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Un joli doublé de bévues politiciennes significatives

En quelques heures hier, nous avons eu une illustration de la médiocrité de la vie politique française. Il devient quasiment impossible de croire dans les attitudes ou les propos de ces femmes ou de ces hommes capables de balancer n’importe quoi pour se rendre médiatiquement intéressant. Leur gloire ne se conquiert pas par leurs prises de positions mais par leur présence à n’importe quel prix sur des plateaux de télé. Ce mal des annonces inconsidérées ou malveillantes gagnent du terrain chaque jour dans tous les camps. Il est devenu essentiel d’exister quand la fin d’un mandat électif approche ou que l’on doit démontrer que l’on tient un rôle essentiel.

Ainsi la porte-parole du gouvernement changée de diffuser la bonne parole à l’issue du conseil des ministres comptant désormais pour du beurre a réalisé le plus extraordinaire rétro-pédalage qu’il ait été effectué depuis que ce rôle existe. Normalement elle ne doit s’exprimer que sur les décisions prises autour de la table élyséenne où siège une équipe resserrée, cohérente et fiable. Elle sait fort bien que son job consiste à refiler aux journalistes accrédités les infos qu’ils devront vite transmettre à leurs rédactions. Le principe de la boule de neige qui enfle au fur et à mesure que les « éléments de langage » soigneusement préparés sont donnés est essentiel à la stratégie gouvernementale.

Quand en plus la dispensatrice de la parole « officielle » lâche un scoop elle a intérêt à bien maîtriser son sujet. Elle n’y est pas allé avec le dos de la cuillère annonçant alors que personne ne lui demandait rien, que la mobilisation des policiers, « à l’occasion du week-end de Pâques », avait « pu mettre un arrêt à une tentative de passage à l’acte. » Et d’ajouter : « ce passage à l’acte a été évité le week-end dernier. »  Illico les messages ont fusé. Les sites internet des médias ont annoncé la nouvelle utile pour renforcer la peur ambiante. Les bandeaux ont clignoté sur les écrans des télés perroquets. Bref ce fut l’ébullition des grands moments.

La diseuse de mauvais aventure étant incapable de préciser ou de justifier son annonce se lançait dans une affirmation sortie de nulle part. « « Désolé si je n’ai pas été plus claire, ça a été annoncé ce week-end suite au micro-tendu (sic) fait par le ministre de l’Intérieur » Bingo elle avait entendu une voix venue mais sans savoir qu’elle datait d’il y a plusieurs semaines. Elle se donnait le beau rôle de celle qui n’ayant rien à proposer à un maigre menu du jour, fabrique un événement inexistant pour… exister ! Les démentis n’ont pas tardé à fuser générant ni excuse, ni mea-culpa mais simplement un communiqué parlant d’une erreur d’interprétation. Circulez…il n’y a rien à voir !

Mieux un député Président d’une commission d’enquête parlementaire sur « sur l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre (sic » a enfreint toutes les règles élémentaires de son rôle. Le petit malin sûrement attiré par ce monde qu’il a côtoyé et mu par une envie délétère de ressembler aux vedettes qui le peuplent s’est retrouvé sur le plateau de Hanouna. Il y a été accueilli avec jubilation par celui qui ne cesse d’enfreindre les règles élémentaires dont la commission cherche à vérifier le respect… Inimaginable mais pourtant réel. Pitoyable mais néanmoins admis. Détestable mais peut-être volontaire.

De son propre chef le Bataillon a décerné les appréciations sur les auditions de sa commission avec l’intense jubilation de celui qui se pousse du col pour se donner une importance que bien évidemment lui accordait le « philosophe » de Bolloré. Là encore aucune excuse. Aucun regret. Devant le tollé quasi-unanime (sauf le RN ravi d’avoir trouvé un comparse compréhensif) la Présidente de l’Assemblée s’est fendue d’une leçon de morale. Elle a  tenu à rappeler que « tant que les conclusions d’une commission d’enquête ne sont pas rendues publiques (…) son président comme son rapporteur et ses membres doivent faire preuve de réserve et de discernement dans leurs prises de position et leurs expressions publiques, afin de garantir la sérénité des travaux et la crédibilité des investigations ».

Le groupe Bolloré est tranquille. Après cette prestation sa stratégie d’abêtissement délibéré de l’opinion dominante est validée par celui qui prétend la contrôler. Hanouna a reçu le plus beau cadeau qu’il pouvait espérer Si la porte-parole du pouvoir se rendait chez lui pour une révélation sur les attentats se serait très bon pour son image. En passant par Cnews … pour préciser que ce sont des migrants qui ont fait le coup ce serait encore mieux. Nous ne sommes plus à ça près !

Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

    Plus c’est gros, mieux ça passe.

  2. Gilles Jeanneau

    Jean-Marie, c’est bon, tu vas pouvoir écrire une chronique de la débilité journalière de nos merdias.
    Non, bien sûr que tu ne le feras pas. Mais ça vaudrait le coup…
    En tout cas, le bateau dérive grave.
    Allez, bonne journée quand même…et je vois pas comment Kiki alias Lagrene va pouvoir déjanter sur ce coup_là!

  3. Alain.e

    J ‘ai l’ impression que bien que la mer monte , le niveau baisse et tout ça malgré le pas de vague qui prévaut .
    Je ne suis pas triste tant Iseult va permettre d’ améliorer nos connaissances du cerveau , merci au CEA , comité d’ élévation en altitude pour ce bel instrument .
    https://www.huffingtonpost.fr/science/article/l-irm-iseult-une-machine-xxl-pour-produire-ces-images-folles-de-notre-cerveau_232063.html
    J’ attends avec impatience le résultat des possibles connexions neuronales de tout les religieux pour voir ou ça a merdé .
    Scientifiquement et cordialement.

  4. Michel Caron

    Entre la porte parole du gouvernement et le président d’une commission d’enquête,nous avons en effet assisté à un spectacle marqué essentiellement par la médiocrité. Il s’y trouve aussi un trait commun aux « apprentis politiques » ,c’est le cynisme , qui consiste à considérer que le monde politique a ses propres règles, qui ne sont pas les mêmes que dans « la vie ordinaire »; mentir,se tromper,être défaillant,devient l’art d’adapter les moyens aux fins;et certains petits marquis croient – bêtement – que tenir parole,parler vrai,reconnaître ses erreurs ,relève de la naïveté et sont le fait de ceux qui n’ont rien compris à la politique.
    La réalité,c’est que ces mêmes petits marquis confondent la politique avec les avantages qu’elle procure parfois;et puis leur comportement relève le plus souvent de l’incompétence et de la médiocrité que de l’habileté politique. Ils ne sont ,en tout cas,pas au niveau de ce que Machiavel appelait la morale du Prince,qu’il distinguait de la morale du peuple.
    Et quand on se moque de la morale en politique, la morale peut devenir une force ,non pas à caractère moralisateur,mais relevant DU SENS que l’action politique a oublié.
    Il en est ainsi de ces petits politiques qui ne savent que suivre les sondages d’opinion plutôt que d’ouvrir des pistes et de porter de grands ambitions,tout en demeurant attachés à l’exigence de vérité dans leur communication. Mendès France a été un exemple de ce rapport à la vérité,qui se situe à l’opposé du Trumpisme des petits marquis. Et Mitterrand lui même,reconnu pour son habileté et une certaine lecture de Machiavel,a ,dans un entretien télévisé mémorable,déclaré que s’il était élu,il abolirait la peine de mort,alors que 62% des Français étaient favorables à la peine capitale;il y avait là une conviction qui relevait de la morale et qui a pris une force politique parce qu’elle donnait du sens à son engagement politique,tout en étant fidèle à des prédécesseurs comme Jaurès et Blum.
    Machiavel ne disait il pas que la meilleure manière de garder le pouvoir,était de faire le bonheur de son peuple. Vaste programme,qui n’est pas sans intérêt pour ceux qui ne veulent pas désespérer de la démocratie et de la République.

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