You are currently viewing Le discours qui n’a pas pris une ride

Le discours qui n’a pas pris une ride

Le discours que j’avais prononcé le 18 février 2019 au nom du Conseil départemental de la Gironde lors d’un vaste rassemblement contre l’antisémitisme Place de la République à Bordeaux. Je ne change pas un mot dans le contexte actuel.

 « Mesdames, messieurs les élus, chères et chers collègues,

Mesdames, messieurs les représentants des partis politiques du monde associatif ou des instances institutionnelles,

Chères et chers amis laïques,

Mesdames et messieurs les porteurs des valeurs républicaines,

Citoyennes et citoyens de Gironde ou d’ailleurs,

Au nom du président du Conseil départemental et de l’ensemble des mes collègues présents ici ce soir ou excusés, je vous voudrais d’abord vous remercier chaleureusement :

  • de votre solidarité réconfortante à l’égard de toutes les victimes de l’antisémitisme et plus largement de tous les actes fascistes, racistes, xénophobes ou homophobes qui émaillent désormais notre quotidien collectif,

  • de votre engagement concret pour témoigner de votre attachement aux valeurs fondatrices de notre République que sont la fraternité, la laïcité, la tolérance et l’humanisme,

  • de votre volonté commune de pas céder un pouce sur le terrain des idées, face aux propos, aux actes, aux crimes portés par une haine dévastatrice colportée par l’ignorance, l’indifférence qui transforment peu à peu l’Homme en loup pour les autres Hommes,

  • de votre conviction que la défense du respect de l’autre n’est pas justement l’affaire des autres mais notre affaire à chacun et chacun, quelle que soit notre place dans la société, quel que soit notre engagement philosophique ou citoyen !

Nous sommes face à une responsabilité claire : condamner ne suffit plus ! Dénoncer ne suffit plus ! Se lamenter ne suffit plus ! Expliquer, éduquer, résister, combattre à chaque instant, chaque jour contre la bête immonde dont le ventre est toujours fécond, doivent être désormais les moteurs de notre action individuelle au service de l’intérêt collectif.

Les élus départementaux garants de la solidarité humaine et territoriale en Gironde condamnent avec la plus extrême fermeté toutes les atteintes aux droits fondamentaux de toutes les personnes humaines, tous les comportements, toutes les actions, toutes les idéologies mettant en cause les libertés individuelles, le droit à la différence, le droit simple de vivre fraternellement ses choix au milieu des autres.

Citoyennes et citoyens du pays des droits de l’homme je me permets de vous lire une adaptation de ce bref poème du pasteur allemand Martin Niemöller interné à Dachau. Vous pouvez y ajouter tous les vers que vous inspire la situation actuelle avant sa conclusion qui de toutes les manières restera la même :

« Quand les nazis sont venus insulter les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.

Quand ils ont insulté les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.

Quand ils sont venus insulter les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. 

Quand ils ont insulté les juifs, je n’ai rien dit ; je n’étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai rien dit ; je n’étais pas catholique

Quand ils sont venus m’insulter, il ne restait plus personne pour protester. »

Défenseurs, défenseures de la liberté de penser, actrices ou acteurs de la vie démocratique, créateurs ou créatrices du lien social simplement attachés au respect, à la tolérance, à la paix des cœurs et des esprits sortez de l’ombre, n’attendez pas d’être les derniers !

Au-delà de tous les sursauts républicains qui parsèment notre vie démocratique donnons-nous ce soir comme mission de tout faire pour que l’antisémitisme honteux, le racisme banalisé, le mépris humiliant, la violence physique ordinaire, la parole réputée libérée alors qu’elle est esclave de slogans offerts en prêt à porter idéologique, reculent dans une nation forte de ses différences et de ses diversités.

Les élus du département appellent à l’unité, au rassemblement, à la raison, à la tolérance, aux droits de l’Homme et simplement clament solennellement : « ça suffit ! Assez !  Ressaisissons-nous, redonnons sa vraie place à la citoyenneté dans ce pays ! » A l’instar de Saint Exupéry ce soir mais aussi demain, après-demain, rappelons-nous simplement que faute de pouvoir revenir sur le passé nous devons savoir que « l’avenir n’est jamais que du présent à mettre en ordre ! » 

Chacune et chacun d’entre nous doit lutter de toutes ses forces, forte ou fort de ses convictions, contre la gangrène sociale de l’antisémitisme mais aussi contre toutes les formes dissimulées ou virulentes de racisme. Attiser la haine sous quelque forme qu’elle soit est une marque de faiblesse, uns posture de renoncement à la liberté, à l’égalité, à la fraternité et ouvre ainsi les portes aux idées les plus nauséabondes. Nous paierons notre passivité ou même notre indifférence. Le combat pour éduquer à la citoyenneté est plus que jamais une priorité vitale. A nous de le mener solidairement et courageusement. »

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cet article a 4 commentaires

  1. faconjf

    Bonjour,
     » Hier, dimanche 23 mars, le rabbin Arié Engelberg s’est fait attaquer dans une rue à Orléans par une petite merde de 16 ans qui croyait sûrement venger la Palestine en cognant un juif dans la rue. Un gosse paumé, un cerveau en chantier, l’abruti de service qui mélange tout parce que penser, c’est fatiguant. C’est comme ça qu’on se retrouve avec un môme qui joue les résistants de pacotille en tabassant un daron, accompagné de son fils en plus. La honte.
    Mais ce qui me rassure, c’est que deux hommes d’origine maghrébine se sont désolidarisés direct en arrivant : « Ce gars n’est pas un musulman. » Voilà, c’est dit. Ils ont même pris soin du rabbin, appelé la police, insisté pour qu’il porte plainte. Pas de divisions à la con, pas de raccourcis faciles. Il y a ceux qui ont un cerveau et ceux qui l’ont laissé au vestiaire.
    Et puis, comble du ridicule, le petit nerveux a commencé par se faire passer pour un Palestinien avant de finir par admettre qu’il était Marocain. Ça se prend pour un combattant, ça croit jouer les héros, et il ne sait même pas qui il est !
    J’en croise parfois, dans les manifs en soutien à la Palestine, ces génies de la confusion, ces champions du contre-sens. Ils crient leur haine et après ça s’étonne quand tout le monde les met dans le même sac. Ils confondent tout et surtout, ils ne comprennent rien. Les antisémites, vous pouvez pas foutre la paix à la Palestine, non ? Sérieux, ils ont déjà assez de problèmes comme ça sans avoir besoin de vos conneries en bonus.
    J’ai la haine. » texte de Nadir Dendoune, né le 7 octobre 1972 à Saint-Denis, est un journaliste, écrivain et réalisateur australo-franco-algérien. Il est l’auteur d’Un tocard sur le toit du monde (2010), adapté au cinéma sous le titre L’Ascension porté par l’acteur Ahmed Sylla.
    bonne journée

  2. faconjf

    Et pendant ce temps Jordan Bartoidelà communie avec l’extrême droite en Israël. Certains Israéliens ont la mémoire courte.
    Le tribunal de l’Histoire jugera à l’aune des massacres commis, bien au de-là des faits médiatisés, qui à fait quoi et dans quel but. N’en déplaise à la droite extrême et à l’ extrême droite les faits sont têtus
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/03/25/oradour-coloniaux-une-accusation-frequente-apres-1945-par-alain-ruscio/#more-91944
    Sauf que nos concitoyens ont une mémoire de poisson rouge et c’est bien triste, aussi triste que l’agression du rabbin est totalement condamnable.
    “Ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre.”
    Jacques Chirac Allocution radiotélévisée – 11 Mars 2007

  3. J.J.

    Des faits, hélas dont la banalité le dispute à la cruauté consubtantielle chez certaines  » créatures » dont on ne sait si elles méritent le nom d’êtres humains.

Laisser un commentaire