Lentement mais inexorablement, un nouveau concept du pourvoir se répand sur la planète. Aux cotés des auteurs de coups d’État directs ou indirects qui font ensuite « légitimer » leur action violente par une élection au bon moment on trouve désormais ceux qui ignorent délibérément d’État de Droit une fois qu’ils ont été élus. Les contre pouvoirs prévus dans les Constitutions s’affaiblissent partout. Le résultat d’un scrutin donne une onction permettant d’enfreindre absolument toutes les règles d’un fonctionnement démocratique. Cette pratique gagne du terrain avec souvent le soutien de fans ou croyants. La préparation d’une opinion publique à cet gouvernance par la « force » au nom du bien-être promis dans des campagnes populistes conduit à des situations inquiétantes.
Tous les organes prévus pour éviter ces déviances se retrouvent noyautés, contournées ou ignorées dans un système où plus rien n’arrête le pouvoir d’un individu ou d’une clan dévoué. Le «Schtrump détraqué » n’a que faire des mises en garde ou des refus d’application de ses décisions ressemblant aux ukases tsaristes par les juges soucieux du respect des lois. Il n’hésite pas à éliminer les fonctionnaires qui d’une manière ou d’une autre se mettent en travers de son chemin. Ils les méprisent au nom de l’approbation qu’il a reçu lors de son élection. Il considère que rien, ni personne ne sauraient contrarier ses volontés « divines ».
Ainsi le James Boasberg avait suspendu le 15 mars un juge fédéral de Washington toute reconduite à la frontière fondée exclusivement sur la loi de 1798 sur « les ennemis étrangers » alors que des centaines de migrants ayant été considérées comme « membres du gang vénézuélien ‘Tren de Aragua » étaient en cours d’expulsion par avion, sans autre forme de procès. La Cour suprême acquise à la cause de Trump avait par la suite levé le 8 avril cette interdiction, par une courte majorité de cinq voix contre quatre. Elle avait aussi considéré unanimement que les personnes expulsées sur le fondement de la loi de 1798 devaient pouvoir contester en justice leur expulsion, contrairement à ce qu’avait affirmé l’administration Trump. Ce « jugement » n’a absolument été respecté. Il y a déjà d’autres cas de ce type qui inquiètent sur la perception du fonctionnement des institutions vu par le « Schtrump égocentrique ».
La Maison Blanche a répondu qu’elle contestait la première et le seconde décisions devant… la justice et a expulsé en bloc les 200 personnes arrêtées sans autre forme de considérations juridiques. Au moment de sa suspension des expulsions le 15 mars, les personnes visées « se trouvaient en effet à bord d’avions à destination de l’étranger (…) avant d’avoir pu faire valoir leurs droits en contestant leur expulsion devant un tribunal fédéral », comme l’exige la loi. « Au lieu de se conformer à la décision du tribunal, le gouvernement a poursuivi l’opération d’expulsions à la hâte », déplore-t-il soulignant que, le lendemain matin, « plusieurs heures après la décision, il a transféré les passagers de deux avions protégés par cette suspension dans une méga-prison… salvadorienne ».
Inutile d’écrire que les électrices et les électeurs trumpistes ont chaleureusement applaudi à cette audace de leur idole. N’empêche qu’une protection des libertés individuelles a cédé et que n’importe quelle accusation non évaluée par la justice servira à se débarrasser sur cette base de toutes celles et tous ceux qui ne conviennent pas au pouvoir en place. En Chine, en Russie, en Iran ou désormais dans de nombreux autres pays devant l’impossibilité des réactions ou l’indifférence quasi-générale les abus se multiplient avec expulsions, incarcérations ou même exécutions « politiques ».
Le juge américain a accordé jusqu’au 23 avril, à l’exécutif, pour échapper à une procédure d' »outrage au tribunal », en se conformant à sa décision du 15 mars. A défaut, il lui demandera de soumettre l’identité de la ou des personnes qui ont choisi de l’ignorer. « Nous allons faire un recours immédiat » contre ces conclusions a déclaré le directeur de la communication de la Maison Blanche. Une attitude du genre : « on s’en fout totalement ! » Le Président du Salvador en voyage touristique aux USA pense ainsi, multipliant les décisions autoritaires et se présentant comme le garant de l’efficacité dans tous les domaines au mépris des règles élémentaires des Droits de l’Homme.
En France nous n’en sommes pas là. Il y a cependant des signes de mépris pour tous les organismes de contrôle. Hier le Président de la cour des Comptes a sonné le tocsin en remettant le rapport de certification des comptes de l’État pour 2024. Il a étrillé Le Maire de Bercy et a déclaré : « J’aimerais vous faire part, non pas de ma mauvaise humeur, mais de ma très mauvaise humeur s’agissant des suites – ou plutôt de l’absence systématique de suites – qui sont données à l’acte de certification que nous publions annuellement (…) J’imagine la situation d’une entreprise » où le commissaire aux comptes « certifierait les comptes avec de fortes réserves ou ne les certifierait pas, et où le conseil d’administration dirait « on s’en fiche »: l’État fait ça, la Sécurité sociale fait ça ». Si ce n’était que dans ce domaine…
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Complétement hors sujet, à l’attention de JR Facon : je suis rentré trop tard hier de l’HDJ pour lui répondre.
« Rendons à Jules ce qui appartient à César, je ne bouffe pas du curé systématiquement, j’en ai rencontré qui étaient de braves types(je pourrais peut être vous raconter ça une autre fois). Par contre j’en ai rencontré beaucoup d’autres, et connu leurs turpitudes et leur hypocrisie (ce n’est pas leur monopole non plus) en découvrant par exemple des courriers et autres documents dans les archives de famille.
Le curé Meslier que j’ai découvert grâce à Michel Onfray (que je n’apprécie pas particulièrement, mais là aussi, il faut rendre à César…) gagne à être connu, en particulier son catéchisme un peu spécial.
@JJ vous m’avez bien eu !
Où l’Église a-t-elle pris l’idée des sept péchés mortels capitaux ?
R. Dans son propre Giron. En effet :
Rien de plus orgueilleux qu’un Capucin.
Rien de plus avare qu’un vieux Prélat.
Rien de plus luxurieux qu’un Carme.
Rien de plus envieux qu’un jeune Prêtre.
Rien de plus gourmand qu’une None.
Rien de plus colère qu’un Pape.
Rien de plus paresseux qu’un Chanoine.
extrait du CATÉCHISME DU CURÉ MESLIER.
@JJ mea culpa mea maxima culpa; les curés sont des braves types ! J’ai moi-même personnellement été victime de ma conscience de classe en donnant une grande partie de mon temps de mon énergie et de mon argent à l’œuvre de l’abbé Pierre. J’ai participé à son intouchable sainteté pendant plusieurs années… mea culpa mea maxima culpa. Alors que tout le monde dans l’épiscopat et jusqu’au Vatican savait depuis plus de 70 ans qui était sa sainteté merdiatique Henry Grouès, dit l’« abbé Pierre ». En fait j’ai prêté mon concours à une fabuleuse arnaque destinée à faire croire que la chrétienté était incarnée dans ses objectifs compassionnels de charité par un saint homme. La réalité des communautés Emmaüs est tout autre, entre exploitation des compagnons, actions illégales, vols et autres turpitudes … Un jour la petite lampe de ma conscience s’est rallumée, j’ai compris que le système ne pouvait se réformer de l’intérieur, les bénévoles ne sont qu’un rouage sans importance pour l’organisation, alors j’ai claqué la porte.
Mais vous avez raison les curés sont de braves types, je ne suis définitivement qu’un vieux c.n aigri, un ex-enfant de cœur qui croyait que l’homme est bon par nature, hélas le temps a fait son œuvre .
Cordialement
« Mais vous avez raison les curés sont de braves types,… » Comme dans le reste de la société, il ne faut pas généraliser, il y a des bons et des mauvais. Mais je pense que dans la haute hiérarchie, où la naïveté n’est pas de mise, il y a « plus de tours que de miracles », et certainement peu de gens fiables moralement.
J’avoue que la découverte des frasques de l’abbé Pierre, (et également dans une moindre mesure le laxisme coupable de la Curie, à laquelle il faut dire je fais peu confiance), ont été pour moi, mécréant convaincu, une grande déception. J’imagine pour les croyants !