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Eté ou pas été : des ennemis obstinés et pervers

L’été pointe le bout de son nez ou de son sein si on se trouve sur les plages discrètes. Qui n’a pas rêvé d’une belle soirée sous les étoiles quand un coulis d’air frais annule une part de la chaleur ne voulant pas quitter la place ? Qui n’a pas aimé ces rencontres avec ses amis, sa famille, ses voisins dans une ambiance particulièrement détendue ? Dès que la température remonte la vie prend une tournure nouvelle comme si elle faisait fondre la morosité en même temps que les glaçons dans un verre jaune d’or, rosé ou blanc. Il faut cependant reconnaître que la montée du thermomètre provoque aussi bien des soucis.

Si on a pris de l’âge et pas nécessairement de la bouteille… d’eau, il arrive que l’on ne puisse plus vraiment retrouver un intérêt à la canicule. On en arrive même à ce que l’on comptabilise comme du temps de Chirac (le seul Président ayant fait admirer le paysage depuis le Fort de Brégançon à sa zézette) les innocentes victimes de la grande guerre au soleil d’il y a 20 ans jour pour jour. Le seul problème c’est que vous soyez mort ou vivant, passé la septantaine, en ces périodes caniculaires, tout le monde vous conseille de vous conserver au frais. Cette protection ne préserve pas pourtant du pire des supplices infligés par les « monstres » de l’été, tant redoutés.

Depuis peu il existe en effet des « tigres » (et même depuis peu des collègues migrants venus du Nil) menaçants dont personne ne sait encore vraiment se protéger dès que la chaleur un tant soit peu humide est revenu. Peu importe d’ailleurs qu’il soit affublés de la parure angoissante d’un fauve, les moustiques deviennent les cauchemars des hommes comme moi, qui bien qu’ayant l’âme sensible de Gandhi,  se croient protégés par leur peau tannée ! Et dès que je sors dans le patio de mon domicile, je suis assailli cette année, par des ennemis invisibles. Ils me pistent et foncent sur moi à une vitesse supersonique que je n’entends pas et que je ne sais donc pas anticiper. Un véritable cauchemar, une tension psychologique insoutenable, une affreuse épreuve de torture mentale. Sortir ou souffrir. Renoncer ou gratter. 

Harcelé par des attaques insidieuses en piqué et incapable de détecter les fins vrombissements de ces minuscules drones invisibles, je n’ai aucun moyen réel de me défendre puisque l’assaillant pratique la guérilla intensive. Le fameux moulinet destiné à éloigner le danger surtout avec le bras gauche alors que la main droite maîtrise l’arrosoir relève de la prouesse circassienne. S’attaquer à un travailleur désireux de nourrir les plantes où ils se réfugient s’identifie à un attenta aussi lâche répréhensible d’autant que j’éprouve un sentiment d’impuissance face à cette voracité. Elle est d’autant plus douloureuse que si mon épouse traverse le même espace réduit elle en ressort indemne. Ces piqueurs préfèrent ma peau de vieille carne alors qu’ils ont celle tellement douce et moelleuse à leur portée. Incompréhensible. 

La nuit ce ne sont pas les mêmes qui œuvrent dans une obscurité atténuée par un éclat de pleine lune. Ils attaquent en couple. Un mâle détourne l’attention de la victime par son bruit strident afin de préparer les agissements coupables de sa compagne muette (est-ce vraiment un bonheur dont il a conscience?) mais beaucoup plus incisive dans ses offensives. Il n’y a rien de plus agaçant, de plus déstabilisant que de ne pas voir ses ennemis mais de les entendre quand vos moyens défensifs sont très limités ou muselés. L’impuissance à combattre des agresseurs invisibles devient douloureuse d’autant plus que tous les efforts accomplis sont voués à l’échec. 

Pour quelles raisons ce duo aérien s’installe ce soir alors que justement la chaleur me contraint à rester sur les couvertures ? J’en viens à souhaiter un coup de froid sur cet été pour diminuer leur agressivité et les renvoyer au statut de congelés. Mais il ne vient pas ou ne dure pas. Ces Dracula volants n’appartiennent pourtant pas à la dangereuse tribu des « tigres » dont on dit qu’elle est désormais installée en Gironde. N’empêche que la femelle n’a qu’une obsession : me « dévorer » une fois fécondée en me piquant pour absorber mon sang dans lequel elle trouvera les protéines nécessaires à sa progéniture.

S’en prendre à un vieillard innocent constitue une entorse grave aux conventions de Genève. Elle ne boit pas mon sang pour en colporter les défauts éventuels : présence d’un taux de rosé au-dessus de la normale. La femelle se contente d’injecter prestement sous ma peau sa salive pour fluidifier sa boisson favorite et l’emporter. « Madame moustique » se révèle insensible à ma faiblesse et, à peine l’ai-je éloignée, qu’elle revient à l’assaut des parties les plus exposées de mon corps comme si  mon lard l’attirait davantage que le cochon qui sommeille en moi. A moins qu’elle ne se délecte d’une affaire putative à poils ? Une assoiffée ou une obsédée? Je ne le saurai jamais.

J’ai toujours eu une profonde haine des moustiques. Je reste persuadé qu’ils m’en veulent et qu’entre mille peaux différentes ils choisissent tous et toujours, la mienne. Ce sont des lâches puisqu’ils se précipitent sur moi en profitant de leur petite taille ou de l’obscurité, en silence, comme les commandos qui s’en sont pris à Ben Laden. Leur férocité n’a d’égale que leur insistance. Je m’interroge pour savoir s’il n’y a pas un kamikaze ou des auteurs potentiels d’attentats suicide enfouis dans le microscopique cerveau de ces insectes lamentables pour lequel je souhaite que l’on mette en place un « génocide » naturel. Je n’en peux plus. 

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Cet article a 5 commentaires

  1. François

    Bonjour J-M !
    Que c’est bon de commencer la journée par la lecture de ton feuillet car JAMAIS un appel au secours ne m’a fait autant rire ou sourire qu’à l’instant ! ! J’en suis arriver à t’imaginer cherchant le sommeil … dans une tenue d’apiculteur ! !
    Aussi, devant ton désarroi face à l’ennemi estival et bien que n’ayant aucun brevet de pompier es moustiques, je me dois de te rappeler (tant que ça marche !) quelques répulsifs bio (en plus !):
    -La citronnelle sous x formes,
    – le traditionnel vinaigre blanc: oui, je sais, tu vas me dire « Ça sent moins bon que le rosé ! » mais c’est efficace.
    – Le marc de café ( tu connais bien le fournisseur !) pur aux pieds des plantes ou en décoction avec du citron (vert de préférence) et des clous de girofles. Cette mixture peut s’incorporer dans ton arrosoir et chassera les indésirables …chez ton voisin ( principe socialiste !)!
    – Ma fille a installé un dôme moustiquaire sur son lit: une bonne idée qui, en plus, apporte une impression de vacances tropicales …à moindre coût !
    – Tu peux aussi retrouver la fronde de ta jeunesse mais attention au miroir de la penderie de Mamie ! !
    Je pense que l’attaque est générale avec celle des mouches vu le vide des rayons « insecticides ». Dame Nature nous remercie de protéger la biodiversité ! !
    Bonne chasse … sans permis !
    Amicalement

    1. J.J.

      À part la moustiquaire, les autres procédés proposés sont loin de posséder un convaincante efficacité, du moins si l’on en juge par les essais que nous avons entrepris. même au dixième étage, à trente mètres au dessus du sol, malgré la brise permanente, le moustique ou plutôt « la » moustique est toujours aussi pugnace.

      1. François

        Bonjour @J.J. !
        Certes, il s’agit là de recettes de Grand’Mère … reprises par la Toile !
        La moustique bordelaise doit être plus sensible que la charentaise endurcie au cognac ! ! ! !!!!!!!!!
        Cordialement

  2. J.J.

    « tout le monde vous conseille de vous conserver au frais. » Cependant cette année, j’ai remarqué que l’on n’entend pas la rengaine : » Hydratez vous ! »

    Les sources d’eau dites minérales seraient-elles en, voie de tarissement, ou les exploitants des dites sources auraient-ils trouvé des débouchés (de bouteille ) plus lucratifs ?
    Jean Marie as tu pensé que ces maudites bestioles sont peut être attirées par l’odeur du rosé ou simplement par la délicatesse de ta « chair », ce qui prouverait leur bon goût et leur attrait pour les bonnes choses ?

  3. christian grené

    Et moi, qu’on surnomme Dard Teigneux, avec mes trois frères, Pathos, Porto et Aravis, qui croyions pouvoir nous battre sans les armes de Diafoirus, nous venons d’apprendre par un proverbe coréen qu’: « on ne combat pas un moustique avec une épée ».

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