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L’impossibilité de concrétiser les effets d’annonce

Il est devenu impossible de croire dans tous les effets d’annonce chiffrée effectués par les responsables politiques. Depuis des années des crédits sont débloqués à la moindre crise pour impressionner une opinion crédule et qui ne se pose même pas la question de vérifier la crédibilité des chiffres annoncés. Il en est de même pour les postes dépendant de l’État. Les seuls qui se vérifient sont ceux des suppressions car les créations demandent de longs mois de préparation et surtout des candidatures suffisantes pour atteindre l’objectif.

Il serait intéressant de comparer par exemple depuis le début du mandat de l’actuel Président de ce qu’il nous reste de République les promesses d’ouverture de crédits ou d’amélioration des places dans les services publics avec les résultats réels. Il arrive que le taux de réalisation ne dépasse pas les 10 % car la pesanteur et les ajustements financiers empêchent toute avancée des dossiers. Bercy nul en prévision si l’on en croit Le Maire a l’art et la manière de mettre le frein en bloquant les décrets d’application ou en complexifiant les processus d’attribution.

C’est la première fois depuis belle lurette qu’un Ministre annonce que par exemple la communication présidentielle sera démenti par les faits. Didier Migaud dont on découvrira la rigueur et le franc-parler très « mendésiste » a été claire et net au sujet des créations de places dans les prisons. Alors que la « foule » chauffée par les exploiteurs de la peur  réclame une sévérité accrue, un emprisonnement systématique et un allongement des peines, le Gardes des sceaux vient d’avouer que les 17 500 possibilités d’incarcération supplémentaire annoncées par le maître des pendules élyséenne était bidon et ne serait pas atteint ! Un exemple parmi tant d’autres.

L’ancien président de la commission des Finances de l’Assemblée puis de la Cour des comptes avant de prendre la tête de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique joue la carte de la transparence ce qui n’est pas courant. Son prédécesseur avait tenté de répondre à des besoins urgents concernant le personnel et les bâtiments. Les chantiers laissés en plan après la dissolution et la découverte du gouffre du déficit budgétaire sont nombreux et très coûteux : le recrutement par exemple de 1 800 greffiers et 1 500 magistrats mais aussi de surveillants pénitentiaires, On trouve aussi les 15 000 places de prisons qui devaient sortir de terre d’ici 2027 avec, à la clé, le problème jamais résolu de la surpopulation carcérale. Enfin, la création du parquet national dédié à la lutte contre la criminalité organisée, avait été annoncé au printemps par l’ancien garde des Sceaux.  Or Migaud a simplement lâché que les 15 000 places ne seraient pas livrées en 2027 !

En fait ce qu’il faut retenir ce sont les causes de cet échec. Il ne s’agissait pas jusqu’à maintenant d’impératifs financiers puisqu’il s’agit d’investissements et il était possible dans ce secteur de mobiliser les fonds via des emprunts utiles. Le retard naît du refus des élus locaux de voir s’implanter sur leur commune des équipements qui soulèvent dès leur annonce des pétitions, des manifestations et évidemment des exploitations politiciennes. Partout c’est la même réaction. Il faut des équipements collectifs mais… chez les autres. Pas chez nous ! Ce phénomène devient systématique. Et c’est dans absolument tous les secteurs : énergie, économie, éducation, santé, logement, sécurité, mobilité.

Un autre problème se profile : les mesures qui raréfient les terrains constructibles. Le prix du foncier limité pour les constructions publiques qui ne peuvent jamais s’aligner sur le prix du marché rend toute implantation difficile. Surtout quand l’équipement nécessite en plus de l’achat du terrain où s’érigera un bâtiment d’intérêt général, il faut souvent des mesures compensatoires qui accroissent les difficultés. L’autre aspect local c’est que cette consommation d’espace ne rapporte par un fifrelin et que des ennuis (circulation, eau, énergie) à la ville ou la commune d’implantation. Si par exemple une collectivité accueille un collège et un lycée elle perd la rentabilité en Foncier bâti de la surface équivalente !

Didier Migaud soulève en fait le principe de « l’acceptabilité » des équipements collectifs. La contradiction sociétale progresse de jour en jour. Les mêmes qui réclament des mesures destinées à améliorer la vie quotidienne condamnent les dépenses qui permettent de les construire ou d’assurer leur fonctionnement. « Y-a qu’à… » et « Faut qu’on » deviennent le nom des premiers partis de France. Et il existe une variante encore plus dynamique le PDCCN : «  pas de ça chez nous ! ». Le système politique a horreur des évaluations. Et quand il y en a il s’arrange pour qu’elle cale les pieds des armoires de rangement des dossiers.

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Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

    « Un autre problème se profile : les mesures qui raréfient les terrains constructibles. »
    Pour y pourvoir partiellement au moins : réquisitionner « sans discussion ni murmure » les terrains occupés par des friches commerciales. Plus délicat avec les friches industrielles qu’il faut généralement dépolluer.
    L’état devrait avoir l’autorité nécessaire pour imposer cette mesure, puisqu’il a assez de pouvoir pour imposer un gouvernement formé de personnage issus de partis qui n’ont pas été élus.
    Le petit marquis sur talon hauts s’est encore illustré au cours d’une conférence qui a dû lui rapporter un peu plus de trois sous, en s’en prenant aux « professeurs des écoles ». Selon cet intéressant personnage ils sont payés à ne rien faire.
    Il n’aura pas froid cet hiver : les syndicats et certains partis politiques lui ont taillé un ample habit à sa mesure de « justiciable » .

    1. François

      Bonjour @J.J. !
      « les friches commerciales ET industrielles » : Polluées ? Mais voyons, cher Ami, n’y pensez même pas, tant elles ont été régulièrement et sérieusement (Hum… ) contrôlées et remises aux Normes par les Services dûment mandatés par nos impôts, à la création, au fonctionnement et à la fermeture.
      « les enseignants …paresseux » : J’ai la chance ( c’est ce que m’a rétorqué l’Administration Viticole pour me priver des fameuses …ou fumeuses subventions professionnelles) d’avoir mon épouse ancienne Institutrice. Ces propos l’ont tiré violemment de sa léthargique retraite, ce qui m’a rassuré sur son état de santé! Sans avoir la griffe Dior, elle lui a taillé un beau costume avec queue de pie en tissu recyclable: rien de plus normal pour le petit marquis qui nous coûte encore annuellement un million trois cent mille euros. Quel dommage que ce fringant individu ne se soit pas mis au service de l’Éducation Nationale, en ZEP, dans une classe à problèmes divers et multiples. Il aurait réavalé son diagnostic ! ! !
      Amicalement

  2. Evelyne Monge

    Hier, la chronique de Michel Winock dans Sud-Ouest, a mis les bons mots sur les pertes de valeurs que je ressens au quotidien : « l’intérêt du tout s’efface sous l’émergence de l’individu qui entend ne s’occuper que de lui-même, hors la société ». Et de citer Marcel Gauchet « Notre crise démocratique provient en profondeur du changement de structure politique, amplifié depuis cinquante ans avec le triomphe de la société des individus ».
    Evelyne

  3. facon jf

    Bonsoir,
    je me permets ce petit commentaire tardif sur la politique carcérale de notre pays qui évolue depuis 1788 avec l’abolition de la torture comme point de départ.
    La discussion mérite je pense un petit pas de coté pour éviter de tomber dans le piège des moyens, la construction de prison, plutôt que de s’intéresser aux moyens mis en œuvre pour éviter cette extrémité et surtout, surtout la récidive. EN 1789 La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclame que « nul homme ne peut être accusé, arrêté ou détenu que dans les cas déterminés par la loi et selon les formes qu’elle a prescrites ».
    En 1791 Adoption du premier code pénal. Il place l’enfermement au centre du dispositif judiciaire, généralise la peine privative de liberté mais conserve la peine de mort et les travaux forcés. La prison est un lieu de punition mais aussi un lieu d’amendement du condamné, par le travail et l’éducation. Ce sont les prémices de la réinsertion des condamnés…
    Le 30 mai 1854 Loi sur l’exécution de la peine des travaux forcés. Les travaux forcés jusqu’ici subis dans les bagnes métropolitains sont remplacés par la transportation en Guyane et en Nouvelle-Calédonie. Les derniers bagnes portuaires de métropole (Rochefort, Brest, Toulon) sont progressivement fermés.
    Il faut attendre le 5 juin 1875 et la première loi « Bérenger » qui généralise l’emprisonnement cellulaire dans les prisons départementales (courtes peines à l’époque). La loi prévoit un isolement total en cellule pour les prévenus et les condamnés à moins d’un an d’emprisonnement, en contrepartie d’une remise d’un quart de la peine. Seul l’isolement des détenus en cellule individuelle peut éviter « leur contagion morale ». L’idée de la prison école du crime fait son chemin, à l’époque la droite conservatrice et le clergé sont vent debout contre l’isolement des primo-délinquants.
    Le 14 août 1885 c’est seconde loi « Bérenger » sur les moyens de prévenir la récidive, qui créée la libération conditionnelle.
    Il faudra attendre la période 1945 – 1980 pour voir la mise en place des grands principes qui régissent encore aujourd’hui la politique pénitentiaire La prison doit notamment permettre la réinsertion sociale des condamnés.
    Il faudra attendre 1964 pour que soit prévu le détachement d’instituteurs dans les prisons par le ministère de l’éducation nationale.
    Depuis cette période les ministres ce sont succédés en promettant de nouvelles places en prison, la population carcérale ne faisant que croître, marquant ainsi l’échec des politiques répressives tournant résolument le dos aux politiques de préventions et de luttes contre la récidive.
    « Ouvrez des écoles vous fermerez des prisons » disait Victor Hugo …
    Aujourd’hui nos politiques préconisent l’inverse, est-ce sérieux est-ce raisonnable? A tout le moins ça flatte l’électorat de droite extrême et d’extrême droite.
    Quelle tristesse!!
    Bonne soirée

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