Ce soir, je m’endors devant ma page blanche. Je n’arrive pas à entrer dans le coffre-fort des mes idées. Je peine à admettre qu’il me faut me coltiner la création d’un texte cohérent et un tantinet intéressant. Et pourtant, il me faut vous donner ce mouron des mots que les mésanges bleues de la pensée n’aiment pas toujours quand ils lui restent en travers du gosier. Je me nourris tout à la fois de l’eau fraîche de l’espoir d’être lu, et de l’amour que j’ai pour l’écriture. Et ce soir, je n’ai guère d’appétit.
C’est, je l’avoue, exigeant comme défi que celui, depuis maintenant plus 19 ans, de s’astreindre à vouloir entrer par le trou d’une serrure dans une esprit grand ouvert. Il faut se faufiler dans les idées reçues, zigzaguer parmi les méandres des apparences, dénicher quelques graines de vérité. Ce parcours quotidien nécessite d’avoir l’œil vif et le tonus des gens curieux toujours en éveil. Pas facile quand la journée a été chargée, et que les paupières de l’indifférence ne veulent plus se lever, sous prétexte que vous êtes rendu à l’heure où il faut se coucher… désespéré et désemparé.
Les paupières, ces volets que l’on abaisse quand on ne veut plus être aveuglé par le soleil des apparences refusent de me tenir éveillé. Ce soir les miennes manquent de résistance. Impossible de regarder l’actualité avec un œil aiguisé et de se concentrer sur les « Trumpitudes » américaines tellement elles assomment ma conscience. Impossible de croire qu’un jour cette nation qui a versé le sang de ses hommes pour réduire à néant la bête immonde du nazisme serait dirigée par un fasciste bon teint. Mieux, pouvais-je imaginer que le roi du X ferait un salut honteux devant des foules fanatisées et des millions de téléspectateurs admiratifs ? Le délire absolu. Le comble de l’ignominie.
J’ai l’envie de tout abandonner, de laisser aller filer la barque de mes valeurs au fil de l’eau, de ne me poser aucune question et de ne pas m’exposer en tentant de mettre un grain de sable dans la machine à broyer l’humanisme. Le défilé des religieux comme dans les théocraties que l’on critique chez les autres, sur le podium de cette longue cérémonie de louanges envers un homme élevé au rang de dieu de l’outrance, de l’intolérance, de l’immoralité absolue, avait quelque chose de terrifiant. Impossible de ne pas avoir envie d’entrer en hibernation pour ne pas avoir à affronter la glaciation de la raison. Le XXI° siècle est devenu le siècle de l’obscurité et l’obscurantisme.
Le « Trumpraminagobis » laisse approcher les souris insouciantes d’une histoire dont on finira par connaître l’immoralité. Rien n’arrête le suicide politique de l’Europe en cours, puisque nombre de ses dirigeants actuels ne se privent pas de jouer aux marchands de sable. Ils endorment les consciences, avec des discours ressassés par des médias consentants, Ils répandent la poudre de perlimpinpin sur les foules pour éviter que l’on perçoive leur complicité avec cette oligarchie de l’endormissement programmé de l’esprit critique et surtout de tout ce qui fonde le vivre ensemble.
Ce soir, je n’ai pas envie d’allumer la lampe de chevet qui m’évite de dormir dans le noir absolu. Qu’il envahisse tout ce qui m’entoure. Je suis lassé de souffler sur une braise moribonde dénichée dans des tas de cendres du dénigrement, des caricatures faciles, de mensonges, d’énormités obscurantistes. La vérité, aussi nue soit-elle, se meurt étouffée par les manipulateurs des faits, de la science, de la réalité. La facilité reste de clamer qu’il ne faut pas abandonner. Sauf que les conseilleurs ne sont pas parfois les plus réveillés des soutiens car disent-ils, ils n’ont plus le temps et surtout ils ont sombré dans l’indifférence sans l’avouer.
La « trumperie » en cours repose sur la pire des méthodes : la propagande. Elle consiste à formuler de manière aussi crue et dégueulasse que possible ce que les gens pensent de manière simpliste faute de culture mais n’ose pas formuler. La haine de l’autre devient le plus confortable des arguments. Juifs, communistes, francs-maçons, tziganes, arabes ou noirs : tant d’êtres humains ont servi d’exutoire à cet principe voulant que selon une formule célèbre « l’homme soit un loup pour l’Homme ». Et les loups n’entendent rien. Ils chassent en meute. Ils ne connaissent que la loi du plus fort. Ils tuent pour survivre. Ils n’entendent rien et n’obéissent qu’à leur instinct.
J’ai les paupières aussi lourdes que le plomb de l’indifférence qui pèse sur le pays. Elles veulent pourtant absolument pas me faire battre en retraite dans ce monde où il est de bon ton de fermer les yeux sur tout ce qui se passe d’anormal ou d’immoral. J’ai les paupières lourdes ce soir… J’ai envie d’aller retrouver « mon cinéma sur l’écran noir de mes nuits blanches ». J’ai du mal à croire que je peux encore me battre contre les marchands de sommeil… Gardez les yeux ouverts pour moi !
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Comme je te comprend Jean-Marie…
Cependant, une réflexion ma vient à l’esprit: les américains sont aussi cons que les Français car les deux peuples ont élu puis réélu le même type!
C’est à se taper le cul sur un pain de glace, comme disait je ne sais plus qui.
Bref, il y a du mouron à se faire, mais ça, ça sera pour les générations suivantes car nous, nous n’avons plus guère d’illusions et ne pouvons qu’être tristes de ce qui arrive.
Après tout, on a que ce qu’on mérite, paraît-il.
Sur ce, bonne journée quand même à toutes et tous.
…cette nation qui a versé le sang de ses hommes pour réduire à néant la bête immonde du nazisme serait dirigée par un fasciste bon teint.
Les hommes qui ont versé leur sang l’auraient fait (à l’insu de leur plein gré) pour une toute autre cause si le vent avait tourné autrement.
Le fascisme n’est pas inconnu aux USA : avant la seconde guerre mondiale on y comptait de nombreux adeptes et certains « gouvernants » n’avaient pas vraiment encore choisi leur camp. Malgré leurs déclarations la main sur le cœur, il y a longtemps que je ne crois pas un mot à la soi disant démocratie aux USA, dont l’origine repose sur un génocide et l’esclavagisme. Leur Déclaration des Droits de l’Homme omet de préciser qu’elle ne concerne que les hommes blancs…
Dans le reportage sur la catastrophe du dirigeable Hindenburg, 6 mai 1937, on peut voir de nombreux étasuniens venus rendre hommage aux victime faire en tout impunité le salut nazi.
Et les forces US, débarquées en Algérie(8/11/1942), ont attendu prudemment de voir de quel côté le vent aller tourner pour se décider(wait and see). La victoire de Stalingrad(2 février 1943) a sans doute été décisive dans cette prise de position. En 1944 des hauts gradés étasuniens (Patton) auraient caressé le projet d’utiliser les rescapés de l’armée allemande comme supplétifs, pour aller attaquer l’URSS. Il ne faut donc s’étonner de rien.
Quant à l’atmosphère générale crée par cet « avènement » et tout ce que nous avons pu voir(le moins possible, facile d’imaginer l’horreur) et entendre il me désespère aussi profondément que toi.
@JJ faut pas rêver, nos « amis » d’outre-Atlantique ne se sont pas éteints avec l’action du temps inexorable. Ils ont fait des petits, beaucoup de petits. Pour comprendre comment l’extrême-droitisation des esprits est téléguidées depuis le pays de l’oncle Sam il faut se plonger dans cette analyse.
https://multinationales.org/IMG/pdf/atlasfr_v3.pdf
Le réseau Atlas inconnu du grand public qui pourtant façonne, ici en France, le débat publique sur les grandes questions de la société via son réseau ( Club de l’horloge, l’Ifrap, contribuables associés). L’influence du réseau aurait inspiré, via les « personnalités » qui s’y retrouvent, de nombreuses idées en vogue au ministère de l’éducation…
Bonne lecture c’est instructif.
Bonjour facon fj. Je télécharge le dossier mais étant en « maintenace » je ne peux le lire actuellement. Amicalement.
Bonjour,
Un p’tit coup de mou Jean Marie ? Ce que je vais écrire ne va pas vous regonfler, dommage car nous tous avons besoin de la fenêtre d’air pur que vous ouvrez chaque matin de notre quotidien. Déjà sur la question du sommeil qui reste une difficulté pour bon nombre de nos concitoyens notamment les plus âgés. Discutant avec un ami, David Ben Gourion fondateur de l’État d’Israël, lui faisait part de ses doutes sur sa pérennité d’Israël, parce qu’à son avis les Arabes n’accepteraient jamais d’être évincés de leur terre. Son interlocuteur s’offusqua alors et lui dit : « comment quelqu’un comme vous, dont l’État d’Israël est l’œuvre de la vie peut-il penser et dire une chose pareille en arrivant à dormir ? »
Ben Gourion lui répondit : « qui t’a dit que je dors ? »
Pour revenir à l’actualité dont le cessez le feu à Gaza fait partie et à mettre au crédit de »perruque d’écureuil » les merdias font des gorges chaudes du double salut de Musk. L’homme le plus riche du monde vient en fait de s’acheter un président pour pouvoir financer ses objectifs à moyen et long terme aux frais des contribuables US et aussi des pays vassaux de l’empire. Fasciste Elon Musk ? On peut se poser la question à travers ses actes. Sa gestion autoritaire de Tesla où il nie les droits syndicaux, la torture des animaux qu’il pratique avec Neuralink pour tester ses implants cérébraux, ses menaces sur la possibilité d’un coup d’État en Bolivie pour sécuriser l’approvisionnement en lithium… sans parler des expropriations de natifs américains à Boca Chica : les logiques coloniales et impérialistes sont indissociables de Musk. On peut aussi s’interroger sur ses activités spatiales qui sont ancrées dans ce moment particulier de la Seconde Guerre mondiale où, sous le troisième Reich, elles ont été industrialisées. Avec de nombreuses figures dont la plus connue est Wernher von Braun, qui dans l’après-guerre, a joué un rôle central à la Nasa dans le programme Apollo après avoir été actif dans le nazisme, en Allemagne, pendant la guerre. Une dimension souvent occultée, et cette figure pionnière est souvent admirée dans le milieu. On peut lire dans la biographie de Musk de 2016 que SpaceX avait même baptisé une salle en hommage à von Braun.
Dans son discours d’investiture, Donald Trump a mentionné l’objectif d’envoyer les États-Unis « planter la bannière étoilée sur la planète rouge ». La colonisation de Mars étant également l’obsession d’Elon Musk, qui a rejoint l’administration Trump pour servir son projet.
Le lanceur Starship développé par SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk, pour aller sur la Lune, objectif de Trump pour son premier mandat, a pris du retard, sa version lunaire (HLS) n’est pas encore éprouvée. Le projet est très coûteux pour les États-Unis mais Elon Musk en a besoin économiquement. Trump évoque aussi de « nouveaux horizons », dans la lignée des idées dites frontiéristes, les États-Unis ont besoin d’une « nouvelle frontière » pour ne pas décliner. Les plus endoctrinés des dirigeants Yankees sont convaincus de la « destinée manifeste », selon laquelle les USA auraient pour mission divine l’expansion de la civilisation vers l’Ouest puis vers les étoiles. Je rappelle qu’ il y a en toile de fond cette idée d’étendre la civilisation, avec des motivations économiques mais aussi religieuses. Il faut prendre des terres prétendument vierges pour les peupler selon le message biblique. Elon Musk, qui a lui-même douze enfants, s’inscrit pleinement dans cet imaginaire. De la même manière que l’expansion sur les terres et les mers étaient vitales pour répondre au besoin de croissance du capitalisme, l’expansion spatiale l’est maintenant. Avec une différence fondamentale : la possibilité d’exploitation des ressources spatiales ( minerais, énergie, terres rares) y est extrêmement spéculative.
La spéculation c’est aussi le point fort du propriétaire de X et de Tesla dont les valeurs réelles et leurs valeurs en bourse ne sont QUE spéculations qui valorisent sa fortune aussi volatile que le bitcoin.
“Là où loge le souci, le sommeil ne s’abat jamais.” William Shakespeare Roméo et Juliette
Bonne journée
« La colonisation de Mars étant également l’obsession d’Elon Musk, qui a rejoint l’administration Trump pour servir son projet. »
Mais qu’ls y aillent donc(ou se perdent en chemin, l’univers est grand) et qu’ils y restent.
Ce sera un grand progrès pour l’humanité !
Je vous livre ici quelques nouvelles de notre ex-cher, très cher commissaire européen valet zélé des intérets Yankees.
https://www.investisseur-sans-costume.com/le-triple-scandale-de-t-breton-chez-bank-of-america/
C’est réconfortant de constater que les banksters sont parfois reconnaissants…
Bonjour Monsieur,
Je viens de lire, comme tous les jours, votre texte d’aujourd’hui et je me permets de vous redire que vos écrits sont, malgré ce qu’il vous en coûte, un éclairage sur ce monde que nous ne comprenons plus…
Personnellement je m’offusque en même temps que vous sur ces idées toujours plus ignobles qui nous sont montrées chaque jours comme une « vérité »!!!… Mais j’ai besoin de lire votre opinion tellement importante pour des gens comme nous, simple citoyen qui assistons à la dégringolade des valeurs inculquées par nos parents et inculquées à nos enfants et petits-enfants. Ne désespérez pas, car beaucoup de personnes vous lisent .
Bien cordialement.
Je partage chaque mot de ce billet ! Je trouve notre jeunesse bien laxiste peut-être tellement préoccupée par la vie actuelle. Voir les étudiants faire la queue pour pouvoir manger me fait mal. Pourquoi ne bougent ils pas ? Certains s’insurgent par ce que nous voyons Outre Atlantique mais ils ne sont pas la majorité.
Je n’ai pas lu dans la presse ou vu à la TV quoi que ce soit au sujet de ceux qui ont obtenu la légion de l’horreur, tous traînent des casseroles et que dire de ceux qui sont au gouvernement avec les mêmes casseroles.
Il est temps de se réveiller avant qu’il ne soit trop tard
« Il est temps de se réveiller avant qu’il ne soit trop tard. » Je crains , hélas que depuis longtemps qu’il ne soit trop tard.
Peut être encore un peu plus pessimistes que les autres ? Mais j’ai « démarré » dans la vie avec tellement d’espoir que « ça aller s’arranger » que je n’ai plus aujourd’hui aucune certitude, sauf mon avenir à court terme …
@Jean-Marie, un Mars et ça repart ! 😉
Conseil de lecture : La révolte (enquête sur les jeunes élites face au défi écologique). Marine MILLER, au SEUIL.
(Certains de) Nos jeunes sont déjà en résistance.
Très beau texte Jean-Marie.
J’allais te dire bonne nuit, mais je crois qu’il faut rester les yeux bien ouverts face à ce qui est en train de se dérouler un peu partout dans ce monde qui fonce droit dans le mur.
Les fascismes partout dans le monde, l’environnement qui court à sa perte… Les bonnes nouvelles sont rares.
J’espère que nous ne nous réveillerons pas sur un matin brun.
Perso, j’ai tendance à penser que le monde est actuellement englué dans un cycle de destruction et que, comme le bateau qui court sur son erre, actuellement, rien ne le fera dévier.
Les indouistes y verraient l’œuvre de Kali, et un mouvement de balancier naturel et temporaire vers le ”côté obscur de la force ».
Je me dis avec fatalité et résignation, qu’après tout, la disparition de l’espèce humaine est peut-être, pour l’heure, la condition de la sauvegarde de toutes les autres, ainsi que de la sauvegarde de la petite planète bleue ?…