Dans l’histoire il y a eu de vastes polémiques autour des préparations culinaires ou pâtissières. Entre le pain au chocolat et la chocolatine, ce sont en fait deux visions de la vie qui s’affrontent. L’une réaliste, froide, sobre et l’autre poétique, légère, détendue. Il en est de même en cette période autour de la galette supposée faire des rois ou des reines. L’une farcie de frangipane au goût d’amandes et l’autre briochée avec des fruits confits ou plus simplement du sucre. C’est en fait une résurgence du découpage de la France entre la langue d’Oil et la langue d’Oc. Bien entendu les soutiens à ces deux créations ancestrales prétendent que leur version détient la vérité et ils invoquent la tradition pour justifier la prééminence de leur gâteau.
Autant que je me souvienne la couronne dorée couverte d’éclats ou un saupoudrage de sucre apparaissait parfois sur les tables familiales. Elle n’était pas chère et avait le mérite d’offrir un moment de partage autour de la recherche de la fève. Il y a belle lurette que l’on ne met plus ce légume sec dans la galette. La normalisation de la fabrication et plus encore le goût des acheteurs pour des objets en rapport avec les séries télé ou les personnages connus des enfants a remplacé l’intrus naturel. D’ailleurs il est à peu près certain que si un pâtissier revenait à cette tradition séculaire il n’aurait pas le succès escompté car qui connaît encore ce qu’est une vraie fève ?
L’origine de ce rendez-vous chez le boulanger n’a absolument rien de religieux et comme pou beaucoup d’autres rendez-vous a été récupéré chez les Romains qui fêtaient les « Saturnales » après la mi-décembre. Il s’agissait d’une période de trêve où la puissance des maîtres sur leurs esclaves était suspendue. On s’offrait alors des présents et on partageait ensemble les arts de la table. Au moment du gâteau, une fève glissée à l’intérieur désignait le roi… d’un jour ! Il semble que cette tradition qui gommait les puissants et les miséreux ait disparu dans notre société moderne. Justement le « partage de la… galette », idée révolutionnaire est au cœur de la société actuelle. Au XIII° et au XIV° siècles, on se met à divisé un gâteau en autant de parts que de de personnes présentes plus une : la part du pauvre !
C’est également au 14ème siècle, que s’est installée la coutume du « roi boit ». Celui qui tirait la fève se devait d’offrir une tournée à l’assemblée. On dit que les plus avares avalaient la fève pour ne pas avoir à payer à boire. C’est ainsi que serait née la fève en porcelaine, moins évidente à avaler. Les vraies fèves ont été remplacées par des fèves en porcelaine représentant Jésus au 18ème siècle puis un bonnet phrygien à la révolution. Certaines expériences me font penser que ces pratiques n’ont guère changé…
Ces galettes n’ont plus rien de religieux. Elles permettent simplement de maintenir des bribes de lien social. On déguste et on critique. On échange et on s’amuse. Les moments de ce type deviennent de plus en plus rares. Une multitude de considérations empêchent qu’ils se maintiennent. Les conseils sur la santé (plus de sucre ou de produits trop riches en ceci ou en cela), le temps perdu au bureau ou ailleurs, la banalité de ces fabrications et leur industrialisation et la perte des repères collectifs n’arrivent pas à détruire le pouvoir de l’envie d’une royauté éphémère. En effet chaque année, on estime à 60 millions le nombre de galettes des rois vendues par les quelque 35 000 boulangeries du pays. Entre souvenirs d’enfance, collections de fèves et pure gourmandise, la tradition est bien ancrée.
Alors frangipane ou briochée, c’est avant tout une affaire de racines. La table a révélé durant des années les caractères de celles et ceux qui l’aimait. Si vous entrez quelque part regardez la longueur de ce meuble essentiel. Sa longueur et sa forme traduisent le caractère et les idées des propriétaires. La galette aussi. Sa taille est en effet plus importante que sa texture. Elle traduit la volonté de partage de l’acheteur et plus les parts sont réduites, plus le nombre des convives est élevé. Quant au roi ou à la reine ce n’est que le reflet de ce goût prononcé des Françaises ou des Français pour un ancien régime que la République a remis en avant avec la Constitution de la V° République. Alors devenir une tête couronnée durant quelques minutes n’a rien de désagréable.
Comme c’est aussi la tradition « la galette parisienne » l’emporte sur toutes les variantes provinciales que sont la Dunkerquoise, la Tropézienne, l’Alsacienne, la Bisontine, la Normande, la Bordelaise ou celle de Guyane. Toutes différentes mais toutes indispensables pour réunir les « partageux » ou les « gourmands » de la vie. Je vous assure un peu de galette en ce moment ne fait pas de mal…
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Sans oublier l’autre sens argotique de la galette… 😉
Et en période de déficit nous en manquons bien.
Santé et courage à toutes et tous.
…qui connaît encore ce qu’est une vraie fève ?…
Moi !
Et je regrette que l’on n’en trouva plus dans le commerce.
En effet, quoi de meilleur qu’un bon plat de fèves agrémenté d’un aimable morceau de salé par exemple, d’une saucisse de Toulouse ou d’une cuisse de canard ? Un plat d’hiver pas très diététique, mais jadis « incontournable ».
Il reste bien sûr les délicates fèves printanières à manger à la croque au sel. On en trouve parfois dans le commerce ou sur les marchés, mais elles n’ont pas la fraîcheur de celles cueillies au jardin. Cette année encore je devrai m’en passer, les potagers étant transformés en éponges, impossible d’en semer.
Au nom du « lotentique », comme dit Galinette, personnage de la trilogie pagnolesque, je déclare :
Vive la chocolatine !
Vive la galette briochée !
Bonjour,
j’ai trouvé la fève je vous la présente ici:
https://youtu.be/oTz0gnOM3NM
Ne vous étouffez pas avec votre part de galette et évitez de vous casser les dents comme notre méprisant avec les fèves Sénégalaise et Tchadienne . Commençons par la fève Sénégalaise glissée par le premier ministre Sonko sur X:
« Le Président Emmanuel Macron a affirmé aujourd’hui que le départ annoncé des bases françaises aurait été négocié entre les pays africains qui l’ont décrété et la France.
Il poursuit en estimant que c’est par simple commodité et par politesse que la France a consenti la primeur de l’annonce à ces pays africains.
Je tiens à dire que, dans le cas du Sénégal, cette affirmation est totalement erronée.
Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté , en tant que pays libre, indépendant et souverain.
Il déclare, enfin, « qu’aucun pays africain ne serait aujourd’hui souverain, si la France ne s’était déployée ». Constatons que la France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité et sa souveraineté.
Bien au contraire, elle a souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel.
C’est enfin le lieu de rappeler au Président Macron que si les soldats Africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés lors la deuxième guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut être aujourd’hui encore, Allemande. »
Et terminons par la réponse du Tchad à cette déclaration du méprisant (… des dirigeants africains avaient « oublié de dire merci » à la France pour son intervention dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.). Une déclaration qui a notamment fait réagir le chef de la diplomatie du Tchad. « Le gouvernement de la République du Tchad exprime sa vive préoccupation suite aux propos tenus récemment par le président de la République française, Emmanuel Macron, qui reflètent une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains » a déclaré Abderaman Koulamallah dans un communiqué lu à la télévision d’État.
Les gouvernants de notre pays n’ont pas pris en compte l’effondrement de la puissance occidentale et en particulier de l’effondrement géopolitique de la France.
Un nouveau monde va apparaître, nous sommes encore dans le déni trop occupé à digérer les restes de notre puissance passée…
Bonne galette à vous, il paraît qu’elle manque cruellement à Bercy…
Et bonne journée
bonne année 2025
surement que la galette manque pour les institutions de la France !
Je suis bien sur qu’elle ne manque pas à ceux qui élus et qui même pas élus
sont alimentés par copinage et sont très nombreux accrochés aux mamelles de notre
pauvre France………..
l exemple de la Grèce n aura profité à personne en France ou le fier gaulois crois être au dessus de la mêlée
Choupinet 1er aura bientôt fini de détruire notre ex beau pays .
il est vrai qu’il nous a été imposé pour ça Faut être Européen
vive MMe Van der jamais élue qui décide de tout
J’ ai failli m’ étouffer avec la fève quand j’ ai vu le prix de la galette , 18 euros la galette Parisienne …….
Cependant , elle était excellente , mais enfin , la galette déraille un peu , l’ amande est salée cette année .
Cordialement.
Bonsoir JEAN-MARIE ! (comme promis ….!)
Déjà le 7/1 ! Donc, ainsi qu’à tous les fidèles du blog, trouve ici mes meilleurs vœux de santé (surtout !) et de bonne vie au milieu de tes tiens pour 2025 … et à suivre ! !
Pourquoi cette absence dans les commentaires ? La gueule ? Non, tu me connais: si, ça cloche, j’envoie ! ! ! Non, simplement Dame Santé qui me secoue depuis deux mois me rappelant (comme si je l’avais oublié !) que j’étais entré dans l’ultime catégorie de population des « vieuxquontdelage » ! Mais le spécimen est solide et, malgré des articulations qui grincent, je redresse la tête pour observer … à défaut de conquêtes, mes cimes chéries !
Allons, Jean-Marie, pas d’écarts de complaisance ou de recherches de voix ( laisse cela aux autres chasseurs!) : comme la chocolatine, il n’y a que la galette briochée ! Tu sais bien : celle du peuple, celle qui laisse des grains de sucre dans les dents creuses, certes, mais aussi ce goût très typique d’eau de fleur d’oranger que nos mémés ajoutaient …façon Maïté !
Les autres « gâteaux » ne sont que des fac-similés pour bobos parisiens, résultats de photocopieuses 3D où la recherche du succès à voler est l’objectif !
Cette année, il semble que nous dirigeons vers une disette du lien communal de l’Épiphanie : restriction budgétaire ou trop de nids de poule à colmater … à moins que le boulanger-sponsor soit parti skier, aucun flyer d’invitation au verre de l’amitié ! Sacré méprisant et sa dissolution pas Tip-Top !
Amicalement