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Les enfants plongés dans une insécurité générale

Les enfants actuels sont-ils majoritairement heureux au sens où ceux des années cinquante l’ont été ? Il est possible d’en douter tant ils évoluent souvent dans un contexte angoissant et même oppressant. Ils rencontrent de plus en plus de problèmes psychiques ou psychologiques, ils perdent pied assez facilement face aux contraintes éducatives officielles, ils manquent singulièrement de repères leur permettant de se construire une vie positive. Il suffit de bien observer pour observer ce dérèglement croissant des parcours qui n’ont donc plus rien de rassurant ; En effet la société qui prétend tout faire pour eux les ballottent au gré de considérations nées des exigences des adultes. Un enfant actuel quel que soit son milieu survit dans l’angoisse à cause des évolutions sociétales. L’école n’y peut rien. 

Ils ont pour ceux qui sont dans des familles pouvant leur assurer un confort matériel, culturel et moral convenable, la pression du résultat. Il ne leur faut pas décevoir. La référence aux parcours scolaires types avec tout ce que cela comporte comme contraintes souvent très artificielles devient parfois obsessionnelle. La part de liberté indispensable à la construction personnelle devient dangereusement congrue. La réussite si elle est au rendez-vous prive celui qui l’obtient de bon nombre de fenêtres d’enrichissement personnel, de partage avec les autres et isole de la vie sociale. En cas d’échec ou du moins en cas de non-réussite, les dégâts deviennent chaque jour plus préoccupants. Une famille soucieuse des apparences admet très difficilement un parcours de son enfant ne correspondant pas aux normes de ce que l’on considère comme essentiel pour son avenir.

De moins en moins de parents aident désormais leur progéniture à réussir dans la direction qu’elle a choisie ou à accepter une option différente de celle qu’ils avaient choisie pour elle. Des filières professionnelles entières sont victimes de ces comportements.  Bien entendu la culture, le sport, l’ouverture vers les autres prennent une part réduite dans l’éducation des enfants confinés sur des écrans que personne ne contrôle vraiment. On le ressent chaque jour davantage avec un zapping destructeur dans les apprentissages. Entre 15 et 20 ans, les engagements de licenciés ou d’actrices ou d’acteurs culturels baissent de manière spectaculaire.

La notion même de participation à une activité collective s‘étiole dès qu’elle nécessite une constance et une certaine durée. La volonté d’agir est de plus en plus réduite avec des coups d’éclat et des mobilisations spectaculaires occasionnelles. Si cette réalité touche les ados et les jeunes elle prospère chez les enfants. Ils commencent beaucoup de choses mais… terminent encore moins de choses.

Le quotidien est également perturbé par des situations familiales compliquées. D’environ 150 000 à la fin du 20ème siècle, nous sommes passés à plus de 260 000 séparations de couples par an ces dernières années. Quand on y regarde de plus près, on constate qu’environ 46% des mariages se terminent par un divorce. Et au milieu il y a des enfants. Quel que soit le système mis en place il génère une forme d’instabilité dont les conséquences sont très variables. Hier j’assistais à une scène banale d’une gamine heureuse de participer samedi à une œuvre collective et à laquelle sa mère a sèchement rappelé : « tu ne pourras pas venir car tu es chez ton père. Je ne sais pas s’il acceptera de t’emmener. ». La déception se lisait dans le regard de la fille. C’est un petit rien mais ses conséquences peuvent être plus lourdes que prévu.

Les peurs collectives qui traversent actuellement la société. Cette insécurité déclinée sous toutes ses formes touche profondément les enfants. On leur en rebat les oreilles. Elle les imprègne alors que naturellement, spontanément ils ne les ressentent pas. Le racisme ambiant. Les rivalités religieuses ou ethniques ne sont pas de leur monde. Or comme pour la violence, des élèves de maternelle ont de plus en plus de gestes racistes ou décalés avec ceux de leur âge. Les cours de recréation deviennent parfois des lieux simplement révélateurs de la réalité du pays. Affrontements, coups, outrances et déjà des comportements sexistes ne cessent de proliférer. Au collège c’est particulièrement sensible et préoccupant.

Les enfants du XXI° siècle oscillent entre ceux qui sont considérés comme des « rois » et ceux qui pointent à la catégorie « perdus pour la société » en passant par la case « bons à rien ». Le fossé se transforme en précipice. L’acculturation croissante accentue l’inégalité. « Dans notre système scolaire obligatoire, de la maternelle à la fin du collège, il y a trois millions d’enfants qui vivent dans une famille, qui vit sous le seuil de pauvreté », déplore la présidente de l’association « ATD Quart monde ». Environ 270 000 enfants sont officiellement pris en charge dans notre pays civilisé par l’Aide sociale à l’enfance. Et le nombre ne cesse d’augmenter…

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