Le débat des prochaines semaines tournera, c’est une certitude autour du niveau des coupes à effectuer dans les budgets publics que ce soit celui de l’État, que celui des collectivités locales ou des associations. Pour le moment la réalité des diminutions de crédits ne semblent pas encore avoir été perçu par les responsables. Tout se concentre en effet au niveau de l’État car bon nombre des structures qui dépendent des décisions qui seront prises attendent l’adoption du budget de la Nation pour en tirer les conséquences. En attendant les premières mesures plus symboliques qu’efficaces tombent. Une sorte de concours d’annonces : suppression des cérémonies de vœux, des cartes, des agendas ou des cérémonies diverses qui maintenaient le lien entre les habitants et les détenteurs d’un pouvoir.
Ces mesures ne touchent pas évidemment les petites communes ou communautés dont la très grande majorité ne sont pas touchées par la crise. Certaines d’entre elles, ne réalisant que peu d’investissements et ayant des frais de fonctionnement réduits passeront le cap des restrictions probables décrétées à Bercy. Les plus touchées seront les communes « centres » ou « références » ou de « services » qui assument des charges relatives à de multiples services rendus à un territoire plus vaste que le leur.
Comme les gouvernements successifs depuis quinze ans ont déconnecté progressivement le rapport entre le fonctionnement du quotidien et la nécessaire contribution équitable que chacun doit lui apporter, la situation deviendra vite intenable. Rares sont les élus qui ont eu le courage de dénoncer un financement de l’éducation, de la justice, lé sécurité, la santé, la défense et de tout ce qui est indispensable au quotidien par l’application libérale de la loi du marché. Pour ma part je n’ai pas cessé d’expliquer que les recettes basées sur la consommation conduirait tôt ou tard à une catastrophe collective non seulement financière mais aussi citoyenne. L’année 2025 va révéler la faiblesse de cette stratégie de la taxation de toutes les facettes de la vie collective marchande. L’illusion d’une société qui ne vivrait que sur plus de 200 taxes directes ou indirectes et surtout pas sur l’impôt direct ne résistera pas au marasme de la planète qui ne cesse de grandir.
Mieux l’idée selon laquelle en diminuant les dotations au seul réseau susceptible d’investir, celui des collectivités locales, le gouvernement va accentuer sa décrépitude. En effet toutes les statistiques le prouvent durant les deux dernière années du mandat communal ou intercommunal, les chantiers lancés sont déjà beaucoup moins nombreux. En 2025 et 2026 seuls ceux qui sont entamés seront terminés mais dans le contexte créé par la volonté de Bercy de réduire les budgets des collectivités il y aura une réduction drastique des nouveaux projets.
L’impôt payé justement constitue un bien fait pour l’économie réelle (et non pas celle du monde de la finance) puisque les sommes collectées sont réinjectées dans des achats ou des marchés publics entretenant l’emploi et les salaires. Le renchérissement du coût des emprunts, l’inflation sur les matériaux, le refus croissant des aménagements d’intérêt collectif par les populations, la carence en zones constructibles qui sont des constats actuels indiscutables continueront à fragiliser en 2025 et 2026 le BTP. Une grande part de l’argent public est remis quotidiennement et directement dans l’économie. Proclamer la valeur « travail » comme un étendard c’est aussi s’assurer qu’il y en aura dans des conditions acceptables pour les gens qui cherchent à la vivre.
Le gouvernement provisoire de la France maintiendra le cap : privatisation de l’ensemble des services qui le concernent avec la destruction du principe de leur accès pour tous. Le secteur de la santé en est l’illustration flagrante. L’inégalité face à la maladie s’accroît avec la difficulté de bénéficier de l’hôpital surchargé et traversant de multiples difficultés pour celles et ceux qui n’ont pas les moyens de régler les « dépassements d’honoraires » et ne possédant parfois même pas de praticiens disponibles. Dans tous les domaines de manière ouverte ou déguisée, sous l’influence de l’UE, nous irons vers la commercialisation de la solidarité et de tout ce qui a constitué le fondement de l’État républicain.
Le bal politique des faux-culs reprendra avec ses rengaines sur les hausses d’impôts alors que c’est la répartition de cet effort qui devrait faire débat. Qui vous parle des millions perdus dans les aides de la période Covid avec ces prêts détournés et non remboursés ? Qui recense les aides publiques à des entreprises qui recommence à produire à l’étranger ou à se volatiliser? Par contre il est étonnant que personne ne propose de faire temporairement varier le taux de CSG… Remodelée pour devenir différenciée selon la nature des revenus et leur montant elle permettrait de sortir du « tout taxé » ce qui est encore plus injuste. En attendant on va faire du rafistolage inutile !
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« 200 taxes directes ou indirectes et surtout pas sur l’impôt direct », ce qui est une injustice flagrante : ce sont les moins riches qui en ce cas supportent proportionnellement la charge la plus lourde. Proportionnellement, un sans abri est plus lourdement taxé que messieurs Pinault, Bolloré et consorts.
« dépassements d’honoraires » = racket légal et institutionnel.
L’obstination ultra-libérale, voila le mot, ou le mal (comme on veut!) et la soumission à l’UE, voila les maux!
Je ne peux que te féliciter pour cette énième dénonciation, Jean-Marie.
Mais rien n’y fait; ils sont plus têtus que des baudets, que veux-tu et les électeurs sont des veaux comme disait Charles le grand. On aurait bien besoin d’un Charles hyper Magnus pour s’en sortir, tiens!
Allez bonne année quand même à tous les lecteurs (et lectrices) de Roue Libre.
Bonjour,
la question centrale c’est pourquoi nous en sommes arrivés à ce point? C’est en fait le résultat incontrôlé de deux forces la force centrifuge qui fait se dilater les dépenses et la force centripète qui essaye de s’y opposer en contraignant le cadre. La force qui contient les dépenses agit comme un presse cadre, outil bien connu des menuisiers, où comme une sangle à cliquets des outils facilitant la mise en pression avec un faible effort de l’utilisateur. En économie le moyen le plus simple se nomme restriction des crédits, en gros on étrangle le robinet d’alimentation de la ressource et derrière ça se démerde pour gérer la pénurie. Un outil rudimentaire dont les effets sur le terrain sont ignorés par celui qui le manipule en aveugle. A la différence du menuisier qui connaît les limites de serrage de sa presse à cadre, lorsque l’on serre trop ça pète le cadre, le grand mamamouchi, lui, serre l’outil jusqu’à la rupture.
Ainsi va le système fiscal Français basé sur le sacro-saint principe du « ça bouge on taxe, ça bouge encore on continue de taxer, ça bouge plus alors on subventionne… » . Nos grands mamamouchis sont à la fois myopes et presbytes, incapables de voir loin (sur le long terme) et tout aussi incapables de voir près (sur le court terme). C’est ainsi que navigue le navire France, sans cap et sans boussole pratiquant allègrement l’autophagie vendant en pièces détachées le navire pour acheter le mazout qui le fait avancer.
Triste destin que le notre, dirigé par des « zélites » à l’ego démesuré se disputant les honneurs tout en se moquant éperdument des conséquences de leurs actes.
« Après moi, le déluge. Ce doux et sociable proverbe est déjà le plus commun de tous parmi nous », écrivait Mirabeau père (en 1756).
L’histoire bégaie, c’est sans doute pour cela que le méprisant a choisi le Béarniais.
Bon dimanche
Voilà la question que je me pose depuis longtemps : quand va-t-on demander aux profiteurs du COVID de rembourser les sommes indues ?