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Les chandelles n’ont pas éclairé un rugby artificiellement mondialisé

La Coupe du monde de rugby s’achève dans un flot de critiques, de rancœurs et de déceptions. La joie communicative des premières rencontres s’est évanouie au fil de semaines cédant la place aux ressentiments ce qui dans le fond est totalement contraire à l’esprit de ce sport. Quelques rares confrontations ont ramené aux fondamentaux avec des duels équilibrés, disputés, joués sans retenue par des équipes qui n’avaient rien à perdre. Indiscutablement le match entre les « Tout noir » et les Pumas a été un vrai récital des premiers qui ont déroulé leur savoir-faire.

Les Portugais ont séduit par leur enthousiasme. Les Français ont joué leur finale lors de l’ouverture de la compétition. Les Fidjiens ont déçu. Les Springboks ont joué les démolisseurs opportunistes. Le Chili et l’Uruguay nous ont offert leur fraîcheur. Les Irlandais se sont trop tôt baladés. Les Anglais ont carburé à l’énergie… Les foules étaient au rendez-vous dans des arènes pour s’offrir quelques bains de nationalisme et pour faire la fortune des brasseurs. La Coupe du Monde n’a été que le reflet de ce monde où la force, la violence même parfois, la loi du plus costaud ou le fameux principe voulant que seule la victoire compte, a régi la compétition.

La grande vedette de nombreuses rencontres aura été la « chandelle ». Du moins c’est le nom suranné que l’on donnait aux coups de pieds destinés « à mettre sous pression » la défense adverse. Désormais la stratégie repose sur l’utilisation de ces coups de latte expédiées avec plus ou moins de réussite par dessus les combats des tranchées où s’affrontent des mastodontes aux pieds moins agiles. De temps en temps l’essentiel des préoccupations passe par une cure de gagne terrain. Comme les artilleurs les botteurs échangent depuis l’arrière des « obus » récupérés avant qu’il ne touchent le gazon pour un retour à l’envoyeur. Les Anglais ont délivré sur la totalité de leur parcours 183 coups de pied ! La France en phase de poule en a expédié 44… et l’Afrique du Sud encore plus ! 

Les autres héros de cette compétition dont l’issue ne laissant que peu de place à la surprise auront été sans contestation les arbitres. Remarquables de technicité, de sang-froid et de sens du dialogue les porteurs du maillot offert par les Émirats arabes unis ils ont subi un déluge de critiques. L’interprétation de règlements complexes a varié d’un matche à l’autre. L’art de jouer « à la limite de la faute » a servi les Springboks qui ont été très habiles dans cette technique quand la naïveté frappait bien d’autres équipes.

Pour les rucks un œil arbitral n’apprécie pas par exemple de la même manière les petites astuces des briscards soucieux de ralentir la sortie des ballons adverses. Les hommes au sifflet venant de l’hémisphère sud ont une tendance à l’indulgence pour les terrassiers chargés du déblayage. Les Anglo-saxons se montrent globalement plus attentifs et plus sévères pour la vagabondage des défenseurs. Cette différence repose uniquement sur la manière dont on juge les actions au sol. Comme la vidéo n’intervient pas sur ce secteur du jeu sauf en cas de brutalité potentielle, les écarts entre chaque match a été réel. Les principaux bénéficiaires en ont été les Springboks.

Incontestablement les « Tout Noir » méritent d’être champions du monde car leur jeu aura été le plus construit, le plus constant et un tantinet plus imaginatif que celui de leurs adversaires en finale. La France rêvait de les retrouver à ce niveau ultime de la compétition. Les ayant battus elle pourra imaginer un instant qu’elle a battu la meilleur équipe du monde qui pour moi reste une Irlande vieillissante qui n’a pas su changer de rythme mais qui avait un fond de jeu cohérent et efficace.

Cette Coupe du Monde accouche donc d’une finale convenue. Seulement quatre équipes pouvaient espérer le titre : les Bocks, les Néozed, les Français et les Irlandais. Pour les autres les quarts de finale étaient l’objectif possible. On aurait pu dès le départ, les rassembler, de tirer au sort des demi-finales et d’organiser une grand match pour désigner le vainqueur. Certes il y aurait eu moins de recettes télévisées ou de spectateurs mais rien n’aurait été vraiment changé sur le plan sportif.

Dans le fond ce sont les affrontements entre « petites » nations qui auront été les plus agréables à suivre. C’est l’un des paradoxes de près de deux mois de joutes stéréotypées. Les Fidjiens qui avaient animé les éditions précédentes ont perdu leur âme en voulant justement se mettre au diapason. Les Français peut être aussi. Le rugby risque bien de mourir de sa propension à transformer le jeu en épreuve de force permanente. N’est-ce pas Christian ?

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Cet article a 3 commentaires

  1. christian grené

    Hé M’sieur! Je m’étonne que vous sollicitiez mon avis alors que je n’étais qu’un pousse-citrouille. Je laisse la parole à Philippe Conchou qui a, lui, pratiqué ce sport de voyous pratiqué par des gentlemen. J’attendrai sa réponse, fût-ce à la lueur des chandelles.

  2. Alain .e

    Comment taire mon commentaire , c’ était tellement plus facile pour Fred , ah , se taire .
    Je retiendrais le bon match des Fidjiens contre le pays de galles , même si la défaite était la , et c’ est le seul que j’ ai vu au stade , les autres devant ma tv.
    L’ ambiance , retombée après l’ élimination injustifiée des Français ou World rugby voit cinq faits de jeu défavorable à notre équipe contre trois aux Boks , et une IA en voit huit qui nous sont défavorable .
    J’ aurais bien aimé broyer du noir le jour de la finale , mais je vais me contenter d’ un broyé du Poitou ….
    Cordialement .

  3. François

    Bonjour J-M !
    Magnifique descriptif de ce  » Tournoi » de la Coupe du Monde …. avant la Finale ! ! ! Bien sûr, nous, Français … un peu chauvins ( enfin …! ! !), nous avons un point douloureux sur l’estomac avec un gros zeste de rancœur contre un arbitre ( sincèrement, durant la première mi-temps de samedi, j’ai cru à un bis-répéta en défaveur de l’Afrique du Sud ! ! !), ce, même si nous avons l’appui de la neutre I.A.! ! !
    Peut- être volontairement, tu sembles oublier le public pour lequel ce spectacle a été organisé.
    Je noterai qu’Il s’est comporté en vrai Public, nous démontrant que la Ferveur et l’Enthousiasme ne sont point synonymes de pagaille, bagarre et autres matériels détruits ! De même, nous avons été privés des  » enc… bordelais, enc… marseillais, enc … lyonnais » et autres chants d’oiseaux de caniveaux ! ! ! Non! Non ! Ce furent la Peña Baiona et la Marseillaise qui se sont invitées, entonnées comme une ouverture à la Fraternité, l’Égalité et … la Convivialité au milieu de flots de bière (dommage pour le vin !) comme tu le signales.
    Certes, « Les Français ont joué leur finale lors de l’ouverture de la compétition ». Ainsi, nous aurons la joie d’avoir gagné contre les « Tout Noirs », vainqueurs de la Coupe, si samedi, ils la soulèvent ! !
    Attendons la finale que, j’espère, aussi réussie que le tournoi … même si nous avons failli perdre Dupont ! ! !
    Amicalement

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