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Le gouvernement des réparateurs de pneus vietnamiens

L’une des plus grandes spécialités politiques de la France reste le culte de l’immobilisme. Il garantit la longévité de celui qui l’applique dans la gestion des affaires publiques. En effet la moindre poussière soulevée se transforme dans le contexte social actuel en tempête de sable. Les oppositions multiples déchaînent des réponses à tout ce qui constituent selon elles une atteinte à la qualité de vie de leurs mandants. Mieux on trouve souvent des opposants aux opposants qui pour conserver leur statut d’opposant souhaite tuer ceux qui peuvent le leur ravir. La plus grande chance de l’oublieux de Bétharam réside dans le fait qu’il ne propose rien et qu’il repousse à la période estivale les propositions pouvant déclencher des tirs de barrage.

Le silence devient dans un monde surmédiatisé dans lequel le souffle d’un mot enclenche une tempête vite exploitée, il vaut mieux faire profil bas. Le muet de Matignon parle donc pour ne rien dire, tout en promettant de bientôt signer son arrêt de fonction en dévoilant un grand plan de réformes. La menace permet seulement d’entretenir l’illusion que le gouvernement est en mesure de…gouverner. En laissant la parole à deux coqs de combat ravis de déchaîner les passions xénophobes ou populistes l’ermite du Béarn apparaît comme le sage nourri à la mamelle du centrisme mou. Moins il cause et plus il donne du temps au temps.

Les valeurs républicaines sont taillées en pièces de tous les cotés par les uns et forcément par les autres sous le regard distrait de celles et ceux ayant la charge de les défendre. Le racisme s’incruste dans les esprits attisé par des déclarations inadmissibles dans un monde civilisé. Les inégalités se creusent chaque jour un peu plus. Les libertés n’existent plus réellement dans un monde où toutes les technologies restreignent son exercice. La laïcité se délite sous les coups de boutoir répétés de tous les extrémismes religieux. Le triptyque historique est malaxé, dénaturé, dévoyé au profit de stratégies personnelles ou collectives peu avouables.

Les consciences s’endorment. Elles ont été remplacées par des réactions ou processus politiques « alimentaires ». Le gouvernement est dans le principe célèbre : « action-réaction » ou dans l’attitude du plombier qui tente de boucher toutes les fuites avec ses doigts. Dans les rues des grandes villes vietnamiennes des réparateurs de pneus crevés attendent assis sur leur talons devant une bassine d’eau. Ils ne disent mot. Leur art de la rustine permet souvent de prolonger la durée de vie d’une chambre pleine d’air dont l’avenir reste limité. Ils pourraient vraiment occuper un poste ministériel en France.

Les députés ont voté l’abolition de la loi sur la réforme des dispositions pour faire valoir ses droits à pension. Ce qui aurait pu être le début d’une révolte salutaire n’aura aucune suite puisque le règlement a prévu que ce genre de vote n’engendre aucune obligation d’application. Alors le silence reviendra dans la sphère sociale et l’on continuera à palabrer pour arriver à démontrer que cette décision n’a aucune chance d’être revue. Le temps étouffera la révolte. On passera vite à autre chose en ouvrant une polémique sans autres effet que celui de mobiliser les couillons qui s’y engouffrent.

La désolation idéologique actuelle avec une tendance à tout ramener à des questions d’intérêt personnel ou partisan, a conduit à une tambouille dans laquelle plus personne se reconnaît. D’ailleurs il est devenu impossible de s’exprimer sur le fond puisque les reproches fusent immédiatement avec une phrase symbolique : « tu fais de la politique ! ». Prôner la haine, l’inégalité, l’exclusion, le mépris, la répression, l’acculturation, le droit à tricher ce n’est pas en revanche « faire de la politique »… Défendre la tolérance, l’équité, la cohésion, le respect, la légalité, la prévention, l’éducation, l’honnêteté devient suspect.

La banqueroute et la redoute menacent. Ce ne sont plus des hypothèses mais des certitudes dont on ne connaît pas les délais de concrétisation. Le scénario ressemble de plus en plus à celui du film « Le désert des Tartares » avec l’attente dans une forteresse oubliée les sentinelles attendent, attendent, attendent… jusqu’au jour les mariages du désert arrivent ! Plus aucun repère. Plus aucune trace. Plus aucun espoir.

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    En un mot comme en cinq, : c’est le b…. madame Adèle, ou les bienfaits du chacun pour soi et de la société capitaliste.

  2. J.J.

    P.S. Malgré certains constats négatifs, j’aimais mieux ton article d’hier.

  3. faconjf

    Bonjour,
    enfer et lamentations, tel est le discours du Béarniais, qui comme Jérémie déplore la destruction de Jérusalem et les afflictions de son peuple. Mais, même dans son chagrin,le Béarniais témoigne de la compassion au Seigneur pognon qui justifie tous les efforts des gueux en épargnant les possédants.
    Derrière son dos la cacophonie s’est installée dirigée par un nombre croissant de chefs d’orchestre(s) autoproclamés. Chaque grand mamamouchi * joue sa propre partition accompagné par sa troupe de portes-coton. Le résultat global écorche les oreilles et les consciences. Il est clair que l’objectif du Béarniais est de durer en adoptant la stratégie du caméléon, rester immobile tout en changeant sa couleur pour disparaître dans le paysage.
    Le gouvernement au sens collectif est réduit à en faire le moins possible pendant que les ténors s’égosillent en ajoutant les stupidités aux absurdités. La médaille d’or revient au sieur Dard-Malin avec son bagne nouvelle formule en Guyane. La plus belle idiotie qu’il a proférée récemment c’est la suppression de l’argent liquide pour faire échec aux trafics de drogue. Comme il semble avoir séché les cours d’économie, un petit rappel s’impose. En matière économique l’activité se résume à une équation simple MV = PQ
    M c’est la quantité de monnaie ou la masse monétaire, V sa vitesse de circulation, P le niveau des prix et Q est le volume des produits échangés au cours d’une période donnée. Le cash reste indispensable car sa vitesse de circulation ne connaît ni les limitations de vitesses ni les radars. De ce fait l’argent en cash (monnaie fiduciaire) circule plus vite que la masse monétaire dite scripturale (les écritures sur les comptes bancaires). Le cash c’est aussi un régulateur social et de misère, c’est le bifton que l’on glisse discrètement au sdf ou aux mômes. Personne n’a donc expliqué à Gérald « comment kon fait » pour blanchir même avec des cartes bleues? Sans trop rentrer dans les détails, disons qu’il y aura création d’une multitude d’entreprises qui encaisseront des transactions par CB ou même par virements immédiats, puis ces sociétés enverront les fonds à l’étranger toujours par virement, puis il y aura enquête. « ON » s’apercevra que tout est faux ou presque. Ces sociétés seront fermées et d’autres prendront le relais. Il sera même possible de faire payer directement par CB sur des TPE qui sont en réalité reliés directement à des banques à Dubaï… bref, la suppression des espèces ne fera suer que les honnêtes gens. Personne n’a dit à Gérald (ancien sinistre de l’intérieur) que c’est déjà ce qui se passe avec les lessiveuses à blanchiment de liquide que sont les « nouveaux commerces vides » ( Barbers, bar à chicha..) peuplant les rues désertes de nos villages?
    Nos mamamouchis pensent qu’il y a une manne à récupérer avec l’évasion fiscale et le travail au noir lié aux espèces.
    Ils se trompent totalement.La suppression des espèces c’est juste un pas de plus vers la société du contrôle. Un contrôle total.
    Les espèces vous permettent un « refuge ». Dans une société du tout numérique l’État peut vous bloquer du jour au lendemain.
    Le risque que ces gens là ignorent, ou feignent d’ignorer, c’est la panne géante informatique ou d’énergie ( Espagne) rendant le système inopérant. En supprimant le cash ils augmenteront les profits et imposeront un nouvel ordre social représenté par la CB aujourd’hui et demain l’appli smartphone. Demain sans cash nous serons à la merci des banksters et/ou de nouveaux despotes imposant l’obéissance ou la mort sociale …
    Ces gens sont dangereux. Perso je préfère les oiseaux.
    bonne journée
    *Mamamouchi — définition française (sens 1, nom commun)
    Personnage prétentieux et sans réelle importance, souvent dans un contexte de fausse autorité ou de vanité.
    Étymologie de « mamamouchi » Du turc bābā mušīr (père pacha), composé de baba (père, papa) et de müşir (commandant d’un corps d’armée, maréchal), déformé en mamamouchi. Le mot est également relié à l’arabe ma menou schi (non chose bonne), signifiant propre à rien. Le terme a été popularisé par Molière au XVIIe siècle dans « Le Bourgeois gentilhomme » comme un titre honorifique fantaisiste et prétendument turc.

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