You are currently viewing Donnez-nous notre pain quotidien du sondage

Donnez-nous notre pain quotidien du sondage

On assiste depuis quelques temps à l’absurdité politique la plus totale avec la publication… chaque jour d’un sondage relatif au scrutin des élections européennes ! Comment entretenir le suspense quand les variations sont infinitésimales ? Les titres suffisent à LCI, « Le Figaro » et Sud Radio. Si vous cherchez bien quel est le lien entre ces trois supports complémentaires vous trouverez vite l’intérêt de cette démarche confiée à l’IFOP-Fiducial. En fait il s’agit simplement de renvois ascenseur financiers et de pouvoir ainsi rabâcher durant deux mois que le RN grimpe, grimpe, grimpe et que toutes celles et tous ceux qui n’adhèrent pas à cette issue inexorable se mettent en marge d’une société exaspérée.

Les éditos flambent. Les titres pètent. Les commentaires sous les publications exultent. Sur le site de TF1 Infos maison mère de LCI on trouve ce genre de propos : «Le succès annoncé du Rassemblement national se confirme-t-il dans les sondages ? Le parti présidentiel peut-il limiter la casse ? Qui est en passe de prendre le leadership à gauche, la Nupes n’ayant pas réussi à se mettre d’accord pour constituer une liste commune ? À 17h, tous les jours jusqu’au scrutin (9 juin), avec notre partenaire Ifop-Fiducal, LCI et TF1info proposent une photographie en temps réel des rapports de force entre les candidats. » Et ils tiennent parole commentant des progressions infinitésimales transformées en écart retentissants.

« Il a suffi d’un week-end pour que le Rassemblement nationalcreuse encore un peu plus l’écart avec la liste Renaissance. Celle menée par Jordan Bardella est créditée de 32,5% d’intentions de vote, un score en hausse de 1 point. À l’inverse, la liste Renaissance stagne, à 18% des suffrages (=). La bonne nouvelle pour cette dernière c’est que Raphaël Glucksmann (PS-Place publique) perd 0,5 point (12%). » Imaginez un peu : les variations annoncées à grand renfort de qualificatifs sont en-deça du seuil de fiabilité de n’importe quel sondage mais l’essentiel c’est de pouvoir par exemple titrer dans le Journal du Dimanche de hier: « rien n’arrête la fusée Jordan Bardella ». Une baisse de 0,5 % qui ne représente que 18 à 20 000 voix si le taux de participation reste à 44 % est annoncée pour le PS-Place Publique ! Une variation dénuée de toute valeur fiable car très inférieure à une voix par bureau de vote en métropole.

A la fin de la publication donnant ces pourcentages l’annonce que personne ne lit lit mentionne : « Enquête Ifop-Fiducial pour LCI, « Le Figaro » et Sud Radio réalisée en ligne (sic) entre le 11 et le 15 avril 2024, auprès d’un échantillon de 1326 personnes inscrites sur les listes électorales et représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Ces résultats doivent être interprétés comme une indication de l’état des rapports de forces actuels (sic) et non comme un élément prédictif des résultats le jour du vote. » A méditer sur l’intérêt informatif quotidien de cette « prédiction » Il sera néanmoins ressassé l’improbable message que l’on souhaite voir entrer dans les esprits des dizaines de fois et sur des supports différents de telle manière que l’imprégnation soit la plus large possible.

Le Figaro y va de son couplet destiné à satisfaire son lectorat : « Bardella à un niveau record, l’écart avec Hayer n’a jamais été aussi grand… . Sur Sud-Radio qui appartient au groupe Fiducial on ne lésine pas avec un « 39,5% des intentions de vote se portent vers le bloc droites radicales/souverainistes » en cumulant des électrices et des électeurs qui sont parfois comptabilisés alors qu’ils sont en-deça de la capacité de mesure d’un sondage. Pas grave : l’information vire à la propagande pour la plus grande satisfaction d’un électorat évoluant au fil des faits divers. A l’Europe qui n’a jamais été aussi menacée il préfère l’arme ifdéologique redoutable du selfie !

Inutile pour le leader du RN d’aller débattre. Il a tout à perdre. Il laisse une stratégie de la banalité avancer jour après jour. Le fameux double effet de la lame de rasoir joue à plein : la première ramasse la mousse de l’actualité de plus en plus effrayante (situation financière du pays, montée des risques de guerre, drames de la violence extrémiste ou religieuse) et la seconde rase tout ce qui dépasse pour donner une image lisse et rassurante. On y ajoute le parfum d’un succès assuré ayant un caractère historique et on obtient la situation future d’un pays à la dérive.

Selon un constat de Coluche qui n’a jamais été aussi vrai, « les sondages, c’est pour que les gens sachent ce qu’ils pensent » surtout dans cette période marécageuse sur le plan des idées. Alors au cas ils auraient besoin qu’on les conforte on applique la pédagogie qui fut très efficace de la répétition. Vous allez-voir que si ça ne marche plus à l’école ça va fonctionner dans la vie sociale.

Cet article a 4 commentaires

  1. christian grené

    Bonjour Jean-Marie.
    Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’I-flop nous bourre le moût avec ces sondages pour nous pourrir nos vendanges et altérer notre rosé, 1981 restant la meilleure cuvée.

  2. François

    Bonjour J-M !
    Les sondages ! ! ! Voilà une merveilleuse création pour gaver les moutons-dociles … pour caution acquise d’avance. Quand ils sont favorables, ils sont adulés, encensés, glorifiés mais si le lecture est inversée, alors malheur à eux car l’Enfer les attend.
    Aaaah si Glucksmann était dans la première case ….! ! ! ! !
    Perso, les seuls sondages valables sont le résultat … nocturne voire matinal du vote ! ! ! Et encore …
    Amicalement.

  3. J.J.

    La petite bête RN qui monte, qui monte, …et qui redescend(jusqu’à présent).
    Mais à force de vouloir nous faire peur avec le RN, pour inciter les gogos à « bien voter », ça va finir comme l’histoire de Martin qui criait au loup, même si cette fois on a ajouté la Covid à la peste et au choléra.

  4. facon jf

    Bonjour,
    les sondages sont-ils fiables ? un journaliste du Monde a réussi à participer à des sondages sous plus de 200 identités différentes. Connaissant cela, il est aisé d’imaginer ce que pourraient accomplir quelques centaines de militants motivés et bien organisés ! A cela s’ajoute le fait que le choix des questions et la manière de les poser oriente énormément les réponses obtenues (effet de cadrage). La façon d’enchaîner les questions, qu’on appelle effet d’amorçage (bien connu en psychologie) peut produire des réponses différentes dans des proportions très importantes. Cela peut sembler anecdotique, mais il y a un risque d’utilisation politique de cet effet d’amorçage.
    Les résultats des sondages sont-ils fiables ? au moment de l’élection présidentielle française de 2002, aucun sondage n’avait anticipé que Jean-Marie Le Pen se qualifierait au 2nd tour face à Jacques Chirac. L’élection présidentielle US de 2016 donnait Hillary Clinton gagnante face à Donald Trump. Plus récemment, le résultat du référendum sur le Brexit au Royaume-Uni en juin 2016 a surpris tout le monde.
    C’est celui qui paye l’orchestre qui choisit la musique dit-on.
    Les instituts de sondage, qui influencent les électeurs appartiennent à qui?
    CSA : groupe Bolloré, qui détient également le groupe Havas et plusieurs journaux gratuits.
    BVA : groupe Bolloré et Rotchild avant de les céder en 2007 au fonds d’investissement Ixen. Aujourd’hui l’actionnaire majoritaire de l’institut est le gestionnaire d’actifs français Montefiore (51 %)..
    IFOP: En 1987, après le décès de Christophe Riboud, sa veuve Sophie Desserteaux devient PDG de l’IFOP, qu’elle revend, avant de se remarier avec Jérôme Seydoux. En 1990, Laurence Parisot, grâce à sa fortune familiale, prend la direction de l’IFOP, dont elle détient 75 % du capital.
    IPSOS; Pinault et Fidelity ( fonds d’investissement américain)
    SOFRES Kantar (fonds d’investissement Britannique ).
    Peut-on croire à l’objectivité des sondages? Vous je sais pas, mais perso j’ai des doutes ;-))))
    Bonne journée

Laisser un commentaire