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La succession papale sera le reflet du monde actuel

L’Histoire n‘est jamais très sûre d’elle en matière de citations. Il arrive souvent que des versions divergent sur l’auteur et les circonstances dans lesquelles la phrase a été prononcée. Par exemple la fameuse question de Staline au sujet du « Vatican » ou du « Pape » selon les sources : « combien de divisions ? » a deux lieux et deux dates. Pour certains elle aurait été lancée avec ironie à un certain Pierre Laval qui lui demandait de respecter les libertés religieuses en Russie. Pour d’autres elle aurait figuré dix ans plus tard, dans les échanges avec Churchill formulant la même exigence pour l’Europe de l’Est. En fait il pourrait y avoir une version 2025 n’ayant pas le même sens mais tout aussi révélatrice du rôle du Vatican, Etat dont la surface est la même que la ville bastide de Sainte-Foy la Grande.

En effet après la mort soudaine du Pape des « divisions » n’ayant rien de militaires risquent bel et bien d’apparaître très vite dans la nomenklatura cardinalesque devant élire son successeur. Elles relèvent de la géopolitique au sens premier de ce terme. La répartition par continent des électeurs constitue une première « division »; celle de la vision strictement politicienne du rôle du souverain aussi.  La situation actuelle sur la planète se traduira inévitablement dans le monde religieux avec un poids de l’Europe qui ne peut plus être prépondérant puisque le nombre de chrétiens n’y est plus primordial contrairement par exemple, à l’Asie.

Et dans ce contexte la France n’a aucune influence. Elle est discréditée par les « affaires » passées ou en cours et son influence est à l’image de celle de sa diplomatie : maigre ! Son denier souverain pontife remonte à 1377 c’est dire s’il en faudra des pèlerinages à Lourdes pour décrocher le titre ! La faiblesse actuelle du Vieux Continent est patente. Seule l’Italie a des personnalités rompues aux « négociations » de ce conclave de votants ayant majoritairement dépassé l’âge de la retraite. Elle compte aussi des candidats potentiels dans les deux camps politiques qui s’affronteront. En effet malgré un grand renouvellement des heureux élus pouvant voter pour un pape ce sera un affrontement entre les « réactionnaires forcenés » et les « progressistes modérés » comme c’est le cas dans le monde actuel.

La religion et la politique ont toujours fait cause commune. Il serait naïf de penser que les gouvernements n’ont pas discrètement rencontrés les cardinaux de leur ressort pour échanger sur cette élection. Les services secrets ont également leur mot à dire et ne se priveront pas de tenter d’influer sur le scrutin. Les voies de seigneurs de l’église ne sont pas si impénétrables qu’on le prétend. Quelques dossiers sortiront opportunément. On éliminera ou on promouvra. 

Une âpre lutte de pouvoir est en effet engagée sur le marché mondial des croyances. Jamais la concurrence faussée par des interventions d’hommes puissants, se réclamant d’un dieu ou d’un autre n’a été aussi vive. Attisée par des interventions occultes destinées à favoriser des intérêts économiques des multinationales elle cause des ravages de plus en plus violents. Le catholicisme a eu joué un rôle prépondérant dans ces guerres de conquête durant les siècles de colonisation ou d’oppression. Le mérite du pape défunt réside dans ses prises de position sur la chasse aux immigrés et sur une critique acerbe du profit. Mais pas au-delà! 

Pour le reste il lui a toujours fallu jongler avec les forces occultes au sein du haut clergé selon les vieux principes appris chez les Jésuites. Il est certain que dans les prochains jours en dehors des rites rassurants et des considérations religieuses abstraites il sera particulièrement question de la « maîtrise » de celui qui parle à plus d’un milliard d’humains par les politiques.  Le Vatican, c’est donc en définitive des « divisions » ! Pas forcément celles évoquées par Staline. Elles traversent l’église. Un film a parfaitement reflété ce qu’il se passera dans la chapelle Sixtine. « Conclave » réalisé par Edward Berger sorti en 2024 illustre les luttes intestines bien évidemment placées sous le sceau de la charité chrétienne. Les tractations s’ouvriront très vite.

La succession aura sa partie visible vantée et sacralisée par les médias dont certains sont déjà doucement satisfait du départ d’un pape un tantinet contestataire et solitaire. Immergé le reste appartiendra à la vie secrète d’une institution se réfugiant derrière les apparences pour dissimuler des comportements peu avouables. L’hypocrisie des prises de position ayant suivi la disparition du pape argentin fils d’immigrés italiens renforcent cette idée.

Il sera très difficile d’échapper à la contrition universelle. Il sera problématique de dénicher la sincérité. Il faudra se contenter d’être laïque c’est à dire respectueux de celles et ceux qui croient à titre personnel mais soucieux que les espaces publics ne soient pas envahis par les pratiques religieuses. Des heures et des heures de télévision nous attendent. Elles couvriront du suaire de l’hommage les principes républicains essentiels… sans que quelqu’un ose protester. C’est en effet inutile car il n’a aucune chance d’être écouté.

 

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Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

     » la nomenklatura cardinalesque ». J’avais lu carnavalesque, un acte manqué sans doute.
    Je n’apprécie pas du tout la main mise par les « croyants » sur l’actualité funéraire papale. Il y a des non croyants qui appréciaient ce pape, qui évidemment faisait tache pour les calotins pur et durs.
    On constate déjà, après quelques manifestations d’hommages respectueux, réglementaires et convenus, le retour des hargneux qui n’ont pas supporté que leur chef suprême ouvre la porte à la bonté, à l’humanisme et à la tolérance, ce qui lui avait valu une relative sympathie de la part de certains mécréants.
    Quelques uns vont même, dans leur ignominie, lui reprocher d’avoir favorisé l’essor de l’islamisme !
    Il est à craindre que cette lamentable église catholique soit de nouveau à la merci des incuries de la Curie.

  2. Philippe Labansat

    Comme souvent le pauvre chef religieux se voit reprocher d’avoir, par trop, tenté de faire rapprocher l’église apostolique et romaine des commandements fondamentaux qui devraient pourtant être sa seule boussole.
    Le rôle politique du pape n’est pas à démontrer, lui qui peut inspirer ou museler un milliard et demi d’humains rien qu’en libérant ou coinçant la bulle.
    Évidemment, que les puissants de ce monde prient pour un futur pape le plus éloigné possible des valeurs chrétiennes, et il y a de grandes chances qu’ils soient exaucés…

  3. Alain.e

    Très bon film que Conclave , vu récemment , un film qui ne sonne pas concave .
    Combien de divisions , Jésus , c’ était plutôt la multiplication des pains …
    Combien d’ églises évangéliques aussi et quel rythme de progression de cette religion dont je ne veux même pas écrire le nom .
    Ma seule religion qui n’ en est pas une et qui régresse toujours plus , laïcité , j’ écris ton nom .
    Cordialement.

  4. christian grené

    (Re)bonjour Jean-Marie.
    Je ne répondrai pas au sujet du jour, n’ayant guère de passion pour ce qui touche à la chose papale, mais je voudrais remercier la personne qui t’a adressé un courrier pour me transmettre ses amitiés. Tu peux lui dire que « Roue Libre » est le meilleur moyen pour renouer le contact.
    Merci.

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