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Le populisme conduit toujours à l’horreur

L’Israël panse dans la douleur les crimes commis contre son peuple. Nul ne saurait nier que ce sont des événements condamnables sans nuances car dépassant toutes les limites de l’horreur. En toutes circonstances la folie criminelle tournée vers les populations civiles, quelles qu’elles soient, où qu’elles soient, commises par qui que ce soit, doit être dénoncée avec la plus grande sincérité et la plus grande fermeté. La condamnation d’une attaque terroriste dirigée contre des enfants, des femmes, des vieillards, des jeunes et des moins jeunes sans aucune défense, ne souffre aucune nuance quel qu’en soit les auteurs et les circonstances. J’assume cette position mais je ne m’interdis pas le recul.

Dans un tsunami d’images bouleversantes ou traumatisantes il est devenu extrêmement difficile de ne pas sombrer dans l’analyse sommaire. Très ardu pourtant de regarder ce qu’il s’est passé sans s’interroger sur la responsabilité des détenteurs du pouvoir en Israël. L’Histoire retiendra que l’un des pays les plus sécurisés du monde a sombré dans la tragédie en quelques heures lors d’une opération militaire préparée depuis des mois dans un étonnant secret.

Certainement soutenu par une structure extérieure les terroristes ont détruit tous les slogans, toutes les certitudes, toutes les affirmations péremptoires d’un gouvernement populiste parvenu à persuader son opinion dominante que son salut passait par une sécurité qu’il était le seul à garantir. Toute la diatribe politique des extrémistes de droite reposait sur la protection divine et la capacité de l’Etat à protéger chaque citoyen par une stratégie de la force et de la privation de libertés fondamentales. 

Toute la dernière campagne de Netanyahu reposait sur sa capacité à être le seul capable de préserver le pays du péril inspiré par le Hamas. Toutes celles et tous ceux qui osaient parler de dialogue ou d’alerter sur ce complexe de supériorité, se retrouvaient stigmatisés et rangés dans le tiroir des traîtres ou des gauchistes irresponsables. Cette fracture interne a été aggravée par la volonté d’imposer une réforme de la justice qui a mobilisé des centaines de milliers de personnes inquiètes par une dérive autoritariste.

Pour conserver le pouvoir Netanyahu a réalisé une alliance avec les pires extrémistes prônant des comportements étatiques guère différents de ceux qu’ils ont condamnés avec véhémence dans le camp du Hamas. A ce titre les 64 parlementaires aux positions hétéroclites sur 120 qui offrent une majorité au Premier ministre avaient adopté la mesure visant à annuler la possibilité pour le pouvoir judiciaire de se prononcer sur « le caractère raisonnable » des décisions du gouvernement. Selon la coalition autour de Netanyahu – rassemblant des partis de droite, d’extrême droite et religieux -, il s’agirait selon eux de mieux équilibrer les pouvoirs Ses détracteurs, eux, y voient une menace pour la démocratie israélienne et ses garde-fous institutionnels.

Lorsque l’on installe le populisme, l’extrémisme au pouvoir, la question qu’il est indispensable de se poser est la suivante : respecteront-ils les fondements de ce que doit être le fonctionnement démocratique des institutions lui ayant permis d’accéder au pouvoir. Sûrs d’eux, forts de la légitimité que leur a donné une élection dans laquelle l’abstention constitue le premier parti, ils se dépêchent à tordre le cou aux valeurs risquant de mettre en péril leur existence. C’est une constante.

Toute contestation a été dédaignée en Israël. Toute alerte a été repoussée. Toute invitation à infléchir une politique expansionniste a été vilipendée. La coalition droite-extrême extrême-droite et religieux a démontré son incapacité à mettre en accord ses actes avec ses déclarations. La tragédie le prouve. Est-ce spécifique à Israël ? Non. Le mépris constant, la culture de la haine, la valorisation de la force ont déjà réalisé des dégâts dans bien des pays sur la planète. La population finit partout par toujours de son indifférence au non-respect des valeurs essentielles de la démocratie.

Le Hamas organisme terroriste a parfaitement exploité ce défaut dans la cuirasse d’Israël. Des milliers de personnes ont payé ou vont payer de leur vie la montée de ce fléau qu’est l’extrémisme. La démagogie constitue à cet égard le pire poison pour les sociétés. Elle ronge les consciences et parvient à la persuader que tout se résume à des solutions simplistes n’exigeant aucun effort de tolérance et de compréhension. En renforçant les sentiments les plus vils de l’âme humaine le populisme conduit à des situations aussi affreuses que celles qui secouent le peuple israélien.

Nous devons craindre que ce conflit exacerbe des haines qui existent sur le territoire français. Nous risquons recevoir en pleine gueule le boomerang d’années d’indifférence. Plus que jamais la laïcité, la solidarité, la fraternité restent les vrais remparts contre les ravages de croyances fanatiques, de l’exclusion ou de la vengeance. Il faut dire que peu de monde ose encore y croire, laissant les populistes de toutes sortes semer le vent de haine des tempêtes de demain.

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Cet article a 9 commentaires

  1. christian grené

    C’est bien du courage que d’engager sa roue libre sur un chemin où guettent tous les dangers. Respect.

  2. J.J.

    Je partage absolument cette analyse de cette calamiteuse situation.
    Le mensonge, la fourberie, le fanatisme conduisent à la catastrophe, et avant que la justice puise passer pour les coupables (si elle passe un jour !) ce sont les gens du Peuple d’un bord comme de l’autre qui seront toujours les victimes.
    « La condamnation d’une attaque terroriste dirigée contre des enfants, des femmes, des vieillards, des jeunes et des moins jeunes sans aucune défense, ne souffre aucune nuance quel qu’en soit les auteurs et les circonstances.  »
    C’est ce que subissent depuis des décennies les habitants de Gaza, sans que le reste du monde s’en affecte vraiment, mais ce n’est pas une excuse, tout au plus une explication.

    1. Lecomte Pascal

      Tout à fait d’accord

  3. facon jf

    Bonjour,
    Crimes de guerre sur crimes de guerre.
    Des salopards tirant sur des gens désarmés, violant les captives et crachant sur leurs corps, crime de guerre.
    Des furieux qui bombardent des zones civiles, écrasant femmes et enfants. Crime de guerre.
    Un affreux qui menace d’exécuter publiquement un otage( comme Daesh) crime de guerre.
    Un furieux qui coupe l’accès aux soins, à la nourriture, à l’eau à 2 millions de personnes dont presque un million d’enfants . Crime de guerre.
    Et de chaque côté ceux qui excusent l’inexcusable.
    Et l’habituel double standard occidental qui est devenu insupportable au monde entier: on ne montre et ne parle que des atrocités d’un côté, bouche en cul de poule on réprouve d’un côté et on soutient de l’autre ( quoiqu’il arrive).
    On charge une manif de soutien aux Palestiniens à Lyon , le tout Paris s’exhibe à celle de soutien à Israël à Paris, avec trois membres du gouvernement et la tour Eiffel aux couleurs d’un état condamné par des centaines de résolutions de l’ONU.
    Dégoût, immense dégoût .

    Bonne journée quand même.

  4. facon jf

    Dominique de Villepin ( sur France inter) fait le parallèle avec le 11-Septembre, comparaison « pertinente par l’immensité du drame et du choc » mais aussi « par les erreurs qui ont été commises ». Après ces attentats, « les Américains ont cédé à une volonté de vengeance, se sont lancés seuls dans une volonté de punir, ont été entraînés dans une logique de force et ont cru qu’ils pourraient fabriquer un nouveau Moyen-Orient, apporter la démocratie par la violence et la force, résultat, ils ont enflammé. Ne recommençons pas les mêmes erreurs ».

    Pour la France, « il y a une exigence d’humanité et de solidarité vis-à-vis d’Israël, une exigence de responsabilité que nous devons porter à la tête de la communauté internationale et une expérience à partager, nous devons penser que la solution à deux États, plus que jamais est aujourd’hui la seule », estime Dominique de Villepin. « Israël ne peut pas être en sécurité tant qu’il n’y a pas la reconnaissance d’un état palestinien à ses côtés qui partage la responsabilité de la sécurité dans cette région. »

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-12-octobre-2023-8744437

  5. Gilles Baillet

    Vous avez 100 fois raison monsieur Darmian. Enfin des écrits qui sortent des sentiers battus de la propagande…

  6. MARTINE PONTOIZEAU-PUYO

    bonjour à tous,
    ce qui se passe en ISRAEL et sur la Bande de Gaza est insupportable et inadmissible. chasser un peuple pour le remplacer par un autre alors qu’ils n’ont aucun point commun sauf sur la religiosité, extrémiste.
    c’est bien pour ça que la France Laïque ne doit plus tolérer les signes religieux dans le milieu public, ni les écoles religieuses séparatistes.
    la Laïcité doit s’appliquer à tous. les religions pratiquées sont du domaine du privé.
    je n’ai pas à connaître si mes voisins sont musulmans, juifs, chrétiens, bouddhistes, etc
    Que l’ETAT FRANCAIS fasse respecter la laïcité en totalité sans passe droit sur tout le territoire.

  7. Laure Garralaga Lataste

    Merci à… Martine, Gilles, facon. jf, J.J. et christian !

  8. Laure Garralaga Lataste

    OUPS !
    Mes excuses à l’ami Lecomte Pascal… Voilà ce qu’il en est quand on est coincé entre 2… !

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