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La course aux armes ne cessera pas de progresser

Les saisies de produits interdits se multiplient mais constituent une faible partie des trafics qui prolifèrent sur tout le continent européen. Les ventes de drogues diverses et avariées constituent une part importante du Produit intérieur brut et des analystes prétendent que la Belgique, les Pays-Bas et certaines régions françaises ont atteint un niveau de dépendance considérable vis à vis de cette économie souterraine. On entend beaucoup moins parler de la présence hallucinante d’armes de guerre ou létales entre les mains d’une population dangereuse.

La gravité de l’attaque contre un fourgon pénitentiaire pose un autre problème que celui de la sécurité des personnels pénitentiaires, celui de la provenance d’un armement impressionnant entre les mains du commando. Attention il n’y a pas que le grand banditisme qui a accès à ces fusils d’assaut dernier cri mais il est fort probable comme ce fit le cas récemment en Allemagne que des groupes extrémistes en stockent pour des actions violentes. Il doit bien exister dans notre pays des filières d’approvisionnement qui vendent jusque dans les quartiers des villes concernées par la distribution de la drogue. Les « bandes », les « clans », les «  filières » sont désormais sur-armées et n’hésite plus à « rafaler » pour exécuter.

Des statistiques existent. Le nombre des saisies est en hausse constante. D’abord il y a celles qui circulent en parfaite légalité. L’arsenal progresse sans cesse. Ainsi, le ministère de l’Intérieur annonçait il y a trois ans que 5,4 millions d’armes soumises à autorisation ou déclaration sont recensées par la base Agrippa pour environ 5 millions de détenteurs légaux. Dans le détail, il s’agit de près de 2 000 armes de catégorie A, environ 1,4 million d’armes de catégorie B et 4 millions de catégorie C. Des données à mettre en parallèle avec le nombre important de chasseurs en France (un peu plus d’un million en France ainsi que de tireurs sportifs, dont l’effectif s’élève à quelque 228 000 licenciés, Ces chiffres constitue déjà une estimation basse car des milliers d’autres ne sont pas du tout déclarées et dorment souvent dans des domiciles paisibles.

Dans le même temps il y aurait entre 4 et 5 000 armes de guerre totalement illégales sur le territoire national. D’où viennent-elles ? Comment sont-elles arrivées ? Quels sont les moyens employées pour démanteler les réseaux qui les procurent et les vendent ? Les saisies d’armes par les forces de l’ordre (8 027 en France, dont 297 armes de guerre en 2022) sont en forte augmentation. La majorité de celles qui sont utilisées par des délinquants proviennent de… cambriolages, tandis que les armes les plus lourdes continuent de venir des Balkans et d’Europe centrale. Les spécialistes redoutent l’émergence de nouvelles filières à l’issue de la guerre en Ukraine.

La région des Balkans de l’Ouest a en effet constitué et constitue encore la zone essentielle d’approvisionnement en armes dites « de guerre », interdites à la détention des particuliers en raison de leur capacité à tirer en rafale. Elles proviennent majoritairement des pillages de nombreux dépôts d’équipements des forces militaires ou de sécurité des pays engagés dans les conflits des années 1990 à la suite de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie. Elles ont été puisées également dans la perte et la récupération d’armes lors des affrontements à l’occasion des mouvements de troupes des belligérants des affrontements dans l’ex-Yougoslavie.

La Turquie a eu durant ces dernières décennies la spécialité de la fabrication d’armes réputés inoffensives car ne pouvant qu’effectuer que des tirs « à blanc ». Seulement le mode de fabrication les rend aisément modifiables pour le tir à balles réelles car, d’une part, le matériau dans lequel elles sont usinées supporte la pression d’une munition à balle et, d’autre part, le retrait de l’obturateur censé empêcher le passage du projectile est relativement aisé. Toutefois, les adaptations permettant la modification du calibre à blanc en calibre létal restaient relativement complexes. Cependant, les trafiquants se sont adaptés en simplifiant les transformations à opérer et les revendent sans se soucier des nouvelles règles de l’UE.

Le trafic d’armes s’effectue généralement par petites quantités, au mieux par livraisons de quelques dizaines d’exemplaires. Leur acheminement au-delà des frontières grâce à leur dissimulation dans des caches aménagées au sein de véhicules privés ou dans des bagages à bord d’autocars, voire à leur expédition à l’unité par colis postal est extrêmement facile. Leur vente rapporte peu mais elle est néanmoins moins risquée que celle de la drogue. Bon nombre d’entre elles devenues illégales ont été fabriquée par des entreprises autorisées à le faire puis livrée à des personnes morales ou physiques habilitées à les détenir (établissements militaires, commerçant, particuliers…), avant d’être détournée par les délinquants au profit du marché illicite.

Il semble donc aisé de se procurer des arsenaux meurtrier car largement supérieurs à celui que possédait par exemple l’escorte pénitentiaire froidement abattue dans l’Eure. La course aux armes n’est donc pas prête de se terminer avec son cortège funèbre de règlements de comptes, de guet-apens, de fusillades dévastatrices et de bavures inavouables.

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Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

     » Il doit bien exister dans notre pays des filières d’approvisionnement ».
    Bien sûr, il suffit d’aller sur le « net » ou encore mieux le « dark net » pour se faire envoyer en pièces détachées une « Kalash » ou un « Glock 38 », voire un « Beretta » (la classe !) avec les munitions , en colis séparé, quand même. Ce n’est pas une opération sans risques, mais il y a des petits malins.

  2. facon jf

    Bonjour,
    la rhétorique du gouvernement, autour de l’abject fait divers du fourgon cellulaire, tourne à plein régime en voici la recette moult fois utilisée.
    1 – « Condamnation »
    2 – « On sera intraitable »
    3 – « La République vaincra »
    4 – « Attention à la récupération »
    5 – « Pas d’amalgame »
    6 – « Condamnation de l’extrême droite »
    7 – « Marche blanche »
    8 – On passe à autre chose jusqu’au prochain mort…
    Deux aspects émergent de ce drame la drogue et les armes intimement rassemblés dans les trafics. On peut facilement persifler au-dessus des cadavres en faisant observer  » que les autorités savent déployer sans problème des compagnies de CRS lourdement armées lors de manifestations pacifiques… mais absolument personne pour escorter un fourgon pénitentiaire !! ». On peut aussi rire jaune en constatant les évènements de Nouvelle Calédonie où l’incurie de moyens à Mayotte.
    Les gesticulations de Dard-Malin dans son sketch  » c’est la faute aux autres  » ne peuvent cacher l’immensité des problèmes sociaux minimisés par un pouvoir exécutif qui passe son temps à ripoliner les fissures de la société Française. Stupidité et hypocrisie sont les deux mamelles qui nourrissent personnel politique et trafiquants en tous genres. Le méprisant s’affiche partout en train de picoler, car il faut sauver les alcooliers. Un député cocaïnomane de son parti siège toujours à l’Assemblée, car il faut préserver la présomption d’innocence. L’état mobilise des ressources énormes pour interdire un truc autorisé chez quasiment tous nos voisins de frontière, car il faut bien garder l’ Europe. L’argent des trafics retourne dans la grande lessiveuse de l’économie et irrigue de manière officielle, via les fonds européens ou nationaux, des secteurs entiers dépendant en grande partie de ces aides.
    Le trafic d’armes provient des conflits passés ou en cours, j’ai en mémoire les confidences d’anciens militaires ayant assisté aux transferts d’armes de guerre ( totalement illégal ) par les transports militaires Français. Ces activités illégales ayant été réalisées au vu et au sus de l’encadrement.
    La drogue et ses conséquences, dans un pays à l’abandon, qui n’a plus de cap, le retour aux féodalités, à la force brute, l’avertissement de Gérard Collomb il y a plus de 5 ans à présent est prémonitoire!
    Mais ils le savaient tous , et depuis longtemps, que leurs actions nuisaient à ce pays !
    C’est un échec collectif , fait de déni, d’ injonctions contradictoires et de cupidité.
    Pour faire avancer le schmilblick il faudrait un dépistage obligatoire et régulier de tout détenteur d’un mandat public (législatif, exécutif et judiciaire) avec sanction immédiate des « dépistés », et « on » entendra peut être mieux leurs discours moralisateurs.
    Mais ça …
    bonne journée

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