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L’effondrement des idées progressistes en Europe se poursuit

Difficile au moment où je me penche sur mon clavier quels sont les évolutions de l’électoral européen après les récentes séquences de géopolitiques et plus encore les aller-retour de « Trumpoutine ». En effet au moment où vous lirez cette chronique les résultats des élections nationales en Pologne, au Portugal et en Roumanie seront définitifs. Les deux premiers sont au contact direct du conflit Russo-ukrainien dont la fin s’éloigne de plus en plus. Comment leurs peuples ont-il réagi à ce contexte angoissant car dangereux. Le troisième en est très loin et a réalisé des efforts considérables pour ramener ses finances publiques à un niveau acceptable.

A Bucarest le barrage anti-candidat nationaliste et pro-Trump a fonctionné puisque le nouveau président de la république est celui qui défendait l’appartenance roumaine à l’Union européenne. Bien que largement en tête au premier tour Georges Simion représentant de l’extrême-droite soutenu par Musk a plafonné à 46 % environ alors que Nicusor Dan a obtenu 54 % des votes exprimés. Un écart de dix points qui normalement ne souffre pas de contestation. Et pourtant Simion refuse de reconnaître sa défaite et se proclame vainqueur.

Ce comportement de plus en plus répandu risque bien d’être celui d’autres personnalités fascisantes dans d’autres pays. Entretenir le doute, distiller des fausses informations via les réseaux sociaux maintient un climat « insurrectionnel » latent dans des démocraties fragiles. Il faut se souvenir des accusations permanentes de Trump après la victoire de Biden. Il a dressé son électorat le plus fanatique contre le scrutin et a maintenu ainsi le sentiment de tricherie, de vol, d’injustice qu’il a ensuite exploité au maximum. On en est arrivé ainsi à l’assaut du Capitole qui reste une événement historique majeur de ces dernières années.

En Pologne rien n’est joué puisqu’il s’agissait du premier tour des présidentielles. La situation est un peu mieux que celle du voisin roumain au même stade. Le candidat pro-européen Rafal Trzaskowski est arrivé légèrement en tête lors d’un scrutin décisif pour l’avenir du gouvernement pro-européen en place. Il tourne autour de 31 % quand le candidat nationaliste Karol Nawrocki crédité de 29,7 % des suffrages La participation étant à 66 % il faudra une solidité du socle « pro-européen» pour sauver les meubles le 1° juin. La campagne risque d’être serrée, âpre avec des ingérences étrangères probables. Si l’écart est mince il y aura là aussi des accusations de fraudes venant du camp du battu. Rien n’est joué alors que la Pologne est en première ligne dans le conflit qui s’intensifie dans l’Est de l’Ukraine.

Deux nations de l’UE ont donné des scores inédits et massifs aux représentants des idéaux les plus dangereux pour l’équilibre européen. Il n’y aura bientôt plus de scores de l’extrême-droite inférieur à 20 % sur le territoire européen. La France (la manifestation néo-fasciste récente en est l’illustration) selon les sondages entrera dans cette catégorie des pays pouvant basculer. L’arrivée en fanfare à la tête des LR du ministre ayant en charge le « contrôle » des partis politiques et de leur financement atteste que nous allons vers un second tour en 2027 qui l’opposera au dauphin de la Marine nationaliste. La « droite-extrême » contre l’extrême-droite devient la règle commune et nous n’y échapperons pas.

Les législatives au Portugal sont aussi dans cette tonalité. Le camp du premier ministre sortant obtiendrait 33 % des suffrages, contre 24 % pour le Parti socialiste et 23 pour le parti d’extrême droite Chega («Assez»). La situation est similaire à celle que nous connaissons en France avec trois entités qui rendent le Parlement ingérable. La troisième dissolution en trois ans n’a rien changé sauf qu’à chaque échéance Chega progresse et finira peut-être par devenir le second parti d’un Portugal ayant oublié sa révolution des œillets.

En termes de sièges, la coalition sortante pourrait se situer près de 85 sièges sur un total de 230, ce qui reste en dessous du seuil de 116 élus synonyme de majorité absolue. Même en comptant six à douze mandats pour les libéraux, son leader risque de se retrouver dans la même situation que celle dont il espérait se débarrasser, coincé entre le Parti socialiste de Pedro Nuno Santos, un économiste de 48 ans, et l’extrême droite emmenée par André Ventura, un ex-séminariste et juriste de 42 ans, qui s’est fait connaître comme…. truculent commentateur de football.

Le vieux continent déjà mal en point économiquement et financièrement s’enlise lentement dans les « eaux brunes ». Nul n’effectue une analyse objective des responsabilités lourdes des politiques de l’UE dans cette noyade. Ces résultats électoraux ne sont que les effets visibles de l’échec du libéralisme forcené.

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Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

    « La « droite-extrême » contre l’extrême-droite devient la règle commune et nous n’y échapperons pas. »
    Autrement dit, nous ne sortons pas de l’alternative qui nous est proposée depuis longtemps et qui s’aggrave : la peste ou le choléra ? Heureusement le choix s’est élargi avec la Covid. On peut encore également voter blanc, ça ne changera rien à la catastrophe en marche et aux lendemains qui chanteront de plus en plus faux…
    Dans ces conditions, c’est triste de devenir vieux.

  2. alain

    à qui la faute
    un peu tard pour sonner le glas

  3. François

    Bonjour @Alain … et @J.J. !
    Le glas ne sonne pas avant la mort … déclarée ! Or, même si le pays est hagard et chancelle, il est toujours vivant. À notre humble niveau, cherchons plutôt les causes que nous avons tolérées ou, pire, encouragées (par le vote …même blanc ou abstention !) et qui, bien sûr, ont engendrées la catastrophe afin de redresser le cap !
    Nous n’avons pas le droit de dire comme les responsables de la crise viticole à Bordeaux: « On ne l’a pas vu venir ! » La honte soit avec eux.
    Mais nous ne sommes pas encore sur le Titanic …bien que … !
    Cordialement

  4. facon jf

    bonsoir
    JMD dit : » Le vieux continent déjà mal en point économiquement et financièrement s’enlise lentement dans les « eaux brunes ». Nul n’effectue une analyse objective des responsabilités lourdes des politiques de l’UE dans cette noyade. Ces résultats électoraux ne sont que les effets visibles de l’échec du libéralisme forcené.  »
    Je ne peux que « plussoyer » comme disent les d’jeunes.
    Les grands mamamouchis non élus qui gouvernent l’UE(rss) ont ils conscience de leur écrasante responsabilité ? Je ne le crois pas. Quelque part ils se consolent de peu en considérant la victoire à la Pyrrhus* Roumaine comme une avancée significative de leurs positions. Pourtant en chaussant mes lunettes je constate le faible écart entre les deux candidats le nombre de votants a progressé entre les 2 tours de plus de 2 millions et seulement 800 000 voix d’écart en finale. Les castors Roumains sont fatigués?
    La Roumanie a une histoire politique malheureuse depuis la chute de la dictature de Ceausescu il y a 35 ans. Des gouvernants corrompus ; un déclin démographique provoqué par le départ de millions de jeunes vers l’Europe de l’Ouest pour travailler ; et un système d’information dégradé permettant toutes les manipulations. La participation a été en forte hausse hier, notamment chez les Roumains de l’étranger, et a bénéficié au candidat libéral, le maire de Bucarest Nicusor Dan, 55 ans, mathématicien diplômé d’une université française.
    Comme partout à l’Est, il y a aussi un fossé colossal entre les grandes villes, tournées vers l’Europe, et les petites villes et les campagnes, plus conservatrices et souvent en souffrance. Ajoutez en Roumanie une église orthodoxe sensible aux sirènes anti-occidentales de Moscou.
    Cette victoire in extremis d’un candidat crédible sur le combat contre la corruption et sur l’engagement européen, ne doit pas laisser penser que la démocratie libérale est tirée d’affaires. On le voit dans les scrutins en Pologne et Portugal qui se sont également déroulés hier, avec les bons scores de l’extrême droite et des populistes. La polarisation extrême n’est pas un signe de bonne santé de la démocratie. Elle a besoin d’un véritable travail d’introspection si elle ne veut pas que chaque élection en Europe soit aussi périlleuse.
    On notera au passage que le fondateur de Telegram Pavel Dourov affirme le 18 mai avoir subi des pressions en France au printemps 2025 pour que Telegram supprime certains messages « conservateurs » lors de l’élection présidentielle de mai 2025. Le ministère des Affaires étrangères a formellement démenti dans un communiqué. Après ce démenti, Durov accuse ensuite nommément Nicolas Lerner, Directeur général de la Sécurité extérieure – DGSE de lui avoir demandé d’opérer cette censure.
    Vraie ou fausse cette mise en cause de notre pays et de ses barbouzes de la DGSE ne rassure pas sur l’avenir de la démocratie, d’autant que les dirigeants de l’U(rss) ne se dirigent pas dans la remise à plat de leurs pratiques.
    Bonne soirée
    le détail du scrutin ici https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lection_pr%C3%A9sidentielle_roumaine_de_2025
    *Une victoire à la Pyrrhus, ou victoire pyrrhique est une victoire obtenue au prix de pertes si lourdes pour le vainqueur qu’elle équivaut quasiment à une défaite. Une telle victoire annule tout sentiment de succès et compromet la situation à long terme du vainqueur.

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