La large victoire de Trump semble digérée par la majorité de la nation américaine. La réception du vainqueur par le partant qui l’a bien aidé en oubliant qu’un mandat électif quel qu’il soit n’est qu’un contrat à durée limitée surtout quand on est atteint par la limite d’âge, a constitué un moment particulièrement important dans la perspective des quatre années qui s’ouvrent. On se rappelle qu’il en avait été tout autrement lors de la victoire de Biden… et que le contexte aurait été bien différent si Kamala Harris l’avait emporté.
Ses idolâtres, ses fanatiques, ses partisans, ses fidèles attendront que le bonheur matériel leur soit apporté par un homme dont la seule valeur est celle des comptes en banque. L’Amérique redeviendra grande au détriment de toute la planète et c’est l’illustration parfaite d’une mutation sociétale qui guette demain toutes les nations européennes. La fameuse mondialisation des échanges prônée par les adeptes de la loi du marché, de la politique de l’offre ou de la concurrence libre et non faussée a conduit par ses excès, au retour vers un protectionnisme tout aussi catastrophique à terme. L’Europe mettra tellement de temps à réagir que la lèpre nationaliste l’aura privée de tous les éléments essentiels de rebond face à cette nouvelle donne économico-politique.
Dans le fond quand tout le monde a focalisé ses observations sur le cas Trump, personne s’est vraiment préoccupé de son complice Elon Musk. Le nouveau Président des USA c’est lui ! Il a tellement pesé sur le sort de la campagne présidentielle qu’il a acquis une position primordiale dans la galaxie « trumpiste ». Les commentateurs ne cessent de ressasser que le nouveau maître de la Maison Blanche sera l’homme le plus puissant que la planète ait connu, alors que celui qui possède la plus grande fortune et surtout un pouvoir d’influence gigantesque, le surpasse largement. Il ne tardera pas à mettre en avant par mégalomanie son poids planétaire de manière plus insidieuse que celle de celui qui l’aura nommé ministre. Musk est Président des USA.
Son arrivée dans la sphère politique se révélera beaucoup plus dangereuse pour l’Europe que le retour de Trump. L’impact de X sur les élections dans n’importe quel pays devient beaucoup plus destructeur qu’une discours décousu et digne des caricatures de Chaplin dans Le Dictateur, délivré par l’agité du bocal. Le possesseur de Starlink maîtrise bientôt toutes les communications téléphoniques, les observations diverses dont celles utiles à la défense avec une armada de 5 000 satellites (dont le nombre devrait augmenter) transformés en antenne relais dans l’espace. Il impose son « intelligence » artificielle partout. Son influence sur le ciel ne cesse de s’accroître car en possédant la fusée Space X il a supplanté les agences spatiales des USA, de la Russie et évidemment de l’Europe. Il contrôle déjà les éléments clés de la planète.
Sa puissance est telle qu’il pourra négocier avec n’importe quel chef d’État sur le plan économique mais désormais aussi sur le plan politique. Pas un seul d’entre eux ne pourra se permettre de s’opposer à la moindre de ses volontés. Sa vision du monde est dictée par justement le mépris de toutes les règles essentielles du vivre ensemble. Sa perception de la liberté passe par le mépris absolu de toutes les règles portées par l’intérêt général. Il s’attaquera donc très vite aux « contraintes » imposées par le Fédéral aux USA au nom du principe qu’il ne doit y avoir aucun frein pour l’individu dans une société d’exploitation des plus faibles.
L’égalité au sens du respect de la vie humaine n’existe pas dans son esprit et ses pratiques puisque la seule loi qu’il reconnaît c’est celle du plus fort. Et la fraternité a ses origines dans la religion moteur essentiel des votes pro-Trump et surtout pas dans le partage entre les personnes. Le fameux « libertarisme » dont le revenant de la Maison blanche ne connaît pas une virgule des principes, a pris le pouvoir avec Musk et la majorité de l’équipe qui se met en place. Il ne faut pas se voiler la face. Nous en avons pris le chemin en France depuis pas mal de temps. C’est moins brutal qu’aux USA mais cette idéologie politique a imprégné depuis le début du XXI° siècle de nombreuses décisions des pouvoirs en place.
L’UE a passé son temps à laissé la bride sur le coup à « un capitalisme dérégulé » qui conduit à des fermetures d’usines sur lequel le « politique » affirme ne plus avoir aucun pouvoir. Elle n’a pas « effacé l’État » mais l’a réduit au maximum en étranglant le bien commun qu’étaient les services publics essentiels et en favorisant un « anarcho-capitalisme » solution miracle (ubérisation). Absolument tout doit être laissé au « libre marché » qui procurera les ressources individuelles nécessaires et garantira une croissance économique salvatrice. L’individu l’emporte sur absolument tous les principes collectifs. Nous sommes sur le chemin de cette théorie.
Liberté, égalité, fraternité, solidarité, laïcité doivent disparaître de l’action publique pour être remplacées par autorité, tradition, ambition, individualité et religion. Musk ira plus loin que Trump démontrant les limites du suffrage universel face à la puissance de l’argent. En sommes nous éloignés ?
En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
La beaufitude morale, le règne de l’individualisme avec les moyens de pression traditionnels et « d’esclavagisation », introduits par les religions et leurs cortèges de mythes irrationnels, qui reviennent en force, viendront rapidement à bout de ce qui reste de liberté et de démocratie en quelques rares pays du monde.
« L’homme est un animal crédule, s’il ne trouve pas de bonnes raisons de croire, il en trouve de mauvaises. » Sir Bertrand Russel, philosophe, mathématicien, moraliste, prix Nobel de littérature 1950
L’humanité ayant prouvé son incapacité à permettre l’émancipation de l’humain est appelée à disparaitre, et le plus vite sera le mieux, mettant fin à un fiasco planétaire.
J’sais pas si vous avez vu M,sieur, mais « Liberté, Autonomie, Individualisme » ça fait un LAI. Mon copain, le l’ptit Robert, il dit: « Poème narratif ou lyrique au moyen âge ». Exemples à l’appui: le lai du Chèvrefeuille, le lai du rossignol.. »
On est loin de l’éléphant dans la Maison-Blanche. Comme quoi, ça trump énormément.
Dieu, qu’il est lai !
Triste, mais vrai. Ce qui reste, c’est la prise de conscience que nous, les Européens démocratiques, devons nous rapprocher beaucoup, et pour les États-Unis, il n’y a que le vague espoir que ses nouveaux dirigeants ne débiteront pas trop de bêtises au cours des quatre prochaines années et ne seront pas à nouveau écartés du pouvoir, si les Américains sont toujours autorisés à le faire. Triste.