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Détestons nous les uns les autres !

Lorsque vous avez les oreilles grandes ouvertes dans des lieux où il est possible d’écouter sans intervenir, une notion sociale prend de plus en plus d’importance : «sanctionnez les autres de la manière la plus impitoyable qu’il soit mais laissez-moi continuer à faire comme eux ! ». Je ne rencontre que des personnes avides de punitions, de condamnations, d’exécutions pour des faits divers appartenant parfois à leurs habitudes quotidiennes. Le principe simpliste gagne du terrain avec les effets des discours populistes ciblés. Les autres, termes vagues visant dans 90 % des cas les « arabes » et les « immigrés » ne sauraient être que les coupable idéaux de tous les maux de la société.

Les plus grands défenseurs des forces de l’ordre restent ceux qui souvent protestent de manière véhémente contres les sanctions dont il font eux-mêmes l’objet. « Ils n’ont rien de mieux à faire que de contrôler la vitesse ! » entend on de la bouche de celui qui vient d’enfreindre les limitations en vigueur ou stationner n’importe où. Les sens interdits sont des aberrations lorsqu’ils sont empruntés pour gagner une place de parking mais si un automobiliste se trompe il est aussitôt cloué au pilori. Les couloirs de bus n’existent que pour faciliter la rapidité des automobilistes « qui travaillent » et pas des autres fainéants. Une puissante automobile mal garée pour aller quérir des cigarettes ou du pain ne gêne que les couillons qui installés dans les emplacements autorisés, ne parviennent pas à sortir. Et les exemples ne manquent pas dans la vie ordinaire : le respect des règles n’est l’affaire que des autres. « S’il le fait je ne vois pas pourquoi je ne le ferai pas !

Plus le niveau social s’élève et plus les accusations portées vers « les tricheurs », « les assistés », « les racailles » fleurissent en oubliant souvent la manière dont eux-mêmes se comportent et okus encore d’où ils viennent. Eux, les citoyens qui savent compter, s’arrogent le privilège de frauder le fisc ou de ne pas déclarer les personnes qui sont à leur service. Toute vérification de leurs revenus constitue une atteinte à leur liberté car eux ils bossent pour entretenir les autres qui vivent à leur crochet. Les paiements en liquide constituent leur quotidien et ils ne connaissent pas les factures autant que le font les tenants de l’économie souterraine. La tricherie est devenu un sport national. 

Dans les quartiers en ébullition, les trafics organisés drainent des sommes colossales échappant à tous les radars officiels. Des trains de vie (voitures ou matériels de luxes, fringues, vacances…) exceptionnels mériteraient au minimum des interrogations de la part des services spécialisés. Comment ces dépenses sont effectuées ? Auprès de qui sont-elles effectuées ? Quelles rentrées financières les autorisent elles ? Les contrôles ordinaires sont parfois les plus redoutables mais très très rares. La sensation que l’on s’attaque au plus faciles à coincer s’amplifie et comme les autres, les « puissants » ne sont jamais inquiétés tant ils savent louvoyer la perception d’une vraie injustice monte chaque jour un peu plus. Ces dernières pratiques excusent bien des comportements contraires à la loi des… autres .

Il n’y a plus aucune rempart contre cette nouvelle donne. Il y a toujours un «autre » identifié stigmatisé qui justifie ses propres manquements. Si lui le fait je ne vois pas pourquoi je ne bénéficierais pas du même avantage licite ou illicite. Il serait par exemple très intéressant de connaître l’avis de la Cour des Comptes sur les effets du « quoi qu’il en coûte ». Pour le moment une évaluation de la fraude que ce processus a généré s’élèverait à… 174 millions d’euros. Mais chut ce sont les autres, les allocataires du RSA qui profitent des largesses de la solidarité quand de l’aveu même de certains ils ont réalisé souvent de belles plus-values non imposables.

En définitive le pays qui est le nôtre est devenu un terrain d’affrontement entre les uns et les autres. Tout repose désormais sur la capacité des uns à inspirer ou à repousser les autres. La morale se construit de plus en plus à partir d’exemples puisés dans cette dualité.

Comment par exemple expliquer de lourdes sanctions pour les uns et des années de procédure permettant aux autres d’échapper aux foudres légitimes de la justice ? Comment justifier que les uns vivent dans l’opulence ostentatoire que l’on sait illégale quand beaucoup d’autres ne parviennent pas à joindre, dans le respect de la loi, les deux bouts ? Pourquoi irai-je à l’école, au collège ou au lycée quand les autres ne s’y rendent pas ? Si les uns piquent dans une boutique saccagée je ne vois pas pourquoi les autres n’en profiteraient pas ? Je construis une terrasse, une piscine, une véranda, un abri de jardin sans autorisation car les autres ne l’ont pas demandé ! La citoyenneté dont plus grand nombre ne connaît la signification se délite ! 

La devise de la République qui offre la liberté, prône l’égalité et défend la fraternité se trouve bien malmené par ces deux phénomènes : la notion de droits prioritaires et de devoirs facultatifs  et celle plus récente de la faute excusable par référence à celles supposées au réelles dont on a connaissance. Chacun adapte sa conscience à ce contexte qui devient inquiétant car nous devenons tous des autres pour quelqu’un ! 


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Cet article a 7 commentaires

  1. François

    Bonjour J-M !
    Allons, allons, J-M, un grand garçon comme toi qui a bien entendu le « quoiqu’il en coûte », tu n’as pas capté son jumeau « on peut bien ! ! » ? Pourtant, il doit circuler dans ta bonne ville, ce garnement sauvageon qui fait un doigt d’honneur à toutes les règles du Bien-Vivre ensemble et de sa sœur Citoyenneté. D’ailleurs, il me semble avoir lu dans ces colonnes que tu en porté les traces profondes de son élucubration honteusement pardonnée par Blanche Hermine, n’est-ce pas ?
    Tout fout le camp, mon bon Monsieur !
    Peut-être faut-il faire son examen de conscience très intime ? Mai 68 n’a t’il pas trop lâcher … casser la bride de la Morale ? Tu sais bien, toi, cette ligne parfaitement écrite à la craie sur le tableau noir et que tu prenais en pleine face en rentrant dans la classe, te marquant quotidiennement …pour la Vie !
    Cet état de fait que tu dénonces, personnellement, je l’imagerai par le tollé général soulevé par ce préfet proclamant « deux gifles et au lit ! » : le 119 va disjoncter ! !
    À vos claviers, Mesdmes, Messieurs ….
    Amicalement

    1. François

      Euh … que tu en portais les traces ….
      ….trop lâché ….cassé la bride …
      Avec mes excuses ! ! ! !!!!!!!!

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à mon ami François…
        Merci… Monsieur le Professeur !
        Tu connais la chanson ?

  2. Laure Garralaga Lataste

    « Et que celui qui n’a jamais fauté… lui jette la première pierre ! »
    Aucune crainte… tu ne risques rien !

  3. Laure Garralaga Lataste

    En 1950, pour certains.es… j’étais déjà « l’arabe » : « Sale race d’Espagnole, fout le camp dans ton pays ! » Combien de fois l’ai-je entendu cet outrage… ! ! ! Je serrais les poings et les dents en me disant…  » un jour, tu verras !… »
    Mais l’outrage qui m’a le plus révoltée fut… celui qui s’adressa à ma mère… »elle parle le français comme une vache espagnole… » ! Sont-ce ces insultes qui m’ont déterminée à devenir professeur d’espagnol et de français… ? Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, je leurs dit… MERCI !

  4. patrickG

    Hélas, on ne peut que partager la plus grande part de ton discours. Certes cela n’était pas mieux avant, mais il est certain que ce sera pire demain… Et quand les « têtes » de la société sont exemplaires de malhonnêteté et de mépris pour la Loi, cela ne risque pas d’apaiser la vie quotidienne des petites gens qui ne peuvent plus décemment ignorer qu’ils ne sont là que pour entretenir les élites. Alors pour qu’elles raisons devrions-nous en sus leur faire porter le poids de leurs réactions brutes de décoffrage? Nous sommes tous responsables de cette dégradation. Et puis, nous avons tous nos « zones » d’ombre où l’intelligence cède soudain la place à des incongruités… que nous jugerions inacceptables si elles émanaient des autres.

    Ps: Sourions, nous sommes filmés. Avoir une vie privé relève maintenant de la résistance active ! La réalité a relégué « 1984 » au rang de comptine pour petite fille de bonne famille d’antan et il n’y a que peu de personnes pour s’en offusquer. C’est notre présent et le futur des plus jeunes que nous. Cela devrait nous occuper tous plus intensément et je parierai que dans 50 ans, nos générations seront pointés du doigt… de la même façon que nous avons pu traiter les générations précédentes de collabos

  5. J.J.

    Tout cela encourage à penser que tant qu’à être malhonnête, mieux vaut détourner des fonds publics, faire des déclarations frauduleuses procurant de substantiels avantages, commettre des abus de biens sociaux, engranger des bénéfices illicites, que de voler un camembert : on risque moins d’aller en prison.
    Selon que vous serez…

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