You are currently viewing Sortie malheureuse de la piste à l’étoile

Sortie malheureuse de la piste à l’étoile

Cette finale d’une Coupe du monde déclenche un tsunami de superlatifs. Il est vrai que le scénario hitchcockien d’un match hors normes favorise la démesure. D’ailleurs tout aura été hors normes au Qatar et pas forcément dans le bon sens. N’empêche que rien que pour cette ultime étape, la compétition restera dans l’Histoire du football. Elle aura été déstabilisante, poignante, angoissante et exaltante. Un arc-en-ciel de sensations.

La déferlante des pétrodollars dont on ne sait pas trop jusqu’où elle a bien pu aller, a colmaté toutes les brèches réelles dans le respect de la vie humaine, de l’écologie, de la démocratie ou des les libertés individuelles. L’apothéose sportive d’un Argentine-France de légende ajoute à cette sensation que le Qatar a atteint son objectif : prendre place dans les nations qui comptent et que l’on reconnaît. La terrible machine jusque là implacable du fric a cédé la place à un heure de déraison affective. 

L’émirat va maintenant très rapidement retrouver le désert. Les Français aussi car une telle défaite vous empêche durant des semaine de revenir vers la vie collective. Durant plus d’une heure, les Bleus auront été aux abonnés absents. Une apathie individuelle et collective des tauliers habituels dont on connaîtra peut-être un jour les raisons, a rendu la tâche facile aux Argentins. Stressés ? Émoussés ? Mal remis du virus mystérieux ? Paralysés par l’enjeu ils en oublièrent leur jeu à moins qu’ils n’aient été physiquement incapables de l’assumer. La traversée du désert !  

Griezmann errait comme un chien courant poursuivant la trace de proies invisibles. Dembélé perdait ballon après ballon. Rabiot avait laissé sa combativité dans son confinement récent. M’Bappé attendait à la porte du garage de ses ambitions. Théo Hernandez se démenait avec maladresse et imprécision. Giroud obsédé par son rôle de sauveur ne parvenait pas à maîtriser un seul ballon. Koundé apprenait le « je vous salue Di Maria », ce dont a profité l’ex-parisien sans se faire prier. La France jouait à qui perd gagne ! La France du foot spectacle manquait son rendez-vous.

Lent, fatigué, hésitant, déboussolé l’essentiel réputé stable de troupe possédant la clé Deschamps, laissa la voie libre à un Messi prêchant la bonne parole sans risque d’être vraiment contredît. Méconnaissables, des Bleus sans âme passaient à coté de leur finale. Tout le monde rengainait ses pronostics favorables aux tenants de la Coupe Jules Rimet. Tout est perdu même l’honneur : la « Messi » était dite d’autant plus facilement qu’aucun vent de révolte ne soufflait sur les équipiers d’un Lloris livré à lui-même. Une pandémie de défaillances en tous genres accablait une équipe condamnée à regarder les Gauchos prendre le pouvoir.

Dédé la Science eut le grand mérite d’en prendre conscience. Il abattit la carte des changements afin qu’il n’y ait pas de continuité dans la médiocrité. Une stratégie salutaire puisqu’après un savon aux vestiaires lentement le ciel devint plus bleu. Un premier signe d’un destin plus favorable offrit à M’Bappé un coup de pied de réparation salutaire avant que d’un autre coup de ciseau il déchire les certitudes de l’Albiceleste. La France retrouvait son entrain, sa volonté, sa fougue. Elle ne les oublia plus jusqu’à l’ultime minute de la prolongation où après la main de Dieu maradonesque il y eut la jambe providentielle d’Emiliano Martinez !

Les maillons faibles ou les moins convaincants furent peu à peu remplacés. Varane et Rabiot n’ayant plus d’énergie furent suppléés à leur tour. Preuve s’il en fallait une que le virus avait détruit les corps et probablement les esprits malgré les tisanes au gingembre et au miel du docteur Dembélé. Les entrants mirent à mal dans le seconde heure de cette rencontre des adversaires déstabilisés par une déroutante « remontada ».

Bizarre cette différence de motivation, de vitesse, de détermination entre titulaires installés et remplaçants affamés. Thuram, Kolo Muani, Conan, Fofana, Kanouté et Camavinga et un M’Bappé revigoré rivalisaient avec des Argentins sonnés mais pas KO. Sans être une équipe de Phénix la France renaissait de ses cendres répondant avec un second penalty à l’avance prisse par l’Albiceleste. Elle tutoya même son étoile à quelques secondes du coup de sifflet final. Elle se révéla filante puisque le gardien réussit à détourner la fusée de Kolo Mani.

La Française des Jeux des tirs directes au but spécialité française maudite se révéla évidemment défavorable à la France. Tchouameni (quel dommage qu’il altère ainsi son parcours qatarien) et Conan échouèrent donnant la victoire à des Argentins beaucoup plus expérimentés. Le rideau tombait. La Coupe du Monde débordait d’amertume. La « tortue » française avait été devancée sur le fil le « lèvre » argentin.

Le Qatar, la FIFA et bien des téléspectateurs à travers le monde s’en réjouiront. Messi payé au quotidien par le Qatar, emblème pour les instances du football internationale, sponsorisé par Adidas a brandi le seul trophée qui manquait à son palmarès. Une tête de gondole pour faire oublier tout le reste….Le Mondait parfait pour l’émirat ! 

Certains verres se sont brutalement vidés au Bistrot des Copains. D’autres destinés à noyer une désillusion se sont remplis.  Chacun y est allé de son commentaire, de son appréciation, de sa critique. « Ils ont perdu ! On aurait du gagner!  »  On s’est séparé couvert de bleus provoqués par une succession de coups au moral, en colère, désabusé ou fataliste. On n’a pas fini de discuter au comptoir des choix de Deschamps, le sélectionneur messie devenu tout à coup l’apôtre de l’apocalypse. Mais que le foot est beau quand on le laisse aux joueurs. Dans quatre ans ? C’est loin pour moi ! 

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cet article a 14 commentaires

  1. J.J.

    Je ne retiens qu’une chose de cette affaire, c’est qu’ environ 30 000 argentins, dans un pays au bord du drame économique, avec une population misérable, au bord de la famine, 30 000 argentins argentés , dis-je, on trouvé les moyens de financer un voyage et un séjour probablement très coûteux. Certains ont emprunté se dit-il, certes mais pour emprunter il faut des garanties , non ?
    Comprenne qui voudra …

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami J.J.…
      Qui a dit « le sport est un opium décérébrant…  » ?

    2. CIMBRON Segundo

      Argentins « argentés » ? Beaucoup ont vendu leurs maisons pour pouvoir se payer le voyage…

      1. J.J.

        La preuve qu’ils étaient argentés puisqu’ils avaient une maison, au contraire de ceux qui couchent dehors.

  2. Lecomte Pascal

    Très belle rubrique!
    En accord avec le commentaire de J.J.

    Pour ma part, je retiendrai un coupe du monde où les brutalités étaient admises … Beaucoup trop!
    Il me semble que les consignes étaient de laisser jouer et d’éviter les cartons, rouges surtout. Ce qui revient à normaliser les agressions. Serait-ce à l’image de ce monde?
    Beaucoup d’équipes ont profité de ce laxisme consenti. Certes le football n’a jamais été un sport de fillettes, mais quand on attrape volontairement un joueur qui part en contre-attaque pour annihiler son action, pour moi c’est un jaune direct sans pourparlers. Les argentins ont très bien su le faire.
    Au cours de ce mondial, je n’avais jamais autant vu de tacles debout par derrière qui consistent à faire croire qu’on cherche à toucher le ballon pour finir sur les chevilles ou les pieds des adversaires. Ce genre de recettes pour intimider l’adversaire devient très commun chez les hommes et on commence même à le voir plus souvent chez les femmes. Pour moi ce geste mériterait également un jaune, systématique à la récidive.

    L’Argentine méritait cette victoire de par son engagement et ses qualités techniques et tactiques mais cela restera pour moi un vilain vainqueur truqueur constamment en train de chercher à influer l’arbitre et rompu à l’exercice de l’anti-jeu.
    C’est sans doute cette leçon de vie que les grands de ce monde, FIFA inclus, souhaitent diffuser dans ce monde néo-libéral …

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Pascal…
      Le carton rouge n’existerait donc pas !
      Ceci expliquant cela… on comprend mieux… !

  3. Laure Garralaga Lataste

     » Dans quatre ans ? C’est loin pour moi !  »
    Et donc pour moi… ! ! !
    Et n’oublies pas que le temps nous est aussi compté sur d’autres chantiers… !

  4. Montanguon

    Cher Jean-Marie, je te trouve bien indulgent avec « Dédé la science ». Sa tactique pendant 80 minutes de laisser les Argentins libres de leur mouvement au milieu du terrain reste pour moi incompréhensible. Mont

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Mont…
      Je n’ai pas regardé le match, mais si je m’appuie sur les réactions captées par mes oreilles… ce furent 80 mn de tacles et autres coups tordus invisibles pour l’arbitre… ! ! !

  5. Alain. E

    Ah les Argentins , tous des gauchos , ou pas …..
    en tout cas , ils ne ressortent pas grandis de cette finale , chants racistes contre Mbappé ,gestes déplacés du gardien avec son trophée et minute de silence dans les vestiaires contre le mort Mbappé , insultes contre Camavinga , etc….
    Le but de Messi pas valable , remplaçants entrés sur le terrain trop tôt et la chance d’ avoir bénéficié de nombreux penaltys sur toute la compétition .
    En bref , des joueurs qui dégagent une vrai masculinité toxique , qui font des barbecues et grillades en excès comme dirait Rousseau .
    les traiter de bouchers serait une offense à cette profession .
    Messi aurait du naitre brésilien , la nature est mal faite .
    Désirant mettre en avant l’ esprit de noël , je retire donc tout ce que j’ ai dit , ce n’ est que du foot et pas toujours du sport …
    Cordialement .

    1. Pascal Lecomte

      En accord avec vous!
      Hier les délinquants du football étaient de sortie, l’arbitre aveugle ( une passe au gardien qui a valu à Giroud un carton jaune pour avoir osé le dire), et que dire de la VAR inexistante malgré 5 ou 6 arbitres devant de multiples écrans, oui Messi méritait beaucoup mieux que cet entourage!

  6. Pierre LASCOURREGES

    Et surtout, après tout ça , n’allez pas pas croire qu’il faille « prendre des Messi pour des lanternes »

  7. LAVIGNE Maria

    Ouf ! c’est terminé
    Ce que je retiendrai de tout cela c’est que des milliers de morts ont servi de tapis pour des jeux et là j’ai mal.
    D’autre part, à la fin du mandat Jupiter pourra remplacer Didier pour sélectionner les futurs champions.
    Vive la République, vive la France

    1. Pascal Lecomte

      En plein accord avec vous
      Les qatari ont tellement d’intérêts financiers un peu partout que toute indignation a été bien muselée, FIFA fédérations en premier, triste monde…

Laisser un commentaire