La période est propice aux effets d’annonce puisque les vœux ne sont rien d’autres que des incantations destinées à ouvrir les portes d’une avenir radieux pour celles et ceux auxquels ils sont destinés. Elle permet aussi par des promesses aux tenants d’un pouvoir quelconque de continuer à exister. L’occupant à titre temporaire de l’Elysée ne jouant plus un rôle prééminent dans la vie politique française et se trouvant sur la voie de la mise au rancard, a encore utilisé l’artifice des propositions intenables pour rester sur le devant de la scène. Dans quelques semaines il se trouvera en effet encore confronté à ses décisions erratiques et à une politique ayant plongé le pays dans le chaos et la ruine potentielle. La main-mise du RN sur les derniers mois de son mandat s’affiche chaque jour un peu plus. L’étau des extrêmes se resserre et finira par broyer ses illusions d’union nationale pour sauver la France du naufrage.
Alors pour distraire un peu l’attention d’une opinion publique dépitée, désabusée, désorientée et surtout désemparée face au décalage entre les déclarations et les comportements des personnes détentrices des leviers de commande de la nation et leur quotidien, le Président a ressorti le mythe du référendum. «Nous aurons des choix à faire pour notre économie, notre démocratie, notre sécurité, nos enfants». Et de poursuivre : «C’est pour cela qu’en 2025, nous continuerons de décider et je vous demanderai aussi de trancher certains de ces sujets déterminants. Car chacun d’entre vous aura un rôle à jouer». Une sorte de sursaut destiné à effacer les turpitudes politiques des années passées. Comment croire sauf à être un apôtre zélé de cette proposition venant après de multiples ratés en matière d’écoute de la volonté populaire ?
S’agit-il d’une grande nouveauté ? Dès l’été 2017, à peine élu, il avait évoqué la possibilité de soumettre aux électeurs une vaste réforme des institutions qui n’aboutira finalement jamais. En 2019, alors qu’il tente de s’extirper de la crise des gilets jaunes, il caresse aussi pareille consultation sur des solutions nées du « grand débat national », mais ne passe pas à l’acte. Rebelote à la fin du premier quinquennat, lorsqu’il promet un référendum sur l’introduction de la défense de l’environnement dans la Constitution, à l’issue d’une convention citoyenne sur le climat: il doit finalement y renoncer faute d’accord entre l’Assemblée nationale et le Sénat, censés voter dans les mêmes termes une révision constitutionnelle avant qu’elle soit définitivement adoptée. Chaque fois nous sommes revenus aux simples effets d’annonce suivi d’une grande campagne de communication vide de tous projets.
Lors du second quinquennat, privé de majorité absolue, Emmanuel Macron réunit les forces politiques en quêtes de compromis, et prévoit de soumettre à référendum certains projets qui émaneront de ces discussions. Alors que la droite et l’extrême droite réclament un vote sur l’immigration, il propose même de modifier l’article 11 de la Constitution afin de le rendre possible en élargissant le champ du référendum aux « questions de société » qui en sont pour l’heure exclues. Mais l’idée est abandonnée faute de consensus. Désormais la situation est encore plus bloquée ! Le pire c’est que dans l’histoire républicaine les électrices et les électeurs les plus motivés se rendent aux urnes, non pas pour répondre à la question mais pou voter pour ou contre celui qui la pose.
Aucun référendum n’a été ainsi organisé en France au niveau national depuis 20 ans — alors qu’il y en avait eu jusque-là neuf sous la Ve République née en 1958. Et pour cause: le dernier, celui de 2005 sur un projet de Constitution européenne, s’est soldé par une victoire du « non » qui a traumatisé la classe politique qui était au pouvoir.
Pour se lancer dans une consultation directe du peuple il est indispensable de se référer à l’article 11 de la Constitution qui restreint les sujets qui pourraient faire l’objet d’une consultation électorale en 2025. Exit l’immigration, mais aussi la légalisation d’une forme d’euthanasie, autre question fréquemment évoquée. Les questions sociétales sont exclues, il n’y a pas donc pas actuellement de sujets constitutionnels consensuels pour un référendum. La seule question qui pourrait mobiliser l’électorat pourrait être celle du devenir du système des pensions ! Autant dire que ce serait une défaite annoncée pour ceux qui l’ont conçu. La question sur l’âge de départ sans une question secondaire sur son financement n’a qu’un intérêt limité ! Le passage à la proportionnelle intégrale pour tous les scrutins n’attirerait pas les foules mais satisferait le RN…
Pas de sujets possibles… pas de consensus possible des deux chambres du Parlement… une participation désolante… A peu près 70 millions de coût… Alors il y a fort à parier que l’on ira vers une ou deux « conventions » ne méritant pas le qualificatif de citoyennes tant dans leur fonctionnement que dans leur impact réel sur le sujet traité elles n’auront aucune suite puisque les lois ne pourront pas être votées en suivant au Parlement . En fait redonner le pouvoir aux citoyens débute localement et avec un approche globale durable (1) et pas sur des « coups » ponctuels. Les effets d’annonce ne sont que des leurres…
(1) Mon livre « Le partage du pouvoir local » aux Editions Le Bord de l’eau abordait concrètement ce sujet.
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Si referendum il y a, j’irai voter, probablement non ou blanc, à moins que ce referendum propose d’abolir le 49/3 (sans autre question piège) par exemple.
L’avantage du referendum, c’est qu’on dit oui ou non comme devant le maire quand on se marie. Pas besoin de développer, comme le fait si bien l’auteur de « Roue Libre » en vente gratuite chez tous les meilleurs fabricants de blogs comme celui-ci.