Il règne une ambiance générale en cet été qui ressemble à ce que l’on ressent en buvant une rasade de vinaigre. Il n’y a guère de joie de vivre, d’envie de partage et une susceptibilité collective à fleur de peau bronzée ou non d’ailleurs selon la période des vacances. Le contexte manque singulièrement de joie de vivre. C’est d’ailleurs compréhensible puisque chaque jour une avalanche des faits divers angoissants ou catastrophiques, s’abat sur la vie quotidienne. La méfiance et la morosité constituent les caractéristiques de cette période que l’on espérait détendue.
La violence verbale ou physique surgit à chaque instant. Plus d’un millier de plaintes lors des dernières fêtes de Bayonne, un mort et des enquêtes pour viol en nombre inquiétant sonnent comme une alerte. Quel autre exemple peut-on prendre que ces vastes rassemblements réputés bons enfants où l’on prétendait savoir s’amuser, « s’éclater » comme l’on dit maintenant ? La démesure, l’absence de limites ont atteint les valeurs historiques lors des retrouvailles avec le roi Léon cette année. Plus question de se contenter de clamer qu’il s’agit d’une minorité quand le mal est aussi profond. Qu’en sera-t-il à Dax ? Nul ne saurait le prévoir. Partout on réclame des forces de l’ordre pour juguler des phénomènes qui relèvent de la responsabilité individuelle. Il faut réglementer, interdire, réprimer.
La fracture s’accentue aussi entre une population qui peut encore s’offrir ce que l’on a coutume d’appeler les plaisirs de l’été, et un nombre sans cesse en augmentation de foyers n’ayant plus les moyens de s’extirper d’un contexte financier contraignant. Tout se discute. Tout se marchande. Il est aisé de le constater. Les clients potentiels passent et repassent devant les affichages des restaurants, hésitant à y entrer car ils ont l’espoir de trouver des opportunités « moins chères ». Les priorités ne sont plus les mêmes en raison de l’obligation de contrôler ses dépenses puisque d’après une étude récente seulement un tiers des foyers français ne l’ont pas fait cet été.
Depuis le début de l’été, les rendez-vous amicaux collectifs chez l’un ou chez l’autre ont remplacé les sorties groupées dans des lieux jugés trop onéreux. Une sorte de frustration plane sur l’été. Sur les tables des rendez-vous des agapes réputées conviviales, les bouteilles se font de plus en plus rares. Plus de vin rouge ou très peu. Le rosé et à un degré moindre le vin blanc sauve un peu la mise mais les quantités restent modestes. La bière a supplanté les produits de la vigne et encore elle n’a plus son impact antérieur. Le lâcher prise n’est plus de mise sauf dans des rendez-vous massifs où on a l’impression d’être inattaquables car anonymes.
Les manèges et les attractions des fêtes foraines compte tenu de leurs coûts, attirent toujours des enfants mais désolent des parents désargentés. Seuls les grands-parents parviennent parfois à sauver d’un billet discret le plaisir du pilotage d’une auto-tampon ou de l’arrachage de la queue de ce qui est rarement celle d’un Mickey. Là encore les accidents répétés ont refroidi bien des familles. Quelles que soient les raisons de ces événements dramatiques elles ne contribuent pas à restaurer la confiance. Le doute s’installe sur la fiabilité des installations dans lesquelles il faut s’acquitter de sommes conséquentes pour entrer.
Ne parlons pas de l’humour… Il disparaît à la manière de l’eau revigorante des sources sous l’influence du réchauffement climatique. Incompris, malmené souvent à cause d’une acculturation crasse. La moindre manifestation à tonalité humoristique est éreintée ou critiquée. On ne plaisante plus ! On n’égratigne pas ! On ne s’amuse pas ! Forcément les bien-pensants, les pisse-froid, les extrémistes de tous poils veillent et ne prennent pas de vacances. Pour eux pas de repos. L’été se fige dans la normalité. Du moins dans celle qui est imposée par une société se croyant protégée car formatée.
Une forme de culpabilisation entretenue par des déclarations dézinguant tout ce qui restait de populaire ou pouvant l’être. Regardez bien autour de vous, cette agressivité contagieuse qui ne cesse d’enfler. Tout le monde volerait tout le monde. Tout le monde se méfie de tout le monde. On quitte son domicile avec peur. On conduit avec la trouille. On mange avec appréhension. On partage avec méfiance. On mange avec précautions.
L’autre selon son statut social, sa couleur de peau ou sa religion devient un ennemi putatif. Le contagion est irrémédiable et tourne à la pandémie. Malheureusement il n’y a pas encore de vaccin contre l’intoxication par les gaz inodores de l’opinion dominante. Seul le vivre ensemble en mourra à terme surtout après l’été 2023 ! Ce n’est pas du pessimisme c’est un constat.
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J’aime retrouver vos chroniques matinales.
Merci
Comme tu as raison, une fois encore…
De Bayonne, où je réside, je pourrais ajouter que c’est une fête devenue dangereuse , comme beaucoup d’endroits maintenant, me diras-tu. Un mot ou un regard de travers et c’est le lynchage ou la lame dans ton corps, maintenant!
Plus de respect ni d’autorité chez la majorité (?) des jeunes.
C’est un problème d’éducation, non? Mais l’éducation n’a plus de nationale que le nom.
C’est aussi notre faute à nous, les soixante-huitards…
Mais l’autre volet de ce que tu évoques n’en est pas moins inquiétante: la paupérisation d’une partie importante de la population. Mais on dirait que nos gouvernants sont sourds et aveugles car il y a toujours plus d’impôts, de taxes, d’augmentations diverses et variées (gaz, électricité). A Anglet, haut lieu du tourisme populaire à coté de Biarritz, cité des bobos, le parking est payant pour aller à la plage. Edifiant, non?
Allez, bonne journée quand même.
@ à mon ami Gilles…
« la paupérisation d’une partie importante de la population » a bon dos… ! Seule la force de vie que nous avons en nous peut nous permettre d’avancer… Je suis bien placée pour le dire…
La « massification » que nous a imposé l’habitude de copier servilement sur nos prétendus amis d’outre Atlantique, (exemples criants du « faites ce que je dis et non ce que je fais ») de peur de paraître « has been » surgit maintenant dans toute son horreur.
Avec des événements qui n’avaient ni été prévus au programme ni même imaginés, et qui ont changé et neutralisé brutalement insouciance, facilité, pour certains, et (mauvaises) habitudes de vie, la société, les individus ont quelque peine à retrouver leurs marques.
Difficile de s’accoutumer à la situation en temps de guerre, guerre sanitaire toujours plus ou moins menaçante, guerre froide par routine, guerre chaude par procuration.
« Tout baigne » avaient l’habitude de dire les optimistes, nous baignons toujours, mais dans quoi ?
Comme disait cette brave femme en parlant de jeunes gens d’un milieu aisé « interpellés » pour avoir commis des dégâts dans le domaine public pour s’amuser : « Ils sont trot’hureux ».
Beaucoup sans le savoir et sans vraiment en profiter étaient « trot’ hureux ».
Tout se discute.…Tout se marchande… » Personnellement, je pense qu’il en a toujours été ainsi… Alors, pourquoi » la fracture s’accentue-t-elle… ? « That is the question » comme dirait les Anglais ! Merci à celui ou celle qui tentera d’apporter une réponse.
L’a changé de patronyme ma Laurita. Kesako Gaeelaga?
La réponse sera courte. C’est simple et tout bonnement biologique, nous sommes devenus trop nombreux tout simplement dans un espace qui se restreint pour des ressources qui, sans se raréfier, deviennent moins accessibles car plus chers…
L’a changé de patronyme ma Laurita. Kesako Gaeelaga?
Mon année de Gendarmerie m’a montré et appris pas mal de choses sur la nature humaine , et c’ était tellement beau que j’ ai pas rempilé .
En dehors de biais religieux , politique ou syndicaux et factuellement ,de retour d’ un mini séjour à Paris , je peux dire que cette ville ne s’ arrange pas.
Mangeant dans une crêperie près de Notre dame , la serveuse est sortie pour rattraper trois jeunes touristes qui s’ en allaient sans payer …
Je décide d’ acheter de la mousse à raser dans une pharmacie , la vendeuse me dit qu’ elle a été cambriolée en plein jour , ils rentrent se servent et repartent en courant ….
Tunnel pour traverser les boulevards , des hommes et des tentes ….
Il faut rajouter les annonces en gare et dans le métro pour se méfier des pickpockets ….
Mon frère à Edimbourg s’ étonnait que les écossais laissaient leurs téléphones et portefeuilles sur la table pour aller danser , ou se chercher une bière ….
Ne parlons pas de la violence physique de tout les jours , par exemple
https://www.lefigaro.fr/faits-divers/essonne-quatre-hommes-pris-en-flagrant-delit-en-train-de-tabasser-un-homme-pour-voler-son-scooter-20230810
Tout va très bien madame la marquise ….
Cordialement .
bonsoir, on voudrait tout faire pour doter la marine nationale d’intentions de votes dépassant les 60% on ne ferait pas autrement!!!
Des complotistes murmurent à mon oreille » c’est le jeu mon bon monsieur, si vous voulez pouvoir autoriser un troisième mandat pour notre sauveur » . Heureusement c’est juste une blague mais » Ne parlons pas de l’humour… Il disparaît à la manière de l’eau revigorante des sources sous l’influence du réchauffement climatique. »
C’est vrai le réchauffement climatique ça jette un froid.