Bien évidemment se pencher sur la manière dont le gouvernement gère la crise sanitaire depuis bientôt un an c’est être toujours dans la critique, la recherche de polémiques inutiles, la volonté de dénigrer et surtout la manifestation d’un principe simple : « qu’auriez-vous fait à leur place ? » Même un examen aussi objectif que possible n’a aucune chance de convaincre puisque chacun.e défend un camp et pas des principes.
La gestion de la pandémie a été chaotique révélant la faiblesse totale de notre système au plus haut niveau. Les « élu.e.s » n’ont plus aucun pouvoir réel et donc naviguent à vue selon les inflexions, les ukases ou les injonctions des indéboulonnables « hauts » fonctionnaires. Il.elle.s ont pris de fait le pouvoir que leur a cédé une caste politique issue de leurs rangs. Les pires de tous se trouvent à Bercy.
Dénués de toute expérience de terrain, n’ayant jamais été confrontés à la notion de proximité, ignorant absolument tout de la situation de millions des gens dont ils régissent la vie. Ils ont foiré de manière épouvantable les premières mesures destinées à arrêter les effets d’un grippe saisonnière. L’administration avait détruit les stocks de masques sans les renouveler et donc il fallait gagner du temps. Alors on a dégainé la dialectique de crise, les mots-clés à ressasser et les explications vermoulues.
Le poids des dispositions « réglementaires » avait rendu impossible l’achat rapide de ce que tout le pays attendait et notamment les hôpitaux, les EHPAD et les services de secours ou de solidarité intergénérationnelle. Pris en défaut flagrant de défaillance gestionnaire ces « princes » d’une « cour » fonctionnarisé s’en sont tirés en laissant les « politiques » en prendre plein la gueule. Eux ils étaient aux abris dans des bureaux hors d’âge au milieu du mobilier national correspondant à leur standing.
Si l’on a vu en visioconférence quelques ministres mal briefés aller se prendre des baffes sur les plateaux de télés-populo-extrémistes il.elle.s le doivent à leurs « conseiller.e.s » tapis dans l’ombre des cabinets. Cette caste qui s’auto-entretient dans le confort de ses certitudes a pondu des circulaires, à transmis des ordres comminatoires aux préfets comme on s’adresse à des provinciaux inconscients car proches des élus locaux.
L’une des caractéristiques communes au niveau national de ce réseau qui tourne avec le vent mauvais ou porteur des élections c’est sa haine ou son mépris des élu.e.s locaux, cales considérés comme des « demeuré.e.s » qu’ils aient eu ou non une confiance durable des électrices et des électeurs. Ils ne rêvent que d’accroître leur rôle dans le fonctionnement républicain en sabordant la décentralisation.
Leur force c’est qu’ils.elles ne l’attaquent plus frontalement comme sous Sarkozy ou Hollande mais ils l’étranglent lentement mais sûrement via la réforme fiscale ou la restriction de la libre gestion des collectivités territoriales de base. Le fiasco des Agences régionales de santé (ARS) face aux contraintes du terrain, les appels au secours des représentants de l’État (ou plutôt du gouvernement) vers les élu.e.s a été patent mais ne donnera pas lieu à une remise en cause de cette structure pyramidale qui écrase les initiatives locales.
La mise en place de la vaccination reflète encore plus que les masques cette incapacité de l’appareil à s’adapter… Mêmes causes, mêmes effets. L’empilage des strates administratives essentiellement soucieuses de préserver leur existence en exerçant des contrôles, des mesures, des recommandations, des analyses ou des prescriptions.
Ces « conseils » en tous genres dont il.elle.s sont membres avec souvent quelques élu.e.s-alibis pour leur donner l’illusion qu’il.elle.s ont encore un rôle (1) le jeu consiste à tout faire pour donner une importance à ce qui ne sert à rien.
De commissions en sous-commissions, d’instances en sous-instances, de comités en sous-comités la cascade des avis, des agréments, des certifications efface la notion d’urgence. Personne n’assume (2) et on finit par déléguer la décision souvent trop tardive aux « politiques » qui rechignent à se mouiller.
Alors on sort la grande spécialité hexagonale : la circulaire d’application incompréhensible de 25 pages qui correspond parfaitement à l’aphorisme de Coluche voulant que « les technocrates, si on leur donnait le Sahara, dans cinq ans il faudrait qu’ils achètent du sable ailleurs. »
La démocratie va mourir étouffée par ce que l’on appelait dans un autre pays et sous un autre régime la « Nomenklatura » grandissante, considérée comme intouchable et surtout comme infaillible mais qui accumule les erreurs en chargeant des politiques de la même mouvance ultra-libérale qui ne les contrôlent même plus.
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J’ai moi-même siégé comme représentant de l’AMF dans ces structures et j’en connais les limites
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le syndrome du « sang contaminé » pèse sur le Ministère de la Santé.
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Cette Nomenklatura est consubstantielle à notre régime de cinquième République.
Pour moi, toutes nos tares, notre » démocratie de papier « , donc totalement factice, est un boulet que se traîne notre pays.
Ce boulet va bien à beaucoup de politiques et, évidemment, à toute la Nomenklatura.
Pour moi, je n’ai pas peur de revendiquer la nécessité impérieuse d’une forme de fédéralisme qui mettrait fin à une décentralisation bidon, permettrait enfin de fonctionner à partir du terrain et surtout autoriserait un régime et des outils démocratiques…
Oui Jean-Marie, oui Philippe, mais cela date-t-il d’aujourd’hui…? Rappelons-nous le sors réservé aux décentralisateurs/trices…
Un rappel : en juin 1988… qui est nommé premier ministre pour stopper un grave conflit en Nouvelle Calédonie ? Et qui sera remercié en mai 1991 pour ses bons et loyaux services ?
Tant que routes et voies ferrées convergeront vers Paris, la France restera centralisatrice… Et qu’elle était l’une des plus grandes écoles françaises au siècle dernier ? Centrale Paris fondée en 1829, appelée Centrale et ses étudiants « Centraliens » !
Tout est dit !
Ces prétentieux technocrates me rappellent les Fermiers Généraux .
Les révolutionnaires avaient employé un moyen « drastique » pour faire cesser cette nuisance.
Ne pourrait-on pas l’envisager pour nos hauts fonctionnaires ? C’est une question de Salut Public.
Septidi 17 nivôse 228