Le soleil que nous espérions pour 2024 plongé dans une quantité impressionnant d’eau froide va se coucher dans deux jours. Il aura bien du mal selon les prévisions à percer la purée de poids dans laquelle nous sommes plongés. Rien d’idyllique ou de spectaculaire. Une disparition progressive à l’horizon, totalement ordinaire. Nous allons assister au lever du même accompagné des souhaits traditionnels de santé, de réussite et de bonheur alors que rien ,absolument rien ne permet de croire en ce monde meilleur pour les autres que les personnes de mon âge ont tant espéré. Le temps est venu de mettre en exergue quelques mots qui, pour moi, représente cette année qu’à titre collectif nous ne regretterons pas. Il y en aurait beaucoup mais les doigts d’une main suffiront à les compter parmi les plus importants.
Arrogance.- En 2024 il y aura eu majoritairement des actes présidentiels qui ont relevé de l’égo surdimensionné et viscéral de celui qui les a mis en œuvre. Dans tous les domaines l’action publique de l’occupant de l’Élysée a relevé du désir d’apparaître comme le seul maître du destin d’un pays qui ne l’avait élu que par rejet de sa concurrente. Malgré toutes les promesses, malgré les artifices de communication, malgré les contextes, malgré les échecs cuisants sa seule préoccupation a tourné autour de sa supériorité sur tout le monde. Il n’a été que le reflet des ces élites méprisantes qui sont certaines de leur vision du bonheur des autres et de ce qui n’est en fait utile qu’à leur situation personnelle.
La France a plongé dans l’arrogance institutionnalisée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières. Plus aucune humilité. Plus aucune écoute. Plus aucune empathie. L’arrogance permet de se dédouaner de toutes les erreurs commises. En fait le Président, entouré de séides intéressés n’est que le reflet de cette attitude qui envahit chaque jour un peu plus la vie sociale. Au summum de cette réalité désolante on trouve la dissolution de l’assemblée nationale. Une sorte de vengeance à l’égard des éléments nationaux de la démocratie représentative jugé nuls et irrespectueux. Deux grandioses cérémonies et de multiples commémorations ont entretenu le culte du dieu dispensateur de pain et de jeux, de religion et de tradition, de valeurs historiques et de symboles références.
Défiance.- Elle a éteint son plus haut niveau au cours de l’année écoulées. Un très large majorité de Françaises et de Français n’a absolument plus confiance dans les élites qui prétendent les diriger. Il n’y a pas que le politique qui en est victime globalement. Le mal gagne du terrain dans les secteurs de l’enseignement , la sécurité, la santé, l’économie et même dans le sport. Pas un acte du quotidien ne nécessite pas une prudence ou une réaction de défense. Une peur panique de l’autre ou des autres règle désormais les rapports sociaux.
Entretenue par un système médiatique télévisuel et radiophonique elle a fini par devenir une vérité établie. Le refuge, l’abri anti-défiance se trouve dans les idées les plus simplistes, approximatives, indignes mais rassurantes par justement l’identification des coupables de cette situation. Exploitée par des politiques avides de flatter les pires instincts, la crise actuelle prend le pas sur la réflexion. Tout devient instinctif et destructif du vivre ensemble. Le prix à payer sera lourd et durable.
Indifférence.- Tout au long de 2024 le manque d’intérêt pour tout ce qui est collectif a progressé. Les événements politiques n’intéressent plus personne. Les plus motivés se détournent de l’action concrète et les autres ont lâché prise depuis parfois très longtemps. Le militantisme se réduit à des actions ponctuelles mobilisatrice sur des sujets sociétaux. Le soutien inconditionnel à des personnalités ou à des vedettes médiatiques éteint toute opportunité de débat ou de recherche de consensus.
On entend et ne voit que les outrances et les insultes ce qui donnent un piètre idée de la démocratie. On ne perçoit que les intérêts personnels sans vraiment aucune référence à une construction indispensable des réponses aux besoins constatés. Des réactions hostiles limitées ou corporatistes ont éclipsé en 2024 l’intérêt général provoquant des rivalités, des oppositions et de plus en plus souvent des affrontements.
Individualisme.- Pour se sortir du marasme actuel la solution qui devient la plus courante c’est le chacun pour soi. La débrouille, le recours à ses réseaux, les assurances personnelles, les choix individuels de pallier les carences de la puissance publique : la fracture sociale n’a jamais été aussi forte en 2024 puisque seuls les moyens financiers permettent de se sortir du piège d’un système ayant rompu le lien entre la participation équitable à l’effort collectif et les services dont chacun a besoin. La consommation a balayé la citoyenneté puisque elle reste le support de la fameuse croissance et surtout elle sert de base au financement de l’action publique collective. En 2024, la baisse du pouvoir d’achat a largement contribué a renforcé les différences de situation personnelle. L’individualisation de la société constitue un phénomène destructeur de la République mais elle est devenue inexorable.
Paupérisation.- Le Secours Populaire a publié en partenariat avec IPSOS la 18e édition du Baromètre de la pauvreté et de la précarité auprès des Français. Selon cette étude la situation financière des Français ne s’améliore pas, le seuil de pauvreté subjectif croit : deux Français sur cinq disent désormais avoir traversé « une période de grande fragilité financière » au moins à un moment de leur vie. Et de nombreux Français ont des difficultés à accéder à des services essentiels, même si ces difficultés sont moins importantes dans les grandes villes qu’en zone rurale.
Le seuil de pauvreté subjectif atteint en 2024 un nouveau record : une personne seule doit désormais disposer de 1 396 euros par mois pour ne pas être considérée comme pauvre En comparaison, ce seuil subjectif moyen de pauvreté était de 1 193 € en 2019 et de 1 070 € il y a dix ans. Il est intéressant de constater que ce seuil est quasiment au même niveau que le SMIC net dont le montant est de 1 398 €.
Tout ira mieux en 2025… En fin vous pouvez y croire !
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Nous avons eu hier soir sur Arte un beau(?)reportage sur une exposition de la photographe Diane Grimonet : l’Habitat Indigne, un rappel de très dures réalités. Lamentable contraste (pas sur la même chaîne) avec des images exaltantes, entre autres, d’un carême-prenant frappant à la porte d’un édifice maquillé comme un camion volé, dont la restauration a couté des fortunes qui auraient permis d’offrir des conditions de vie décente à une partie de population vivant dans des conditions de logement inhumaines. Ainsi va le monde…
Comme tout cela est juste, Jean-Marie et je sens pointer chez toi une pointe de pessimisme alors que je me croyais un des rares à être …lucide. Oui, lucide sur ce qui attend nos petits-enfants et ce n’est pas joli, joli.
Cela m’attriste beaucoup de me sentir tellement impuissant!
Allez bon journée quand même
Bravo jean Marie ,pour ton analyse synthétique et compréhensible de l’état actuel de notre société
Bonjour,
deux évènements qui peuvent sembler sans rapport entre eux et encore moins avec les réflexions de JMD aujourd’hui m’apparaissent illustrer la nouvelle ère dans laquelle 2024 nous fait entrer.
Ces deux évènements sont pour la France :
-« La Cour de la justice de la République a officiellement clos les investigations sur la gestion de la pandémie de Covid-19 en France. Les anciens ministres Agnès Buzyn et Olivier Véran, et l’ancien Premier ministre Edouard Philippe ne seront pas mis en examen ». Cette juridiction d’exception a ainsi absout, comme elle en a l’habitude, les ministres …
-Et pour l’Europe » La Cour constitutionnelle de Roumanie a annulé le premier tour de l’élection présidentielle. Le candidat Călin Georgescu est accusé d’être un pro-russe, car pendant la campagne électorale, il a promis de suspendre l’aide militaire à l’Ukraine ». Une belle illustration de la citation de Bertolt Brecht « Ne serait-il pas Plus simple alors pour le gouvernement De dissoudre le peuple Et d’en élire un autre ? ». Toute comparaison avec la France est involontaire ou pas.
Nous savions que la volonté du peuple ne compte pas. Le peuple n’est qu’un pion dans la lutte entre les oligarchies capitalistes. Les médias et les moyens super-structurels sont utilisés pour manipuler et inoculer l’opium avec lequel on domine les consciences. Le nouvel eldorado des consciences assoupies par la consommation dans un concept de toyland où tout se résume à une vie ludique et superficielle.Nous nous révélons tous incapables de nous opposer aux oligarchies transnationales. Nous vivons un nouveau chapitre du mépris des élites pour le peuple. La réduction des dépenses publiques et la réduction de la population à de simples consommateurs de biens et de visions du monde préemballées découlent du matraquage merdiatique bras armé de l’oligarchie. La destruction de l’éducation, remplacée par un parcours éducatif sans contenu, sans solidité critique et sociale, prédispose à une acceptation passive des contingences imposées. Le démantèlement systématique des lieux favorisant autonomie et réflexion se poursuit. La famille sera dissoute au nom des droits individuels illimités. Les pratiques associatives culturelles, foyer de libre échange gratuit, seront privatisées puis effacées du paysage. Nous assistons à des décennies de destruction du sens de la politique par la déconstruction étudiée des personnalités par le truchement de l’hédonisme de masse. Le capitalisme a régné avec l’utopie Toyland qui a transformé les individus en « ânes braillards », selon Collodi (le « Paese dei Balocchi » pays des Joujoux), sans pensée et sans langage.
Commençons à penser différemment et travaillons dur pour sauver la démocratie en regardant Toyland en face, c’est le premier pas pour nous sauver de l’abîme tel que décrit par Collodi dans Pinocchio en 1881:
« Dans ce pays béni, on n’étudie jamais. Il n’y a pas de cours le jeudi, et chaque semaine se compose de six jeudis et d’un dimanche. Imaginons que les vacances d’automne commencent le premier janvier et se terminent le dernier décembre. Voilà un pays tel que je l’aime beaucoup ! Voilà ce que devraient être tous les pays civilisés ! »
Sortons de l’hédonisme cette croyance selon laquelle le plaisir, ou l’absence de douleur, est le principe le plus important pour déterminer la moralité d’une action potentielle.
“C’est quand on n’a plus d’espoir qu’il ne faut désespérer de rien.” Sénèque
Bonne journée
Vouloir changer 4 vitraux en bon état, n’ayant pas subi le moindre dégât lors de l’incendie de Notre Dame, alors qu’ils sont censés être protégés par les monuments historiques voilà que cela interpelle.
Jupiter a décidé qu’ils seraient remplacés par des vitraux modernes, tout cela pour 4 millions d’euros quand même. Ainsi, son nom restera gravé pour des siècles comme le sauveur de ce monument. Peu importe Mayotte et ses misères, peu importe la Nouvelle Calédonie, 10 millions de pauvres dans le pays, etc… tout cela et le reste ne l’empêche pas de dormir.