Je vous proposerai chaque matin de parution de Roue Libre entre aujourd’hui et le 17 juillet et le 17 août des élucubrations estivales tirées de mon quotidien. Pardonnez-moi ce nombrilisme exacerbé… mais je me lasse de l’actualité qui me déprime.
Avez-vous remarqué qu’en été le café pris loin de chez soi, n’a pas du tout la même saveur que celui que l’on avale en vitesse le matin ou que l’on va soutirer à la machine collective le reste de l’année ? Même s’il est issu de la même cafetière il ne ressemble pas du tout à celui que l’on avale lors d’un jour de labeur ou à la fin d’un repas à la cantine. Le temps que l’on a devant soi pour le boire, donne toute sa dimension à la tasse de bonheur qui vous attend.
La manière de l’absorber compte autant que le breuvage et il n’y a pas plus grand plaisir que celui de savoir que chaque gorgée constituera un instant unique car justement intemporel. Il reste cependant à se pencher sur le contexte dans lequel on le prend. Selon le pays le breuvage n’a vraiment pas les mêmes atouts et selon les traditions on peut lourdement regretter sa dose quotidienne « normale ».
Bien évidemment l’idéal consiste à pourvoir se faire préparer son « expresso » à son goût. Une marque précise, un équilibre des origines, une mouture adaptée à la technique de fabrication accentuent les vertus du principe mitterrandien voulant qu’il faille en toutes circonstances, surtout en été, « donner du temps au temps ».Chez soi, en se levant sans contrainte, en sentant l’odeur subtile et familière du café qui vous attend, vers 9 ou 10 heures on se sent véritablement important.
Le petit-déjeuner ne devient plus une corvée matinale démoralisante mais un vrai moment de plaisir puisque la liberté de la gestion de sa durée enrichit considérablement le temps des congés. Que vous le vouliez ou non rien ne remplace cette situation puisque dès que l’on voyage la déception naît souvent des pratiques en matière de fabrication du « petit noir ». Une véritable déception matinale, une véritable pénitence que celle d’être privé de sa tasse quotidienne parfaitement adaptée à son caractère. Un mauvais café peut gâcher totalement un séjour dans un hôtel, chez des amis ou des familiers.
Allez donc aimer cette lavasse volumineuse que l’on sert par exemple dans les pays anglo-saxons! Certes on vous en donne pour votre argent mais la quantité proche de celle que l’on offre pour le thé, transforme ce qui doit être tonique en une « tisane » pisseuse imbuvable. Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada même quand on fait paradoxalement payer le prix fort pour un « expresso » alors que l’on est inévitablement déçu par ce qui est servi. mais bon on se contente de ce rappel du vrai café! Il faut aussi admettre que dans certaines régions françaises on n’est pas loin de constats identiques. Et souvent, la fréquence des « bols » finit par saturer la relation que l’on peut avoir avec sa dose quotidienne indispensable de caféine. pour moi l’abstinence est alors préférable à la saturation!
Il est devenu assez rare de terminer un menu dans un restaurant par un excellent café… et il devient rarissime de pouvoir apprécier une tasse convenable dans un bistrot, un bar ou une brasserie. Vendu souvent à prix d’or car il constitue la « rente » du lieu il n’a aucun parfum, une amertume cramée, une teinte « marronasse » qui justifient l’expression « avaler son café » plutôt que « déguster son café ». Tout se joue, quel que soit le lieu, sur la fraîcheur du café (ouvert au dernier moment), son mode de torréfaction (pas trop grillé), la grosseur du grain moulu (pas trop fin), la qualité (source si possible) et la température de l’eau ( 95°) et ensuite sur le récipient dans lequel il est servi pour lui permettre d’exhaler son parfum. Ces conditions ne sont que rarement remplies dans les commerces très fréquentés ou, à l’inverse trop peu fréquentés usurpant souvent sur leur façade le titre historique de « café ». Oubliez vite la décoction recuite qui mijote sur la cuisinière de certains estaminets de campagne!
En été on peut aussi trouver des contrées dans lesquelles il existe une vraie culture autour de ce breuvage seulement arrivé sur le vieux continent au début du XVII° siècle. Rappeler que le Pape a failli l’interdire car il était considéré hérétique d’en boire puisqu’il fut durant de siècles la boisson des musulmans bien avant le thé, permet de bien comprendre les rapports entre l’Italie et ce nectar précieux et rare. Tellement rare qu’on a vite imposé le principe des doses « serrées » jusqu’à l’extrême du coté de Milan.
Les vrais amateurs ne goûtent à Rome ou ailleurs qu’au plaisir farouche de la densité du breuvage issu du principe technique de la percolation. En été ce type de produit ne concerne d’ailleurs que les vrais amateurs d’émotions intenses car le plaisir du lien entre la dégustation et la durée n’existe pas. Il faut donc se concentrer sur l’essentiel de la tasse. La vérité se situe donc probablement entre le modèle transalpin et celui du la France. Mais ailleurs comme par exemple en Amérique du Sud, le café a également du volume, de la pureté, de l’ampleur dans un contenant pas encore totalement américanisée. Savoir en profiter fait alors partie intégrante du voyage!
En tous cas la saison des émotions ne permet pas de considérer le « décaféiné » ou le « lyophilisé » comme étant acceptable par un vrai vacancier comme il ne saurait l’être dans un verre en matière plastique ou un gobelet aseptisé. Attention aussi au « lait au café » (et rarement l’inverse) matinal qui ne permet vraiment pas de trouver le tonus nécessaire aux journées actives des vacances. En été il faut absolument se mettre au café bien brûlant que l’on ne va pas prendre d’un coup dans un bol mais dans une tasse réduite blanche, dépouillés pour avoir le vrai plaisir de ne pas se priver de son parfum. D’autant que toutes les études médicales sérieuses indiquent que 3 ou 4 cafés quotidiens sont excellents pour la santé et en particulier dans la lutte contre certaines formes de cancers. Commencez donc votre traitement le plus vite possible et comme en tout, préférez la qualité à la quantité.
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Je souscris à tout ce que tu as écrit sur ce breuvage.
Pour moi aussi, la journée ne commence qu’après le 2ème café du matin que je déguste grâce à une de ces nouvelles machines à expresso (une italienne bien sûr).
c’est une des rares satisfactions que je concède au progrès avec l’ordinateur et Internet.
Le seul bémol que j’ai déjà mentionné ici concerne l’évolution du volume des tasses dans les soi-disant « cafés », comme tu dis. Bientôt, on dégustera l’expresso dans un dé à coudre pour faire de plus en plus de fric et, même si la quantité ne doit pas primer sur la qualité, un minimum est nécessaire pour apprécier un bon café.
Allez bonne journée quand même…
@ à mon ami Gilles…
Commençant la journée sur « les chapeaux de roue » ( ‘je n’ai jamais compris d’où vient cette expression… puisque les roues n’ont pas de chapeau… hi! hi! hi!), je souscris à ton commentaire ! Vive le bon café du matin… sans sucre et non coupé pour moi… !
Le café n’étant vraiment pas ma tasse de thé, je ne peux déguster toutes les finesses nécessaires à satisfaire un amateur de café.
Snob, sans doute, bien qu’absolument pas anglophile, je ne consomme que du thé et je suis dans ce domaine un parfait béotien en matière de dégustation.
Darjeeling ou vert, ou noir, Earl Grey, peu importe (un petit faible quand même pour le thé fumé de la Compagnie Coloniale, mais pas facile à trouver et à connotation désagréable).
Le thé me sert surtout à « faire couler » le pain et le fromage (de chèvre de préférence, type Sainte Maure si possible, et de fabrication locale) de mes agapes matinales.
@ mon ami J.J. serait-il un peu Anglais sur les bords ? !
Allez, sans rancune… et à demain, car je replonge dans mes écritures…
Je suis, je dois le reconnaître, totalement caféinomane, depuis ma jeunesse. Un jour sans ☕️ est une torture pour mon esprit, un manque pour mon corps. A l’étranger, je suis souvent obligée de me tourner vers le thé, aborhant la pissette écœurante des coffeeshops. Ah, le bon bol de café du matin, suivi d’un petit expresso à 11h, et les suivants qui scandent la journée jusqu’au dernier qui remplace le dessert au dîner . Une folie douce, je l’avoue.
Et j’ai découvert, à ma grande surprise, que l’Italie était la plus grande importatrice de café de basse qualité… C’est donc que les Italiens ont le plus de talent de torréfacteur et cafetier? Parole d’accros !
@ à mon amie Denise…
Nous sommes 2/deux… alors, « Bienvenue au club ! »
L’expression « sur les chapeaux de roues » signifie « à grande vitesse, avec précipitation ». Elle est employée pour désigner un véhicule qui démarre très rapidement, qui prend un virage sur les chapeaux de roues, la voiture allant jusqu’à s’incliner sur le côté. Dans ce cas précis, les « chapeaux » représentent les enjoliveurs des roues d’une voiture. Le chapeau est donc cette fameuse pièce métallique qui protège le moyeu d’une voiture, et en aucun cas une coiffure de forme ou la partie supérieure d’un champignon. Au sens figuré, cette expression s’applique pour désigner une action effectuée avec beaucoup de précipitation et d’agitation, au rythme soutenu, qui démarre sur les chapeaux de roues ! » (Google)
Je suis allé passer 8 jours dans les Pyrénées Orientales et la seule chose qui m’ait manqué… c’est ma cafetière expresso! Argh! accro…
Compassion fraternelle
Gainsbourg en avait fait une chanson , couleur café , avec un couplet savoureux .
« L’amour sans philosopher
C’est comme le café
Très vite passé
Mais que veux-tu que j’y fasse?
On en a marre de café
Et c’est terminé
Pour tout oublier
On attend que ça se tasse »
Moi, je me rappel surtout qu’ on y ajoutait à une certaine époque de la chicorée Leroux ….
Aujourd’hui , machine à broyeur et café en grain me vont très bien , malgré le bruit qu’ elle fait et j’ aime aussi le café frappé , bien rafraichissant évidemment .
Cordialement .