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Hier, « stars and tripes ». Aujourd’hui, « stars and fripes »

L’immersion dans la potion magique faite de ferveur et de passion d’un stade bouillonnant lors d’une match éliminatoire de Coupe d’Europe des Clubs Champions constitue une expérience professionnelle inoubliable. La mienne date d’une soirée au Parc Lescure de Bordeaux le mercredi 24 avril 1985 pour le match retour pouvant conduire les Girondins en finale de la plus prestigieuse compétition européenne de football. D’abord il y avait eu l’angoisse de savoir si je serait retenu pour participer au commando du service des Sports mobilisé pour ce match de gala. Ensuite au moment de la distribution des rôles le pouds de la responsabilité étouffe le plaisir de se retrouver en observateur privilégié dans la tribune de presse archi-bondée. Inutile de préciser que le plaisir de participer à ce que le monde du sport considère comme un événement exceptionnel disparaît très vite face aux nécessités du boulot.

La Juventus arrivait forte de son score du match aller (3-0 dont un but pour le moins litigieux) et auréolée de son statut de club de premier plan emmené par Michel Platini. Comment imaginer que Bordeaux même emmené par le quintet Giresse-lacombe-Tigana-Girard-Battiston puisse remonter un tel score. Vexés par un titre barrant la Une de l’Equipe doutant de leur capacité à rivaliser avec les Turinois, aidés par des Turinois atteint d’une « melonite » prévisible, soutenus par un volcan qui remontait des travées du stade, les Girondins bousculèrent les prévisions pessimistes sur leur sort.

Rien de calculé. Rien de bien établi. Rien de bien léché. Aimé Jacquet avait tablé sur la fierté, le talent, la solidarité et une envie exceptionnelle de démontrer que rien n’était impossible. Hargne constante, dépassement de soi, pression permanente et une vitesse dans l’action rendit vite l’exploit possible. Autant d’atouts que le Paris Saint-Germain ne connaît pas. Le Parc des Princes a eu beau s’égosiller ses favoris ne dépassèrent jamais un académisme timoré au cours d’une première période où ils sombrèrent moralement et collectivement. L’enthousiasme était resté aux vestiaires probablement noyé dans des considérations tactiques compliquées et incompréhensibles dans une rencontre aussi décisive. En voulant jouer au plus malin le stratège de la « Romontada » barcelonaise du 8 mars 2017 avait probablement oublié que l’essentiel dans le football reste la folie !

Vite malmenés par un Barcelone ravi de la faiblesse de la défense que lui proposait un adversaire inconscient timoré, hésitant et maladroit, les Parisiens offrirent l’ouverture du score à des visiteurs opportunistes. Mbappé en lice pour le César des seconds rôles. Un Donnarumma approximatif et prétentieux. Le duo brésilien Marquinhos-Béraldo de la défense centrale se pensait à la plage. Le PSG n’entretenait même pas l’illusion d’une possible victoire. Incompréhensible. Personne n’était à sa place et même ne méritait sa place. Rien à voir avec la vigoureuse simplicité des Bordelais face à la Juve. En fait cette vertu première du football s’exprima pendant un peu plus de deux minutes !

Un violent coup de griffe de Dembélé et une escapade de Vitinha entretinrent l’illusion d’une furia salutaire avant que leur « équipe » se rendorme. Brève rencontre avec la victoire. Pas mieux que contre Clermont-Ferrand quelques jours plus tôt. Un Barça « ordinaire » mais beaucoup plus cohérent et conquérant que ses hôtes ne se fit pas prié pour imposer sa loi. Je pensais à tous les efforts déployés par les Bordelais face aux Turinois qu’ils avaient agressés, bousculés, déboussolés pour échouer sur un de=nier rush de Tigana repoussé par le gardien.

Ce football parisien qui s’imagine supérieur avant même de l’avoir prouvé me dépite depuis très longtemps. Les changements d’entraîneur ne change rien. Les recrutements n’apportent pas grand-chose. L’état d’esprit subsiste. Sur les huit équipes ayant avancé dans les phases d’élimination directe le PSG est de loin la plus faible collectivement. Face au Real ou City la raclée est garantie. Face à Arsenal ou au Bayern elle serait probable. La vigueur de l’Atlético ou la vaillance de Dortmund suffiraient à tuer tout espoir d’aller plus loin.

Mbappé a joué sur son niveau actuel c’est à dire sans grande envergure, isolé et un tantinet indifférent. Il ne peut rêver que de « ballon dort » car il n’a pas eu une nouvelle fois d’influence sur le déroulement d’un match beaucoup trop facile pour le Barça. Une nouvelle désillusion qui augure mal de sa fin de saison. Il la jouera à quitte ou double mardi prochain, au Camp Nou comme tout son équipe de seconde division européenne. Le 24 avril 1985, les Girondins aavient perdu mais ce soir reste ma référence car ce soir-là j’ai vécu, écrit et participé avec mes tripes à ce qui était un vrai match de football comme je les ai toujours aimés.

Cette publication a un commentaire

  1. Gilles Jeanneau

    Tu as parfaitement résumé la situation. Rien à ajouter ou retrancher!
    Bonne journée quand même.

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