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L’intolérance verbale et physique envahit toute la société

Nous sommes entrés dans un société des donneurs de leçons. Le verbe haut, le mépris en bandoulière et les idées courtes ces personnes qui se considèrent comme possédant la science infuse, tuent à petit feu le débat démocratique. La base idéologique a le mérite d’âtre simple : toutes celles et tous ceux qui ne sont pas d’accord avec moi sont des idiots, des fachos, des gauchos ou des ramollos. Le choix de la classification dépend du coté d’où part le jugement. Alors que beaucoup se prétendent non-croyants ils pratiquent l’excommunication avec une aisance d’autant plus stupéfiante qu’elle leur permet de sanctuariser leurs positions. L’intolérance est devenue une vertu politique cardinale. 

La vie politique a toujours fonctionné sur le rapport de forces. Et contrairement à ce que l’on pense généralement il existe des circonstances où les « forces d’appoint » ont plus de poids pour obtenir des victoires. Ce constat conduit donc à construire des logiques de dialogue alors que l’affrontement reste la solution de facilité. L’insulte est insupportable mais c’est la facilité lorsque l’on sent que l’issue risque d’être positive. Dès lors que l’on reste fidèle à des valeurs et que les négociations portent sur des variantes techniques il faut bien admettre le caractère démocratique de ce processus.

Chaque jour qui passe aggrave la situation créée par un pouvoir aveuglée par les lumières de la croissance et du profit. Bien évidemment la tentation est grande de laisser filer vers le précipice un pays ruiné par l’inconscience présidentielle. La vraie responsabilité vis à vis des électrices et des électeurs c’est d’éviter le précipice ou de détourner une majorité d’entre eux du populisme suicidaire. Les discussions en cours entre la Gauche historique et le gouvernement ne relève donc pas de la « trahison ». La marque infamante au fer « rouge » qui serait apposée sur les épaules des responsables hostiles à la politique du pire, constituerait une illustration de la vision étriquée que certains peuvent avoir de la démocratie.

A tous les niveaux de la vie sociale, les rapports entre les personnes se tendent, se compliquent et surtout conduisent à des fractures irrémédiables. Dans de nombreuses communes par exemple une guerre larvée reposant sur les procès en sorcellerie politique s’amorce avant les municipales. J’ai été personnellement où j’ai conduit cinq listes différentes. Les différences existaient mais jamais elles n’ont pris le pas sur le socle commun de l’intérêt général. Je n’ai jamais connu des affrontements reposant sur le mépris ou l’outrance. Les campagnes électorales ont été parfois musclées, virulentes ou médiocres mais c’est un peu la loi du genre. Dans le combat les équipes restent a:lors soudées et malheureusement elles se disloquent ensuite.

Il est très épuisant d’expliquer que tout n’est pas possible et que l’honnêteté c’est de l’assumer et de la dire. Les donneurs de leçon par tweets, pas posts, par apostrophes diverses gavent les médias du contraire. Le discrédit qui grandit vis à vis de la vie politique naît de cette accumulation de tromperies portées par des déclarations uniquement destinées à se prétendre irréprochable. Entre un Président qui a toujours raison et qui le fait savoir et des leaders des extrêmes uniquement préoccupés par l’échéance destinée à le remplacer il n’y aurait pas de place pour la raison. Être raisonnable au sens philosophique de ce terme serait une tare ou une forme de faiblesse inquiétante. Ce n’est pas spécifique à la France. Les opinions publiques dans de nombreux autres pays ne se gavent que de positions extrémistes réputées « honnêtes », « viriles », « indispensables ».

 Michel Rocard, qui m’a toujours inspiré avec Pierre Mendès-France, a été l’un des rares hommes politiques français à plaider pour la négociation et le contrat. Selon lui la France n’était pas un pays qui aime négocier. Il rappelait que l’une des causes était l’extraordinaire méfiance du pouvoir central devant toutes les autorités locales ; et jamais ce pouvoir central n’a accepté de leur donner une vraie autonomie. « Nous avons été les seuls en Europe à avoir donné, pour réguler le territoire, des pouvoirs à des préfets, c’est-à-dire à des gens nommés par le pouvoir central ; partout ailleurs, ce sont des gouverneurs ou des présidents qui possèdent ce pouvoir. ». La confiance réciproque n’existe pas et tout repose sur des rapports de force entre un État qui sait tout et à toujours raison et qui ne sait que légiférer, normaliser, imposer et sanctionner.

Le climat actuel entretenu médiatiquement pour conforter des audiences conduit à l’extrémisme de masse. Les conflits individuels pullulent généralement des actes de plus en plus violents. Les « guerres » des mots du quotidien s’accumulent. La destruction sous toutes ses formes progresse. Dans la nuit du 4 au 5 février 1955 Pierre Mendès France qui va être balayé par un vote de défiance de l’Assemblée nationale déclare : « Les hommes passent, les nécessités nationales demeurent ! »

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Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

    « la Gauche historique » ? À considérer certains qui s’en réclament, peut on vraiment considérer qu’ils représentent la Gauche, ou alors quelle gauche molle ?
    … » l’extraordinaire méfiance du pouvoir central devant toutes les autorités locales ; et jamais ce pouvoir central n’a accepté de leur donner une vraie autonomie. »
    D’aucuns qualifieraient cette attitude et cette forme de gouvernement de jacobinisme, en fait un mauvais souvenir du pouvoir royal centralisé et d’infantilisation du « peuple » et de la « province ».

  2. faconjf

    Bonjour,
    peut être ais-je mal interprété votre billet du jour? Mais il me semble faire l’éloge en creux de la vassalité revendiquée des faucialistes qui piaffent d’impatience pour rejoindre la Mac-Ronnie incarnée par son faux-nez Béarniais.
    Je vous cite : « Les discussions en cours entre la Gauche historique et le gouvernement ne relève donc pas de la « trahison ». La marque infamante au fer « rouge » qui serait apposée sur les épaules des responsables hostiles à la politique du pire, constituerait une illustration de la vision étriquée que certains peuvent avoir de la démocratie.  »
    Chacun jugera et interprétera à sa manière votre opinion de ce jour. Pour moi, se faire l’allié objectif de la Mac-Ronnie relève de la trahison du pacte des castors qui a sauvé extremis le c.l de bon nombre de faucialistes et de Mac-Ronnistes. Le piège du barrage ripoublicain pour empêcher le R haine s’est refermé et le bombardement merdiatique s’est concentré sur le friable NFP pour achever de le fissurer. En rejoignant les Mac-Ronnistes les faucialistes se déshonorent quoique vous puissiez en dire.
    Quand à l’urgence de la situation économique qui justifierait l’union pour sauver la France, je vous invite à prendre connaissance de l’info suivante  » Le Canard Enchaîné révèle que le nouveau fauteuil du Président du Sénat, qui doit être remplacé, coûtera 40 000€ HT. Le Mobilier national a été consulté, mais Gérard Larcher n’a pas trouvé de fauteuil à sa convenance parmi les collections appartenant à l’État. »
    40 000 € ce n’est rien pour un mamamouchi comme Larcher dont l’inestimable postérieur s’assoit sur 3 300 milliards de dettes … Le mobilier National regorge de fauteuils magnifiques ou bien, au pire, les menuisiers ébénistes des ateliers nationaux pouvaient remettre en état son fauteuil actuel. Mais non! le petit Marquis du Palais du Luxembourg ne peut se satisfaire de marchandise d’occasion pour son honorable séant. Bref, voici une dépense qui ne changera rien aux finances nationales mais qui montre bien avec quel mépris les autorités du plus haut niveau de notre pays traitent le petit peuple.
    Rejoindre, sans le dire, ou soutenir – ce qui revient au même-, les petits marquis méprisants de cette oligarchie est une faute politique suite logique du mouvement des castors!
    Ne soyez pas étonné, après ce ralliement aux allures de reniement, si la rancœur et la haine envahissent une fois de plus notre pays. Le sort des vassaux consiste à servir de marche-pied et de se réjouir de ne point être battu par son « bon  » seigneur. Attendre une quelconque reconnaissance de l’oligarchie pour une trahison passée demeure un placement à fonds perdus.
    C’est ainsi que naissent les révolutions. Avec une accumulation d’histoires de trahison , de pains, de brioches ou de fauteuils…

    1. J.J.

      « le petit Marquis du Palais du Luxembourg » . Petit, c’est une façon de parler ! Et vu la taille du « postér » du personnage, il faut du solide, 40 000 €, c’est donné.

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