You are currently viewing Bordeaux travaille en vin pour l’avenir

Bordeaux travaille en vin pour l’avenir

Selon les premiers constats effectués par las spécialistes la vente des vins primeurs de Bordeaux n’a pas été exceptionnelle. La baisse ou le maintien au niveau antérieur alors que le cru 2023 est exceptionnel n’a pas suffi à masquer la crise qui s’amplifie. Tout se ligue contre le milieu viticole. Les soubresauts de plus inquiétants qui secouent la planète, la chute de la fameuse croissance mondiale, la baisse réelle du reste à dépenser quand les contraintes budgétaires ont été satisfaites, une météo peu favorable à la consommation du vin, le tassement de la fréquentation des restaurants : le contexte n’a peut-être jamais été aussi défavorable pour le vin de Bordeaux.

Les stocks s’accumulent dans les chais et les trésoreries sont au plus bas sauf bien évidemment si la production n’est pas la ressource principale du propriétaire du vignoble. La consommation en berne depuis des mois ne risque pas reprendre de sitôt. Elle a chuté d’environ 70% en 60 ans dans le pays et de nouvelles projections réalisées à la demande de la filière font redouter une contraction de 20% du marché du vin sur les dix prochaines années, avec des conséquences sociales redoutables, Le marché ne bouge pas. Certains acheteurs ayant payé les bouteilles qui leur plaisaient ne viennent pas les chercher et les laissent dans les chais.

En attendant on arrache. Les intempéries ont retardé une part de cette décision institutionnelle. Le Président des iGP ose affirmer que l’on devrait « sacrifier » jusqu’à 100 000 hectares pour réguler une production qui ne trouve plus assez d’acheteurs. Il parle de 6 millions d’hectolitres car la surproduction serait encore de 5 millions d’hectolitres dans les prochains mois. Sur Bordeaux la pluie a enclenché une poussée de mildiou au pire moment contraignant les exploitants à des traitements accélérés et coûteux. Une situation dont les effets s=ne seront connus que dans quelques semaines.

L’espoir vient d’une augmentation de la consommation de vin blanc. Le rosé peut aussi sauver la mise si la période estivale favorise sa consommation. Ce sont des tendances qui redonnent un peu d’espoir mais elles ne sauveront pas une filière qui a vécu dans la certitude que sa renommée était telle qu’elle était assurée d’une rente de situation. L’image globale de la France risque également de porter tort à l’un de ses produits phares à l’exportation. Un certain nombre de marchés se sont fermés sans autre solution rapide. La Russie évidemment et tous ses alliés, la Chine beaucoup, moins euphorique, les États-Unis dans l’expectative du retour de Trump partisan des surtaxations des vins et alcools, l’Europe en proie à des difficultés croissantes n’apporteront aucune solution de rechange.

Un retour en arrière qui permettrait une relance de la consommation reste illusoire. Il est en effet impossible de ramener la clientèle vers le vin rouge que le réchauffement climatique met en péril à cause d’un degré d’alcool croissant. La jeunesse se tourne donc de plus en plus vers la bière réputée moins chère et moins « dangereuse ». Partout elle envahit les fêtes, les moments collectifs, les partages familiaux. Quand les « foires aux vins » disparaissent les unes après les autres, les « fêtes de la bière » progressent. Avec un phénomène nouveau : celui des brasseries artisanales.

Les chiffres clés du Syndicat national des brasseries indépendantes (SNBI) font état de 2 400 brasseries indépendantes en France en septembre 2022, ce qui place le pays au premier rang européen. 99 % sont artisanales. Elles produisent en moyenne 750 hL chacune et réalisent un chiffre d’affaires de 680 M€. Elles ont pris une place intéressante sur le marché avec une possibilité d’adapter aisément la production à la demande. Les propriétés viticoles ont compris le danger et proposent des rendez-vous festifs (guinguettes dans les vignes, journées portes ouvertes, casse-croûte ou soirées repas dégustation, oeno-tourisme…) mais elles ont du mal à se créer une clientèle privée nouvelle.

Lors d’un récent séjour en Bretagne j’ai observé sur le stand d’une vigneronne une clientèle particulière fidèle dont la moyenne d’âge est nettement supérieure à la soixantaine. L’autre constat c’est que quasiment personne est venu déguster, boire un verre histoire de découvrir les crus de qualité présentés. Nous assistons à une basculement des goûts et des modes de consommation dans un méli-mélo géopolitique défavorable. L’adaptation risque d’être douloureuse pour les retardataires.

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cet article a 2 commentaires

  1. A. Blondinet

    Bonjour Jean-Marie.
    Je viens juste de lire ta prose – it- du jour et je ne vois pas de commentaires qui l’accompagnent. C’est donc avec les mains sales que je t’écris à la place de Jp Sartre qui avait dit: « Ce qui est terrible, ce n’est pas de mourir… mais de mourir en vain' ». Et vivre en vin, alors?
    Je ne vise personne mais… qu’importe le Facon pourvu qu’on ait l’ivresse. Mes excuses à Jf.

    1. facon jf

      Pas de soucis … ;-))) Je suis juste débordé en ce moment mon épouse à qq petits problèmes du coup je suis aux tâches ménagères et autres. souvent j’ai le sentiment d’écrire en v(a)in c’est comme ça quand on prend de la bouteille.
      Bonne soirée aux lecteurs et lectrices de roue libre

Laisser un commentaire