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Un isolement n’ayant rien de splendide

Si la situation intérieure globale de la France n’a rien de rassurant. La population le sent confusément en épargnant au maximum pour la part de celle qui le peut, afin de conjurer un avenir qui ne cesse de s’obscurcir. Le niveau général de la consommation dans tous les domaine s’étiole alors que toute la stratégie budgétaire de l’ultra-libéralisme repose sur la taxation tous azimuts de tous les actes contraints ou volontaires des dépenses de ce type. Question pouvoir d’achat, les conséquences de la suppression de la taxe d’habitation, ce que j’ai annoncé depuis trois ans, est tombé avec les feuilles d’automne des taxes foncières ou reposant sur ses bases. Les propriétaires trinquent plein pot avec des hausses qui mettront en péril bien des foyers fragiles. Tout le monde a la trouille. 

Pendant ce temps la France s’enfonce au plan international payant des prises de position « au-dessus de ses moyens ». Nul ne saurait honnêtement prétendre que nous ne plions pas bagages en Afrique de notre propre volonté. Burkina, Mali, Niger : nous nous retirons ce que je ne saurai critiquer mais ça prend des allures de « retraite » car chaque fois le Chef de notre État a voulu rouler des mécaniques du genre « retenez-moi où je vais faire un malheur ! » crispant une situation déjà tendue et fragile avant de reculer. 

Les devants ont été pris au Gabon… avec une prise du pouvoir par des militaires plus conciliants mais dont l’opinion publique risquent bien de l’être moins. Le camouflet marocain sur la non-demande de secours, la congélation des rapports avec l’Algérie ou les tensions avec la Tunisie sur le passage des migrants accentuent cet isolement que le Pape est venu souligner. Au suivant… Sénégal ? Mauritanie ? Centrafrique ? 

Le pire se prépare aussi en Europe. Le couple franco-allemand non seulement n’existe plus que formellement mais les chamailleries se multiplient allant même jusqu’à une situation proche du divorce par consentement non mutuel. L’Allemagne confrontée à la montée du populisme commence par exemple à prendre des positions tranchées sur l’immigration ou à jouer sa propre carte sur la transition écologique. La France rame de plus en plus seule dans une Union Européenne ressemblant à la situation de la banquise au moment du dégel.

L’U.E n’ayant aucune ossature politique, elle n’a aucune place réelle en géopolitique à part celle du nombril de quelques-uns de ses dirigeants. SuR qui la France peut-elle encore compter ? Tous les pays les uns après les autres basculent dans le populisme plus ou moins évolué. Pour le moment seuls le Portugal et l’Espagne ont été préservés de la montée de la peste plus ou moins « brune ». Partout les extrémistes anti-européens, radicaux, démagos, autoritaristes et nationalistes arrivent au pouvoir ou jouent un rôle décisif dans son exercice. Le régime « semi-théocratique » polonais se replie sur lui-même car les élections intra-muros arrivent.

Le dernier résultat des élections nationales confirme cette tendance. La Slovaquie a peut-être donné le coup de grâce à ce qu’il pouvait y avoir de bases communes au sein de l’UE. Le retour aux « affaires » de Robert Fico changera probablement un équilibre devenu très fragile. Celui-ci qui a blâmé les « nazis et fascistes ukrainiens » d’avoir provoqué le président russe Vladimir Poutine, l’obligeant selon lui à lancer l’invasion en Ukraine est redevenu majoritaire aaux législatives. 

Il a notamment promis que la Slovaquie n’enverrait plus « une seule munition » à l’Ukraine et a appelé à de meilleures relations avec la Russie. Devenu un allié proche du Premier ministre hongrois Victor Orban Il rejoindra s’il obtient une majorité parlementaire, la Hongrie pour contester le soutien à l’Ukraine prôné par l’Union européenne, alors que le bloc peine à maintenir son opposition à l’invasion russe.

Au Nord rien ne va plus puisque le Danemark, la Finlande, la Suède, les Pays-Bas flirtent ou se sont résolument engagés, sur la voie populiste. Au Sud c’est fait en Italie. A l’Est la Lettonie, la Hongrie, la Pologne et maintenant la Slovaquie suivent le chemin consistant à profiter des fonds européens mais à en piétiner les valeurs fondamentales qui permettent de maintenir leur structure support qui les distroibue. Les élections de 2024 verront la déroute des partis réputés traditionnels. Ils seront partout laminés par les « nationalistes » anti-européens. Seuls peut-être les écolos peuvent espérer dans le contexte actuel maintenir le niveau de leur représentativité. La France en sera un exemple dramatique. 

Dans ce foutoir européen et mondial avec des USA paralysés par leur enjeu présidentiel (que deviendra le fétu français si demain Trump revient?) le pouvoir parisien navigue à vue tentant de maintenir l’illusion d’une grandeur passée. Nous sommes loin du discours mitterrandien de Cancun (1981) de la déclaration flamboyante de de Villepin à l’ONU (2003) ou même celui de Fabius (2015) à la fin de la conférence internationale sur le règlement climatique. Nous avons néamoins le gueleton de Versailles.

Cet article a 8 commentaires

  1. J.J.

    « Nous avons néanmoins le gueuleton de Versailles. » qui laisse quand même une gueule de bois à la Nation (rétablissement de l’esclavage et travaux forcés pour les Rmistes, proposition ingénieuse de notre bon ami Ciotti de ratiboiser les indemnités de chômage pour faire baisser le prix de l’essence, sabotage des remboursements de la Sécurité sociale, arnaque de la taxe foncière etc.) .
    Cette réception ne fut pas, comme l’avait décrit Châteaubriand en parlant de Fouché et Talleyrand : « le vice s’appuyant sur le bras du crime », mais l’insignifiance s’appuyant sur l’épaule de la médiocrité.

    1. facon jf

      @JJ « l’insignifiance s’appuyant sur l’épaule de la médiocrité. » c’est bien trouvé !

  2. christian grené

    Le sujet du jour présenté par JMD et la réponse apportée par JJ m’ont conduit vers la lecture de deux livres: « La Possibilité d’une île » de Michel Houellebecq et « Besoins d’îles » de Louis Brigand. Attends-moi Robinson!

    1. François

      Bonjour @christian grené !
      Quand vos besoins seront satisfaits, je pose candidature pour la suivante …sans exigence de confort … juste déserte ! ! !
      Amicalement.

  3. François

    Bonjour J-M !
    J’adhère 100% à ton propos.
    Même si, aujourd’hui, mon clavier est amorphe à la diatribe, il me pose une question ( serait-il visionnaire ?).
    – Se facher avec l’Afrique, certes, Ils sont grands maintenant, mais nos bois précieux, les métaux rares ( pour nos bécanes!) et l’uranium …pour l’électricité (! !), ils viennent d’où ?
    Alors que des vedettes réclament « deux pas en arrière » pour retrouver la Raison, je me tourne vers ma réserve d’idées et …te demande d’écouter cet appel:
    https://youtu.be/PnzFj0y28VY.
    Bonne convalescence et félicitations et … encouragements pour ton infirmière « de proximité » ! ! !
    Amicalement.

  4. facon jf

    Bonjour,
    de retour dans notre « beau » pays, je constate une fois de plus la déconnexion totale de nos médias avec la réalité. Aucun article sur la standing ovation reçue par un vieillard nazi authentique au parlement Canadien, de même qu’un silence de mort accompagne les déclarations du grand mamamouchi de Bercy annonçant que les pauvres seront encore plus pauvres pour permettre aux riches de bénéficier des aides de l’état.
    Pour occuper le vide sidéral, les merdias entonnent l’hymne du retour des droites nationalistes partout en Europe … Aucune remise en cause du fondement idéologique qui a conduit les gueux à rejeter les personnels politiques qui nous conduisent à fond vers le mur des réalités. Quarante années d’une seule idée qui nous conduit au désastre économique, sanitaire et social. Cette idée c’est la compétitivité dans la mondialisation sans frontières des biens et des services. C’est au nom de cette idée véhiculée par le libéralisme que les gueux doivent travailler plus pour gagner moins, que les impôts et charges augmentent et que les services publics s’effacent afin de subventionner les entreprises. Résultat pour la majorité des Européens chaque jour qui passe apporte son lot de régression économique, sanitaire et sociale.
    Toutes ces aides qui coûtent « un pognon de dingue  » que produisent elles en fin de compte? Un déficit Français abyssal de 200 milliards d’€ en 2022 ! Et tout cela malgré les efforts incessants demandés aux Français. Maintenir « quoi qu’il en coûte » un haut niveau de consommation alimente le flux des importations qui de fait dépassent de 200 milliards les exportations.
    La question de fond, que nos gouvernants esquivent soigneusement, c’est bien la consommation. Pourquoi changer des biens qui jusqu’à maintenant nous suffisaient pour des biens nouveaux qui n’apportent pas de réelles innovations? Simplement pour que la machine continue d’avancer de plus en plus vite vers la catastrophe. Et nos merdias nous gavent du sempiternel juskicitouvabien, juskicitouvabien…
    La réalité aura tôt fait de nous rattraper et nous serons bientôt contraints de tous réduire notre consommation de gré ou de force. La réalité s’impose partout quelque soit le parti politique aux manettes, le gouvernement Méloni en Italie bien que nationaliste est bien obligé d’en tenir compte et là-bas comme ici ce sont les gueux qui payent le prix fort.

    Bonne journée

    1. François

      Bonsoir @ facon jf !
      « Quarante années d’une seule idée qui … »
      2023 -40 =1983 ! Si ma mémoire ne me trompe pas, on était encore dans la période du « on-a-ga-gné… on-a-ga-gné … » avec champagne à flots n’est-ce pas? Bizarre…Bizarre… À moins que feu mon ami Patrick n’ait eu raison quand il disait en 2015 : « Mai 1981, j’ai bu le champagne. Depuis je ch… les bulles ! ». J’ajouterai qu’elles sont de plus en plus grosses et proches de l’explosion.
      Amicalement.

      1. facon jf

        @françois
        le 23 mars 1983 François Mitterrand intervient à la télévision :

        « Nous n’avons pas voulu et nous ne voulons pas isoler la France de la Communauté européenne… Il est temps d’arrêter la machine infernale. Combattre l’inflation, c’est sauver la monnaie et le pouvoir d’achat. Voilà pourquoi je lutterai, et le gouvernement avec moi, contre ce mal, et mobiliserai le pays à cette fin. […] Et il en va de même face à l’autre mal qui nous ronge : le déficit insupportable de notre commerce extérieure et l’endettement qui en découle. Votre rôle est décisif. Partout où l’on fabrique et partout où l’on crée, partout où l’on achète, partout où l’on échange, dans votre manière de vivre, de consommer et même de voyager, vous devez préférer, à qualité égale, les productions françaises. L’effort demandé à tous devra être équitablement réparti pour que chacun y contribue à la mesure de ses moyens. »

        Mitterrand choisi l’Europe au désavantage de la France et des salariés qui l’ont élu. Ce jour-là, la gauche abandonne deux outils économiques majeurs :
        — la souveraineté monétaire : la France renonce à dévaluer ou réévaluer sa monnaie selon ses besoins, la liant au mark fort ;
        — la souveraineté commerciale : la France s’interdit toute protection, remplaçant une mesure politique, des taxes aux frontières, par la bonne volonté du consommateur invité à acheter français, suprême foutaise.
        Et comment le chômage sera-t-il combattu ? Par « la formation des jeunes », qui sera le refrain du PS durant vingt ans, le déguisement de l’abdication. C’est dire qu’on déserte ce combat, jugé moins prioritaire que « la lutte contre l’inflation », ou le « déficit de la Sécurité sociale ».
        Deux mois après son départ du gouvernement, Jean-Pierre Chevènement proteste devant la convention nationale du Parti socialiste : « L’histoire nous jugera, et d’autant plus sévèrement que, à la différence de ce qui s’était passé sous le Front populaire, le peuple nous a donné, en 1981, toutes les responsabilités… Tout se passe comme si la politique gouvernementale actuelle avait pour philosophie implicite : il faut assurer la convergence des politiques économiques avec l’Allemagne et nos voisins européens… S’agit-il d’une parenthèse, selon l’expression de Lionel Jospin ? Il y a malheureusement trop de signes en sens contraire. On croit ouvrir une parenthèse, et puis on s’aperçoit que c’est un virage, et bientôt, si l’on n’a pas réagi, celui-ci prend la figure du destin ! »
        Et dans son livre Défis républicains, il ajoute :

        « Comme j’aurais aimé qu’en mars 1983 François Mitterrand prît davantage ses aises avec un Système monétaire européen concocté par son prédécesseur, défendu bec et ongles par toute la technostructure libérale et dont mon collègue allemand me disait avec une pointe de cynisme qu’il fonctionnait comme “un système de subventions à l’industrie allemande” ! C’eût été changer la face de l’Europe en montrant notre liberté vis-à-vis d’un carcan qu’on avait voulu nous imposer. C’eût été rester fidèle au sens que, depuis dix ans, nous avions voulu donner à notre politique. La gauche aurait perdu en 1986, mais sur ses bases, et la suite eût été différente. Le Parti socialiste eût vertébré en Europe une politique réellement alternative dont l’heure eût fini par sonner. Au lieu de cela, le Parti socialiste se coula peu à peu dans un rôle de thuriféraire de l’orthodoxie libérale et monétariste. »

        bonne journée

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