N’oublions pas non plus cette banderole de l’époque, où en gare SNCF de Narbonne, s’annonçait : Béziers, Capitale du Vin; Narbonne, Capitale du Vin pur !
    Je n’ose vous parler des 3ème mi-temps … Vive le Rugby, Mais hélas les après-matchs d’antan !
    Rugbystiquement de Gilbert ex- de l’ASBiterroise des années 57-58, 58-59 et 59-60

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Gilbert…
      Vivent les « Bite et rois » ma mère ! Vivent les Biterrois !

      1. Gilbert SOULET

        Et même à l’époque, il se disait : à Béziers, où le biterrois la bite est reine

  2. Ménière Jean-Marie

    Ami Gilbert n’as-tu pas bien lu dans ce billet de Jean-Marie Darmian fin observateur et délicieux commentateur :

     » Plus que jamais le rugby n’est plus un sport d’évitement mais d’affrontement !
    Les Chiliens ont été à ce moment de la compétition les seuls à déployer une sincérité, une fraîcheur et une passion louables. Ils ont joué pour jouer et pas nécessairement pour démolir. Certes ils n’ont pas réussi tout ce qu’ils entreprenaient mais ils furent de vaillants combattants dénués de tout calcul négatif. La tendance est à l’efficacité à tout prix, à l’épreuve de force et à la satisfaction des chauffeurs de bulldozers arasant des montagnes. Les Fidjiens sont de la même trempe.
    Les Bleus eux ont encore besoin de trouver une âme.  »

    Encourageons toujours les lettres de noblesse originelle du rugby : « un sport de brutes servi par des gentlemans »

    1. Gilbert SOULET

      Un sport de voyous pratiqué par des gentlemen !

  3. christian grené

    La vidéo assistance, sans doute inventée à Toulon puisqu’appelée VAR, dira si mon essai était ou non à la limite du hors-sujet. J’étais tellement persuadé, dans son billet du jour, que JMD reviendrait aujourd’hui sur le séisme au Maroc qu’il me donne donc l’occasion d’évoquer ici la figure d’un rugby gentle man: Abdelatif Benazzi, né à Oujda en 1968, à qui échut le maillot de son pays en 1990, contre… la Belgique, avant de le troquer pour celui frappé du coq quelques mois plus tard. Il est aujourd’hui vice-président de la FFR. Mais je voulais surtout vous dire qu’il est des « Carnets de voyage » écrits par notre maître à tous qui revêtiront une incroyable acuité. A bon entendeur…

  4. Alain .e

    Présent au Matmut Atlantique hier soir, archi plein , je garderais un bon souvenir de cette soirée , super ambiance , fraternisation avec les Fidjiens assis derrière nous , vraiment rien à voire avec le foot ….
    un soutien appuyé du stade aux Fidjiens et un match indécis jusqu’ à la fin , en bref , que du bonheur .
    L’ arrivée au stade et le départ effectué en moto ne m’ ont pas posé de problèmes non plus , contrairement aux bus et trams archi pleins .
    Pour la suite , ce sera devant ma télé …
    Cordialement.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Alain…
      Heureusement qu’à la fin, on a retrouvé cette fraternité des salutations…

    2. Christophe

      Moi aussi, tout pareil Alain….Scooter , vélos.. que du bonheur

  5. Laure Garralaga Lataste

    Mon cousin « Fredo Campo », joueur de rugby à Bègles dans les années 50, avec Geneste, les frères Moga (Alban et Bambi) et bien d’autres, m’a fait aimé le rugby à 15… que je ne reconnais plus aujourd’hui !

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