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Les mêmes causes produisent-elles les mêmes effets ?

Les mêmes causes produiraient les mêmes effets si l’on en croit un principe bateau maintes fois ressassé lorsque l’Histoire bégaie. En fait si l’on se réfère à Paul Valéry : « Quand on dit que les mêmes causes produisent les mêmes effets, on ne dit rien. Car les mêmes choses ne se reproduisent jamais – et d’ailleurs on ne peut jamais connaître toutes les causes. » Les élections allemandes ont pourtant bien des similitudes avec les résultats dans bien des pays européens et notamment la France.

La percée du parti dirigée par une exilée fiscale, collaboratrice émérite d’un banque ayant ruiné une partie de la planète défenseure de l’orthodoxie familiale a quelque chose de surréaliste dans une nation ayant vu naître le nazisme. Plus de 10 millions d’Allemands ont rejoint le camp de l’Afd et porté son score à 20,8 % des voix, deux fois plus qu’il y a quatre ans. Une percée spectaculaire ! Avec 28,6 % des voix, la CDU/CSU arrive en tête ce qui ne lui laisse que peu de marge de manœuvre à la Droite traditionnelle pour constituer une coalition.

Pourquoi ne pas rappeler que les nazis ont connu leur premier grand succès électoral durant les élections de septembre 1930 qui leur donnent…. 6,5 millions d’électeurs (seulement) et un peu plus de 100 sièges au Parlement quand l’AfD en obtient… 152 ! Le mouvement d’Hitler devient alors la deuxième force du pays, devant les communistes et derrière les sociaux-démocrates. Il attire de plus en plus l’attention de la presse internationale qui, en médiatisant ses interventions politiques, lui apporte une plus grande popularité. Il avait un fort soutien médiatique. L’AfD a obtenu (sans trop de succès cependant) le soutien d’Elon Musk et de son réseau. Les Russes (Est-ce vraiment eux ?) seraient aussi intervenus dans la campagne par la diffusion de vidéos tentant d’accréditer la théorie de fraudes électorales comme ce fut le cas dans la propagande Trump aux USA.

Cette comparaison a de quoi interroger d’autant que dans certaines circonscriptions l’AfD est très porche de la majorité absolue. Hitler a alors multiplié les attaques contre le gouvernement et les actions directes afin d’obtenir une dissolution (un mot connu chez nous) du Reichtag (Parlement allemand) et provoquer de nouvelles élections législatives en mars 1933 soit moins de trois ans après celle de sa percée. Une campagne virulente et très active lui permet cette fois de faire du Parti national-socialiste la première formation politique du pays avec l’entrée de 230 députés. Le contexte social, les rumeurs de guerre, la notion de revanche et surtout le sentiment de déclassement vont faire monter dans le pays le racisme et l’anti-sémitisme.

Lorsque l’on regarde les résultats de l’AfD il est évident que les mêmes facteurs ont joué plus de 90 ans plus tard en sa faveur dans l’ex-RDA. Les ex-Allemands dits de l’Est cultivent le sentiment que la réunification leur a été défavorable. Le libéralisme a généré un sentiment d’injustice très fort. Au contact direct des frontières orientales de la RFA ils encaissent le premier choc de l’immigration plus ou moins clandestine. Ils sont sous la menace directe de la guerre potentielle avec l’URSS ce qui renforce la peur générale. Le pays s’est progressivement coupé en deux et semble irréconciliable. Lors des élections régionales il est à peu près certain que certains lands basculeront vers l’AfD ce qui constituera des laboratoires de gouvernance dans le système fédéral allemand.

La comparaison avec la France met en exergue une similitude dans le rôle des zones rurales dans l’avènement de la situation politique Outre-Rhin. L’AfD y atteint le score de 25,8 % contre 17,5 ù dans les zones urbanisées. Le pire c’est que le parti de l’exilée fiscale en Suisse réalise 21 % chez les… 18-29 ans et pas moins de 26 % chez les 30-44 ans ! L’avenir lui appartient. Son plus mauvais score se trouve chez les retraités (plus de 60 ans!) avec seulement 14 %. Ces derniers sont restés fidèles au SPD alors que les jeunes s’en sont largement détournés !

Il faudra dont une « front » que nous qualifierions en France de républicain pour que l’AfD reste dans l’opposition. Le parti d’extrême-droite espère bien prospérer dans le contexte géopolitique mondial. La situation économique en Allemagne ne vas pas s’améliorer et le poids que va faire peser sur l’Europe la stratégie de Trump vis à vis de l’Europe renforcera l’inquiétude qui traverse tout le Vieux-Continent. L’Allemagne n’a probablement que quelques mois d’avance sur la France qui risque bien d’être plus fragile et plus vulnérable. Mais dans le fond Paul Valéry me rassure : les mêmes causes ne peuvent pas disait-il produire les mêmes effets ! Et nous on a Bétharam, la guerre des visas et des OQTF avec l’Algérie, les sanctions contre Jalibert et le PSG qui affronte Liverpool… Ça occupe !

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Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    « Les Russes (Est-ce vraiment eux ?) seraient aussi intervenus. »
    Ils interviennent partout, ces russes ! Heureusement qu’ils sont là, sinon il faudrait les inventer …
    Sans compter leur incompétence dans l’utilisation des poisons. Combien de cibles potentielles ils ont raté !
    Ce ne sont pas les étasuniens, anges purs, anges radieux, qui commettraient ce genre de forfait.

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