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Nager entre deux eaux coule de source

Durant toute la durée de mon mandat municipal j’ai été confronté à des rapports tous plus officiels les uns que les autres, sur la qualité de l’eau potable distribuée par la commune. Une forme de harcèlement reposant sur des contrôles effectués en divers points de distribution et notamment sur la pompe située sur la Place de la Prévôté accompané les deux decénnies de Maire. Les inspecteurs de la DDASS à l’époque, venaient effectuer des prélèvements pour savoir si le robinet distribuait vraiment une eau… potable. Tous les trimestres ou presque selon le niveau de pompage dans la nappe de l’éocène située à plus de 350 mètres de profondeur, le taux de fluor était considéré comme au-dessus des normes françaises mais en dessous des normes européennesd’alors. Le verdict tombait : « eau impropre à la consommation humaine » Cette limite est de 1,5 mg de fluorure par litre .

Lors que les résultats donnaient 1,6 ou 1,7 mg par litre la menace de sanction tombait. Il est même arrivé que s’appuyant sur ces taux des consommateurs alertent les « autorités » pour obtenir une condamnation… Il fallait produire des statistiques et ressasser que les fluorures ne comportent des dangers que s’ils sont ingurgités en grande quantité. En vain : la loi c’est la loi ! Ils ont même des effets positifs reconnus dans la lutte contre les caries dentaires. La preuve c’est que le secteur marchand vend des dentifrices qui en contiennent des doses largement supérieures et qui comportent plus de risques. Mais c’est du libre choix de l’acheteur alors que l’eau est réputée consommable par tout un chacun. 

L’eau distribuée à Créon était donc de l’eau sur-minéralisée de manière infinitésimale. Elle aurait pu être vendue en bouteilles destinée à améliorer la santé mais pas dirigée vers les robinets des abonnés. La commune fut contrainte dans un premier temps à mélanger la ressource très précieuse qu’elle possédait, avec des arrivages des autres secteurs de l’Entre Deux Mers pour diluer le fluor et obtenir un taux conforme. Des centaines de milliers d’euros furent investis pour des inter-connexions et des puisages nouveaux sans que le résultat soit satisfaisant. Les menaces administratives ne faiblirent jamais et quelques milligrammes de trop sur un territoire dont tous les puisages sont encore plus fluorés suffisaient à provoquer des courriers comminatoires.

Rétrospectivement je me marre quand je vois que depuis des décennies la firme Nestlé a bénéficié d’une grande mansuétude pour distribuer des eaux impropres à la consommation et réaliser ainsi des milliards de bénéfices redistribués au monde du profit. Tout a été caché et l’indulgence a profité au lobbying de Nestlé. Dans des rapports secrets (en ce qui concerne la commune il lui fallait afficher et commenter en conseil municipal les résultats des analyses) les eaux minérales sont pointées comme suspectes si ce n’est non conformes.

Dans cette note remise au ministère de la Santé à la mi-octobre 2023, des experts évoquent un «niveau de confiance insuffisant» pour assurer «la qualité sanitaire» des eaux du groupe (Perrier, Contrex, Vittel, Hépar…). Non seulement ils ont épuisé les nappes dans lesquelles étaient puisé ces marques mais en plus il en vendaient le produit alors qu’il était contaminé ou filtré. L’expertise note «un niveau de confiance insuffisant concernant l’évaluation de la qualité des ressources notamment en ce qui concerne « la variabilité des contaminations et leur vulnérabilité microbiologique et chimique» (sic).

Les analyses font apparaître des faits graves comme «la survenue a priori transitoire, de contaminations microbiologiques d’origine fécale» dans les usines des Vosges et du Gard, des concentrations «parfois élevées» de bactéries type  Eschericha coli (ma compagne ramenée de la clinique qui a résisté six semaines aux antibiotiques) sur de nombreux forages ou encore des «traces résiduelles» de pesticides ou de polluants dits éternels massivement utilisés par l’industrie. Des eaux achetées comme « naturelles » à prix d’or !

Aujourd’hui les fameux polluants éternels ont été promis à une interdiction au premier janvier 2026 . L’Assemblée s’est prononcée à l’unanimité (abstention des LR et du RN présents) sur ce sujet mais a exclu les ustensiles de cuisine… sous la pression des fabricants utilisant des revêtements pour le moins suspects. Nestlé échappera à toutes les condamnations potentielles et continuera par divers artifices à distribuer sa flotte puisqu’à l’inverse de l’eau potable il n’existe aujourd’hui aucune limite réglementaire pour les fameux Pfas contenus dans « les eaux naturelles » de Nestlé et les autres (sic).  A la vôtre ! 

Cet article a 3 commentaires

  1. François

    Bonjour J-M !
    L’EAU ! En voilà un sujet de dissertation … auquel tu nous invites alors qu’un des hivers les plus pluvieux se termine ( enfin … semble-t’il car vent des Rameaux = vent de l’année : léger mais S-O N-O = pluviosité certaine …disait mon Pépé Raphaël qui préparait alors son semis de maïs ! !).
    Oui, cette eau si précieuse et souvent pas très nette comme tu nous la décris !
    Malgré tes recommandations antérieures, je n’ai plus une grande confiance dans l’eau du robinet ou, disons plutôt, que mes papilles vieillissantes se sont affinées et ne supportent plus l’eau aromatisée (parfois fortement!) avec ce produit qui fait la renommée du village de Javel. Certes, un bon désinfectant recommandé en cas de climat terroriste mais, entre nous, sans effet en cas d’attaque chimique ! !
    Aussi, depuis deux décennies, je fais confiance à l’eau de source non contrôlée ! Mes attirances aspoises m’entraînent vers ce village marial à la fontaine célèbre même si décorée d’une étiquette « eau non contrôlée» ! Les autochtones ont pour habitude de la désinfecter ( dans leur verre ! ! ) avec un produit sudiste voire espagnol qui, bien que jaune, n’a rien de … javellisant ! ! Lors de mes prélèvements, je rencontre souvent une mamie presque centenaire qui, quotidiennement, vient garnir son pichet … ce qui me rassure sur l’étiquette sus-nommée.
    Mac-rond ayant augmenté le prix du carburant, souvent, je me ravitaille aussi à Campsegret (24) : là aussi, la foule rencontrée me rassure sur la microbiologie et les sédiments du précieux liquide.
    En conclusion, je dirai que mon café préféré a changé de goût de même que la soupe de légumes ou la traditionnelle garbure relayant au fond du placard les déshydratées de camping ou de secours ! !
    Amicalement.

  2. J.J.

    « Les menaces administratives ne faiblirent jamais. » Normal !

    Comme me l’a déclaré un jour un technocrate de feux les Ponts et Chaussées : – Voyons, monsieur, vous ne comprenez pas le bon sens de l’administration !
    Mon éclat de rie au téléphone l’avait quelque peu déstabilisé et il m’aurait grondé si je ne lui avais déclaré moi même qu’appartenant à la fonction publique, il valait mieux qu’il utilise un autre genre d’argument.

  3. christian grené

    S’cusez-moi M’sieur si j’ai mis du temps pour vous répondre. Mais j’voulais lire un livre de Pauline Réage pour le comparer avec votre chronique du jour. Histoire d’O qu’il s’appelle, et c’est quand même plus intéressant pour un hydrophobe. J’vous souhaite une bonne soirée quand même!

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