Le 5 septembre 2006 la première chronique quotidienne publiée par mes soins lançait l’idée d’un blog personnel. Il y a donc exactement 16 ans que chaque matin ou presque celles et ceux qui le veulent ont trouvé d’abord sur « L’AUTRE QUOTIDIEN » (1) puis sur « Roue libre » des textes aussi divers que possible sur ce qui pouvait apporter une vision différente de l’actualité. Au total selon les statistiques des deux supports cumulés ce sont 4128 articles publiés sur le second support et 2117 pour le premier. Au total donc chaque soir (sauf le samedi) j’aurai écrit à l’attention de lectrices ou lecteurs dont souvent j’ignore tout plus de 6 000 pages de blog d’un feuillet chacune. Voici donc la dix-septième année qui débute ce matin sans trop d’illusions et une nouvelle orientation déjà prise depuis quelques semaines.
J’ai en effet mis volontairement depuis le 30 juin dernier toute fonction élective. Ce fut près de 40 ans de vie consacrée à la vie « politique » au sens noble du terme mais aussi à un niveau souvent moins « reluisant ». Si l’on ajoute le passage dans le milieu syndical (Syndicat national des instituteurs), dans celui de la Mutualité (MGEN) ou à la tête d’associations diverses j’ai terminé « imprégné » de tout ce qu’un tel parcours suppose comme désillusions ou satisfactions. Personne ne peut le nier, je n’ai jamais changé de camp : liberté, tolérance, laïcité, solidarité et citoyenneté.
Jusqu’au dernier jour de mon engagement politique j’ai essayé d’être fidèle à mes convictions et à celles et ceux en qui je me reconnaissais. De manière globale je ne pense pas avoir « trahi » les valeurs qui étaient les miennes et que j’avais reçues de multiples « pères » dont j’ai croisé la route. Traverser largement plus d’un demi-siècle dans ces mondes où les enjeux de pouvoir passent souvent avant la fidélité, suppose des moments de doute (c’est d’ailleurs une vraie faiblesse pour moi) qui rongent la tête. Et chaque soir, quelle que soit le contenu de la journée, le temps de l’écriture a constitué, aussi bizarre, que cela puisse paraître un soupape de sécurité, un acte libératoire.
Libre de mes propos, de mes analyses, de mes mots j’ai toujours assumé ce que j’ai publié sous ma signature et sans me dissimuler derrière un pseudonyme facilitant l’outrance. Quelques principes clairs : ne jamais attaquer les personnes mais ne pas se priver de répondre à celles et ceux qui auraient franchi la ligne rouge en la matière. Admettre tous les commentaires et n’écarter que ce qui ne relevait pas du débat d’idées mais de l’intolérance ou de la diffusion de contre-vérités ou de propos diffamatoires. Ne jamais répondre sur le blog aux positions publiquement prises par les uns ou pas les autres car elles sont libres et donc respectables.
En seize ans ce sont 1 074 692 pages qui ont été lues ou regardées et 7 113 288 visites qui ont eu lieu sur les deux blogs successifs. Ces statistiques produites par le site d’hébergement overblog peuvent être complété par le fait qu’au cours des 12 dernières années vous avez à votre manière, dans votre style et avec vos centres d’intérêt, déposé 14 034 expressions personnelles au bas d’une chronique. Il faut bien avouer que souvent elles émanent de lectrices ou de lecteurs qui sont d’une manière ou d’une autre devenues des ami(e)s mais que des nouveaux arrivent. J’ai aussi découvert le mépris du silence.
J’ai en mémoire Annie Piétri aujourd’hui décédée qui habitait Nice et qui après avoir suivi le blog et la méthode de gestion de Créon est venue finir ses jours à créon où elle repose désormais dans le cimetière. Il y a bien d’autres personnes que j’ai retrouvées ou découvertes de manière virtuelle et avec lesquelles j’espère partager un jour la réalité d’un échange devant un rosé ou une limonade. Dans le fond cette activité m’a enrichi à deux titres. D’abord en brisant éventuellement mes certitudes trop faciles ou en corrigeant mes erreurs ou mes… fautes d’orthographe. Ensuite en me donnant la possibilité d’échanger avec des porteurs d’opinions différentes me conduisant à me remettre en cause.
Le plus grand moment de ces années d’écriture aura été celui de ma contestation, parmi bien d’autres, de la proposition Manuel Valls reprise avec faiblesse par François Hollande sur l’inscription dans la constitution du principe de la déchéance de la nationalité. Le déluge d’approbations, d’encouragements, de soutiens mais aussi à un degré moindre de critiques plus ou moins formulées, d’accusations ou d’injures m’a marqué mais a été vite oublié ou récupéré. M’exprimer comme citoyen et pas nécessairement dans mes textes comme « militant » ne fut pas nécessairement très apprécié. J’en assume sincèrement le principe.
Pour la dix-septième année, en Roue Libre je prends un virage irrévocable. Je ne m’exprimerai plus sur la vie politique locale (c’est le cas depuis longtemps), départementale ou nationale (sauf pour les législatives de 2022). Je laisse ce rôle à d’autres plus convaincus, plus convaincants et surtout ayant moins de doutes sur leurs positions. Ils m’étonneront toujours ! Je pense avoir contribué à l’émergence d’une nouvelle génération… et je la crois capable de faire vivre mes valeurs et je lui fais confiance.
La proximité, la vie réelle, les personnes et ce qui appartient à mon quotidien seront désormais les seuls sujets de mes chroniques. Tant pis si c’est à contre-courant puisque en 16 ans j’ai constaté que seule la polémique violente et absurde nourrit la notoriété.
En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian
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« Un homme se penche sur son passé ».
Evidement, à part le titre, aucun rapport avec le héros du roman de Maurice Constantin-Weyer, aujourd’hui oublié ‘(1928 !)
On (‘je ne suis certainement pas le seul) avait noté depuis quelque temps un certain apaisement, calme, sérénité dans les choix même des sujets quotidiens de Roue Libre.
Vraiment en Roue Libre ! Ce que j’ai appelé une seconde retraite (même si j’ai été beaucoup moins actif que toi).
Sache, Jean-Marie, que si je m’honore de ton amitié, déjà vieille de 50 ans, j’ai aussi la chance de pouvoir la partager avec toutes les leçons que tu m’as données. Le seul domaine où je ne t’ai pas suivi, c’est la politique. Si mon coeur bat à gauche, j’ai toujours renâclé devant l’obstacle de l’engagement. « Engagez-vous! » qu’ils disaient. Grrrrrrrrrrrrr!…
Toi, hussard noir de la République, tu peux comprendre que j’ai préféré me réfugier sur le toit avec Roger Nimier et ses acolytes où se comptait mon pote Antoine qui, lui aussi, m’a honoré de son amitié avant d’aller s’endormir, pour de bon, chez le père Lachaise…
Cher Jean-Marie, tant que tu nous écriras quotidiennement (sauf dimanche), je ne serai pas un singe en hiver.
Je n’étais pas au courant, à l’heure où je répondais à J.-M., de la mort de J.-P. Belmondo. Qui, justement, tenait le rôle de Gabriel Fouquet au côté de Jean Gabin dans l’adaptation du roman « Un singe en hiver » par Henri Verneuil au cinéma. Antoine Blondin, toujours lui, m’avait dit que l’acteur aujourd’hui décédé jouait parfaitement son double. L’un et l’autre avaient scellé une amitié indéfectible entretenue par Michel Audiard.